REFLEXes

La fête à Dieudo

14 novembre 2006 ... Et les autres

Les BBR ont donc eu lieu ce week-end. Côté affluence, rien de bien différent de l’année dernière. La durée de trois jours, le nombre de militants ou adhérents rendant service et entrant ainsi gratuitement empêche toute évaluation sérieuse. L’espace loué avait été par ailleurs recomposé, avec nettement plus de volume occupé mais également plus d’espace libre entre les stands. Les stands mis en valeur (les partis partenaires au niveau européen, Générations Le Pen, le FNJ) avaient une structure ouverte et occupaient une position centrale. Dans le cas du FNJ, il s’agissait à l’évidence d’éviter que le stand ne devienne un point de fixation des éléments « indésirables » et que l’alcoolémie aidant, des bagarres éclatent comme ce fut le cas l’année dernière. Le FN demeurant un parti d’électeurs et pas de cadres, le FN avait ratissé large dans les bonnes volontés et nombre de membres du DPS ou de l’encadrement du salon n’étaient pas des militants réguliers, voire encartés, du parti. Côté public, toutes les mouvances étaient présentes et le FN a clairement réintégré d‘anciens militants MNR dans la perspective des élections à venir, qu’elles soient législatives ou municipales. Militants du Renouveau Français, des Jeunesses Identitaires ou du RED (rassemblement des Étudiants de Droite), skinheads relookés et anciens activistes du GUD se côtoyaient ainsi au gré des stands. Si tous sont extrêmement critiques envers le FN, son évolution et les options stratégiques du vieux chef, aucun ne se permet d’attaquer publiquement le parti toujours aussi incontournable. Certains seront d’ailleurs candidats au printemps prochain, tel Romain Vincent, figure centrale du RED qui portera les couleurs frontistes dans la petite couronne parisienne.

Le discours de Jean-Marie Le Pen dimanche après-midi n’a pas apporté de grande surprise et a surtout alimenté les rumeurs dont bruisse le milieu nationaliste. La principale porte évidemment sur l’existence réelle ou supposée d’accords, ou tout du moins de discussions, entre Jean-Marie Le Pen et Nicolas Sarkozy. Elle n’est pas inconcevable puisque le FN a toujours recherché des accords, ne se réfugiant dans l’opposition frontale et la « rupture » que parce que la droite parlementaire l’y avait contraint, tout comme le mode de suffrage majoritaire. Par ailleurs une interview récente de Jean-Marie Le Pen sur Radio Courtoisie (le 8 novembre dernier, dans l’émission de Serge de Beketch) démontrait à l’envie que le vieux chef n’est pas persuadé que la candidature de Nicolas Sarkozy arrivera à terme, privilégiant (et souhaitant) plutôt une candidature Chirac. Dans tous les cas de figure, les déclarations récentes de Bernard Accoyer tendent à démontrer, sous couvert d’argument « démocratique » par ailleurs tout à fait recevable en démocratie libérale, que l’UMP et le FN ont d’ores et déjà langue liée. Toute la question est jusqu’à quel point ?

Les BBR n’apportant évidemment pas de réponse sur ce plan, leur principale attraction aura été la présence de deux figures de l’histrionisme politique, à savoir Dieudonné et Alain Soral. Pour ce dernier, ce n’était guère une surprise. Il est maintenant de notoriété publique que c’est lui qui a rédigé la majeure partie du discours de Valmy de Jean-Marie Le Pen, ce qui en explique la tonalité très républicaine. La présence de Soral aux BBR démontre simplement que l’écrivain entend à présent assumer toute sa dimension de compagnon de route du FN, voire sans doute plus si affinités électorales. Dans le cas Dieudonné, sa présence était évidemment plus surprenante. On peut bien sûr se demander qui a joué le rôle d’intermédiaire pour le faire venir, d’Alain Soral ou de Frédéric Chatillon. La présence avec Dieudonné de Marie d’Herbais, épouse Chatillon, par ailleurs présentatrice vidéo sur le site FN, accréditerait bien évidemment cette hypothèse. Mais l’option Soral, voire l’option Smahi est à vrai dire tout aussi possible. La présence du « comique » métis sert en tout cas et en tout point le dossier de campagne de Jean-Marie Le Pen et dans une autre mesure la stratégie d’ouverture et de « dédiabolisation » du parti voulue par Marine Le Pen, même si celle-ci semble avoir été plutôt irritée par cette visite. Il faut dire que c’était sans doute de nature à gêner son opération de charme en direction de la communauté kuive. De fait, si on voit bien l’intérêt frontiste, celui de Dieudonné est nettement plus obscur, d’autant plus que sa réception n’a pas été aussi bonne qu’il le raconte après coup. À moins que Dieudonné ignore la signification de certains cris…

Autre visite surprenante, mais beaucoup moins remarquée celle-ci, celle d’Antony Attal (tout le monde n’est pas une star ou n’est pas passé par l’Ile de la Tentation)[1]. Présenté par l’AFP comme le président de la Ligue de Défense Juive alors qu’il en est au mieux le trublion en chef, il s’y serait rendu sur invitation. Si sa présence est bien confirmée par le FN, entre autre par Martial Bild et Wallerand de St Just, l’invitation en revanche est démentie par la LDJ.

Pourtant on se souvient des déclarations de Jean-Richard Sulzer, Secrétaire Général du Groupe FN en IDF, présent avec d’autres élus FN à la manif pour Ilan Halimi en février 2006 où il déclarait s’y être rendu sur invitation (et sous la protection) de la LDJ. On le voit d’ailleurs très nettement entouré de membres de la LDJ lors de son interview réalisée par France2 ce jour là.

Alors s’agit-il d’un retour d’ascenseur ?? d’un échange de politesse ??

Ou bien, le petit Antony était-il à la recherche de nouveaux soutiens à 4 jours de son procès pour l’agression en janvier 2005 de syndicalistes distribuant un appel de solidarité avec les travailleurs palestiniens lors de la manif pour la défense du service public. Reconnu sur des photos prises durant l’agression, il passe ce mercredi 15 novembre devant la 16ème chambre correctionnelle du TGI de Paris. On peut comprendre son inquiétude puisque il fût déjà condamné en décembre 2004 à 10 mois de prison avec sursis et de lourdes amendes pour l’agression de militants pro-palestiniens, amendes jamais payées, puisqu’il était, semble-t-il introuvable.

Affaires à suivre dans tous les cas !

  1. Il semble que A. Attal n’était pas présent à ces BBR, la confusion provenant de déclarations de Wallerand de Saint-Just au journaliste de Libération C. Forcari. Par contre, un autre ancien responsable du Betar était bien là, M. Carlisle, qui aurait provoqué une esclandre autour de la présence de Dieudonné. Complément en date du 03 octobre 2007[]
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