REFLEXes

Raus Poutine !

29 septembre 2005 International, Les institutionnels

La Russie n’a jamais vraiment eu le temps de connaître d’expérience démocratique, à part entre février et octobre 1917, ou après le putsch manqué de 1991[1]. Aujourd’hui, de surcroît, le mot de démocrate est souvent confondu avec celui d’ultra-libéral, ce qui n’est pas forcément faux, et vu le chaos économique et social en cours depuis plus d’une décennie, aggravé par le choc monétaire de 1998, la « démocratie »n’est pas une valeur en vogue. On tend aujourd’hui à lui préférer « l’ordre » et tant pis pour le prix à payer au niveau des libertés… À la tête du Kremlin règne une idéologie nationaliste dite de « sécurité nationale », comme aux plus belles heures des dictatures sud-américaines ; les élections, ou leur apparence, en plus…

Aujourd’hui, la Russie est entre les mains d’un flic, et pas des moindres : l’ancien chef du Federalnaya Sloushba Bezopasnosti (FSB), nouveau nom du KGB, trône au Kremlin, régulièrement élu par la majorité de ses concitoyens. L’apparition de Vladimir Vladimirovitch Poutine dans la vie politique russe est pourtant marquée par de larges zones d’ombres. Parfait inconnu pour le grand public, le chef « guébiste »[2] est propulsé premier ministre par Boris Eltsine en août 1999, avec la bénédiction du très influent oligarque multimilliardaire Boris Bérézovski, protecteur de la « famille » du président. Un mois plus tard, des bombes non revendiquées provoquent plusieurs centaines de morts à Moscou et Volgodonsk. Les « terroristes tchétchènes » sont immédiatement montrés du doigt, sans la moindre preuve. À la même époque, une incursion de petites bandes islamistes au Daghestan provoque une riposte démesurée de l’armée russe, qui en profite pour entrer massivement dans la Tchétchénie voisine, entamant un massacre massif de la population, pour la deuxième fois en cinq ans[3]. À cette époque, la popularité de Poutine est au plus haut. Son langage dur et sans concession plaît à une population déboussolée par les ravages économiques et sociaux, la criminalité omniprésente, mais aussi par la perte de l’empire et la chute de l’influence russe au niveau international ; des ingrédients classiques pour accepter ou faire accepter la venue d’un « sauveur de la patrie », d’un nouveau César. À la surprise générale, Eltsine démissionne de la présidence le 1er janvier 2000, laissant la transition à Poutine en attendant les élections de mars que ce dernier emporte haut la main dès le premier tour. Seuls quelques esprits chagrins ont fait remarquer qu’il était étrange que la République autonome de Tchétchénie en flammes, où se multiplient les crimes contre l’humanité, ait massivement voté pour son principal bourreau.

L’union sacrée

Il est clair qu’une des raisons les plus importantes, sinon la principale, de la guerre en Tchétchénie est d’abord d’ordre intérieur : créer l’union sacrée autour du chef. Puis par la guerre, mater les oppositions internes (refrain connu quel que soit le régime) et petit à petit, rétablir l’ordre et la sécurité dans un pays livré au chaos ; ou du moins, donner cette impression. Mais quel ordre ? Et quelle sécurité ?
La manière dont la guerre a été lancée, et les dessous qu’on découvre petit à petit, laissent rêveurs. Certains enquêteurs indépendants ont cru déceler une véritable « stratégie de la tension » à l’italienne : divers indices tendent à faire penser que les attentats de Moscou et de Volgodonsk seraient l’œuvre d’unités du FSB pour faire accepter dans l’opinion une nouvelle guerre en Tchétchénie. L’incident de Riazan confirmerait cette supposition : une charge d’explosif est découverte dans un immeuble d’habitation après le passage d’une voiture que l’on découvre appartenir au FSB. Cette dernière annoncera précipitamment qu’il ne s’agissait que d’un exercice d’alerte pour « tester les réactions de la population ». Mais le FSB local n’était pas au courant… Sur un tout autre plan, la très antimilitariste association des mères de soldats de Saint-Pétersbourg a reçu, dès avant la guerre, de nombreuses informations témoignant d’une intense préparation psychologique et matérielle des troupes russes à une intervention dans la région.
On trouvera tout aussi étrange que l’un des chefs des bandes islamistes tchétchènes ayant agi au Daghestan, Shamil Bassaïev, soit par ailleurs une très proche relation d’affaire de l’oligarque Boris Bérézovski, déjà cité… Celui-ci est d’ailleurs fortement soupçonné d’avoir financé à l’époque divers groupes d’extrémistes « wahabites » en Tchétchénie, entretenant le chaos propice aux bonnes affaires bien troubles dans une région déjà dévastée par deux ans de guerre. Ces mêmes islamistes radicaux, par ailleurs très minoritaires dans la région au début de la guerre, n’ont jamais été menacés d’interdiction à Moscou, malgré diverses lois contre « l’extrémisme », sans précision aucune, et dont sont déjà victimes un certain nombre d’associations… écologistes… De fait, tout mouvement considéré comme « antipatriotique » pourrait tomber dans ce registre.

La mise au pas de la société russe : médias, marchés et politique néo-libérale

Tous ces indices ne suffisent pas à rompre le phénomène d’union sacrée de la majorité de la population autour de Poutine. Il faut dire que la propagande fut menée, contrairement à la première guerre, de main de maître, et permit au passage le verrouillage de médias considérés comme trop indépendants. La guerre est au cœur même du système Poutine.
Dès l’an 2000, les journalistes trop critiques sur la tenue du conflit sont menacés. Andreï Babitski, journaliste pour Radio Free Europe, fut même enlevé pendant plusieurs mois en l’an 2000 et ne fut relâché que sous pression internationale. Radio Free Europe, l’ancienne radio occidentale du temps de la guerre froide, vit son statut spécial supprimé. Anna Politkovskaïa, seule journaliste russe à travailler depuis en Tchétchénie, a été arrêtée et mise au secret quelques temps en 2001 à cause de ses reportages qui apportaient un démenti constant à la propagande officielle. Quelques mois auparavant, en septembre 2000, la « doctrine sur la sécurité de l’information » est devenu un instrument de choix du pouvoir. L’interdiction de la censure est censée être garantie, mais les textes insistent aussi sur le nécessaire contrôle de l’État sur l’information, sous le prétexte inusable de la « lutte antiterroriste ». Aussi, dès 2001, le fer de lance de la télé non officielle, NTV, passe aux mains de GAZPROM, le consortium gazier dont l’État est le principal actionnaire. Six mois plus tard, TV-6, la dernière chaîne indépendante, ferme ses portes. En juin 2002, c’est un général du FSB qui est mis à la tête de la RTR, une des principales chaînes publiques. Terrible symbole. Les journaux indépendants se retrouvent, quant à eux, étranglés par des procès à répétition sous n’importe quel prétexte. Et gare aux journalistes qui persistent : les décès subits ne sont pas rares dans la profession, surtout dans la presse régionale. Aussi, la plupart des médias a décidé de redécouvrir les charmes discrets de l’autocensure.
La mise au pas des médias s’accompagne aussi de celle des milieux d’affaire, les derniers étant souvent propriétaires des premiers. L’oligarque Goussinski est en fuite, l’ancien mentor Bérézovski, passé dans l’opposition, s’est exilé. Comme par hasard, tous les deux, pourchassés pour diverses malversations, soutenaient aussi l’opposition démocratique. La coalition des sept banquiers de 1996 qui se plaçaient ouvertement au-dessus des lois n’existe plus. A sa place, l’URIE, équivalent russe du MEDEF, et dont la fortune des membres représente 80% du PIB, entame avec le pouvoir un partage des tâches où leur revient une part strictement économique : chacun chez soi. Poutine est-il leur pion dans le cadre de l’adaptation du pays à la globalisation néo-libérale ? La coûteuse guerre en Tchétchénie, pour un pays en mal d’investissements extérieurs, tendrait à prouver le contraire. Mais la politique économique choisie est bien celle du néo-libéralisme, inspirées par le FMI : le code du travail a été récemment réformé pour rendre licenciements et heures supplémentaires plus faciles, et financièrement comme juridiquement moins coûteux ; la loi sur la privatisation des terres agricoles profitera plus aux très gros qu’aux petits, comme il est d’usage ; la privatisation a bien entendu commencé à empiéter sur le secteur public (électricité, où les coupures des mauvais payeurs et des pauvres vont bon train, même en hiver, chemins de fer, etc.) ; le système de protection sociale va à vau-l’eau, avec l’introduction des fonds de pension, des allocations sociales ciblées pour 8% d’une population dont plus d’un tiers vit en dessous du seuil de pauvreté, etc.
Dans le même temps, les salaires sont payés avec plusieurs mois de retard, et si les retraites ont été augmentées, c’est pour voir dans le même temps le budget des ménages grévé par la hausse des prix du téléphone, de l’électricité, du gaz, de l’eau, des loyers et des transports, où les privilèges concédés aux invalides ou aux anciens combattants ont été supprimés. Nombre de ménages ont leur compte vidé dès le début du mois.
Les justifications données par le pouvoir sur la nécessaire rénovation du service public se heurtent à la réalité : la rénovation n’existe que dans le remplacement de certaines têtes au sommet des entreprises, par l’équipe des « Pétersbourgeois », les fidèles de Poutine, aux postes de commandes des secteurs clés, à moins que ce ne soit par ses collègues « tchékistes », plus présents dans les diverses administrations.

La politique à la Poutine : du décret à l’assassinat

Au niveau politique, Poutine a tenté par une réforme votée à la Douma, de faire révoquer les gouverneurs de province enfreignant les lois fédérales. Pour ce faire, il a dissous le Conseil de la Fédération. Mais le poisson était trop gros. Des concessions aux gouverneurs, véritables potentats féodaux, ont du être faites, moyennant une loyauté personnelle comme postulat. Mais quelques mois après, il les a coiffés par sept supergouverneurs, équivalents de préfets et choisis par décret, qui règnent sur les 89 sujets de la fédération. Sur ces sept préfets, cinq sont des militaires ou des hauts gradés du FSB. La « verticale du pouvoir » est en marche.
À la Douma, l’opposition parlementaire a du mal à se faire entendre, et pour cause : à quelques rares exceptions individuelles près, l’ensemble des partis, des communistes (bruns-rouges) aux libéraux (tant sur le plan politique qu’économique), a rejoint l’union sacrée, au nom de l’ordre et de l’unité antiterroriste. Les communistes haussent vaguement la voix sur la question sociale, mais de manière générale et abstraite. En février 2001, une loi sur l’organisation des partis politiques a permis l’élimination de toutes les petites formations politiques électorales ou leur regroupement au sein de quelques grands partis. Les rares voix discordantes n’en sont que plus isolées : l’ancien dissident Sergeï Kovalev, combattant des Droits humains est à la marge dans son propre parti, et Sergeï Youshenkov, qui a tenté de monter une commission d’enquête parlementaire sur les attentats de Moscou et Volgodonsk, a été récemment abattu devant chez lui. La manière dont la presse aux ordres a relayé l’événement, salissant la mémoire de la victime, ne laisse guère de doute sur les commanditaires. Ce n’est pas la première fois : l’assassinat du député Sergeï Golovlev, quelques mois plus tôt, et de sa collègue Galina Starovoïtova en 1998, alors qu’elle enquêtait sur les connexions politico-mafieuses, ont entrainé les mêmes diffamations, et par les mêmes sources : le FSB.
Mais c’est en Tchétchénie que l’assassinat politique atteint son apogée, par l’intervention de véritables escadrons de la mort, choisissant leurs proies : il y a quelques mois, une pacifiste membre de la société russo-tchétchène, à laquelle appartient aussi Sergeï Kovalev, en a été la victime. Ces escadrons, agissant masqués, ne dépendent pas d’une autorité militaire locale et reçoivent manifestement leurs ordres directement de Moscou. Dans la Tchétchénie dévastée[4], interdite aux journalistes et aux ONG, ce n’est qu’une goutte d’horreur supplémentaire. Mais elle est révélatrice.

Le rôle difficile de la société civile russe

La société civile en Russie est elle aussi mise au pas. Il est vrai qu’elle n’est pas très développée, comme dans la plupart des sociétés post-totalitaires. D’autre part, l’activité de la plupart des associations, travaillant sur les Droits humains et parfois campées sur des positions libérales qui les déconsidèrent, est coupée de la société plus concernée par ses problèmes immédiats. Il est facile alors pour Poutine lui-même, lors d’une interview, de soutenir que la plus grosse association russe, Mémorial, est peu crédible sur la Tchétchénie puisqu’elle est « sponsorisée par l’ouest », ou tel grand quotidien poutiniste d’accuser « les mères de soldats de Saint-Petersbourg « de « propagande anti-patriotique et nazie »… Dans le même temps, diverses lois ont été votées, rendant le situation financière des associations beaucoup plus difficile. Enfin, il n’est pas rare d’assister à quelques tentatives d’intimidation, avec descente surprise et « amicale » du FSB à la porte des locaux. Pour des citoyens comme Pasko et Nikitine, qui, déjà du temps de Eltsine, avaient transmis à l’étranger des informations pourtant connues sur les désastres écologiques commis par l’armée, c’est toujours la prison pour « espionnage ».
Maniant la carotte avec la même dextérité que le bâton, le Kremlin a lancé à grands frais à l’automne 2001 l’idée d’un « Forum civique » pour « établir un dialogue avec la société civile ». Les associations se sont déchirées, entre celles qui y voyaient une chance d’avoir le pouvoir comme interlocuteur et celles qui comprenaient le piège tendu. Le Forum s’est tenu malgré tout en novembre, et ce n’est qu’en juillet 2002 que les associations participantes ont compris que l’État s’était servi d’elles et qu’elles ont rompu pour la plupart les relations suivies qui s’étaient instaurées. Mais le vieux système « diviser pour mieux régner » a parfaitement fonctionné.

Le racisme au quotidien

Cette stratégie s’applique aussi dans la rue : au nom de l’unité, la Russie multiethnique a du plomb dans l’aile. La guerre et la propagande gouvernementale de désignation de l’ennemi a rendu suspect aux yeux de la population slave toute personne au profil caucasien ; cette population est donc régulièrement dénoncée, contrôlée, arrêtée, rackettée par une police fondamentalement raciste, ou victime de violences parfois ultimes par une des nombreuses bandes de naziskins qui hantent les métropoles, et dont l’impunité est quasi-totale. Les ambassades de pays africains, mais aussi celle des Etats-Unis, ont lancé des plaintes officielles pour protester contre les attaques répétées dont sont victimes leurs ressortissants de couleur. Sans grands résultats. En règle générale, mais surtout le 20 avril, jour anniversaire de la naissance d’Hitler, il ne fait pas bon se promener dans les rues si l’on n’est pas blanc et slave. Ce n’est d’ailleurs pas le moindre des paradoxes que de voir le régime Poutine légiférer tant et plus contre « l’extrémisme » et laisser circuler et agir un nombre considérable de partis ou de groupes nationalistes qui ne cachent pas leurs idées fascisantes et parfois leurs uniformes. Certains d’entre eux ont ou ont eu une certaine influence et un nombre d’adhérents conséquent. Il est vrai que le nationalisme brut du régime désarme politiquement la plupart des groupes, qui se voient enlever une partie de leur programme. De toute manière, une bonne partie d’entre eux est infiltrée par le FSB. Seul le parti national-bolchevik, adepte du fascisme-mouvement et de l’action de rue, s’est révélé trop incontrôlable : son leader, l’écrivain Edouard Limonov, est sous les verrous depuis deux ans sous l’inculpation de trafic d’armes, tandis que des ténors de la Nouvelle Droite russe, tel Alexandre Douguine, son ex-camarade, ont leurs entrées au Kremlin.

« Ordre, Sécurité, Nation »

Le triptyque maudit est posé. Dans l’ordre : ce qui met Poutine plus en équation avec un Pinochet qu’un Mussolini. Mais Poutine partage une autre valeur avec les fascistes : le culte du chef, comme au bon vieux temps de Staline. Il est omniprésent dans chaque journal télévisé qui s’attarde longuement à décrire la journée du président. Les portraits du leader bien aimé sont accrochés dans tous les bureaux, ils sont en vente dans tous les magasins, parfois sur les supports les plus invraisemblables, comme des tapis. Si ce ne sont pas des portraits, ce sont des bustes, des assiettes, des montres ou des calendriers. Un nombre considérable de biographies sont en vente en librairies, et même une chanson pop a atteint les sommets des charts : « J’en veux un comme Poutine » chanté par un girls band nommé : « Celles qui chantent ensemble ». Celles-ci se réfèrent à l’organisation de jeunesse poutinienne, « Ceux qui marchent ensemble », ironiquement surnommés la « Poutine Jugend ». Ces jeunes gens zélés issus de la nouvelle classe moyenne, socle électoral du président, qui se sont d’abord fait remarquer en arborant des tee-shirts à l’effigie du président bien-aimé, ont organisé début 2002 un autodafé de livres d’auteurs jugés indécents, après les avoir échangés contre des « valeurs sûres de la culture traditionnelle ». L’action frisait le ridicule, mais on aurait tort d’en rire : cette initiative, comme bien d’autres, permet de mesurer la température de la population et la possibilité d’aller plus loin pour le gouvernement.
Ainsi, symbole très lourd de sens en Russie, l’hymne national a changé pour en revenir au vieil hymne soviétique, créé sous Staline, avec juste quelques transformations minimes au niveau des paroles, pour la troisième fois après une version brejnévienne, opérées par le même auteur, octogénaire mais toujours vivant.

Poutine face à son destin

Au niveau international, les événements du 11 septembre aux Etats-Unis ont représenté pour Poutine une divine surprise, permettant de faire passer la guerre en Tchétchénie dans le cadre du combat mondial antiterroriste, via quelques opérations plus ou moins ridicules de manipulations. La plus efficace d’entre elle a été de faire croire en la présence de groupes tchétchènes parmi les talibans afghans, groupes que l’on a cherchés en vain parmi les cadavres et les prisonniers de la coalition. Poutine a réussi le tour de force de se poser en partenaire incontournable de la « lutte mondiale contre le terrorisme », sans donner l’impression de se poser en vassal de George Bush. Il s’est même offert le luxe de s’affirmer contre l’intervention en Irak, se gagnant enfin les bonnes grâces de plusieurs pays occidentaux, dont la France, très critique auparavant. La tragédie de Nord-Ost, avec la prise d’otages par un commando tchétchène de plusieurs centaines de personne dans un théâtre en plein centre de Moscou en octobre 2002, a renforcé sa position dans les chancelleries[5]. Les voix officielles pourtant timides contre la guerre en Tchétchénie se sont complètement éteintes, malgré la sauvagerie de la réponse du Kremlin qui, outre les combattants tchétchènes, ont tué au passage 132 otages : encore un témoignage du peu de considération que le dirigeant du Kremlin porte à la vie de ses propres concitoyens.
Triomphe absolu, Poutine a rassemblé en mai dernier 46 chefs d’État du monde entier pour la commémoration en grandes pompes du tricentenaire de Saint-Pétersbourg. L’événement a permis au passage de mettre la ville en état de siège, en la « nettoyant » de tous les sans-abris, mais aussi de tous les « illégaux » non porteurs de la sacro-sainte propiska, feuille de résidence municipale valable pour l’ensemble de la population, sans laquelle on ne trouve ni logement, ni travail. Il s’agit là du symbole absolu du contrôle social en Russie depuis le tsarisme, que Eltsine a tenté d’abandonner, et qui a été repris par le superflic Poutine. En outre, les habitants du centre ont dû se munir d’un laisser-passer spécial, et la vidéosurveillance a été généralisée dans l’ensemble des transports. La question de la Tchétchénie n’a pas été abordée. La question des libertés en Russie, du moins ce qu’il en reste, non plus. Tranquillement, sur la justification principale de l’ordre et de la sécurité, le totalitarisme se remet en place.

  1. Je rappelle que la Makhnovshchina, c’était en Ukraine ![]
  2. « Guébiste », en référence au KGB, ou « tchékiste » en référence à la Tcheka, ancêtre du KGB.[]
  3. La première guerre, déclenchée en 1994, avait pour but officiel de répondre aux velléités indépendantistes de la république autonome. Le conflit s’achève en 1996 avec la victoire des Boïeviki, les partisans tchétchènes, qui reprennent leur capitale, Grozny, à l’armée russe.[]
  4. La deuxième guerre en Tchétchènie aurait déjà fait entre 50 000 et 100 000 victimes. Rapporté à la population française, cela ferait entre 7 et 20 millions de morts…[]
  5. Il y aurait beaucoup à dire sur cet évènement, dont il s’avère de plus en plus qu’il s’est agi d’une provocation, probablement de certains secteurs de l’armée russe ou des services secrets attachés à la poursuite d’une guerre qui arrivait à bout de souffle.[]
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