REFLEXes

PNFE : La vie de château de l’extrême droite

28 mars 2009 Les radicaux

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(Article publié en janvier 1994 dans le n° 41 de la revue REFLEXes)

Alors que vient de s’ouvrir une librairie néo-nazie rue du faubourg Saint-Denis où l’on retrouve Dominique (ou Jean-Dominique) Larrieu, alias Bertrand Leforestier, nous avons voulu faire un retour sur les différentes sociétés de ce triste sire. “Enquête” qui nous a permis de déboucher sur une longue série d’acquisitions de locaux et de châteaux. C’est en effet pour le PNFE que Larrieu s’est fait propriétaire terrien. Dernièrement, les relations entre Larrieu et le PNFE se sont refroidies, mais cela n’a pas empêché le PNFE de tenir ses réunions dans un nouveau château (cf. photos)

 

.Coiffant l’ensemble des activités de la librairie Ogmios, des maisons d’éditions Avenir International, on trouve la Communauté d’entreprise Noroît Suroît (CENS), et pour nom commercial Avalon, Ogmios, Ogmios-Diffusion, Avenir International, Polémiques, SFDP, Sabre au clair, Vent du Nord, Mercure Diffusion, Livres de Chez nous, Feu, Feu et Glace, OD, ATE, PAS. Cette SARL au capital de 300 000 frs, créée le 22 août 1988, avait pour principaux actionnaires Catherine Joris, la compagne de Dominique Larrieu (avec 27% des parts de la société), Yvette Pochat, la mère de Trystan Mordrel, un des gérant d’Ogmios (avec elle aussi 27% des parts), puis on trouve le révisionniste Olivier Mathieu, Laure Bleuset, une ancienne collaboratrice du journal de la FANE Notre Europe, et Yann Brown de Costouln, éditeur et responsable de la gestion de la revue de la nouvelle droite allemande Elemente[1], qui possèdent chacun 15% des parts de CENS. À noter qu’Olivier Mathieu et Yvette Pochat indiquent comme domicile le 10, rue des Pyramides à Paris dans le 1er arrondissement, qui est le siège de la librairie Ogmios. L’objet de la société est en apparence assez précis : « l’activité d’entreprise de presse, de diffusion et d’édition ou la réédition de livres, brochures, revues, périodiques ou non, ainsi que tous les supports audiovisuels ayant trait à l’actualité et à la documentation politique et historique, de plus la fourniture aux journaux et périodiques français et étrangers d’articles, reportages, photographies, pages et autres éléments et services de rédaction ». Cet objet s’élargit passablement ensuite à «toutes opérations, de quelque nature qu’elles soient, juridiques, économiques et financières, civiles et commerciales, se rattachant à l’objet sus-indiqué, ou à tous autres objets similaires ou connexes, de nature à favoriser, directement, le but poursuivi par la société, son extension ou son développement». C’est cet objet très large, on en conviendra, qui a permis à la Sarl CENS d’acquérir le Château de Nalèche dans la Creuse à Moutiers Rozeille. Or, ce n’est pas la première fois que le tandem Larrieu-Joris investit dans la pierre.

En juin 1988 déjà, se constitue la Société en Nom Collectif (au capital de 10 000 frs) (SNC) du Corvier, qui associe Catherine Joris et deux gérants de sociétés, David Warlet et Bernard Joseph-Pierre. Jean-Dominique Larrieu achète avec Trystan Mordrel le château de Vouzon, dit château du Corvier dans le Loir-et-Cher. C’est dans ce château que le Parti Nationaliste Français et Européen a tenu son congrès les 5 et 6 novembre 1988, durant lequel Nicolas Gouge, militant du PNFE, a fait un cours sur la manipulation des explosifs. Gouge a été impliqué dans les attentats contre Globe et contre le foyer Sonacotra de Cagnes-sur-mer. Larrieu a lui-même été un temps inculpé pour détention illégale d’armes de première catégorie et de munitions et incarcéré en janvier 1990. À noter que Jean-Claude Beaussart, responsable nordiste du PNFE, officiait comme garde le week-end, y emmenant sa femme et ses six enfants. À la mort de Beaussart, tué par sa fille, les enfants et sa femme ont été recueillis au château par Dominique Larrieu[2].

En février 1990, Larrieu revend le château pour 6 millions de francs, afin de régler près de 4 millions de dettes[3]. Mais au même moment, Dominique Larrieu et Catherine Joris prospectent un autre château et tombent sur le château de Labat. En mars 1990, accompagné du négationniste Henri Rocques, Larrieu prend rendez-vous avec le propriétaire qui, après enquête, refuse de le lui vendre. Quelques jours plus tard apparaît un autre client, Pierre Ruskoné, qui signe le 27 mars une promesse d’achat et verse 140 000 frs (10% de la valeur du château). Or Pierre Ruskoné est en fait un néo-nazi proche du PNFE qui a écrit sous le pseudonyme de Rusko un livre, Stoi, des mémoires sur les Waffen SS, diffusé par Ogmios. Ruskoné achète le château pour le compte d’une société anonyme suisse, la SA Lehéren, domicilée au 197, rue du Mandement à Satigny dans le canton de Genève et qui a comme admnistrateur Pierre Lucchini. Selon La Dépêche du Midi du 21 juin 1990, Dominique Larrieu et Yvettte Pochat, mère de Trystan Mordrel, seraient actionnaires de cette société. La publication de toute cette affaire a fait capoter l’achat du château.

Courant 1992, on apprend que le PNFE utilise un château dans l’Est de la France. C’est dans ce château que se serait tenu le congrès de 1993 du PNFE. Congrès riche en événements car la nouvelle orientation du PNFE y a été définie ; s’armer légalement et former des communautés rurales[4], on voit aussi à cette occasion, réunis sous le même toit, le néo-nazi allemand Althans, des représentants du BNP anglais, Mark Fredriksen des FNE, et Michel Faci de retour de Croatie. Ce château, nous l’avons retrouvé (voir photo et carte), il se trouve dans un petit village de la Haute-Saône, Vellexon-Quetrey-et-Vaudey, charmant petit village de cinq cents habitants. Ce château aurait été vendu l’année dernière par un ordre religieux. Un Flamand du nom de Johannes Van Berkum l’habite aujourd’hui à demeure.

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La passerelle vers l’extrême droite classique

On retrouve encore Dominique Larrieu dans une société unipersonnelle au capital de 2000 frs, dénommée Liberté de la Presse – À bas les censeurs, qui s’appelle aussi Faits et Documents. Il a créé cette société le 23 juillet 1990 (siège social au 344, rue Saint Honoré 75001 Paris), dont l’activité est l’édition de revues et de périodiques. Or, à la même adresse, il y a le siège social des Éditions de l’Europe Buissonnière, SARL créée le 13 octobre 1992, où l’on retrouve les Éditions du Triomphe dont la gérante est Sophie Chalufour, les Éditions Enfantines de Genève (qui a trois quarts des parts des Éditions de l’Europe Buissonnière), Emmanuel Leroy (gérant), Francis Bergeron, Alain Potier (plus connu des lecteurs de Présent sous le pseudonyne d’Alain Sanders) et Françoise Pichard, elle aussi plus connue comme la dessinatrice de Présent sous le nom de Chard. Or, ces trois derniers personnages sont des personnalités de l’extrême droite française, animant le quotidien Présent, proche du FN, ou le mensuel satyrique d’extrême droite Pas de Panique à bord.

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  1. Jean-Yves Camus et René Monzat, Les Droites nationales et radicales en France[]
  2. La République du Centre du 25 septembre 1993.[]
  3. Regards 31 n°1, novembre 1990, p.5.[]
  4. Voir dans ce même numéro de REFLEXes l’enquête sur le NSDAP-AO.[]
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