De la Nouvelle Action française aux cercles Résistance
Né en 1955. Marié. Actuellement enseignant en Droit et Techniques commerciales; ancien agent immobilier.
Publié à l’automne 1998
Issu d’une famille royaliste qui connut des problèmes à la Libération pour son pétainisme fervent, il a été élevé dans une tradition militante : la famille connut de nouveaux problèmes durant la guerre d’Algérie pour son soutien à l’OAS. Au début des années 1970, il adhère à la Nouvelle Action française de B. Renouvin, groupe issu d’une scission de la vieille Action Française et influencé par les événements de 1968 (enfin… autant que faire se peut pour une organisation royaliste). Son évolution politique le pousse à adhérer à l’Organisation Lutte du Peuple (OLP) dirigée par Y. Bataille. Cette dernière est la copie conforme d’un mouvement créé en Italie en 1969 par Serafeno Di Luia et qui symbolise la tendance «nazi-mao» de l’extrême droite italienne. L’OLP italienne fut par la suite impliquée dans la stratégie de la tension et en particulier l’attentat de la Piazza Fontana.
Depuis cette époque, il poursuit un parcours politique dans la mouvance nationaliste-révolutionnaire tout en participant à diverses organisations plus ou moins proches de ce courant. C’est ainsi qu’en 1979 il rejoint le Mouvement Nationaliste Révolutionnaire (MNR) de Jean-Gilles Malliarakis. Mais son éclectisme politique le fait également adhérer en 1982 aux CAR, Comités d’Action Républicaine, structure créée par Bruno Mégret (alors au RPR) pour multiplier les contacts entre droite dite «parlementaire» et droite dite «nationale» mais également armer idéologiquement le discours national-libéral. Ne reculant devant aucun sacrifice, il devient membre du GRECE à peu près à la même époque.
1985 : le MNR devient Troisième Voie (TV) et Bouchet accède au poste de responsable pour la région nantaise. Cette situation provoque son exclusion du GRECE en 1988 puisque les relations entre TV et la principale structure néo-droitiste sont alors au plus bas. Elles semblent s’être réchauffées depuis, un signe manifeste en étant la rencontre entre C. Bouchet et M. Rollet, «chancelier» du GRECE, à Marseille durant l’été 1995. Ce rapprochement s’explique peut-être par la scission-querelle entre le GRECE et Synergies européennes[1].
Au sein de TV, C. Bouchet développe une tendance qui prend le nom de «tercériste radicale» et se dote d’une feuille d’info. : Alternative tercériste. Il y attaque régulièrement Malliarakis au nom de l’idéal nationaliste-révolutionnaire, lui reprochant son rapprochement avec le FN et son rôle au sein du CDCA. En juillet 1991, Bouchet franchit le Rubicon et diffuse à tous les adhérents et sympathisants de TV une circulaire dans laquelle il convoque une réunion du conseil national de TV pour le 31 août. Se réclamant du national-bolchévisme, Bouchet et sa tendance proposent de rompre avec la dérive réactionnaire de Malliarakis et de fonder une nouvelle organisation : Nouvelles Résistances (cf. REFLEXes n°37). Dans une lettre de mise au point, Malliarakis réplique en accusant Bouchet d’avoir détourné le fichier et les cotisations des sections, bref de s’être tiré avec la caisse, et revendique le maintien de TV. Politiquement, NR vise à la construction d’un «Front uni anti-système» et se réclame tout à la fois de l’anticapitalisme et de l’antiaméricanisme, du localisme autogestionnaire, etc.
Cette récupération de thèmes portés par l’extrême-gauche des années 1970 s’accompagne également de celle de logos, affiches et slogans du mouvement libertaire sur lesquels l’organisation se contente de placer son sigle.
Il faut ajouter à ce tableau fort succinct l’infiltration de diverses structures (Socialisme International, Écolo-J) et luttes (Tunnel du Somport, lutte anti-Mac Do’).
- Les principales figures de ce groupe, Robert Cousty et Philippe Pissier, semblent également intéressées par l’ésotérisme, le premier étant à l’origine d’une intervention au colloque de l’Originel sur «Les origines de la WICCA en Angleterre entre mythe et réalité» et le second dirigeant les Éditions du Blockhaus dont le catalogue contient divers ouvrages d’Aleister Crowley ou de l’Ahnenerbe, l’Institut d’études ésotériques et raciales de la SS dirigé par Heinrich Himmler.[↩]
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