REFLEXes

Gros plan sur Eric Rossi

21 janvier 2003 Les nostalgiques

Publié à l’automne 1998

Bien qu’âgé de seulement une trentaine d’années, ce vieux militant a une carrière bien remplie. Dans une interview au fanzine NR Napalm Rock (n°3) il retrace son itinéraire politique. «Sympathisant du FN en 1982, adhérent et militant actif entre 1983 et 1985, j’en suis exclu pour mon appartenance revendiquée au mouvement skinhead. Membre du Klan, un groupe de skins parisiens en 1986-1987 puis un des animateurs des Jeunesses nationalistes révolutionnaires entre 1987 et 1989, alors ralliées au mouvement Troisième Voie de Malliarakis. J’ai pris progressivement et logiquement mes distances avec ces skinheads parisiens, à la fois violence stérile et plus intéressés par leur image médiatique (muscu, gros bras et têtes vides) et les délires nocturnes que par l’action politique militante. J’ai pris le temps de réfléchir… Je suis depuis plusieurs années en contact régulier avec les appareils militants nationalistes et surtout beaucoup de jeunes militants autonome. J’ai lancé le bulletin Réfléchir & Agir à la rentrée 1993.» Curieusement, Rossi omet quelques-uns de ses faits d’armes : oubli ou mémoire sélective ? Tâchons de la lui rafraîchir.

Eric Rossi a également fréquenté en 1985 le Kop de Boulogne, et s’y est fait remarqué avec quelques-uns de ses copains, à tel point que sa photo fera la une du Nouvel Observateur, et qu’elle servira à de nombreux journaux à chaque fois que les «supporters» du PSG feront parler d’eux. Si Rossi préfère ne pas mentionner cet épisode, c’est qu’il entretenait à l’époque de très bonnes relations avec certains services de la Préfecture de Police de Paris, ce qui explique certainement la mansuétude de cette dernière vis-à-vis des activités des skins du PSG. En échange de quoi les RG purent se constituer à l’époque un superbe fichier de crânes rasés, avec nom, adresse et activités politiques. Rossi confiera d’ailleurs à un journaliste allemand des détails sur les protections policières dont il bénéficiait alors. Mais tout a un temps, et le 28 mai 1988, il est arrêté à Brest en possession d’un fusil à pompe, à la suite d’un concert skin organisé par le label Rebelles européens, et il est condamné à trois mois de prison ferme.

Ce sont certainement ces péripéties et leurs conséquences qui décidèrent Rossi à quitter le mouvement skin pour faire de la politique autrement.
Il mit malgré tout à profit son expérience pour entreprendre un travail universitaire critique sur «la mouvance nationaliste radicale».
Ce travail a abouti à un mémoire de maîtrise intitulé «Jeunesse française des années 1980-1990 : la tentation néo-fasciste» et présenté à l’université Paris II (Panthéon-Assas). Cette enquête, intéressante parce que vécue de l’intérieur, montre bien, à travers l’exemple skinhead, comment l’emprise des idées nationalistes s’effectue sur des franges diverses de la jeunesse par l’action des groupuscules, et s’alimente notamment par le jeu des médias. Dans sa conclusion, l’étudiant Rossi explore les diverses voies qui s’offrent demain à cette jeunesse radicale nationaliste :

1) La crise sociale politique et économique s’atténue, ce qui implique que l’afflux de jeunes militants en direction des groupes constitués se tarit petit à petit ;

2) La crise s’accentue, mais la mouvance nationaliste ne s’homogénéise pas, la structuration des groupes reste faible, le «potentiel» que représentent les jeunes nationalistes est perdu ;

3) La crise s’accentue et les groupes se fédèrent pour capter, canaliser et gérer idéologiquement ces jeunes.
L’étudiant Rossi rejoint alors le militant Rossi quand il écrit : «Ainsi il conviendrait de s’interroger sur la capacité évidente d’une partie des jeunes nationalistes à abandonner le coup de poing pour diffuser le message par la parole et la plume. La maturité pourrait devenir alors plus dangereuse même si elle ne concerne qu’une minorité de ces jeunes, convaincue du bien-fondé de son action et de l’irréversibilité du phénomène.» Dans son mémoire, Rossi n’oubliait pas de consacrer un chapitre aux jeunes antifascistes et au développement des groupes antifas, principalement au SCALP / REFLEX, n’hésitant pas pour cela à nous contacter pour nous demander des infos, pensant peut-être que nous l’avions oublié…

Eric Rossi en quelques dates :

1982
Sympathisant Front national

1983-1985
Adhérent et militant actif du Front national. Participe au Kop de Boulogne

1985
Exclu du FN pour appartenance revendiquée au mouvement skinhead

1986-1987
Membre du Klan, un groupe de skins parisiens

1987-1989
Arrêté le 28 mai 1988 en possession d’un fusil à pompe, à la suite d’un concert skin.
Animateur des Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires (JNR)

1990
Entame un travail universitaire sur «la mouvance nationaliste radicale»

1993
Lance Réfléchir & Agir

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