REFLEXes

Les défilés d’extrême droite du 12 mai 2013 : entre tension et désillusions

15 mai 2013 Les radicaux

Batskin a beau brailler tant qu’il peut sur ses vidéos et multiplier les affiches annonçant d’obscurs groupuscules à sa manifestation, la mobilisation et l’unité des premiers défilés ont bel et bien disparu ! On est très très loin de « l’Union sacrée des patriotes français » qu’annonçait la banderole de tête !!
cortege-de-teteComme chaque année, c’est d’abord l’État français qui a rendu hommage à Jeanne d’Arc, avant que ne se succèdent les différents groupuscules nationalistes radicaux. Mais l’extrême droite n’était pourtant pas loin, puisque, du trottoir, le Chœurs Montjoie Saint-Denis devaient assurer l’animation musicale : hélas, les Chœurs ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes, et Jacques Arnould n’avait réussi qu’à rassembler… trois chanteurs autour de lui ! Après quelques hymnes à Jeanne d’Arc et le tube « En passant par la Lorraine », ils ont tenté une Marseillaise, reprise par l’Union nationale des parachutistes, malheureusement de façon asynchrone : le résultat était assez pénible à l’oreille. À noter que, pendant la commémoration, aux alentours de 9h20, Serge Ayoub a fait une apparition, fièrement campé sur son scooter bleu layette, suivi de ses sbires en voiture : la police les a fait rapidement dégager.

Côté nationaliste, le bal a été ouvert par L’ Œuvre française et les Jeunesses nationalistes, qui après avoir défilé en 2012 au côté du « Beau Serge » ont préféré cette fois quitter le navire, les JN et Gabriac s’étant fâchés avec Ayoub, comme pas mal de monde dans le milieu nationaliste ces derniers temps. Il faut dire que les récentes déclarations de ce dernier sur Facebook n’incitent pas beaucoup à l’unité et la franche camaraderie puisqu’il n’hésitera pas à traiter l’ Œuvre française de « ramassis de triso » ou mieux encore « d’auxiliaires de police, de petites balances ».

ayoub-vs-Oeuvre-cf19a

Malgré une présence non négligeable de militants (une petite centaine) et la sortie de leur tout nouveau SO officiel, dénommé Première ligne (1L) et dirigé par Jérôme Guigue[1], les JN étaient fébriles, pour ne pas dire tendus par l’éventualité de croiser les troupes de Batskin.

Premiere-ligne-9mars2013

9 mars 2013, 1re apparition officielle du SO « Première Ligne », pour le concert des JN avec Trouble Makers et Goldofaf, salle du Clos-des-Plaines à Saint-Laurent d’Oingt dans la région lyonnaise[2]

Après le discours inaudible des deux chefs (pour cause de travaux dans le quartier, qui couvriront le pauvre mégaphone), toute la fine équipe est partie au banquet organisé non loin de là.

C’était ensuite au tour de l’Action française de prendre possession des lieux, avec là aussi un SO conséquent. Il faut dire que les échanges entre l’« Inaction française » et Ayoub l’année dernière avaient été assez tendus, et les royalistes avaient préparé quelques arguments frappants en cas de nouvelle discussion houleuse. La tension monta d’un cran dans leur rang quand le premier cortège en provenance de la place de la Madeleine (lieu de rendez-vous pour le défile de Ayoub) fit son apparition… Il s’agissait du Renouveau français, qui là aussi avait décidé de faire cavalier seul par rapport aux années passées. Le cortège, emmené par leur chef Thibault de Chassey semblait s’être un peu étoffé par rapport aux années précédentes, mais restait bien maigre, alors même que la veille se tenait leur Ve Congrès Nationaliste. Le RF s’est illustré par ses slogans un peu old school avec le fameux « Terroristes à mort, Immigré Dehors », tirés des paroles du groupe RAC des années 1980 Légion 88 !

Le cirque « Pinder » en tournée

Après les amuses bouches, le plat principal arrivait, à savoir la manif « unitaire » de Serge Ayoub.
Première surprise, si la Nouvelle droite populaire ouvrait la marche, il n’y avait plus de cortèges séparés comme les années passées, ce qui nous priva du spectacle habituel de mini-groupuscules de sept ou huit boneheads tenant leur pauvre banderole. On a donc eu droit à une manif assez bordélique, avec des banderoles dans tous les sens, sans grande cohésion. Et malgré les rangs des JNR qui s’étaient étoffés numériquement, il était difficile à Ayoub de cacher la misère … Ils étaient bien moins nombreux que les années passées, et cela malgré la présence des belges de Nation et de Nationalistes autonomes flamands (Ayoub s’étant fâché avec les NA français en 2012 en les traitant de punk à chien !). Un constat s’impose, et cela ne tient pas uniquement à la présence de groupes comme le Picard Crew : la manif de Batskin ressemble de plus en plus à un simple rassemblement de skins fafs.
La bande son, passant allègrement de Laibach à Joy Division avec du Jean Ferrat perdu au milieu, renforçait allègrement l’image bordélique du défilé nationaliste.

Au rayon des absents, outre Pierre Vial de Terre & Peuple, malade[3], il n’y avait aucune trace d’un cortège du GUD. Si l’année passée, malgré les tensions entre le GUD version Klein et Ayoub autour de la commémoration du 9 mai, les petits rats noirs avaient défilé, l’énième avatar du GUD passé en partie sous la coupe des JN n’avait pas jugé bon de se montrer. On a néanmoins aperçu quelques têtes lyonnaises, dont Steven Bissuel, perdues dans le cortège du RF et celui d’Ayoub.
Et sans vouloir tirer sur l’ambulance, puisque l’on parle des absents, l’appel du Mouvement national républicain (MNR) aura été entendu et déplacera les foules, puisque UN membre sera présent : Roland Curtet[4] qui tiendra la banderole de l’ « Union des patriotes »

Les « pochettes surprises »

Cette année encore, les chefs se sont succédé à la tribune pour la traditionnelle séance des discours, le tout orchestré par Hugo Lesimple (Ex-GUD Paris et bras droit de Ayoub à Troisième Voie et Salut Public). La petite surprise est venue cette année de la présence de Richard Roudier (ex-Bloc Identitaire et désormais Réseau Identitaire depuis son départ/éviction du BI à l’été 2012) dont le discours, dans le plus pur style « Ma vie mon œuvre », barba rapidement son auditoire.
Bien entendu c’est un Serge Ayoub surexcité qui clôturera les interventions, avec le discours qu’on lui connait maintenant : très « anti-système », très « résistants face au pouvoir », mais tout en expliquant qu’il a balancé les Femen à la préfecture de Police le matin même[5], et surtout en envoyant ses JNR faire le coup de poing avec certains des militants présents qui voulaient en découdre avec les Femen. Là encore, quel recul en à peine un an, quand on se rappelle qu’au dernier 9 mai c’était face aux gendarmes mobiles et au SO de l’Action Française qu’Ayoub avait aligné ses « troupes », aujourd’hui c’est pour taper leurs manifestants jugés un peu trop excités !!

Comme cette journée s’achèvera en musique avec un concert (qui pour la 2ème fois consécutive se tiendra aux Caves Saint-Sabin à deux pas de la place de la Bastille), nous nous permettons à notre tour d’apporter une petite touche musicale avec la vidéo suivante-, co-réalisée avec nos camarades de La Horde.

  1. Nouvelle structure au sein de l’ Œuvre française, « 1L » aurait tenu son premier camp en avril dernier dans la région lyonnaise, et agi sous la responsabilité de Jérôme Guigue, qui en tant qu’ancien responsable du DPS, a toutes les qualités requises pour ce poste. Bien que sa présence n’empêche nullement Gabriac de se faire interpeller à chaque fois qu’il pointe le bout de son nez quelque part, comme le montrent les photos suivantes (cerclé, J. Guigue) : Guigue-600dpi Lyon le 17 avril, tentative d’occupation du siège du PS du Rhône. 2 jours plus tard débriefing à la sortie de la garde-à-vue de Gabriac. Puis le 5 mai à la Manif pour Tous, où Gabriac est tout bonnement expulsé du cortège par le SO.[]
  2. c’est cette salle déjà qui avait accueilli en catastrophe le Forum de la Nation en février dernier après que la salle réservée à cet effet fut redécorée à coup de cocktail molotov[]
  3. il est d’ailleurs intéressant de noter que la défection d’un P. Vial a suffit à l’absence totale de cortège et banderole de Terre & Peuple, démontrant là que la participation de certains collectifs à cette manifestation tient bien plus à une décision personnelle qu’à une adhésion de leurs membres[]
  4. membre du Bureau national du MNR et secrétaire départemental de Paris, ce dernier est bien connu des militants antifascistes parisiens puisqu’il était déjà présent au sein du FN lorsque qu’une vaste opération de « nettoyage » fût lancée sur les marchés parisiens dans les années 90. R. Curtet trainait avec ses sbires sur celui de Pyrénées dans le XXe, quartier où il réside.[]
  5. en effet leur intervention n’était pas une surprise pour tout le monde, puisque le site Nouvelles de France annonçait la veille au soir (mais à 23h50 il est vrai) avoir repéré les militantes Inna et Oksana réservant une chambre à l’hotel Régina. Cela n’aura aucune conséquence, et elles arriveront par cette action à retarder de presque une heure l’arrivée du cortège devant la statue de Jeanne d’Arc, rendant totalement hystérique un Serge Ayoub beuglant des ordres à des militants plus occupés à regarder les Femen qu’à vouloir « occuper la rue !! »[]
Cet article est libre de droit, mais nous vous demandons de bien vouloir en préciser la source si vous en reprenez les infos : REFLEXes http://reflexes.samizdat.net , contact : reflexes(a)samizdat.net

Vous aimez cet article ? Partagez le !

Les commentaires sont fermés.