Politique

Avertissement : l’article qui suit pastiche les infos politiques du bulletin d’Emmanuel Ratier Faits & Documents. Il a été publié sur support papier au printemps 2002.

- Quoi de commun entre un apparatchik socialiste et un militant d’extrême droite ? L’argent ! Les deux aiment en avoir et font tout pour amasser le magot. Thomas Lagane en est un bon exemple. Né en mai 1968, il ne semble pas avoir été beaucoup influencé par les événements contemporains de sa naissance puisqu’on le retrouve très tôt militant du GUD (Groupe Union Défense) dont la réputation de groupe violent et néo-fasciste n’est plus à faire et du FNJ (Front National de la Jeunesse), organisation de jeunesse du FN dont les membres ont toujours été très agités. Cette activité débridée se traduit par une participation à diverses «affaires» ou «productions», comme l’interpellation par la police en décembre 1996 dans le cadre d’une enquête sur une tentative d’attentat contre le directeur de Tribune Juive Yves Derai ou la réalisation du journal pseudo-satirique Béret Baguette lié au FN. On peut d’ailleurs à l’époque le voir faire le fanfaron dans une enquête de Nova Magazine consacrée aux jeunes néo-fascistes français.

- La scission intervenue au sein du Front National en novembre 1998 lui vaut de connaître une véritable promotion puisqu’il devient responsable de l’atelier de propagande du FN sous responsabilité directe du secrétariat général dès décembre 1998. Il devient également un élément important du FN en région parisienne dans l’orbite de Martine Lehideux, ce qui fait de lui par exemple l’un des organisateurs d’un week-end de formation des élus lepénistes franciliens en janvier 1999. Les mégretistes ayant mis la main sur les Éditions Nationales, maison d’édition du FN avant la scission, il aide à la création d’une petite SARL de presse dévouée au FN, les Éditions Objectif France, avec d’autres jeunes cadres lepénistes ayant tous des responsabilités nationales : Louis Aliot, Philippe Rouger et Guillaume Vouzellaud. Depuis, il semble avoir pris un peu de champ par rapport au militantisme politique pour se consacrer à ses affaires tout en gardant bien évidemment les mêmes opinions nationalistes. Car Thomas Lagane a beaucoup d’affaires…

- Dès 1995, il participe à la création de la SARL Riwal avec Frédéric Chatillon, ancien chef du GUD au début des années 1990 avec qui Lagane est allé en Croatie au moment de la guerre, et Axel Loustau, ancien militant du FNJ et du FN à l’instar du reste de la famille. La prospérité de cette société spécialisée dans la communication le pousse à monter en 1998 avec les mêmes partenaires la SARL Union & Développement d’une Vision Symphonique (UDVS), dont le nom est abscons pour une société si on ne le rapproche pas de la signature d’affiches violemment anti-israëliennes collées en 1996 (Union & Défense des Victimes du Sionisme – UDVS) et du fait que l’un des actionnaires est Roger Garaudy, condamné pour négation du crime de génocide des juifs par les nazis. Mais Thomas Lagane sait aussi faire profiter les autres de son expérience et on le retrouve comme actionnaire d’une SARL créée avec les frères Samuel et Étienne Maréchal, Selfmade Agency. Gendre de Jean-Marie Le Pen, directeur national du FNJ de 1992 à 1998, Samuel Maréchal a longtemps été un élément clé du dispositif lepéniste, ce qui lui a permis en retour de faire embaucher durant un temps son frère Étienne par le FN. Cette SARL dont il est le gérant et l’actionnaire principal a pour activité déclarée «la création, la réalisation, la maintenance et la commercialisation de serveurs d’information ainsi que l’activité d’agent de publicité et de conseil en édition». La société est domiciliée au même endroit, boulevard Émile Augier dans le XVIème arrdt., qu’une autre SARL qui constitue la pièce maîtresse des activités de Thomas Lagane : Selfmade Communication. Créée avec un partenaire irlandais, Dancerton Properties Limited, la société a pour objet «l’élaboration, la création et la mise au point de sites Internet capables de mettre des informations en ligne, de divulguer de l’information, ainsi que la maintenance technique de ces sites».

- Grâce à cet outil dont il est le gérant, Lagane a pu accroître ses ambitions en devenant l’un des partenaires d’une SA de 1.529.082 francs consacrée à la création de sites Internet sportifs : Canalsports.com, dont la conférence de presse de lancement a eu lieu le 05 mars 2001. Selfmade Communication a en effet, en plus de son rôle d’actionnaire, l’exclusivité du plan média, de l’image, de la conception, de l’animation du site et des produits dérivés ainsi que de la publicité. Or surprise ! si on ne s’étonne pas de retrouver parmi les actionnaires, outre Thomas Lagane, quelques noms de jeunes néo-fascistes connus et déjà entrevus comme Étienne Maréchal ou Dominique Joly, ancien militant du GUD et du FN, force est de constater qu’ils ne sont pas tous seuls et qu’ils côtoient au conseil d’administration le joueur de tennis professionnel Jean-Philippe Fleurian, le responsable des nouvelles technologies à la Fédération française de Tennis Alexandre Loth et le directeur de la Communication et du Développement de la Fédération Française de Tennis Jean-Paul Loth. Il est difficile de croire que tout ce petit monde n’est pas au courant des opinions nationalistes extrémistes de ses partenaires… Reste à savoir ce que pense la Fédération Française de Tennis de ce lien indirect établi entre elle, par la popularité du journaliste sportif Jean-Paul Loth et la caution sportive qu’elle représente, et des individus dont l’itinéraire politique est la négation même des valeurs du sport, qui sont, jusqu’à preuve du contraire et même dans le tennis, le respect de l’autre, quelles que soient ses origines ethniques et ses convictions politiques ou religieuses ? Il serait bien intéressant de connaître son avis…