REFLEXes

la « Résistance »

24 avril 2002 International, Les radicaux

Plusieurs milliers de personnes montrent depuis des mois maintenant qu’il se passe autre chose en Autriche depuis les élections[1]. Trois jours avant l’investiture officielle du gouvernement, le siège de l’ÖVP a été occupé en signe de protestation ; le lendemain, 20 000 personnes défilaient dans les rues de Vienne, et le 4 février 2000, 15 000 manifestants très en colère attendaient de pied ferme (et les mains pleines de légumes pourris et autres projectiles dégoulinants) les membres d’un gouvernement qui, poussés par la peur, ont dû emprunter un des nombreux passages souterrains pour aller de la Chancellerie au bâtiment de la Présidence où les attendait Thomas Klestil, le président de la République.

Le 4 février au soir, c’est-à-dire après le départ des journalistes étrangers, le nouveau gouvernement a montré son vrai visage en chassant les manifestants rassemblés devant le siège du FPÖ à l’aide de canons à eau, et ce par une température de deux degrés et après douze heures de manifestation. Mais les gens ne se sont pas laissé intimider, malgré les bruits propagés par la police et les médias (comme le Kronen Zeitung, tabloïd populiste et raciste, qui a coutume de confondre Africains et trafiquants de drogue dans ses articles) qui affirmaient que les manifestants étaient des casseurs violents. Le lendemain, plus de 10 000 personnes se sont encore retrouvées pour défiler dans la rue. Ce jour a marqué le début de manifestations régulières qui se déroulent toujours sur le même modèle : les manifestants défilent spontanément[2] à travers les différents quartiers de Vienne. Imaginez là-dedans la police déconfite, ne sachant où les manifestants vont tourner au prochain carrefour et quel axe de circulation il faut donc couper !

C’est le 19 février qu’a eu lieu la plus grande manifestation d’opposition au nouveau gouvernement. Elle a en effet rassemblé entre 250 000 et 300 000 personnes ; il faut cependant préciser que toute la journée, les antifascistes radicaux (d’Autriche et d’ailleurs) on été la cible de la police. Les antifascistes républicains ont pris leurs distances, non pas par rapport à la police, mais par rapport aux radicaux ! Après tout, si les flics cognent, c’est qu’il y a une raison, non ?

Le 18 février déjà, les 200 antifascistes français qui voulaient rejoindre la Rosa Antifa avaient été sortis à coups de matraque du train gratuit dans lequel ils comptaient se rendre à Vienne, de même en Allemagne et aux Pays-Bas, des gens ont été stoppés aux frontières. Quant à certains, qui avaient pu venir (un groupe de personne du PDS de Bielefeld en Allemagne), ils ont dû subir à Vienne les manoeuvres d’intimidation de la police autrichienne (insultes, menaces, coups, confiscations des chaussures et chaussettes, destruction des cartes SIM de leurs portables, etc.). Mais tout cela n’a visiblement guère intéressé les antifascistes républicains (SOS Mitmensch entre autres) et leurs médias.

Une autre date marquante pour les opposants au gouvernement a été le 2 mars, date à laquelle avait lieu le bal de l’opéra de Vienne, certes boudé par quelques personnalités cette année. Cette date est le rendez-vous annuel de l’extrême gauche, il y a tous les ans des affrontements avec la police, mais cette année, les antifascistes ont pris le parti d’organiser un carnaval antifasciste afin de se moquer du nouveau gouvernement qui voulait les faire passer pour de dangereux terroristes aussi bien dans ses réactions aux manifestations que dans les directives données à la police[3].

Depuis, les manifestations continuent toutes les semaines, le jeudi soir et le samedi, et plus le temps passe, plus la répression s’accentue…

  1. La résistance : Der Widerstand, c’est le terme par lequel se désignent les opposants au nouveau gouvernement.[]
  2. En effet, aucun trajet préalable n’est arrêté, les manifestants vont là où les porte leur envie.[]
  3. Voir à ce sujet le prochain numéro de REFLEXes, où seront évoquées plus précisément la criminalisation du mouvement antifasciste et les mesures sécuritaires mises en place par le gouvernement FPÖ-ÖVP.[]
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