REFLEXes

12 mai : quand l’État célèbre Jeanne d’Arc avec l’extrême droite

30 avril 2013 Les nostalgiques

Le 12 mai prochain, les principaux groupes de l’extrême droite radicale se donnent rendez-vous à Paris, devant la statue de Jeanne d’Arc, pour défiler dans les rues de la capitale : l’Action française le fait depuis toujours, l’Œuvre française le faisait autrefois[1], et Serge Ayoub et ses amis tondus le font depuis que la commémoration du 9 mai s’est déplacée sur cette date. Tout cela est connu. Ce que l’on sait moins, c’est qu’une ou deux heures avant que débutent ces parades néo-fascistes, au même endroit, une cérémonie officielle a lieu, car ce jour-là, c’est aussi l’État français qui rend hommage à la Pucelle d’Orléans : sont en effet présents le maire du premier arrondissement, des représentants du Maire de Paris, de différents préfets, des présidents des assemblées parlementaires, du Ministre de la Défense et des Anciens Combattants… Tout le gratin ! Différentes associations d’anciens combattants sont également invitées, ainsi que l’Union Nationale des Parachutistes[2] ou encore l’Association Universelle des Amis de Jeanne d’Arc.

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Or cette association, qui prétend n’avoir d’autre but que « présenter une image complète et exacte de Jeanne d’Arc dans un esprit strictement culturel », est non seulement proche des milieux militaires, mais surtout des milieux nationalistes et catholiques intégristes. D’abord présidée par le général Maxime Weygand (décédé en 1965, ce dernier est toujours président d’honneur de l’association), puis par Pierre Virion (l’ancien rédacteur de la Revue internationale des sociétés secrètes) jusqu’à la fin des années 1980, l’association est dirigée par René Olivier puis par Hervé Coutau-Bégarie, capitaine de frégate, mais également camarade de Paul-Marie Coûteaux, le président du micro-parti souverainiste Souveraineté, Indépendance Et Libertés (SIEL), à qui il filait un coup de main pour son Libre Journal sur Radio Courtoisie (d’après Valeurs Actuelles). Il était également membre du comité de rédaction du bulletin L’indépendance, publié par le groupe Indépendance & Souveraineté du même Coûteaux. Hervé Coutau-Bégarie est décédé l’an dernier, et a été remplacé par Jean-Pierre Brancourt, professeur à l’université de Tours et contre-révolutionnaire convaincu (il a participé à la rédaction du Livre noir de la Révolution française).

Aujourd’hui, la vice-présidence de l’association est partagée entre le général Bertrand Dupont de Dinechin, auteur (entre autres) d’un ouvrage prônant la réunion de l’Église et de l’État, intitulé La France, destinée d’une alliance, et Pierre Maire, qui est la vértiable colonne vertébrale de l’association. Car en réalité, l’association existe surtout grâce à Pierre Maire, qui en est toujours le principal animateur et le trésorier aujourd’hui (l’adresse de l’association correspond d’ailleurs à son domicile privé). C’est grâce à lui, à partir du milieu des années 1990, alors qu’elle était au plus mal du fait du décès successif de ses membres fondateurs, l’association reprend tout doucement vie, organise quelques conférences (dont l’une récemment avec comme intervenant le Père Michel Lelong[3] ), participe à des commémorations, publie des articles dans des revues cathos intégristes comme Monde & Vie ou L’Homme nouveau.

Sa revue annuelle, en plus d’être une hagiographie de l’illuminée en armure, est surtout composée de tribunes extrêmement réactionnaires.

Sa revue annuelle, en plus d’être une hagiographie de l’illuminée en armure, est surtout composée de tribunes extrêmement réactionnaires.

Plus intéressant encore, et c’est une nouveauté pour cette année : la présence des chœurs Montjoie Saint-Denis pour assurer l’animation musicale de la matinée, encadrant les cérémonies officielles.

 

 

Déjà pas de première jeunesse dans les années 1990, les Chœurs Montjoie Saint-Denis reprennent du service pour le 12 mai de cette année

Déjà pas de première jeunesse dans les années 1990, les Chœurs Montjoie Saint-Denis reprennent du service pour le 12 mai de cette année

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Cette chorale a été créée par Jacques Arnould, un mélomane qui aime autant la musique militaire que le bruit des armes, puisqu’il est parti se battre au Liban aux côtés des milices maronites dans les années 1970.

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C’est aussi un vieil ami de Bernard Antony, le fondateur du groupe de pression catholique intégriste Chrétienté-Solidarité, dont Arnould était le président dans les années 1990. Fondée en 1982 par Bernard Antony, Chrétienté-Solidarité fut longtemps la figure de l’intégrisme radical au sein du FN, avant qu’il ne prenne ses distances, agacé par l’importance grandissante de Marine Le Pen dans l’appareil à partir de 2003. Mais ce lobby catho intégriste est surtout connu pour les activités de son pseudopode, l’Alliance Générale pour le Respect de l’Identité Française (AGRIF), une sorte de SOS Racisme d’extrême droite, poursuivant en justice tout ce qui serait susceptible de nourrir des sentiments anti-nationaux ou anti-chrétiens, voire anti-blanc, parfois avec succès. En 2011, Arnould a soutenu la création d’une «Coordination laïque de solidarité chrétienne » une initiative portée par Antony pour la défense des chrétiens en Afrique et en Asie (depuis le début des années 1990, les activités de Chrétienté-Solidarité se sont surtout développées à l’échelle internationale).

Mais Arnould a d’autres amis, puisqu’il a participé par exemple, à la conférence organisée par le Bloc Identitaire le 11 octobre 2004 à la Mère agitée. Plus récemment, le 19 avril 2013, il participait sur radio Courtoisie à l’émission de Michel de Rostolan sur le thème « France : Crise politique ou crise morale ? » avec Bruno Gollnisch. Puisqu’on parle du FN, sa fille, Claire Arnould, était arrivée 13ème de la promotion 2000 du FNJ…

Les Chœurs Montjoie Saint-Denis ont donc connu leur heure de gloire dans les années 1980-1990, mais ils ont fait un retour remarqué (du moins dans les milieux nationalistes) en 2006 en rééditant en CD le premier vinyle de la chorale, sorti en 1980 par le Serp, la maison d’édition de disques fondée par Jean-Marie Le Pen et Léon Gauthier, ancien Waffen-SS. Leur répertoire ? La plupart des chants qui ont rythmé manifs et soirées de l’extrême droite depuis des décennies. Place à la poésie donc avec « Les Lansquenets » (« Et nos marches guerrières feront frémir la terre ») , « les Chacals » (« Dans la nuit partent nos commandos, heia oho, Déjà paraît l’Ordre Nouveau, heia oho oh oh oh oh oh ! ») ou encore « Les partisans blancs », dont Serge de Beketch avait fait le jingle de son émission sur Radio Courtoisie. Notre préférée reste cependant Occident en avant, dont vous pouvez apprécier le lyrisme guerrier en cliquant ici.

C’est que Jacques Arnould ne se contente pas d’être chef de chœur, mais également le gérant de la Société de Diffusion du Chœur Montjoie Saint-Denis (SDCMSD), une SARL au capital de 15 000 €, qui diffuse une vingtaine de CD des chants interprétés par la chorale. Le dernier en date, « Chant de France X » (lire « 10 », ce n’est pas une version pour adultes !), contient des chansons que Francis Bergeron, qui assure la préface du livret, se rappelle avoir chanté « mille fois depuis lors, face aux rouges, dans les bagarres à un contre dix, dans les souks libanais les armes à la main, et même dans une prison soviétique, avec mon vieux complice Jacques Arnould »…

On reconnaît sur l’un des CD édité par le Chœur Montjoie Saint-Denis les rats dessinés par Jack Marchal pour [le GUD des origines->http://reflexes.samizdat.net/spip.php?article372], repris jusqu’à aujourd’hui par le groupuscule activiste de la fac d’Assas.

On reconnaît sur l’un des CD édité par le Chœur Montjoie Saint-Denis les rats dessinés par Jack Marchal pour le GUD des origines, repris jusqu’à aujourd’hui par le groupuscule activiste de la fac d’Assas.

On attend donc avec curiosité la prestation (et la programmation) des Chœurs Montjoie Saint-Denis cette année à la commémoration du 12 mai. D’abord parce que la plupart de ses membres doivent avoir la voix plutôt chevrotante aujourd’hui (il est vrai qu’Ayoub, avec ses « Jeunesses » Nationalistes Révolutionnaires aux cheveux gris, nous avait déjà habitué au come-back des seniors sur cette date !), mais surtout pour voir si les hauts représentants de l’État présents ce jour-là siffloteront le refrain de leur tube : « Occident, en avant, avant qu’il ne soit trop tard ! »…

  1. C’est d’ailleurs à l’occasion d‘un de ces défilés (celui de 1988) qu’Yvan Benedetti, actuel dirigeant d’e l’Œuvre française, fut grièvement blessé lors de l’attaque d’un commando du Betar[]
  2. Créée dans les années 1960 par le Colonel Trinquier, ex officier para de la guerre d’Algérie (il participa à la bataille d’Alger sous les ordres de Massu dont il était l’adjoint) et qui partit faire le mercenaire au Kantanga (province sécessioniste de la République démocratique du Congo) avant de laisser sa place aux Bob Denard et autres Tony de Saint-Paul. L’UNP est aujourd’hui présidé par le Général Piquemal, qui déclarait récemment dans un édito au journal Le Glaive, que la France est « un pays judéo-chrétien, de langue française et “de race blanche” », et qu’« on l’aime ou on la quitte ». On retrouve régulièrement certains des membres dans des attaques de piquets de grève, comme cela fut le cas en 1982 en Normandie contre l’usine Claudel d’Isigny aux côtés de Fernand Loustau (Papa certainement très fier de ce qu’est devenu son rejeton Axel !) ou encore dans les rangs du DPS, le service d’ordre du FN[]
  3. Proche de Garaudy, ou de l’abbé Pierre, ce dernier est signataire de la pétition pour l’abrogation de la loi Gayssot et pour la libération de Vincent Reynouard initiée par P.E. Blanrue. C’est aussi un rédacteur de la défunte revue Flash d’Alain Soral et de Nicolas Gauthier, ancien de National Hebdo. Plus récemment, en décembre dernier, le père Michel Le Long donnait une interview à l’association de Camel Bechikh[]
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