REFLEXes

Allah va comme je te le pousse !

Ce teste est extrait d’un dossier sur le repli identitaire en France qui paraîtra dans Réflexes n°8 en avril-mai 2007.Les militants antifascistes ont toujours eu beaucoup de mal à appréhender les phénomènes en France du racisme, du néo-conservatisme et du fascisme autre que celui à base « nationale » ou européenne, et principalement ceux de culture musulmane : pouvions-nous ou non, par exemple, vider nous-même des manifs pro-Palestine les « barbus » islamistes ou les groupes suspects utilisant la symbolique Magen David = Svastika. Ne passerions-nous pas pour des racistes ou des « suppots du sionisme » à décider de dégager tel individu ou tel groupe politiquement marqué, hors les habituels négationnistes autoproclamés « de gauche » ou tel chefaillon identitaro-nationaliste imprudemment égaré dans la rue ? Les derniers débats sur le voile ont permis de faire un peu de ménage, mais se sont accompagnés aussi de lourds contentieux pas encore réglés. Des éclaircissements demeurent nécessaires.

Les « communautaristes fermés » de l’Islam ont le vent en poupe. Ils profitent de plus de 20 ans d’abandon de la gauche sur la question post-coloniale et de désinvestissement des quartiers périphériques. Les Marches pour l’Egalité du début des années 80 et la naissance d’un mouvement autonome des enfants de l’immigration principalement maghrébine se sont heurtés à un rouleau compresseur de trahison de la gauche institutionnelle, de création du « beur alibi » par récupération individuelle dans les partis, de sabotage de la dynamique d’autonomie par la création de SOS-Racisme qui changera la revendication d’égalité des droits en « antiracisme moral » au profit du PS, sans compter la répression ou le refus de reconnaissance des associations locales au profit des premiers imams de quartier.

Cette politique de l’appel à l’imam, utilisée tant par les pouvoirs de droite que « degôche », consistait dans les périodes de troubles dans les quartiers périphériques, à prendre comme interlocuteur et médiateur un imam, et si cette solution ne marchait pas, on envoyait les flics. Les « frankenstein » au petit pied se rendaient-ils compte alors qu’ils répétaient au calque le scénario utilisé dans les anciennes colonies ? Une ligne toujours suivie actuellement, qui n’est pas sans conséquence dans la formation d’une croyance. Cette pratique est aussi une méthode de division de la population, en créant, ou légitimant, une « troisième force » en fait plus supplétive qu’autre chose contre les associations de quartiers et autres éducateurs forcément soupçonnés de connivences « gauchistes ». On a vu cette politique à l’oeuvre dans tout le monde musulman, et pas seulement par les services américains : des régimes ont aidé à l’éclosion et/ou au développement de groupes islamistes pour écarter ou réduire l’influence communiste ou simplement progressiste dans la région. Ceux qui ont joué à ce jeu-là s’en mordent aujourd’hui les doigts : Les Frères Musulmans, Ben Laden, les Talibans ou le Hamas n’auraient pas l’importance qu’ils ont aujourd’hui s’il n’avaient pas reçu l’aide intéressée de divers services occidentaux (ou israéliens dans le cas du Hamas, pour casser l’OLP) dans les années 70 et 80, au nom de l’affrontement Est/Ouest. En France, cette politique a puissamment aidé au développement des premières structures intégristes et islamistes. On comprendra le terme islamiste sur sa définition du « politico-religieux » versus l’adjectif islamique, uniquement religieux.

Pour une jeunesse brisée socialement par la crise et la montée du chômage, cassée politiquement par les attaques portées contre toute dynamique autonome dans ses revendications et par un racisme issu directement de l’imaginaire colonial, coincée entre deux cultures, celles des parents qu’ils ne veulent pas forcément assumer et celle de la France qui ne les reconnaît qu’en termes de devoirs et de contrôles d’identité, la vie ne se conjugue plus qu’en terme de discriminations multiples, en perte de sens et de perspectives d’avenir. C’est le cocktail idéal pour favoriser le repli identitaire. Certaines formes d’Islam, accompagnées d’un substrat victimaire lié à l’histoire de la colonisation, et d’accusation sur l’ennemi de racisme réel ou supposé, vont offrir les réponses que les autres forces politiques et sociales ne sont plus en mesure, ou en volonté, d’apporter…

Les premières générations de l’immigration maghrébine ne se sont pas positionnées par rapport à l’Islam. La plupart des orgas laïques sont à visées sociales ou politiques (AMF, ATMF, UTIT/FTCR..), généralement actives sur le terrain anti-discriminatoire, culturel et de défense des sans-papiers. Leur histoire est souvent liée à celle des luttes progressistes anticolonialistes ou anti-impérialistes, ou aussi à celles des luttes ouvrières sur le territoire français. Quant aux organisations cultuelles existantes, elles étaient – et sont généralement toujours – solidement rattachées au pays d’origine et parfois à leur régime (Mosquée de Paris pour l’Algérie, FNMF pour le Maroc, CCMTF pour la Turquie…, toutes membres du Conseil Français du Culte Musulman (CFCM) monté à l’initiative de Sarkozy). Mais l’actualité internationale va donner toutes les bases nécessaires pour l’identification nécessaire à la construction d’une nouvelle identité collective à une jeunesse en déshérence: parallèlement à la montée des tendances favorisées par les régimes au pouvoir ou les services occidentaux pour combattre les progressistes, on voit la victoire de la révolution islamiste en Iran en 79, celle de la résistance afghane, surtout dans ses sphères les plus réacs, contre l’armée rouge dans les années 80, la première intifada et ses suites en Israël/Palestine, la première guerre du Golfe, et bien évidemment la guerre civile algérienne des années 90 : les islamistes privés de leur victoire électorale contre un régime corrompu font de leur « pureté » un argument qui n’est pas sans toucher certains secteurs des quartiers périphériques.

La première affaire du voile, en 1989, a permis l’apparition au grand jour de plusieurs groupes et tendances porteuses de l’intégrisme et de l’islamisme en France . En première ligne le Tabligh et l’Union des Organisations Islamiques de France (UOIF).

Les Témoins de Jéhovah de l’Islam

Le Jamaa at-Tabligh, ou groupe de prédication, est un mouvement piétiste et missionnaire d’origine indienne, de l’école déobandie. Son association française de référence s’appelle Foi et Pratique est enregistrée depuis 1972. Ce sont les Témoins de Jéhovah de l’Islam. Leur célébrité médiatique doit beaucoup à leur apparence : barbe plus ou moins longue selon leur ancienneté dans le mouvement, djellaba ou gandoura blanche, calotte sur la tête et une paire de Reebok ou de Nike aux pieds. Ils sillonnent tous les quartiers habités par les populations d’origines musulmanes pour ramener les jeunes paumés sur le « droit chemin » d’Allah. leur vision de l’Islam, très fermée, se veut strictement apolitique, moraliste, non violente, de tradition mystique et soufie. Le mouvement s’est répandu, grâce à ses missionnaires, par vagues successives : années 1940 dans les pays musulmans (Arabie, Turquie…), les pays industrialisés dans les années 1950-1960 (Etats-Unis, Grande-Bretagne, Japon, Canada…) pour toucher finalement le reste du monde, dont la France. Ces missionnaires cultivent l’ascèse et sont très rigoristes sur leurs pratiques, religieuses comme de consommation, et le jeune qui va se « reconstruire » au Tabligh entre rapidement dans une dérive sectaire . Malgré tous les efforts des RG, on n’a pas pu découvrir une seule preuve de leur implication dans le terrorisme islamiste. Les mosquées leur doivent beaucoup, puisqu’ils ont été les premiers à les revendiquer dans les années 70, et c’est dans leurs rangs que l’on compte les premiers imams à prêcher la « paix d’Allah » dans les banlieues, avec le soutien appuyé des autorités laïques, républicaines et post-coloniales.

Les frères barbus

Né en 1983, l’Union des organisations islamiques de France (UOIF) est devenue en 20 ans un interlocuteur privilégié de l’Etat français pour la gestion de l’islam en France. L’UOIF occupe actuellement un tiers des sièges au Conseil français du culte musulman (CFCM). Sarkozy se plait à identifier l’organisation comme les orthodoxes de l’Islam. Ce n’est qu’en partie vrai et ça permet de rassurer les masses ; ils sont en grande partie les représentants en France de la confrérie des Frères Musulmans (Irhwouane Al-Muslimoun), première apparition islamiste moderne dans le monde musulman, dès les années 30. Cette familiarité sent assez le souffre pour que l’UOIF tente de s’en défendre, mais on peut considérer qu’elle rallie des tendances allant de l’orthodoxie conservatrice aux fondamentalistes ; en terme cathos, on dirait : « des démocrates-chrétiens aux cathos intégristes ». C’est en tout cas l’organisation qui a la base sociale la plus forte et la plus militante, comme en témoigne le succès croissant de ses rassemblements annuels du Bourget. Autour d’elle gravitent des organisations de masse actives : Ligue française de la femme musulmane, Etudiants musulmans de France, Jeunes musulmans de France, Secours islamique…. Elle contrôle d’importantes mosquées comme Lille ou Bordeaux. Elle apparaît aussi comme la plus indépendante, non liée aux États du Maghreb, moins soumise à l’État français, pour peu qu’on évite les provocations, même si elle a bénéficié de subventions issues du Golfe et des faveurs de ministres ou de députés, généralement de droite. Le fait qu’elle soit héritière des Frères Musulmans ne la rend pas beaucoup plus « intégriste », dans sa réalité de terrain, que ses rivales, même si des islamistes y sont présents. On sait que les Frères ne sont pas un bloc uniforme et les spécialistes connaissent bien leurs capacité d’adaptation à toutes les situations politiques, de la clandestinité et la lutte armée sous la dictature à la participation au multipartisme. Le but proclamé de l’UOIF est de sortir du confinement victimaire les musulmans et d’organiser « l’Islam de France » et non plus « en France », comme l’ont longtemps fait les organisations algériennes, marocaines ou turques. Mais cette « organisation de l’Islam de France » peut aller loin : Ahmed Jaballah, cofondateur de l’UOIF, avait déclaré : «L’UOIF est une fusée à deux étages. Le premier étage est démocratique, le second mettra en orbite une société islamique.» Youssef al-Qaradhawi, mentor des Frères musulmans et chef du Conseil européen de la fatwa et de l’institut de formation des imams de l’UOIF souhaiterait la restauration du califat dans les pays musulmans et bloquer tout effort d’adaptation pour les musulmans vivant en Europe, ce qui rentrerait pourtant en contradiction avec les efforts actuellement déployés par l’UOIF. Ce théologien, à la tête d’une fortune colossale acquise comme conseiller religieux de la plupart des grandes banques islamiques dans le monde, est aussi prédicateur télé sur la chaîne Al-Jazira, où il prêche un islam très rigoureux et politiquement très radical. Hani Ramadan, frère de Tariq (voir encadré), directeur du Centre Islamique de Genève et orateur régulier de l’UOIF, s’est rendu célèbre dans un article publié dans Le Monde en justifiant la lapidation et déclarant que le SIDA était une punition divine. Hassan Iquioussen, l’un des prédicateurs vedette des jeunes de l’UOIF, ne cesse de démontrer le « complot juif contre l’Islam », depuis la naissance de celui-ci, et parle des relations garçons-filles en des termes que ne renierait pas la plus catho-intégriste des directrices du couvent des oiseaux : entre un garçon et une fille, le shaïtan, le diable, est forcément au milieu…

Pour le chercheur Frank Fregosi, « L’UOIF fonctionne comme un lobby religieux qui veut peser dans le débat social. C’est en quelque sorte une grande mutuelle islamique, qui cherche à fédérer des exigences spirituelles et des revendications plus politiques. Actuellement, par l’entremise de Fouad Alaoui, son secrétaire général, c’est l’aile politique qui tient les rênes. » Il estime par ailleurs que par son entrée au sein du CFCM, « l’UOIF va se «notabiliser». Ses responsables vont en tout cas se trouver face à une contradiction: donner des gages de respectabilité sans se couper d’une base militante qui n’est pas forcément prête à faire des concessions, notamment sur la question du voile.» Ca n’annonce rien de bon si l’on considère que grâce à sa position dans le CFCM, l’UOIF va être en mesure de former plusieurs centaines d’imams, contre 15 par an auparavant. L’autre gagnant de l’affaire est l’UMP : Ce n’est pas par hasard si Sarkozy soigne tant ses ouailles de l’UOIF et leur offre ce cadeau sur la formation des imams ; ce n’est pas par hasard non plus si Christine Boutin a été invitée au dernier rassemblement du Bourget, ou si des députés UMP comme Raoult et Roubaud ont déposé devant le parlement des propositions de loi contre le blasphème, à la demande d’une association musulmane : l’UMP a été plus rapide à comprendre que le PS que le vote des Français de culture musulmane va peser de plus en plus lourd, et l’UOIF, comme d’autres organisations telle l’Union des Associations Musulmanes-93, partage avec l’UMP de par les valeurs et aussi la sociologie de ses cadres un grand nombre d’intérêts qui peuvent trouver de juteuses conclusions électorales.

Mais de sérieux couacs traversent l’UOIF, prouvant par ailleurs que nous n’avons pas affaire à une entité homogène : Si la grande majorité de l’organisation s’est prononcé en faveur du port du voile, Tareq Oubrou, chef des imams de l’UOIF sur Bordeaux, a reconnu que le voile est une prescription, et non un commandement divin. Le seul hadith (d’Asma) faisant référence à l’obligation du voile pour les femmes n’est pas, selon Oubrou, «authentique», affirmation qui lui a fortement été reprochée. Autre hic, de taille : les organisations de jeunes prêtent aussi une oreille plus qu’attentive aux discours du prédicateur et théologien Tariq Ramadan. Or, si celui-ci reste un religieux, ses amitiés politiques vont plus vers les milieux de gauche, plutôt altermondialistes (voir encadré « Ramadantitaire ? »), que vers la droite, et ces fissures dans le bloc risquent d’affaiblir la politique de rapport de force que tente l’UOIF face au gouvernement.

L’UOIF n’est pas absente du dialogue inter-religieux, par ses rencontres avec le Conseil représentatif des institutions juives, ou sa participation au lancement de l’association «d’amitié judéo-musulmane» (créée sous l’égide du consistoire et de la mosquée de Paris). Par ce biais, le CRIF a longtemps supplié, mais en vain malgré quelques promesses, que l’UOIF retire de ses points de vente les cassettes d’ Hassan Iquioussen, cité plus haut, qui n’est pourtant pas une exception dans l’UOIF . Mais que pense le CRIF, dont le président Cukierman soutient mordicus la politique israélienne sur les Territoires occupés, du soutien total que l’UOIF apporte au Hamas, branche palestinienne des Frères Musulmans ? Il est pourtant bien clair que si le Hamas, en tant qu’organisation, recherche des représentants en France, c’est plutôt à l’UOIF qu’il viendra les trouver. On suivra avec curiosité cette construction d’une diplomatie parallèle. En tout cas, leur tentative de médiation dans l’affaire des otages français en Irak et leurs consignes d’apaisement pendant la révolte des quartiers en font un réel partenaire avec qui le gouvernement doit compter, et non une simple organisation-marionnette.

Les cinglés d’Allah

Les salafistes sont les plus fondamentalistes de par leur idéologie. Leur nom vient de « salaf » – « les pieux ancêtres », disciples de Mohammed et ses successeurs des deux générations suivantes. Après, c’est la « mécréance », l’innovation, les philosophies, donc l’horreur… Bien entendu, ils sont en rupture totale avec la société occidentale. Ils compteraient dans leurs rangs une centaine de prédicateurs, et contrôleraient une quinzaine de mosquées. Ils seraient implantés sur Sartrouville, Stains, Aulnay- sous-Bois, Longjumeau, Villeneuve-la-Garenne, Ecquevilly, Nanterre et Pontoise, pour la région parisienne, et Amiens, Orléans, Grenoble, Valence, Beauvais, Pau, Bron, Roubaix ou Marseille… Par leur apparence, on pourrait les confondre avec les tablighis auxquels ils font concurrence dans le prosélytisme. Barbus pour la plupart, ils portent souvent une tunique (khamis) jusqu’à mi-mollet, et, en général, un survetement et des chaussures de sport. Les femmes, bien entendu, sont voilées, au maximum, si on les laisse sortir de chez elles… Très volontaristes, ils s’emparent de mosquées en s’y investissant en nombre et animent des séminaires et des rencontres en présence d’oulémas venus exprès d’Arabie Saoudite. Très sectaires, ils développent leurs propres boutiques, leurs propres associations sportives, leurs propres réseaux de structures éducatives, notamment par des crèches clandestines.

Ils se revendiquent des penseurs Ibn Taymiyya, XIIIe siècle, et d’Ibn Abd al-Wahhab, un cheikh du XVIIIe siècle à l’origine du courant puritain qui domine l’Arabie saoudite depuis la fondation du royaume des Saoud, en 1926, d’où le nom de wahhabites qui leur est souvent accolé. Sans compromis, toutes les autres formes d’Islam leur sont suspectes, y compris celles développées par les Frères Musulmans, et donc l’UOIF. Abdel Aziz ben Baz, feu grand mufti d’Arabie saoudite, dans l’une de ses fatwas, condamnait à mort toute personne soutenant que le soleil est immobile, car cette théorie irait à l’encontre de la parole du Prophète… Ca renifle le bûcher! Abdelkader Bouziane, le célèbre imam de Vénissieux partisan des châtiments corporels à l’encontre des femmes adultères (« mais sur les fesses » !!…) fait carrément figure de « modéré » dans ce milieu. C’est de ces « fous de Dieu » que sont issus la plupart des « djihadistes », les groupes terroristes tels que le « Takfir wal hijra » (« anathème et exil ») en Egypte, le GIA et les Groupes Salafistes de Prédication et de Combat algériens (GSPC), et bien entendu le réseau Al Qaeda.

Les attentats des métro Saint-Michel et Maison-Blanche et la dérive tragique du jeune terroriste français Khaled Kelkal en 1995 font partie de l’histoire des salafistes « djihadistes » français (et internationaux, puisque liés au GIA algérien).

Mais le salafisme en France n’est pas un courant organisé en tant que tel, comme il peut l’être par exemple en Grande-Bretagne, dans le « Londonistan ». Il s’agit plus d’une mouvance influencée par les écrits et prêches, wahhabites notamment, diffusés dans tout l’espace islamique français.

Il est tout de même nécessaire, quand on aborde l’étude de ces courants, de souligner quelques points, comme l’a fait Bernard Dréano dans son texte « Regard sur le « PIF » Notes sur l’islam politique en France » http://www.reseau-ipam.org/article.php3?id_article=603, principale référence du présent article et qu’il est nécessaire de consulter pour une vision plus globale du Paysage Islamique Français (PIF):

de nombreuses organisations ne sont pas homogènes ;
à la base la majorité des croyants militants ne sont pas adhérents formels d’une organisation ou le sont indirectement à travers un groupe local plus ou moins organisé (il existe entre un et deux milliers d’associations actives qui indiquent un objet social en relation avec l’Islam) ;
les frontières entre organisations sont souvent floues,
il existe de plus en plus de petits groupes de jeunes auto-organisés qui se « bricolent » une identité islamique, qui peut être aussi bien très ouverte que très sectaire, tout à fait indépendante ou plus ou moins vaguement liée à une des organisations citées ci dessous ; évidemment ce type d’auto-organisation échappe à l’observation superficielle.

 

Depuis quelques années, d’autres mouvements sont sortis de la marge grâce à l’actualité et aux médias, et tentent de concurrencer les grosses organisations. Il est vrai qu’à force de réduire la question de l’immigration à la question religieuse, et donc de guerre de civilisation, beaucoup à droite et à gauche ont joué avec le feu et ouvert la voie aux démagogues. Surfant tout autant sur le communautarisme « musulman », ces nouvelles orgas se veulent plus politiques que religieuses, et voient tourner autour d’elles quelques figures cette fois beaucoup mieux connues des antifascistes, et dont le point commun est la haine du Juif, sous couvert d’antisionisme ; mais leur importance ne vaut que par leur activisme, et celui-ci ne s’est pas beaucoup manifesté depuis les mobilisations contre la loi sur les symboles religieux.

Fafs verts et démagos

Au premier rang, le Parti des Musulmans de France, fondé en 1997 par Mohamed Ennacer Latrèche pour « libérer les musulmans de France de l’influence du Parti Socialiste » qu’il jugeait «sionisé» et pour »les 7 millions de musulmans qui ont renoncé à rentrer dans leur pays». Il revendique 2000 militants, principalement sur Strasbourg, en fait probablement 10 fois moins. Après un échec au législatives de 2002 ou il ramasse moins de 1% des voix, Latrèche s’est fait un nom au niveau national en 2003 en allant bruyamment jouer les boucliers humains en Irak. Il emporte dans ses bagages Hervé Van Laethem, führer du groupement belge Nation (cf dans ce numéro), ainsi que quelques autres fafs français proches des Cercles Résistances de Christian Bouchet, des Belges et des Italiens. Il utilisera d’ailleurs souvent la situation au Moyen-Orient pour ses discours marqués par la haine du « sionisme », en l’occurrence clairement des Juifs. Certains slogans assenés dans les cortèges du PMF, lors des manifestations pro-palestiniennes, dépassent le soutenable, comme un « mort aux juifs » à Strasbourg en 2000. Malgré des mises en examen, Latrèche lui-même n’a jamais pu être condamné. On l’a souvent vu, en manif comme en réunion publique sur l’Irak, en compagnie du négationniste Serge Thion. Dans la famille néga tendance « Vieille Taupe », Ginette Skandrani, ex-verte venue de l’ultra-gauche, tellement investie dans le combat pro-palestinien qu’elle en oublie les frontières de l’éthique, copine de Garaudy, a accompagné cousin Serge chez le PMF, et son association « La pierre et l’Olivier » a co-publié avec la bande à Latrèche Le Manifeste judéo-nazi d’Ariel Sharon, prêtant à l’ex-premier ministre des propos violemment racistes (d’après Amos Oz, si le texte est authentique, ce n’est pas Sharon qui en est l’auteur). Autres co-publieurs et collègues négationnistes , vieux potes de Ginette, Mondher Sfar et son Collectif de la Communauté tunisienne en Europe ou Tawkik Mathlouti, inventeur du Mecca-Cola, directeur de Radio-Méditerranée, où sévit l’ensemble de cette petite bande plus quelques personnages hauts en couleur comme l’avocate Isabelle Coutant-Peyre, devenue la femme du terroriste Carlos (Illitch Ramirez Sanchez) et le maintenant mieux connu militant négationniste Israël Shamir/Jöran Jermas/Adam Ermash. Latrèche renvoie d’ailleurs la balle à tous ses amis : son service d’ordre n’a-t-il pas protégé des diffeurs de tracts de la « Vieille Taupe » en 2002 ? Thion lui adresse ses très officiels remerciements dans le journal islamiste At-Tajdid, en avril, publié au Maroc.

On a dit Latrèche proche de Robert Grossmann, l’actuel président UMP de la Communauté urbaine de Strasbourg, qui se serait commis au début de sa carrière politique avec le vieux NPD allemand du néo-nazi Adolf Von Thadden. C’est faux. Il semble que la rumeur ait fait partie d’une cabale interne à l’UMP pour couler Grossman (comme quoi l’affaire Clearstream n’est pas une première chez ces gens-là).

Latrèche, décidément plus intéressé par les pays arabes laïques, ira aussi en Syrie où il dit avoir rencontré le général Tlass, alors ministre de la défense, antisémite forcené et par ailleurs vieux copain des néo-nazis français(cf Réflexes n°51 et n°4 nouvelle série). En passant par Beyrouth, il rencontrera le Hezbollah, qu’il ne cessera ensuite de soutenir par radicalisme antisioniste (le Hezbollah est chiite, et lui sunnite ; il fallait bien une bonne raison pour les rapprocher). A Strabourg, il fréquente le Milli Görus, mouvement proche des islamistes conservateurs en Turquie, très implanté surtout en Allemagne.

Son heure médiatique sonne lors des mobilisations des musulmans radicaux contre l’interdiction du port de voile dans les établissements scolaires publics. Il est le principal et très opportuniste organisateur de la manifestation du samedi 17 janvier et l’un des principaux signataires de l’appel à la manif du 7 février 2004, cette fois en réaction à la mobilisation pour le 14 février appelé par le collectif « Une école pour tou-te-s » (voir encadré Ramadantitaire ?)

Agitateurs et négationnistes

Autre sigle intéressant, le Mouvement Justice et Dignité de Fouad Bahri, créé tout exprès pour la manifestation ultra-réac du 7 février 2004 « contre l’islamophobie », qui regroupe un certain nombre d’associations dans les responsables s’entrecroisent à qui mieux mieux, mais où l’on retrouve d’intéressants curricula. Fouad Bahri préside aussi Justice Islam Dignité. Pour le FARES (Face au racisme, ensemble et solidaire), revoilà Jean-Paul Cruse, ex-mao, ex-PCF, dont l’article paru en 94 dans L’Idiot International avait été à l’origine du scandale des « connexions bruns-rouges » (voir encadré dans la page Dieudonné). Cruse est passé logiquement au souverainisme, puis plus curieusement à la liste Euro-Palestine où il dénonce hautement le« parti-pris sioniste des médias français », cela ne l’empêche pas de bosser à VSD. Entretemps, il aura servi de nègre à l’ex-capitaine Paul Barril, ancien du GIGN et de la cellule antiterroriste de l’Elysée, impliqué dans l’affaire des irlandais de Vincennes, l’affaire des écoutes de l’Elysée, et depuis dans pas mal de coups tordus en Afrique, principalement au Rwanda pendant le génocide et pendant la guerre au Congo-Brazzaville. Dans un des sites souverainistes auxquels il collabore, Cruse avait salué «le défi lancé, le 11 septembre par un commando de rebelles venus du Grand Sud frapper le Centre Mondial du Commerce International -au prix, hélas- de plusieurs milliers de victimes (‘dégâts collatéraux’)».

Dans le MJD, on trouve aussi la Ligue internationale pour la défense de l’islam et des musulmans (LIDIM), qui a écrit à l’Académie Française pour que dans les écrits dans la langue de Molière, Mahomet redevienne Mohamed. L’un des principaux dirigeants, le converti Saadek Bagdad Maata (Makhlouq), s’est aussi présenté sur les listes de l’Union Française pour la Cohésion Nationale de Matoub Lounès, et qui malgré son nom, vise exclusivement une clientèle très communautaire en participant aux élections sur un registre paradoxalement très républicain, dont le discours n’est pas sans rappeler Chevènement. Il est vrai que Maata y a fait un bref passage. UFCN et LIDIM déclarent se démarquer du FARES, dont ils disent ne pas partager les « positions négationnistes ». Pipeau ? Maata, dans ses discours et ses textes, passe plusieurs fois les limites de l’antisémitisme.

Pour mémoire, les autres signataires de l’appel à la manif du 7 février sont le CLBA (Comité de lutte contre la barbarie et l’arbitraire), basé à Aix-en-Provence. Antisioniste radical, il se mobilise en faveur des prisonniers du Hezbollah et du Hamas détenus par l’Etat hébreu, et ont fait campagne pour la libération du communiste combattant libanais George Ibrahim Abdallah, emprisonné en France (qui refuse d’ailleurs leur soutien). Chiites pro-iraniens, sunnites Frères Musulmans et ex-communistes athées… curieux mélange qui devrait sentir le souffre pour des partisans de la « pureté ». La haine du juif, déclinée ou non sous une couverture « antisioniste » extra-large explique tout…
On trouvera aussi le RTL (Rassemblement des Tunisiens libres), qui regroupe des opposants pro-islamistes au régime de Ben Ali.

On a également beaucoup vu agir et parler Nouari Khiari, alias Abdelnour, alias Lerappel, un copain de Farid Smahi, conseiller régional FN d’Ile-de-France et qu’il a accompagné au FN jusqu’après 2002 (il a dansé de joie au « Paquebot » à Saint-Cloud le soir du 1er tour favorable à Le Pen) Ils étaient ensemble dans l ‘association d’extrême droite « arabisme et francité ». Lors de la manifestation du 20 décembre 2003, c’est lui qui était chargé du service d’ordre, recruté dans les banlieues où la deuxième intifada a servi de base de politisation pour toute une génération, et en profitait pour tenir des discours très radicaux. Cet intérêt pour le recrutement dans les banlieues ne date pas d’hier : alors qu’il était avec Farid Smahi, c’est à dire proche du FN, il entraînait déjà de jeunes idéalistes en les faisant courir au Parc des Buttes Chaumont, tout en leur promettant l’Afghanistan ou l’Irak. A priori, personne de ce milieu n’a réussi à faire le voyage. On se souviendra que lors de l’enquête sur la DPS, le SO du FN, l’une de leur mission était de créer une stratégie de la tension au coeur des banlieues. Khiari visait-il les mêmes objectifs ? Fin novembre 2004, c’est encore lui qui anime l’un des SO du rassemblement contre le gala de soutien à Tsahal, ou les organisations pro-palestiniennes se déchiraient déjà sur les limites antisémitisme/antisionisme.

En janvier 2005, il offre un repas au contributeurs du site/forum Mejliss.com, une excroissance d’Oumma.com, qui en avait sa claque de se faire traiter d’islamiste à cause d’interventions répétées de tordus d’Allah et de crétins antisémites. Khiari, sous le pseudo de Lerappel, était l’un des plus actifs participants. Thomas Abdallah Milcent, converti devenu une figure de l’islamisme français (branche turque, ben oui) était aussi présent. Khiari aurait payé la salle (600 euros) avec l’argent récolté dans la soirée pour une association, Asso-Partage, afin de payer les frais d’hospitalisation d’une gamine malade. Escroquerie ? il a été interpellé en 2005 pour « banqueroute par détournement d’actifs, défaut de comptabilité, abus de biens sociaux, financement du terrorisme et association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste ». Courageux et bon camarade, il balance un paquet de ses connaissances au juge Bruguière, dont deux seulement seront retenues. A sa sortie de préventive, on l’a vu se précipiter au restaurant de l’ex-champion olympique Djamel Bourras, un gentil garçon jouant le rôle d’idiot utile. Khiari lui demande de se méfier, qu’il est sous écoute et que leurs conversations ont été enregistrées. Il est vrai que Khiari a entrainé Bourras dans le soutien à la chaine du Hezbollah Al-Manar, dont la diffusion en France a été interdite. Ils retrouveront Cruse, Skandrani, Monder Sfar et Maata/Makhlouq…

A leurs côtés dans les mobilisations contre le voile et avec Mohamed Latrèche, Rachid Benaïssa, un intellectuel islamiste algérien francophone, proche du FIS, admirateur proclamé d’Alain de Benoist (période anti-métissage) et de Julius Evola. Il a d’ailleurs fait l’objet d’une longue interview dans «Éléments» (n. 77, 1993). Pour lui « l’Islam (…) représente une chance pour la France et pour les Français soucieux de se réenraciner dans leur foi d’appartenance – par une sorte d’opposition différenciée, de contagion mimétique ». Bref, un intellectuel organique, comme aurait dit De Benoist.

Lors d’un rassemblement pour protester contre un gala au profit des garde-frontières israéliens»Magav», le 12 janvier 2005, Cruse et Skandrani ont tenté de s’incruster, ce qui a entrainé une petite échauffourée entre des organisateurs furieux de voir la récup de la famille négationniste et des militants de la LIDIM présents (plus tard, la Ligue de Défense Juive a aussi attaqué, on ne sait plus où donner de la tête sur ce terrain). Il n’est pas rare maintenant de voir des bandes de jeunes fraichement politisés ou sensibilisés se faire manoeuvrer dans les manifs et rassemblements par divers groupes et individus de type PMF ou Khiari, qui les amènent sur des cortèges où flottent les drapeaux du Hamas ou du Hezbollah[1]. Cela ne dégénère pas seulement au niveau des slogans clairement antisémites ou politico religieux (la prière à Allah transformée en slogan), mais au niveau physique : le 22 mars 2003, l’attaque par une de ces bandes sur des militants puis sur le local du groupe de « gauche sioniste » Hashomer Hatzaïr a bien été provoquée : « Abdelnour » Khiari a été vu en train de montrer du doigt le petit groupe en train de sortir d’une réunion de leur local, amenant par ses cris la ruée d’une bande de jeunes persuadés de s’attaquer à un commando du Betar ou de la LDJ. Khiari savait-il ou non qu’Hashomer Hatzaïr avait son siège dans cette rue ? Vu l’ambiance parano qui régnait dans les cortèges suite aux précédentes attaques de l’extrême-droite sioniste, on peut, pour une fois, lui laisser le bénéfice du doute.

Toute la petite bande du MJD, Cruse en tête, a aussi essayé de manoeuvrer dans une réunion du collectif « Une Ecole pour Tou-te-s », rassemblement contre la loi sur le voile réunissant des groupes ou individus musulmans, plutôt de sympathies ramadanistes, des militants du MIB, des féministes, des militants de gauche plutôt alterglobalistes, du CEDETIM, etc… Ils se sont fait vertement jeter, ne sont plus revenus et ont décidé de préparer la manif du 7 février avec le PMF de Latrèche, pour court-circuiter celle du 14 organisée par « Une Ecole pour Tou-te-s ». C’était mesquin…

Citizen Caïn

Encadré : RAMADANTITAIRE ?

Depuis plusieurs années, les débats font rage autour de la personnalité du très médiatique théologien Tariq Ramadan, accusé d’un côté d’être un fondamentaliste religieux antisémite et sexiste adepte de la lapidation et du double discours, présenté de l’autre comme un réformiste de l’Islam, antiglobaliste et constructeur d’une « théologie islamique de la libération », à l’instar du mouvement chrétien progressiste latino-américain. Si on pose sur la question une vision purement athéiste et anticléricale, le débat est clos ! L’homme est effectivement et avant tout un croyant, et tout son discours et son engagement y trouvent sa base. Si nous nous laissons piéger par le spectacle médiatique et éditorial, le terrain est assez miné, et le personnage assez charismatique pour que le débat ne dépasse pas le stade passionnel, donc antipolitique. Comme en outre il a le tort de vouloir plaire à tout le monde pour multiplier l’impact de ses idées, ça ne facilite pas la compréhension. Ses discours visent en priorité la clientèle jeune des conservateurs réacs de l’UOIF, qu’il espère leur piquer, mais ses amitiés politiques vont vers la gauche alterglobaliste, et certainement pas à droite, comme ses frères ennemis de l’UOIF.

Il nous semble beaucoup plus intéressant de nous attacher aux structures se revendiquant peu ou prou des discours de Ramadan et leurs actions sur le terrain. On s’aperçoit alors que pas mal de groupes issus des Jeunes Musulmans de France (JMF) ou des Etudiants Musulmans de France (EMF) développent des pratiques associatives et politiques ouvertes, généralement en partenariat, voire à l’intérieur de structures associatives classiques, de quartiers, antiracistes, d’éducation populaire, etc…Précisons bien : pas mal de ces groupes, et non pas la totalité de ces structures. L’Union des Jeunes Musulmans et le Collectif des Musulmans de France, proches de Ramadan, sont sur cette position d’ouverture. Stratégie d’entrisme ? Ce n’est pas toujours à écarter, mais c’est peu probable. Ne faisons pas non plus dans l’angélisme : l’UJM notamment a du chemin à faire, si l’on se réfère à son site qui offre des prêches d’Hani Ramadan (l’autre) ou d’Hassan Iquioussen.

Mais les militants actifs dans les quartiers périphériques n’ont pas manqué de voir ces groupes mobilisées contre les violences policières, aux côtés du MIB et parfois d’Act Up[2], contre les déportations de sans-papiers et les menaces qui pèsent sur leurs enfants dans les écoles, et en général contre les discriminations. Les réunions autour du collectif « Une Ecole pour Tou-te-s », au moment des mobilisations contre la loi sur le voile, auront permis des rencontres fécondes et des débats passionnants – entre cette mouvance, d’autres groupes issus de la décolonisation type MIB ou Divercités, des féministes, des militants de gauche aux multiples obédiences, des acteurs de la solidarité internationale, des associatifs…- et aussi des cassures nettes avec d’autres tendances ouvertement réactionnaires et fermées : quand le collectif a appelé à la manif contre la loi interdisant le foulard du 14 février 2004, les communautaristes fermés voire fascisants du PMF et du MJD se sont empressés d’appeler à leur propre manif le 7 février, et l’UOIF, après quelques atermoiements, a décidé de… ne pas la désavouer. Ainsi, les choses étaient claires. Tout aussi claire a été la réaction des JMF et de l’EMF, pourtant liés à l’UOIF, qui ont rallié l’appel du 14 février, créant ainsi un gros bordel dans le milieu de l’islam politique et un judicieux vide sanitaire entre les partisans du communautarisme cadenassé et ceux de l’inclusion dans la vie sociale. Les mois et les années à venir seront donc déterminants dans la direction que prendront les militants se réclamant d’une réforme de l’Islam : suivi d’une voie de type « Témoignage Chrétien » ou Jeunesse Ouvrière Chrétienne des temps héroïques, comme le laisseraient espérer des discours qui ne sont pas sans rappeler celui des jeunes chrétiens futurs résistants des années 30 ou retour à la réaction ? L’investissement des militants libertaires et/ou de gauche radicale dans les luttes des quartiers périphériques et dans les débats sur le post-colonialisme sera tout aussi déterminant que celui des militants musulmans proclamés dans les luttes sociales et sociétales.

Citizen Caïn

  1. Le Hamas et le Hezbollah sont considérées comme des forces de résistance contre l’occupant ou l’agresseur israélien. C’est effectivement le cas. Cela les rend-il fréquentables ? Nous n’aimons pas les partis de Dieu, d’Allah ou de Yahvé, nous n’aimons pas les partisans d’un ordre moral et/ou totalitaire, et nous n’oublions pas que le Hezbollah a été plus qu’impliqué dans les attentats aveugles de 1986 à Paris (13 morts, plusieurs centaines de blessés). Quant aux missiles lancés sur des civils, soit-disant en réponse aux Israéliens… ils veulent imiter Tsahal dans la logique du crime de guerre? C’est parfaitement réussi…[]
  2. ce qui a donné de savoureux débats entre militants à Dammarie (77) et ailleurs, entre autres sur l’homosexualité. Certes, on ne peut demander à des militants aux bases religieuses affirmées de devenir du jour au lendemain totalement progressistes sur des sujets de société, mais l’existence même de ces discussions entre militants unis sur une même cause était en soi pleine d’enseignements et d’interactions, voire d’évolutions. De chaque côté, mais oui…[]
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