REFLEXes

Le 1er mai 2012 du Front National : du neuf avec du vieux…

6 mai 2012 Les institutionnels

Il y avait bien longtemps que la « Jeanne » n’avait pas été autant à la fête. Plusieurs milliers de personnes avaient répondu présent à l’appel de Marine Le Pen pour ce traditionnel défilé du Front National en l’honneur de Jeanne d’Arc, empruntant pour l’occasion le trajet de la manif FN des grandes années de mobilisation. À savoir, départ place des pyramides et arrivée place de l’Opéra.Sans revenir aux effectifs du milieu des années 1990, ce défilé 2012 avait des relents old-school : si « On est chez nous » et « Français réveille-toi, tu es ici chez toi » étaient les deux slogans les plus repris, « Communistes assassins ! » a été très souvent entendu et massivement repris (on retrouvait d’ailleurs cette même ambiance anti-communiste quelques heures plus tard place du Trocadéro dans le discours de Nicolas Sarkozy et chez les militants de l’UMP). Plus classique, « Islam hors d’Europe » a remporté lui aussi un vif succès, le FNJ tentant même un « Les Françaises aux Français ». On peut remarquer au passage que le soit-disant tournant « social et syndicaliste » du FN tant mis en avant par la presse en 2011 avait complètement disparu du cortège cette année. La manifestation de 2012 était nettement plus dynamique et moins bordélique que les années passées. L’arrivée massive de nouveaux adhérents – on parle de plusieurs milliers – ces derniers mois et le retour à la maison mère de nombreux militants et cadres, qui s’étaient perdus dans les marais du nationalisme groupusculaire, ne sont sans doute pas étrangers à cette impression.

Sur la place de l’Opéra à moitié pleine, occupée pour presqu’un quart par une immense tribune réservée à la presse (ce qui a fait râler dans les rangs frontistes), c’est Jean-Marie Le Pen, cette année, qui a ouvert le bal, se réservant la partie historique sur Jeanne d’Arc (dont on a appris qu’elle avait été la première victime de la « diabolisation », et que JMLP a fini par comparer à sa fille !). Même si son cours d’histoire grandiloquent a quelque peu endormi la place de l’Opéra, on a pu constater que sa cote de popularité est toujours intacte. On ne peut pas en dire autant de Bruno Gollnisch : ce dernier a traversé la foule pour rejoindre la tribune dans l’indifférence quasi-générale juste avant le discours des chefs.

Niveau folklore, là aussi, c’était le retour aux années 1990, quand le FN drainait toute l’extrême droite radicale dans son sillon. On pouvait croiser pêle-mêle des membres du Projet Apache, Bastkin venu distribuer son journal et faire la promotion de la manif du 13 mai, le GUD, des membres du MAS et plusieurs générations passées du GUD et des anciens du MNR. Cette présence montre une nouvelle fois que, malgré toutes les tentatives pour s’organiser en marge du Front National, dès le retour de succès électoraux, les radicaux rappliquent immédiatement dans l’orbite du Front National, tel un ours se précipitant au salon du miel.
La présence du Projet Apache à ce 1er mai et l’insistance avec laquelle Philippe Vardon a cherché à recevoir l’investiture du FN pour les législatives démontrent bien que même pour les courants qui avaient tenté de s’émanciper au maximum de l’emprise du parti frontiste, il est désormais compliqué d’exister en s’opposant frontalement à Marine Le Pen.
Pour terminer dans le folklore, le FNJ de l’Oise, au cortège assez conséquent, s’est fait remarquer par l’ambiance stade qui régnait dans ses rangs avec des slogans comme « Jeunesse Nation Rébellion ».

Côté sécurité, la clique Lousteau/Châtillon était aux commandes, ce qui n’étonnera personne. Conséquence directe, le DPS, très présent, était assez hétéroclite, donnant lieu à des situations étonnantes comme ces jeunes skins d’extrême droite repoussés par le DPS, alors que quelques dizaines de mètres plus loin, un autre groupe de DPS était composé essentiellement de skins nazis !
Enfin, une petite anecdote pour finir. On a assisté à une scène étonnante sur le côté de la manif : quatre hommes ont déployé durant quelques minutes un drapeau syrien pour se prendre en photo devant le cortège du FN, avant de se faire gentiment dégager par les CRS qui ne voulaient pas de provocation. Cette présence avait-elle un rapport avec les responsabilités actuelles de Chatillon au sein du FN version Marine ? Nul ne le sait pour le moment et le ministère du tourisme syrien n’a pas communiqué sur la question…

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