REFLEXes

Du bon usage des morts

12 mai 2006 Les radicaux

Pour la quatrième année consécutive, les antifas s’étaient donnés rendez-vous le 9 mai pour perturber la commémoration du 9 mai des fafs. Si l’évènement était toujours organisé conjointement par le Scalp, la CNT, Ras l’Front Noisy-Le-Grand, cette année SUD-étudiant, les JCR et Alternative Libertaire s’étaient joints à nous pour signer notre appel.

Tirant les enseignements des années passées, le rassemblement a été déposé officiellement, et une agit-prop avait été préparée, afin d’être le plus nombreux possible. Premier signe positif, au point de départ, nous étions bien plus nombreux que les autres années. Arrivés au Luxembourg, nous avons remonté rapidement le boulevard Saint-Michel pour nous positionner au niveau de la station RER Port-Royal, à quelques dizaines de mètres des fafs. Après un face-à-face tendu avec les policiers, ces derniers abandonnent l’idée de nous repousser sur la place Ernest Denis. Ensuite nous avons le droit aux habituelles « visites de touristes », dont plusieurs ont eu le droit de goûter à la vigilance et la détermination des militants et militantes encadrant le rassemblement.

L’agit-prop se met en place à partir de 21h00, tandis que les fafs partent en direction de la place Denfert-Rochereau. Elle remporte un vif succès. Mais les choses s’accélèrent. Les fafs déboulent dans la rue d’Assas après être passés par Montparnasse. La préfecture commence à déployer ses forces autour de la rue des Chartreux. Alors que les premières personnes partent en direction des fafs, le so antifa sécurise la place et organise le départ du camion. Finalement tout le rassemblement fonce vers la rue des Chartreux du côté du jardin de la place Ernest Denis. Les premiers échanges sont très violents et se font dans la confusion la plus totale.

Comme décrit ci-dessous, les fafs repliés derrière les cars de flics balancent des fumigènes, tandis que les gendarmes mobiles arrosent les antifas de grenades lacrymogènes. Ca vole dans tous les sens au-dessus de la tête des keufs. Boulons, boules de pétanque, pavés, fumigènes, tout y passe. Au bout de quelques minutes nous nous replions dans le jardin public de la place Ernest Denis d’où partent à nouveau un maximum de projectiles. Les gendarmes mobiles tentent une sortie, mais hésitent à entrer dans le jardin public et préfèrent continuer à nous balancer à distance des grenades lacrymogènes avec des tirs tendus. Entre-temps les camions de flics, avec les canons à eaux, avancent sur le boulevard Saint-Michel pour nous prendre à revers. Des inspecteurs de la BAC, équipés de casques et de barres font irruption au coin des rues pour interpeller les antifas isolés.

Le SO et les coordinateurs décident alors de rassembler les troupes et de se replier vers le RER. Le retour se fera sans encombre, malgré les multiples provocations de la part des flics.

Côté nationaliste, la manifestation n’a pas été moins classique que les années passées. Suite au flottement et aux déconvenues des deux premières années où ils avaient face à eux notre contre-manifestation, la micro-galaxie natio s’est réorganisée et la manifestation est déposée en préfecture, en l’occurrence par Odile Bonnivard, responsable du Bloc Identitaire en Ile-de-France. Pour autant les Identitaires ne semblent pas avoir jouer un grand rôle dans l’organisation de la soirée même si les époux Bonnivard étaient présents.

Toutes les tendances étaient représentées et on pouvait reconnaître malgré sa casquette Alexandre Ayroulet[1], responsable national du FNJ, Thibaut de Chassey[2], responsable du Renouveau Français, Gaëtan Bertrand, responsable des Jeunesses Identitaires Ile-de-France, ainsi qu’une tripotée d’anciens militants des années 1990, qu’ils soient passées par le GUD, le FNJ ou le MNJ, ainsi que les inoxydables et traditionnels skinheads.

Après une première incursion de militants antifas à 20h00 qui contribue à vider le bar qui leur sert de point de rendez-vous, le cortège se déroule sans incidents notables derrière des drapeaux à croix celtique ou avec le sigle C9M.

C’est en arrivant rue des Chartreux que la situation dégénère très vite. Alors que les organisateurs prennent position devant l’immeuble, les plus excités vont jeter un œil au bout de la rue où ils s’aperçoivent très vite que le dispositif policier est plus que léger. Un pauvre cordon de gendarmes mobiles est en effet sensé interdire l’accès de la rue aux antifas et les premiers projectiles donnent le signal de l’affrontement. Un groupe largement dominé par les hooligans de Boulogne tente d’aller au contact dans la plus grande confusion et aux cris de « La France aux Français ! » ou « PSG, PSG ! ». La reprise en main de la situation par les mobiles contribue à ramener un peu de calme et la cérémonie s’achève sans incidents.

Que dire sur cette soirée de mobilisation ? Nous autres antifas étions bien plus nombreux que les autres années. Sans doute aux alentours de 300 tandis que les natio peuvent être estimés à 250. Certes les fafs et leur comité du 9 mai ont finalement pu manifester, mais devant les risques d’affrontements, la préfecture leur a imposé un parcours bien moins direct que d’habitude. Affrontement qui finalement a eu lieu, à distance, perturbant leur cérémonie et leur prise de parole, démontrant que la belle discipline et les attitudes martiales ne sont qu’une belle façade à la « Potemkine ».

On a mis un joyeux merdier dans le quartier et fait monter de plusieurs crans la pression autour de cet évènement. Le degré d’affrontement, comme on a pu le voir lors du mouvement dit « anti-CPE », a également gagné en intensité par rapport aux dernières années. Le bras de fer contre les flics et les fafs ne fait que commencer. Nous répondrons présents une nouvelle fois l’année prochaine.

Posté le 12 mai 2006

  1. Le jeune Ayroulet était sans doute là pour distribuer des tracts comme lors du 16 mars dernier, quand il fut arrêter dans la manifestation anti-anti-CPE…[]
  2. Sigdebert va encore dire qu’on ne raconte que des bêtises sur lui mais il était visible comme la moustache au milieu de la figure de « celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom » !!![]
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