REFLEXes

C’est la guerre !

24 janvier 2004 Les radicaux

Posté le 24 janvier 2004

Non, rassurez-vous, rien de grave. C’est simplement la guerre dans le petit milieu nationaliste-révolutionnaire (NR) français. Autant dire que l’on va évoquer ici une dimension groupusculaire. Voilà les faits, rions un peu.
Le dernier Résistance !, journal du Réseau Radical qui est lui-même la bouture NR de feu-Unité Radicale et la dernière créature en date de Christian Bouchet, attaque nominalement trois militants de l’Union des Familles Laïques (UFAL) en rappelant leurs états de service dans la droite la plus extrême.
Le premier est Nicolas Pomiès, secrétaire national de l’UFAL chargé de la communication et militant de l’association ATTAC en Seine-et-Marne. Résistance ! rappelle charitablement qu’il a fait partie des Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires (JNR) de Batskin mais également qu’il a été militant du FN et de Troisième Voie (le mouvement NR de Malliarakis dont Bouchet était l’un des cadres dirigeants). Nous pourrions ajouter qu’il a également été militant de Nouvelle Résistance puis du Parti Communautaire National-Européen (PCN). C’est d’ailleurs en tant que militant de ce dernier groupuscule qu’il essaya de monter une section CGT (fédération FILIPAC) dans son entreprise en 1997. Il fut radié de l’organisation fin 1997. Son nom est réapparu fin 2001 lorsqu’il a été accusé par le PCN d’être l’animateur du site antifasciste Franc-Tireur, le groupuscule avançant comme « preuves » que Pomiès aurait été exclu en 1998 suite à des vols de documents et que ces derniers figuraient sur le site Franc-Tireur.
Le deuxième est Frédéric Van Wierst, secrétaire départemental de l’UFAL dans l’Orne. Résistance ! n’est pas très bavard sur son compte. Pourtant Christian Bouchet connaît bien le personnage puisque Van Wierst, après avoir animé dans les années 1980 un groupuscule légitimiste appelé Les Chouans et dirigé le FNJ de l’Essonne, fut un militant particulièrement actif de Nouvelle Résistance. C’est à ce titre qu’il participa au début des années 1990 à l’opération d’infiltration d’Ecolo-J, organisation de jeunesse des Verts. REFLEXes contribua d’ailleurs largement à faire échouer la manœuvre.
Le troisième est Philippe Pissier, désigné comme simple militant de l’UFAL et qui doit sans doute le fait d’être dénoncé ainsi à sa vieille rivalité avec Bouchet dans le domaine de l’ésotérisme. Par le passé, Pissier a en effet accusé le camarade Christian de lui avoir volé des traductions des œuvres d’Aleister Crowley et les deux hommes se sont toujours généreusement détestés.
On peut supposer, au moins pour les deux premiers noms cités, qu’ils ont été repérés à cause de leur présence dans une pétition en faveur de la levée de l’embargo contre l’Irak lancée par une association humanitaire et qui figure sur Internet. Cette pétition comporte d’ailleurs bien d’autres noms évocateurs : Gilles Munier, Charles Saint-Prot, Philippe de Saint-Robert, Jean Picollec par exemple, soit quelques pointures des milieux souverainistes de droite.
Mais quelle mouche a donc bien pu piquer Bouchet ? On l’a connu en effet plus discret sur l’identité de certaines personnes.
Il est évident que cette mise en cause de trois militants de l’UFAL permet d’essayer de jeter le discrédit sur une structure clairement opposée au voile musulman à l’école tout en « punissant » des militants pour leur « trahison » ou leur hostilité passées. Il faut dire à la décharge de Christian Bouchet et de son Réseau Ridicule (comme disent certains…) (RR) qu’ils subissent depuis un an quelques avanies susceptibles de mettre leur patience à rude épreuve. Le PCN semble ainsi avoir réussi à perturber une réunion pompeusement appelée IIème Assises de la Radicalité que le RR devait organiser le 14 juin 2003 à Livry-Gargan. Ayant loué une salle municipale sous un faux prétexte, le RR a été dénoncé et s’est vu retirer la salle la veille de la conférence, obligeant sa vingtaine de participants, dont quelques négationnistes notoires comme Serge Thion à se réfugier dans une arrière-salle de café. Le week-end dernier,17 et 18 janvier 2004, rebelote ! La réunion du Réseau devait cette fois-ci se dérouler dans un haut lieu des réunions nationalistes, la salle SEIN à St-Germain. Mais il semble que le PCN ait réussi une belle manipulation en poussant un cadre des Verts parisiens à exercer certaines pressions suite à un message posté anonymement sur un forum Internet d’extrême gauche et qui n’est pas passé inaperçu. De fait, le Réseau s’est de nouveau vu retirer sa location et a dû là aussi se réfugier dans une salle de fortune, toujours avec sa vingtaine de participants. Le lendemain, c’est à la rancune tenace des Identitaires que le Réseau s’est trouvé confronté, son stand se faisant retourner en plein colloque du GRECE par deux militants venus du Sud et qui sont réputés pour leur béret et leur caractère atrabilaire. Du coup, le camarade Christian en perd son sang-froid dans un éditorial du site Internet de son organisation et accuse les Identitaires de « sucer des pipes au sionisme » ! Bigre ! Si le débat entre groupuscules nationalistes s’élève à ce niveau intellectuel, cela va devenir difficile à suivre !

Mais revenons à nos préoccupations initiales. Nous ne savons pas à vrai dire si les trois militants dénoncés et que nous évoquons au début de cet article sont sincères ou s’ils ne sont que la partie visible d’un coup tordu comme le petit milieu NR en a la spécialité. Par contre, ce que nous savons, c’est qu’ils témoignent une fois de plus du caractère pathologique de certains engagements dans la mouvance nationaliste. Et nous aurions eu quelques autres noms à proposer à la vindicte de Bouchet. Philippe Hugounenc par exemple. Bel itinéraire que celui de cet ancien militant de Nouvelle Résistance ! Militant NR sur l’Ile-de-France, il anime à la fin des années 1990 un petit label de Black Metal sataniste, AMI Productions, dont le trésorier n’est autre que… Christian Bouchet. Mais il participe aussi à la création de l’association Europa Records qui servira de couverture pour la location d’une boîte postale parisienne servant à la fois pour le GUD et Unité Radicale. Arrive l’an 2000 et Hugounenc se convertit brutalement au néo-maoïsme. Il lance une revue, Unité Sociale, qui clame haut et fort son soutien à la lutte armée, qu’elle soit d’extrême gauche ou palestinienne. Unité Sociale se veut même antifasciste grâce à la participation d’un militant (pigeon) de bonne volonté, Philippe Hertens, auteur en 1995 d’un livre sur le nationalisme radical. La revue essaie alors de creuser son trou dans le petit milieu d’extrême gauche en chroniquant des fanzines Redskins et en essayant de se lier avec la mouvance antifasciste radicale. Mais il faut croire que cette passion pour la pensée Mao Ze-Dong finit par s’émousser puisqu’en 2002 Hugounenc envoie tout balader et lance la revue Forum dans laquelle il développe à présent des positions républicaines souverainistes et ultra-sionistes, servant régulièrement la soupe à Marc Danna alias Alexandre Del Valle.
Face à tant de cohérence dans les idées et de fidélité dans l’engagement, nous ne pouvons que souhaiter que tout ceci reste encore longtemps dans la dimension groupusculaire !

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