REFLEXes

Manifestation nationaliste du 9 juin : Facho Incognito

13 juin 2012 Les radicaux

Annoncée dès le 1er mai via par des tracts distribués par le GUD, puis de nouveau lors du 13 mai, cette manifestation contre le « droit de vote des étrangers » n’aura pas attiré les foules. Une centaine d’individus, soit autant que les Identitaires lors d’un rassemblement dans le cadre de leur campagne anti-Hollande le jeudi soir 7 juin à Paris !

N’importe quoi

 

Autant le dire tout de suite, cette manifestation ne ressemblait pas à grand-chose. On avait l’impression de se retrouver devant une fin de cortège d’une manifestation nationaliste, de celle où l’on retrouve tous les « sans amis » de l’extrême droite : il n’y avait aucun SO et si les gendarmes mobiles, présents en nombre pour assurer la sécurité du cortège, n’avaient pas contraint les manifestants à former un cortège très resserré, la manifestation aurait eu l’air encore plus minable.
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Cordonnée par Logan Duce du GUD, cette manifestation était sans surprise au niveau des slogans : « Islam hors d’Europe », « socialistes collabos », « on est chez nous », l’inoxydable « aujourd’hui l’Anarchie, demain l’Ordre Nouveau » et le récent « Antifa ahahah[1] ».

Logan Duce en meneur de troupes, au mégaphone

Logan Duce en meneur de troupes, au mégaphone

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Le plus amusant finalement était de tenter de reconnaître tous ceux qui d’habitude bombent le torse en première ligne des évènements fafs et qui cette fois-ci avaient choisi de se faire discret. On retrouvait donc le GUD avec Edouard Klein, mais également l’Œuvre Française avec Yvan Benedetti, Alexandre Gabriac pour les Jeunesses Nationalistes, le GUD Lyon avec Steven Bissuel, Thibaud de Chassey pour le Renouveau Français, Hervé « François » Lalin « Ryssen », des ex-membres du Bloc Identitaire Ile-de-France, le tout dans un joyeux n’importe quoi.

 Edouard Klein Gud Paris & Steven Bisuel du Gud Lyon, tee-shirt "contre le monde moderne"

Edouard Klein Gud Paris & Steven Bisuel du Gud Lyon, tee-shirt « contre le monde moderne »

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 au centre, Yvan Benedetti de l'Oeuvre Française

au centre, Yvan Benedetti de l’Oeuvre Française

 Thibault de Chassey du Renouveau Français

Thibault de Chassey du Renouveau Français

 Alexandre Gabriac des Jeunesses Nationalistes, très discret, au centre

Alexandre Gabriac des Jeunesses Nationalistes, très discret, au centre

Quelques gudards, dont Loik Le Priol à gauche de profil lunettes de soleil

Quelques gudards, dont Loik Le Priol à gauche de profil lunettes de soleil

Ancien du Bloc Identitaire

Ancien du Bloc Identitaire

Les Identitaires , implosion 2.0

 

Le rassemblement du 7 juin appelé par les Identitaires rue de Solférino avait-il plus de tenue ? Oui et non. Certes le nombre de personnes présentes atteignait bien la centaine et fidèles à leur habitude les Identitaires avaient soigné le décorum pour les journalistes : banderole, masques, fumigènes. Mais à l’évidence les militants identitaires ne composaient qu’un petit tiers de l’assistance et le reste était surtout composé de curieux venus voir ce que pouvait mobiliser un Bloc Identitaire post implosion.

Même si nous aurons l’occasion d’y revenir bien plus longuement, rappelons que l’abcès politique a crevé à la tête des Identitaires lorsqu’une partie des dirigeants (Fabrice Robert, Philippe Vardon, André-Yves Beck) ont décidé de limoger Philippe Millau les 17 et 18 mars derniers. Richard Roudier sentant que son sort serait sans doute identique a alors tenté une contre-attaque début avril par le biais d’un communiqué exigeant en vrac :

« - Convocation immédiate d’un Bureau Exécutif et d’un Conseil Fédéral qui n’ont pas été réunis depuis plus d’un an

- Examen par le Bureau Exécutif -seul organe habilité à prendre ces décisions-, des procédures disciplinaires

- Présentation des comptes et du rapport financier au Bureau exécutif, pour arrêté des comptes 2011 – procédure impérieusement requise pour tout parti politique -

- Retour immédiat à une pratique collégiale et loyale dans le mode de fonctionnement du Bloc et au respect des statuts

- Rédaction d’un règlement intérieur (plusieurs fois repoussé)

- Structuration du Bureau Exécutif avec répartition claire et publique des fonctions et délégations, pour faire pièces aux hommes de l’ombre et autres conseillers occultes

- Rappel à l’ordre à l’encontre de ceux qui ont franchi la ligne rouge de la soumission au Front National et qui refusent de respecter le choix des adhérents clairement exprimé lors de la consultation

- Rappel de la ligne politique et de la stratégie d’autonomie du Bloc Identitaire

- Présentation d’une feuille de route visant à retrouver le juste équilibre entre d’une part « la rue », l’action de terrain, et d’autre part la formation, la production d’idées et le développement d’actions d’influence. »

S’en est suivi une bataille de communiqués divers et variés représentant chaque tendance et l’annonce du départ d’un certain nombre de cadres et adhérents du Bloc Identitaire (BI), cadres au demeurant qui ne représentaient parfois qu’eux-mêmes tant le BI pouvait apparaître comme une armée mexicaine. Il n’empêche que certaines sections ont de fait disparu de l’organigramme du BI, que ce soit en Alsace (Jacques Cordonnier et Alsace d’Abord ayant repris leur indépendance), en Bretagne (Jeune Bretagne a suivi Philippe Millau et s’est spectaculairement réconciliée avec ses frères ennemis d’Adsav), en Languedoc (Richard Roudier s’est replié sur la Ligue du Midi) ou encore à Paris où l’équipe regroupée autour de Hugues Bouchu a claqué la porte, harcelant depuis les dirigeants du Bloc de commentaires mouchetés. De fait le BI maintenu s’est replié sur des cadres sortis du moule des ex-Jeunesses Identitaires et on retrouve donc dans le nouveau bureau dirigeant de vieilles connaissances comme Simon Lechantre, alias Simon Charles, Gaetan Bertrand, alias Guillaume Lotti, ou encore Alban Ferrari et Damien Rieu. Paris n’échappe pas à la règle puisque ce sont les cadres trentenaires du Projet Apache qui ont repris la boutique.

L’enjeu du 7 juin était donc triple : démontrer que les Identitaires ne sont pas morts en rebondissant sur la crise du mois d’avril, griller la politesse médiatique à la manifestation du 9 juin et tenter de se positionner à l’avant-garde de l’opposition au nouveau pouvoir socialiste, avec l’humilité proverbiale qui est celle des dirigeants identitaires. On peut considérer que le deuxième objectif a été atteint, à la grande fureur de certains participants dela manifestation du 9. Pour les deux autres points, c’est évidemment plus contestable.

Il n’en demeure pas moins que le discours du Bloc a changé si on en juge par la conclusion de Fabrice Robert appelant à la fin de son discours à renvoyer « dans les poubelles de l’histoire les Taubira, Belkacem et Fabius ». La présence du Ministre des Affaires étrangères dans cette liste – qui ne peut être liée qu’à sa judéité – devrait faire grincer quelques dents du côté de certains milieux extrémistes pro-israéliens connus pour leur empathie identitaire et faire réfléchir tous ceux qui considéraient un peu vite que le courant identitaire avait rompu avec toute expression d’antisémitisme… Cela montre en tout cas que la page Roudier est bien tournée !

  1. Ce slogan, issu d’un groupe RAC Allemand, semble devenir un classique des manifestations d’extrême droite. Comme souvent, certains militants d’extrême droite l’ont entonné à l’abri derrière deux rangées de gendarmes mobiles. Ces mêmes militants seront nettement moins vaillants quelques minutes plus tard, lors de la dissolution de la manifestation, lorsque bon nombre d’entre eux cacheront sous de gros pulls ou coupe-vent les différents signes distinctifs de leur appartenance à l’extrême droite ![]
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