REFLEXes

GUD Lyon, le rescapé des dissolutions

8 novembre 2013 Les radicaux

Depuis la rentrée universitaire le GUD Lyon se fait globalement discret malgré ses tentatives pour faire parler de lui. C’est donc avec des tags d’une haute portée politique tel que « Melting Caca » que des sympathisants du groupuscule ont tagué la salle de tennis de la commune de Vaugneray accueillant le 7 septembre dernier le festival « Melting Potage » de SOS Racisme . Les mêmes recommencèrent il y a quelques semaines en taguant les rues adjacentes de la Maison des Associations où se tenait une réunion d’information publique du Collectif de Vigilance contre l’extrême-droite. Pour un groupuscule censé être composé d’étudiants, les tags puérils, comme certains de leurs tracts, laissent perplexe sur leurs facultés intellectuelles comme sur leur présence dans les amphis. On est plus proche de prétendants au dîner de cons que du cercle des poètes disparus. Jusqu’à ces actes héroïques, les gudars avaient passé un été plutôt calme, après six mois beaucoup plus intenses grâce au mouvement contre le mariage pour les personnes de même sexe. Si le printemps 2013 nous a confirmé que le GUD Lyon était un ramassis de bas-du-front castagneurs, il a aussi été synonyme de son autonomisation militante vis à vis d’Alexandre Gabriac. D’autant que depuis le mois d’août, les dissolutions de l’OF et des JN, font du GUD la seule organisation nationaliste folklorique restante. On peut d’ailleurs être étonné qu’ils soient passés entre les gouttes des dissolutions estivales vu leur palmarès en matière de violences, d’appels à la haine et surtout la récente condamnation de deux de leurs militants.9 mai 2013 à Lyon : Bataille pour un martyr
Le 9 Mai à Lyon a été riches d’enseignements. Les dissensions entrevues début 2013 entre le GUD et les Jeunesses Nationalistes se sont affichées au grand jour. Au début du mois d’avril le GUD avait fait circuler sur les réseaux sociaux son appel à un rassemblement, Alexandre Gabriac a lui attendu le dernier moment pour les organiser dans sept villes, avec des succès mitigés comme à Rennes où la mobilisation de militants antifascistes a sabordé l’événement.

À Lyon, GUD et JN ont tenu leur rassemblement. Le GUD au pied de la Basilique de Fourvière a rassemblé une cinquantaine de personnes, renforcé par des militants de Terre & Peuple et des membres du groupe de RAC Terre De France. Les JN de leur côté étaient une petite trentaine dans un square du 6ème arrondissement de Lyon, copieusement encadrés par les pandores qui une heure avant l’horaire officielle du rassemblement quadrillaient déjà le quartier et contrôlaient toute personne ressemblant de près ou de loin à un « opposant antifasciste ». Le filet bleu marine fit prisonnier 25 antifascistes qui pour certains passèrent près de 40 heures en garde à vue. Des arrestations d’autant plus discutables alors que les deux rassemblements nationalistes n’avaient été ni déposés en préfecture, ni autorisés à la différence de ce qu’on pu affirmer certains médias comme Lyon Capital, encore et toujours en première ligne pour relayer les fausses informations de leurs contacts à la DCRI et à la préfecture. Soit dit en passant, Fabien Fournier de Lyon Cap’ devrait sérieusement penser à changer de métier !

Les deux rassemblements néo-fascistes furent l’occasion d’un concours minable de celui qui a le plus gros, Alexandre Gabriac twittant un pathétique « 81 présents, 1 de plus que celui du GUD », oui on atteint des sommets ! Avec des défenseurs de cette envergure la civilisation européenne a de quoi se faire des soucis… Le torchon brûla également entre 3ème Voie et Alexandre Gabriac, les premiers traitant de traîtres et d’usurpateurs les seconds également sur Twitter, ambiance. Même s’il n’a jamais débouché sur grand chose il est bien loin le projet d’Unité Gauloise initié au printemps 2012 rassemblant sur Lyon JN, GUD et 3ème Voie.

« Contre le monde moderne » sur Twitter et Facebook…

Pour le GUD la mobilisation contre le mariage pour tous fût comme un cadeau tombé du ciel et leur offra la possibilité durant plusieurs mois d’appeler à des rassemblements presque toutes les semaines. Comme pierres angulaires de leurs outils de mobilisation on retrouve surtout Twitter et Facebook, qui leur permettent aussi de se lâcher et d’interpeller les différents membres de la majorité dans leur ligne de mire. Ce fut le cas les 30 et 31 mai 2013, où ils appelèrent leurs troupes à venir perturber les passages à Lyon de Najat Vallaud-Belkacem, Jean-Marc Ayrault et Erwann Binet. Les réseaux sociaux leur servent également à jouer les gros bras et à appeler les « antifascistes » à la confrontation.

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Les réseaux sociaux leur servent donc à mobiliser, mais aussi et surtout à rendre compte des événements auxquels ils participent, à grand renforts de commentaires légèrement présomptueux et fantasmatiques (La révolution c’est comme le vent… sortez les violons) comme le 26 mai à Paris lors de la dernière manifestation des « anti-mariage » qui se termina par de nombreux affrontements avec la maison bleu. Plus que jamais internet joue le rôle de défouloir pour le groupuscule et ses sympathisants.

Mutation du GUD Lyon : Du « syndicat étudiant » nationaliste-révolutionnaire au groupuscule néo-nazi.

Photo souvenir (à gauche) où on appréciera le logo gudar directement inspiré du blason (à droite) de la Division Charlemagne regroupant les français engagés volontaires dans la Waffen-SS durant la Seconde Guerre mondiale

Photo souvenir (à gauche) où on appréciera le logo gudar directement inspiré du blason (à droite) de la Division Charlemagne regroupant les français engagés volontaires dans la Waffen-SS durant la Seconde Guerre mondiale

Avant de partir en vacances le GUD Lyon laissa deux militants en prison, condamnés pour une agression raciste dans le quartier populaire de la Guillotière. En soutien ils organisèrent un concert avec deux groupes jusqu’ici connus pour jouer lors de concerts néo-nazis : Match Retour et Aghone. On remarquera que l’affiche officielle de l’événement ne précise pas que l’organisation revient au GUD, une soudaine discrétion étonnante pour des gens ne manquant pas une occasion de revendiquer tout et n’importe quoi.

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Si l’on ne présente plus le groupe de RAC de Renaud Mannheim Match Retour, Aghone est lui un groupe de « national-socialist black metal » (NSBM) créé en 2006 à Grenoble. Le groupe est habitué de la scène RAC lyonnaise et a joué par exemple pour le Blood & Honour Lugdunum le 13 octobre 2007 aux côtés du groupe de RAC Lyonnais Frakass et le 12 juin 2010 au Bunker Korps pour Lyon Dissident.

A gauche le logo du groupe Aghone, a droite celui des SA (Sturm Abteilung) bras armé du NSDAP d’Adolf Hitler.

A gauche le logo du groupe Aghone, a droite celui des SA (Sturm Abteilung) bras armé du NSDAP d’Adolf Hitler.

Le public de ce concert RAC qui ne dit pas son nom aura pu apprécier également la prestation scénique de « Merc », militant influent de Rebeyne !, avec le groupe Division Saint Jean. Si la présence d’un responsable identitaire à ce concert est relativement étonnante, la personnalité du bonhomme l’explique mieux, entre bourrins, on se comprend. On peut y voir également là les liens noués en tribune du virage sud de Gerland, véritable cour des miracles nationalistes.
Ce concert vient entériner une certaine radicalisation du GUD depuis un an, tant dans ses actions, de plus en plus violentes, que dans son gloubi-boulga idéologique puisqu’ils multiplient les signes de sympathie pour la mouvance néo-nazie : Interview de Renaud Mannheim et publicité pour le B&H Hexagone ainsi que pour le groupe Frakass dans leur « journal » Le Rat Libéré ou encore la présence des néo-nazis du groupe Terre De France à leur rassemblement du 9 mai évoqué plus avant. Le signe le plus récent de cette nazification étant la présence de certains gudars au RAC organisé par le B&H Hexagone en région lyonnaise le 28 septembre dernier[1].

29 Juin 2013 « table de presse ». L'humour gudar : la tirelire mi cochon – mi Hitler. On remarquera également le drapeau de la République Sociale Italienne de Mussolini.

29 Juin 2013 « table de presse ». L’humour gudar : la tirelire mi cochon – mi Hitler. On remarquera également le drapeau de la République Sociale Italienne de Mussolini.

Cette évolution nazillonne est à mettre en relation avec le rôle jouer par Jonathan Chatain alias « Malko» qui dès sa sortie de détention provisoire retrouva ses amis[2] et notamment Renaud Mannheim. Il connaît bien le milieu néo-nazi et y a de nombreux contacts comme Pierre Scarano, un ex de Lyon Dissident, militant actif du B&H Hexagone[3].

Elle tient également à la proximité du GUD avec Pierre Vial et Terre & Peuple, puisque le local (Europe Identité) du groupuscule paganiste situé à Villeurbanne sert régulièrement de lieu de conférence et de réunion aux gudars.

Janvier 2013. Malko, tout à gauche, t-shirt du GUD Lyon, feintant la moustache d'Hitler avec ses doigts (humour de gudar quoi !) et Renaud Mannheim avec le bonnet posent pour la photo. En guest : Elisa Chabert, la blonde, fafounette du plateau de la Croix-Rousse dont l'appartement est devenu le lieu hype de la néo-nazerie lyonnaise avant de partir en ratonnade dans les pentes du quartier.

Janvier 2013. Malko, tout à gauche, t-shirt du GUD Lyon, feintant la moustache d’Hitler avec ses doigts (humour de gudar quoi !) et Renaud Mannheim avec le bonnet posent pour la photo. En guest : Elisa Chabert, la blonde, fafounette du plateau de la Croix-Rousse dont l’appartement est devenu le lieu hype de la néo-nazerie lyonnaise avant de partir en ratonnade dans les pentes du quartier.

Entre une gorgée de bière, une baston, un salut nazi et un tag SS, les gudars se souviennent parfois qu’ils sont censés être des syndicalistes étudiants, alors poussivement ils essayent de rédiger des tracts sur l’actualité sociale et économique. Difficile exercice de style comme ce tract contre l’ANI, approximatif et caricatural.

A gauche Steven Bissuel, leader maximo du GUD Lyon et un de ses lieutenants en pleine autodérision. A droite la dernière blague gudarde contre l’ANI.

A gauche Steven Bissuel, leader maximo du GUD Lyon et un de ses lieutenants en pleine autodérision. A droite la dernière blague gudarde contre l’ANI.

Après une rentrée poussive, le prochain événement pour Le GUD Lyon est l’organisation le 2 novembre de son congrès. On y retrouvera Georges Feltin-Tracol, nationaliste révolutionnaire, ancien membre et conférencier du GRECE, contributeur de nombreux journaux et sites nationalistes. Originaire de la région Rhône-Alpes il est lui aussi un proche de Terre & Peuple puisqu’il en anime régulièrement des conférences comme à Lyon en juin 2013 lors d’un colloque sur Julius Evola.

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Meeting du 2 novembre 2013 à Lyon

Meeting du 2 novembre 2013 à Lyon

GUD Lyon : Le palmarès (non exhaustif)

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Depuis sa création en 2011 et surtout au court de ces derniers mois, que ce soit dans le cadre des mobilisations contre le mariage pour tous ou en dehors, les militants et sympathisants du GUD sont devenus des abonnés des garde à vue et des tribunaux. Ils sont soupçonnés ou poursuivis pour différentes agressions, débordements ou dégradations.

➢ Septembre 2011. Leurs exactions commencèrent dès leur première action où ils accompagnèrent le retour de Bruno Gollnisch à Lyon III par des coups contre ses opposants.

➢ Janvier 2012. Déjà pas très malins et adeptes des gribouillages muraux, deux gudars sont arrêtés après des dégradations commises dans la commune d’Amplepuis.

➢ Février 2012. Lors des élections universitaires le groupuscule nationaliste s’exprime en agressant des syndicalistes étudiants.

➢ Mai 2012. Le GUD publie une affiche à l’antisémitisme et l’islamophobie décomplexée.

➢ Septembre 2012. Intimidations au siège départemental du Parti Communiste par trois gudars.

➢ Décembre 2012. Des lycéens du GUD jouent du casque et de la bombe lacrymogène à la sortie d’un Lycée de Charbonnière (commune de l’ouest lyonnais).

➢ Février 2013. Steven Bissuel accompagné de quelques apprentis fascistes hantent les rues du Vieux Lyon en marge de la manifestation pour faire fermer le local identitaire « la Traboule ».

➢ Mai 2013. Les amoureux des gribouillis repassent à l’action et taguent le local du Forum Gay et Lesbien de Lyon.

➢ Mai 2013. On prend les mêmes et on recommence, cette fois c’est la permanence parlementaire d’Erwann Binet (alors rapporteur de la loi sur le mariage pour tous) à Vienne qui est vandalisée.

➢ Juin 2013. Deux gudars agressent 3 personnes et sont condamnés à un an et six mois de prison ferme. Depuis, le GUD Lyon, qui a enfin ses martyrs, ne cessent de faire passer ça comme la marque de l’acharnement des autorités à leur endroit, si dangereux, politiquement, qu’ils pensent être…

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  2. Décembre 2012. Retrouvailles de la Section Saint Jean.

    Décembre 2012. Retrouvailles de la Section Saint Jean.

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  3. Pierre Scarano avec le service d’ordre du Blood & Honour Hexagone.

    Pierre Scarano avec le service d’ordre du Blood & Honour Hexagone.

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