Cela fait maintenant cinq ans que la revue antifasciste Nigdy Wiecej combat en première ligne contre le fascisme en Pologne. Aujourd’hui, l’extrême droite cherche à faire disparaître notre revue.
Aussi bien la constitution polonaise que le code pénal interdisent toute activité raciste ou fasciste. Cependant, l’actuel gouvernement polonais (qui est de droite) semble se soucier de l’application de cette loi comme d’une guigne, si bien que des groupes ouvertement néo-nazis peuvent opérer sans être dérangés le moins du monde par les autorités. Nigdy Wiecej a même révélé récemment au public que des membres de groupes d’extrême droite avaient été nommés à des postes importants au gouvernement. Il faut ajouter que Nigdy Wiecejest la seule publication polonaise qui suit de près les nombreux cas de violences racistes et fascistes et publie des articles à ce sujet. Le 9 novembre 1999, nous avons ainsi publié un rapport concernant les 19 personnes qui ont été tuées ces dernières années par des nazi-skins, qu’ils soient membres ou sympathisants de groupes extrémistes comme Narodowe Odrodzenie Polski[1] (NOP).
Le résultat de la publication de ce type d’articles, c’est que Nigdy Wiecej est constamment la cible d’attaques, qu’elles viennent de néo-nazis violents ou de publications d’extrême droite. Les menaces de mort proférées à l’encontre des rédacteurs de Nigdy Wiecejsont devenues monnaie courante et nous nous sommes aperçus que nos adresses circulaient chez les fascistes, mais heureusement, ce n’étaient pas les bonnes ! Malgré tout, il est déjà arrivé plusieurs fois que des collaborateurs de Nigdy Wiecej se prennent des coups, mais l’équipe du journal s’est engagée à continuer le travail.
En Pologne, le climat général, aussi bien social que politique, est hostile dans son ensemble à l’antifascisme. Et c’est dans ce climat précisément que l’extrême droite a choisi d’attaquer notre revue en utilisant la loi comme arme. Une action en diffamation a été intentée par un militant nationaliste païen, Tomasz Szczepanski. Ce dernier, qui prétend être un partisan d’Alain de Benoist, le (pseudo) intellectuel de la Nouvelle Droite française, a attaqué Nigdy Wiecejparce que nous avions écrit de son groupe qu’il était «antisémite et chauvin». Nous avions également écrit qu’il était anti-chrétien, mais cet adjectif ne lui visiblement a pas déplu. Szczepanski, qui a dépassé la trentaine, a un parcours politique un peu étrange derrière lui : il avait jusqu’à présent coutume de se présenter comme un anarchiste, un trotskiste, un socio-démocrate et un antifasciste ; plus récemment, il a pris sa carte au Parti conservateur chrétien (ROP), mais il semblerait qu’il veuille maintenant constituer son propre groupe. Des néo-nazis militants se sont joints à lui pour cette aventure, comme Mateusz Piskorski[2], ainsi que d’anciens anars comme Remigiusz Tomasiewicz, qui a écrit dans d’innombrables publications de droite et de gauche, en Pologne et à l’étranger. Tout ce petit monde se rassemble autour de la publication de Szczepanski, Tryglaw, d’après le nom d’un ancien dieu-monstre slave.
Le procès intenté à Nigdy Wiecej a d’ores et déjà commencé et il risque de durer longtemps ; son but est à n’en pas douter de faire le plus de dégâts possibles dans le mouvement antifasciste en s’efforçant de le décrédibiliser et de lui faire perdre beaucoup d’argent. Gageons que l’extrême droite ne réussira pas dans son entreprise…
Rafal Pankowski
pour le magazine Nigdy Wiecej
- Renouveau national polonais.[↩]
- Il a traduit les écrits nazis et sataniques de David Myatt (Searchlight n°286, avril 1999, p. 10).[↩]
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