REFLEXes

9 mai 2010 : De Jeanne d’Arc à Deyzieu, une même Occupation

14 mai 2010 Les radicaux

La rue de Rivoli avait dimanche matin dernier un petit air de fin des années 1980. Il ne manquait à vrai dire qu’une Kübelwagen pour définitivement fixer l’ambiance mais on peut supposer que ce sera pour l’année prochaine… Voici donc un petit bilan du 9 mai 2010 qui restera, sans nul doute, un très bon cru en zone occupée.

Cette année le 9 mai se trouvait correspondre au deuxième dimanche du mois de mai et à la célébration de la Jeanne c’est-à-dire la fête de Jeanne d’Arc. Depuis que le FN a opté pour le 1er Mai, cette célébration ne réunissait que des groupuscules, principalement l’Action Française, l’Œuvre Française, la CRC de l’abbé Georges de Nantes ou encore épisodiquement l’ex-Garde Franque / Renouveau Français. Le 9 mai pour sa part consiste en un hommage à Sébastien Deyzieu, ex-militant de l’œuvre décédé à la suite d’une manifestation anti-américaine le 8 mai 1994 qui était alors organisée par le GUD et les JNR de Serge Ayoub. La conjonction de dates créée par le calendrier cette année a permis à tout ce petit monde de se retrouver, du moins pour une partie d’entre eux, et de fusionner les mots d’ordre.

La manifestation !

Le matin donc, une manifestation réunissait un conglomérat d’organisations sur une thématique de « résistance nationale au mondialisme » pour laquelle était convoquée la figure de Jeanne d’Arc. Elle devait permettre à tous les groupes participants d’afficher leurs couleurs, de se compter et accessoirement de renouer avec une manifestation de commémoration pour la mort de S. Deyzieu qui n’avait pas eu lieu l’année dernière. Accessoirement car à l’évidence cette thématique n’était pas le sujet central de mobilisation des troupes. Une messe ayant eu lieu, comme l’année dernière, la veille au soir à Saint-Nicolas du Chardonnet, Serge Ayoub a du considérer qu’il avait rempli le minimum syndical sur cette question. Place aux grandes manœuvres politiques !

Sous un caractère « unitaire », il s’agissait pour chaque groupuscule de montrer qu’il existe et qu’il entend faire entendre sa petite musique dans la recomposition actuelle de l’extrême droite. À ce petit jeu, c’est indéniablement Ayoub le grand gagnant comme nous le verrons ci-dessous : la banderole C9M drainait derrière elle plus de 200 manifestants qui contournaient ainsi la logique partidaire des autres groupes. Malin comme un gorille, Serge Ayoub se place ainsi en figure centrale du milieu nationaliste parisien trois ans seulement après un retour qui à l’époque provoqua plus de ricanements que d’applaudissements émus. Pour le reste, le cortège s’apparentait largement au mariage de la carpe et du lapin, entre paganistes chevelus et contre-révolutionnaires catholiques. Encore manquait-il le réseau France Nationaliste de Thierry Maillard qui s’en était récemment retiré au profit d’une manifestation à Reims au même moment et sur une thématique moins « sociale ». Signe de ces tempêtes dans un crachat, Maillard, déguisé en parachutiste[1], avait menacé des militants du Renouveau Français à l’occasion du 1er Mai du FN et retourné leur table en guise de punition bien méritée : ces militants étaient bien moins gros que lui. Il faut dire que la participation de Maillard aurait été une curiosité.

Les absents

Il est en effet le responsable du FN sur Reims et surtout un ami proche de Laurent Latruwe, ancien tout comme lui de l’Œuvre française et surtout co-animateur du blog Nations Presse Info ainsi que de la revue éponyme sous le pseudonyme de Roland Mâchefer. Or NPI ne manque jamais une occasion d’attaquer le petit milieu gravitant autour de la NDP, de Robert Spieler à Roland Hélie et la revue Synthèse Nationale. Ce que l’on retrouve dans ce qu’écrivait Maillard en octobre 2008 à propos de la réunion annuelle organisée par Synthèse Nationale : « Puisque le Réseau France nationaliste n’a surtout pas été convié à cette réunion publique, après avoir été contacté et pressenti pour y participer, et puisque Roland Hélie a dédaigné répondre aux inquiétudes et interrogations que notre porte-parole, Thierry Maillard, lui avait exposées par téléphone, nous ne voyons pas pourquoi nous nous gênerions pour afficher devant tout le monde ce que nous pensons de cet éphémère rassemblement hétéroclite et contre nature qui ressemble plus à une « Groupuscule’s Fiesta » parisienne.

« Si Le Pen arrive un jour au pouvoir, nous serons tous dans l’opposition ! » affirmait crânement Roland Hélie en janvier dernier, au moment de la campagne présidentielle. Tel devrait être l’intitulé de cette réunion du 27 octobre à Paris destinée à rassembler tous les anti-Le Pen, des plus ringards aux plus aigris en passant par les parasites et autres boulets notoires. Et question boulet, l’organisateur de cette petite sauterie s’y connaît…

Outre qu’il collectionne les désastres politiques et les inimitiés, le « directeur » de Synthèse nationale vit, depuis plus de 30 ans, avec une seule obsession pathologique : la haine de Le Pen, du FN et de ses militants. […] La paresse intellectuelle (et physique), entremêlée d’égoïsme, de couardise, fourberie et mégalomanie, n’a jamais rien donné de positif en politique ou ailleurs. Il paraît même qu’il se prend pour un « courant de pensée » à lui tout seul… Désespérant !

Feignant de s’entendre comme larrons en foire, la plupart des intervenants ne peuvent pas se sentir… et certains de façon viscérale ! Et comme toute politique se juge à ses résultats, il pourrait être édifiant d’étaler le bilan politique des uns et des autres de ces dix dernières années, en commençant par celui du maître d’œuvre, justement. La grotesque « revue » qui parraine cette réunion est, de loin, l’absolu contraire d’un travail consciencieux, soigné, appliqué, intelligent et réfléchi. En tout état de cause, tout l’opposé de ce qu’il est nécessaire (et même urgent !) de faire au sein de notre mouvance politique pour préparer les mois et années à venir. […] L’amoncellement d’intervenants épars qui nourrit péniblement cette « feuille » semble vivre dans une douillette bulle idéalisée, bien à l’abri de tout ce qui pourrait contredire sa vision hédoniste du ghetto de l’extrême-droite. Ceux-là mêmes s’imaginent que l’électorat national issu de la gauche ouvrière est forcément acquis, alors que chacun sait qu’aucun électorat n’est jamais définitivement assujetti et que, justement, le corpus électoral frontiste subit une érosion fâcheuse de cet électorat là depuis la dernière présidentielle. Mais il est tellement rassurant de s’isoler dans des a priori lénifiants… Ainsi, par flémingite aiguë, on multiplie les marronniers (article d’information de faible
importance meublant une période creuse, consacré à un événement récurrent et prévisible) et on s’autosatisfait de peu… de bien peu !
Et 12 euros pour essuyer les résidus de la grosse commission, c’est quand même très cher…

L’intitulé interrogatif de cette réunion, « Comment défendre notre identité ? », témoigne des limites intellectuelles des organisateurs : après plus de trois décennies de présence ininterrompue à l’extrême-droite, ils s’interrogent encore sur la façon d’aborder ce sujet incontournable. Lamentable !

Outre le fait qu’aucun responsable de poids du Front National n’est invité à s’exprimer librement, il est à
noter que Synthèse nationale est une des rares feuilles, se prétendant « nationale », qui refuse de s’associer, de près ou de loin, aux manifestations qui ont lieu ces derniers temps contre le mini traité européiste de Sarközy et pour la défense d’une France indépendante et souveraine. Rien d’étonnant lorsque l’on sait que parmi les organisateurs se trouve Robert Spieler, ex-président du groupuscule séparatiste Alsace d’Abord, cache sexe d’une Allemagne d’Abord au service des euromondialistes, et qui prône une idéologie supranationale en accord avec la Constitution européiste de Sarkozy. Au demeurant, on peut s’étonner de la présence d’un certain nombre de personnalités à cette assemblée de bras cassés, qui se différencient nettement de la piétaille.

Comme la venue annoncée de Pierre Sidos, fondateur de L’Œuvre Française, lui qui a su donner la croix celtique aux nationalistes radicaux comme signe de ralliement et a toujours été d’une rigueur absolue concernant la défense de notre sol, de notre langue, de notre peau. Cautionne-t-il les délires francophobes, voire cosmopolites, de certains au mental de métèques ? Et sait-il vraiment ce que Roland Hélie ose déverser sur lui dans son dos ? Nous nous refusons à croire que ce chef historique du nationalisme français puisse s’être laissé abuser par des individus aussi malfaisants dans une aventure aussi ouvertement antinationale. Ceci reste incompréhensible pour nous.

Ou bien encore, comme Jean-François Touzé[2], élu régional d’Ile-de-France qui, après avoir laborieusement gravit ces dernières années nombre d’échelons au sein du FN – grâce à l’appui bienveillant de Jean-Marie Le Pen, du reste – se compromet ici dans une attitude forcément stérile. Aurait-il à ce point peur du pouvoir en politique, si modeste soit-il, pour rétrograder dix ans en arrière, sous l’influence pathétique et pleurnicharde d’un Hélie « Nouilles-Saucisses » ayant le sens politique d’un enfant de quatre ans ? A moins qu’il ne cherche à briller au milieu des médiocres, sans s’apercevoir qu’il est le dindon de la farce… Il y a quelques mois encore, il était plus lepéniste que Le Pen. « Mon avenir politique, c’est Marine », lançait-il comme pour se justifier. Et gare à celui qui aurait osé le contredire ! Mais il est vrai qu’il a toujours été très réceptif aux jérémiades incessantes de son égocentrique « ami » ; une sorte de substitut de p’tit frère attardé que l’on tire derrière soi comme sa croix. Pourtant, ce dernier ne s’était pas gêné, devant tout le monde, pour le traîner d’une façon particulièrement abjecte dans la boue, le couvrir d’insultes et de reproches en tous genres, et cela pendant plus d’un an… Est-il si nécessaire de le rappeler ?

Celui-là justement parle de retour aux « fondamentaux », au sein de son parti, principes intangibles qui firent jadis le succès de la Droite nationale. Suggestion certes louable, mais qui, à l’évidence, est hors sujet au regard de l’ubuesque composition hétéroclite des intervenants et de la conception même de la feuille de choux qui parraine cette réunion. Quels « fondamentaux » peut-on tirer des provocations bêtement racistes et primitives d’un Lamberterie, morveux simplet -amateur de poncifs gauchisants-, à l’égard de tout ce qui n’est pas magyar ? Quels « fondamentaux » peut-on espérer des délires antinationaux, francophobes et pangermanistes d’un Spieler ou des rêveries mytho-helvétiques d’un Vial qui a manifestement trop abusé du chocolat Milka ?
[…] Et si l’on prétend « rassembler sans exclusive » tout ce qui compte au sein de la mouvance nationale, alors pourquoi ne pas avoir invité Thierry Mudry ? Il aurait pu s’associer avec Bernard Antony pour étaler son amour immodéré des islamistes des Balkans qui oeuvrent pour l’éradication des chrétiens orthodoxes. Pourquoi ne pas faire venir Dieudonné M’Bala M’Bala qui aurait pu partager avec Anne Kling son approche très particulière de la communauté de « l’entité » ? Et, encore, pourquoi ne pas avoir invité Paul-Marie Couteaux qui aurait pu papoter chiffons avec Eric Miné ?

De semblables réunions publiques ont déjà eu lieu ces dernières années : on se souvient de celles des Comités Espace Nouveau puis, plus proche de nous, des deux réunions de la Maison de l’Identité. Initiatives à chaque fois qualifiées sans rire par leurs initiateurs d’« énorme succès »… Initiatives éphémères, sans lendemain et au résultat politique nul. Initiatives justes bonnes à amuser la galerie du ghetto de l’extrême-droite. […] Comme nous le confiait, il y a quelques années, le regretté Roland Gaucher : « Ces gens-là ne font pas de politique, ils font des coups et c’est tout ce qu’ils sont capables de faire ! ».

Avec de tels spécimens, les tenants du régime peuvent dormir tranquilles. Le plus souvent inaptes à toute entreprise sérieuse, leur demander de travailler vraiment –et pas de profiter du travail des autres !- serait leur faire violence… Leur farouche volonté de vouloir absolument retourner en 1970 (époque bénie des groupuscules et des petits services négociés aux gens du Système…), prouve que nous ne risquons pas d’être démentis.

Pourtant, nous savons très bien que quelques intervenants sont d’une parfaite honnêteté intellectuelle, notamment ces provinciaux soucieux de défendre leur véritable Identité. Aussi, nous ne doutons pas de la sincérité de la plupart de ceux qui viendront à cette après-midi festive. Mais, outre les éternels boutiquiers orientaux en quête, jamais assouvie, de lucre (Randa, Larebière…), et les sempiternels touristes de la mouvance qui vont toujours là où il y a… quelque chose à boire ; quelque puissent être les motivations de chacun, ceux qui participeront à cette réunion publique peuvent être assurés que les bénéfices récoltés (car il y en aura forcément) ne serviront nullement à défendre notre identité, et encore moins la France et les Français, mais bien à combattre, même modestement, l’idéal d’une France souveraine et indépendante, le Front National et son Président, Jean-Marie Le Pen.

Et, cela, en tant qu’ultras du nationalisme français, ardents défenseurs d’une France une et indivisible,
nous ne pouvons l’accepter ! »

Pouf pouf.

D’autres mouvements nationalistes étaient d’ailleurs absents, comme le PDF ou l’Œuvre Française. Si dans ce dernier cas il semble qu’il s’agisse d’un refus de Pierre Sidos de servir la soupe à Serge Ayoub, le choix de Carl Lang de se tenir loin de cette pantalonnade répondait sans doute davantage à un réel souci de respectabilité et de sérieux politique autant qu’aux incertitudes sur la capacité de mobilisation du parti sur une telle initiative.

Les présents

Restaient donc les autres, à savoir et dans l’ordre :
- Les « vieux ». Robert Spieler, Pierre Vial. La veille, les mêmes étaient intervenus lors du Conseil National de la NDP dans le Xe arrondissement de Paris. Une partie de ce conseil étant ouverte au public, cela nous a permis de constater une fois de plus que la NDP ne savait pas compter puisque bien loin des 150 cadres et militants annoncés sur le site du groupuscule, nous n’en avons pas compté plus de 80, soit la moitié. Pierre Vial s’est d’ailleurs montré à cette occasion égal à lui-même en multipliant les allusions et clins d’œil antisémites comme à chaque fois qu’il intervient en public.

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- Le Renouveau Français. L’enjeu était de taille pour le RF : il lui fallait absolument afficher plus de militants que le GUD ou Terre & Peuple sous peine de passer une fois de plus pour des branquignoles, à 15 jours de la 3ème édition de leur congrès nationaliste à Villepreux. De Chassey, Jaurand, Revenaz et les autres ont dû être soulagés, c’était le cas. À noter que le principal slogan du RF était « Aujourd’hui l’anarchie, demain l’ordre nouveau ! », slogan de toute première fraîcheur s’il en est, qui collait bien avec l’ambiance générale de la manifestation et qui faisait comme un écho au novateur « Communistes assassins ! » lancé en boucle par le FNJ lors du défilé du 1er Mai dernier. Le groupuscule, sans peur ni reproche, avait osé confier son mégaphone à François Dussoubs, c’est dire si les dirigeants du RF aiment prendre des risques.

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- La Nouvelle Droite Populaire. Il suffit d’aller sur le site de Synthèse Nationale pour constater la singulière exactitude du bilan de la NDP sur son propre cortège, « des centaines de manifestants… », au regard de la photographie publiée par la revue. Par ailleurs, étant donnée l’importance numérique des jeunes skinheads dans le cortège mais également parmi les participants au conseil national de la veille, la NDP aurait mieux fait de s’appeler NPD, cela aurait été plus conforme à la réalité. Derrière la NDP, une petite délégation des (encore) Belges de Nation tentait de se faire une petite place, sans qu’on sache bien s’ils étaient là pour Deyzieu, pour Jeanne d’Arc ou par erreur puisqu’ils avaient dans un premier temps annoncé leur participation à la manifestation de Civitas l’après-midi même. Ils ont malgré tout assuré le SO de cette dernière, avec quelques membres de la Vlaams Huis.

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- Terre & Peuple. La participation de l’association à prétention culturelle fondée par Pierre Vial à une manifestation politique était une première depuis longtemps puisque T&P a toujours pratiqué un certain retrait à l’égard de ce type d’engagement. Le résultat fut à la hauteur, avec une petite dizaine de participants franciliens emmenés par Michel Colls, responsable de la bannière Ile-de-France. Ces militants auraient sans doute eu plus de succès s’ils avaient amené avec eux cette fameuse soupe au cochon à laquelle ils participent régulièrement. Penses-y pour l’année prochaine Raoul !

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- Le GUD. C’était évidemment le clou du spectacle puisque cette manifestation constituait la première sortie du groupe depuis sa « reconstitution » cet hiver. Autant dire que l’on n’a pas été déçu puisqu’on a pu y retrouver tous les agités du bocal qui tentent de se faire un nom en reprenant l’héritage laissé en déshérence depuis 2002. Outre Edouard Klein, on pouvait donc reconnaître Baptiste Coquelle[3], Hadrien Palminteri, Valentin Bourgeois, Lancelot Galey ou encore Kevin « Gaven » Lamadieu. Ce dernier était d’ailleurs très en forme et visiblement pas le moins du monde assagi après ses récentes frasques sorbonnesques. Le jeune homme a pourtant déjà une casserole pénale avec l’agression de N. Rachedi il y a deux ans. Il faut croire que la vieille génération a cependant une confiance toute relative dans ce que les petits nouveaux vont faire de la marque de fabrique puisqu’elle n’a cessé de les chaperonner et de marquer sa présence. Il faut dire qu’elle était venue en nombre : outre Frédéric Chatillon[4], Jildaz Mahé et Axel Loustau qui ont cru bon de se faire remarquer, on pouvait voir Antoine Roucheray, Fabien Bouttier ou encore Jean Denègre, soit toute la fine fleur du GUD vintage 90’. Tous ont d’ailleurs fort apprécié la pantalonnade anti-journaliste et on peut finalement en tirer la conclusion que la jeune génération n’est décidément pas à la hauteur des anciens puisque ce sont ceux-ci qui ont du se charger d’une besogne typiquement gudarde.

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- Les Nationalistes Autonomes lorrains. Regroupant une petite cinquantaine de participants, le cortège des NA faisait flotter sur la manifestation une petite atmosphère d’Outre-Rhin. Nous avons déjà eu l’occasion de l’écrire, la révolution culturelle allemande n’a pour l’instant pas générer un mouvement de fond en France et en particulier en Ile-de-France. Pour autant, ce cortège prouve que les expériences européennes continuent de fasciner une fraction du mouvement nationaliste français en recherche de formules à succès pour sortir de la division et d’un relatif marasme. Les NA ont largement essaimé en Europe de l’Est comme en témoignent les visuels et compte-rendus diffusés régulièrement par le blog Zentropa. La question se pose donc d’évaluer dans quelle mesure la greffe peut prendre en France. La Lorraine et plus particulièrement la Moselle, de par son histoire propre, ne constitue pas de ce point de vue un exemple généralisable. Cependant, la sensation provoquée par le cortège lorrain montre la réalité de l’intérêt porté par les jeunes natios.

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- Le C9M. Sans conteste, le cortège numériquement le plus important puisqu’il regroupait tous ceux qui étaient là pour Sébastien Deyzieu et qui ne faisaient pas partie des groupes sus-nommés. Histoire de créer le buzz dans la jeunesse nationaliste, Ayoub avait décidé pour l’occasion de faire précéder le C9M d’une ligne de gros bras quarantenaires présentés comme des anciens JNR et affublés de jolis t-shirt siglés JNR Croire Combattre Obéir (chanson des Evil Skin), qui ont fait fureur chez les petites jeunes. Pour autant ils n’étaient pas tous retraités et à l’extrémité de cette ligne on pouvait voir Daniel Mack. Celui-ci a un profil des plus classiques puisqu’après avoir officié comme stewart du PSG il est devenu cogneur avec les indep de Boulogne. Autant dire qu’il était à sa place.

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Côté sono, l’ambiance était assurée avec la musique de Militia Dei, un groupe de musique industriel du Nord, qui n’a rien de germanique comme certains ont pu le croire. Enfin la manifestation s’est terminée par des prises de parole des responsables, dont Serge Ayoub est largement sorti vainqueur à l’applaudimètre. Puis une grosse vingtaine de participants, essentiellement du GUD, sont partis déposés une gerbe rue des Chartreux, là où Deyzieu avait fait sa chute mortelle il y a 16 ans.

Un bilan

L’anecdotique étant posé, quel bilan peut-on tirer de ce 9 mai ? À l’évidence c’est un succès pour les organisateurs et il serait politiquement stupide d’affirmer le contraire. Ce n’est évidemment pas une bonne nouvelle pour le FN et pour les Identitaires. Cela ne permet cependant pas d’en tirer des conclusions prospectives très claires. L’objectif pour tous les mouvements d’extrême droite est en effet à court terme : 2011, 2012 voire 2014 en gros. Le congrès du FN en janvier prochain, les élections cantonales de mars 2011, présidentielle de 2012 voire municipales de 2014 ouvrent en effet une période d’incertitude pour des mouvements en construction qui doivent donc renforcer leur base organisationnelle pour espérer durer. À ce titre, les perspectives de la NDP du MNR et du PDF sont limitées : leur base est faible est vieillissante. Cela explique largement la nécessité affirmée par ces trois mouvements lors du CN de la NDP de prolonger la coalition formée lors des dernières élections régionales. Cela devrait leur permettre d’exister lors des prochains rendez-vous électoraux et de jouer un vrai rôle de nuisance non seulement à l’égard du FN mais également envers le Bloc Identitaire. L’alliance NDP-MNR-PDF ne rate d’ailleurs jamais une occasion de placer ses mots d’ordre dans la double perspective du nationalisme et de l’identité, ce qui est tactiquement fondé puisqu’une majeure partie du public d’extrême droite peine à distinguer ces deux termes.
Les perspectives de Serge Ayoub sont plus difficiles à définir. À l’évidence, ce 9 mai va lui bénéficier. Mais il n’a pour l’instant affiché aucune ambition électorale : son principal projet serait de sortir une marque de vêtements ! Au-delà du caractère quelque peu caricatural de l’annonce, il semble évident que le personnage ne devrait pas se contenter de cela. L’alternative est donc simple : soit construire quelque chose tout seul, soit monnayer cette aura régénérée auprès d’un des pôles nationalistes une fois la situation éclaircie, soit après le congrès du FN en janvier.
Dans tous les cas, la concurrence des différents groupes les place à l’offensive. Écrire que les mois à venir vont être fondamentaux est donc une tautologie. Le mouvement antifasciste a des raisons d’être inquiet !

  1. sans doute pour mieux tromper les services psychiatriques[]
  2. On avait un peu perdu de vue Jean-François Touzé depuis qu’il s’était fait mettre à la porte de la Nouvelle Droite Populaire le 17 septembre 2008, soit 7 mois après la création du parti. Ses anciens compères des années 80 et 90 (soit la bande d’ancien du PFN de Roland Hélie …) avaient peu gouté ses prises positions pro-sionistes et pro-atlantistes. Il avait lancé dans la foulée la Nouvelle Droite Républicaine, rapidement transformée en Alliance pour les Libertés, petite officine ultra-libérale qui vient de mettre la clé sous la porte et donc certains membres ont rejoint Riposte Laïque.
    Jusque là rien qui puisse bouleverser l’équilibre des forces au sein de l’extrême droite française, d’autant que l’APL a eu peu d’activité, mise à part la présence de l’un de ses membres sur la liste identitaire de la « la Ligue du Sud » de Bompard et Vardon. Tout ça commence à sentir le sapin pour l’ancien pigiste de Rock’n Folk. Il faut dire que la stabilité et la cohérence idéologique n’ont jamais été le fort de JFT. En 1984 il rejoint le FN mais fait coller ses affiches en 1986, à Paris par des militants de l’UNI recrutés via Alain Denizet, numéro 3 du mouvement estudiantin proche du RPR et de l’ancien SAC. En 1989 il quitte le FN avec des anciens du PFN et fondent plusieurs structures nationalistes, dont les Comités « Espace Nouveau » et l’Alliance Populaire en 1992. L’AP présentera 80 candidats lors des législatives de 1993, dont Serge Ayoub. La dernière fantaisie de Touzé est sa signature (au côté de Benoît Fleury ancien chef du GUD parisien des années 1990) pour une pétition sur dialexis.org qui appelle à contrer un appel à l’unité lancé par des sionistes de gauche paru dans le journal Le Monde.[]
  3. Qui éditait un fanzine naziskin il y a quelques années quand il était dans la région lilloise[]
  4. Le grand Fred portait pour l’occasion un T-Shirt arborant un délicat Leben ist Kampf (la vie est un combat) sur fond bleu entouré d’armes diverses et variées sans doute commandé chez les kamarades d’outre-rhin. Entre autres, chez les néo-nazis autichiens ou celui-ci sur le site du NPD[]
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