REFLEXes

Péril brun en terre noire

3 janvier 2007 ... Et les autres

Le vent du changement souffle actuellement en Afrique du Sud. Alors que les réformes gouvernementales concernant le droit de vote des Noirs et les élections multiraciales s’accélèrent, alors que l’ANC se prépare à prendre le pouvoir, un autre vent menace de causer un orage important. L’extrême droite sud-africaine se prépare à une guerre raciale.
Ces six derniers mois, on a souvent parlé de cette extrême droite dans les journaux, car on découvre de plus en plus d’informations relatives à leurs projets, qui sont entre autres d’éviter que la population blanche ne perde le contrôle de la société la plus raciste du monde.

Tout a commencé en avril, avec le meurtre d’un officiel de l’ANC, Chris Hani. L’assassin a été rapidement arrêté, mais on a bientôt su que Janusz Walus, un immigré polonais membre du Afrikaner Weerstandsbewegung (AWB), le parti fasciste le plus célèbre d’Afrique du Sud, n’était qu’un pion dans l’affaire. Quelques jours plus tard, la police a démasqué un complot fomenté par le parti conservateur sud-africain (SACP) visant à tuer Hani et dont Walus était l’instrument. La police a arrêté Clive Derby-Lewis, le second du SACP, sa femme Gaye et trois autres personnes.
Le SACP, qui apparaît a priori comme un parti conservateur tout à fait normal, est en réalité le côté respectable de l’extrême droite. Il a beaucoup de liens avec des groupes fascistes européens, dont le Front national. Ainsi, Derby-Lewis a rencontré Jean-Marie Le Pen en 1990 lors d’un meeting organisé par le groupe anglais Western goals[1]. Plus récemment, le leader du SACP, Andries Treurnicht, et Derby-Lewis sont allés en France pour participer à un meeting du FN. Western goals a rencontré des fascistes sud-africains à maintes reprises. En 1989, un meeting se déroula à Londres avec Treurnicht, alors que Derby-Lewis lui-même assistait à une réunion organisée par Western goals, où se trouvait une certaine frange du parti conservateur britannique. En 1990, Derby-Lewis parla à la chambre des Lords anglaise lors d’une réunion de la commission des affaires étrangères au Monday club, puis après, à une autre réunion comprenant au moins deux parlementaires Tories et un historien de l’aile droite, le comte Nicolai Tolstoy. La nouvelle de l’arrestation de Derby-Lewis provoqua un vent de panique dans les rangs du parti conservateur britannique, à qui on demanda de clarifier ses liens avec le SACP.
Derby-Lewis est aussi lié à David Irving, l’historien révisionniste, de même qu’au WACL, par le biais de Western goals, de Tolstoy qui en a été membre, et d’une organisation qui s’appelle la fondation Stallard. La fondation Stallard a été créée par Derby-Lewis et sa femme Gaye, et elle se décrit comme étant «un forum pour les penseurs conservateurs». Elle porte le nom du colonel Frederick Stallard, qui a été l’un des hommes clés du développement de l’apartheid en Afrique du Sud. La fondation Stallard est aussi affiliée à Western goals.
La découverte du complot visant à l’assassinat d’Hani a causé un grand choc dans la société sud-africaine. À l’intérieur même du SACP, le choc a été tel que Treurnicht, leur chef, est mort à la suite d’une crise cardiaque, quelques jours à peine après que la nouvelle eut été rendue publique. Depuis, Ferdi Hartzenberg a remplacé Treurnicht à son poste de leader : c’est un tenant d’une droite dure, qui a déjà commencé à entraîner le SACP vers une ligne politique plus dure. Hartzenberg est connu comme étant le «lion du nord», à cause de sa rhétorique militante. En juillet, Hartzenberg a annoncé que le SACP se retirait des négociations multipartites qui visent à réviser la constitution sud-africaine, affirmant haut et fort que ces négociations allaient à l’encontre des intérêts des Afrikaners. La police a démasqué un peu plus tard un second complot visant à assassiner un membre de l’ANC, Joe Slovo.
Arthur Kemp, qui lui aussi est un haut membre du SACP, a révélé avoir des liens avec les néo-nazis allemands. Kemp, qui a été également arrêté, est soupçonné d’avoir été l’un des organisateurs du complot et semble avoir conservé les «meilleures relations» avec un magazine allemand d’extrême droite, Nation und Europa. Ce magazine a été fondé peu après la guerre par un ancien officier SS, Arthur Erhardt, et rapidement, il est devenu un point de contact important entre nazis et fascistes d’Europe de l’ouest et d’ailleurs. Kemp a écrit de nombreux articles pour cette revue en 1990. De plus, en 1992, il a été à Coburg (Allemagne de l’ouest), là où se trouve le siège de Nation und Europa, et lors d’un meeting réunissant 100 personnes, il a appelé à commettre des actes de violences à l’encontre des Noirs sud-africains.

Et maintenant, un groupe appelé World preservatist movement, qui s’appelait autrefois la Ligue pour l’apartheid dans le monde, a annoncé qu’il allait s’occuper de la défense judiciaire de Janusz Walus. Le World preservatist movement a des liens avec des organisations fascistes de tous pays. Peu de temps après, on a évoqué l’hypothèse qu’il avait aussi des liens avec le mouvement zoulou, l’Inkhata. Un membre de l’Inkhata, Victor Kheswa, est mort dans un commissariat de police, après avoir été arrêté pour sa participation au massacre de 19 habitants du township de Vaal. L’ANC a suggéré que Kheswa avait été tué par une police entièrement aux ordres de ce que l’on appelle la «troisième force», mouvement qui conspire pour saper le processus de paix. L’implication est que Kheswa était membre de cette «troisième force».
Depuis le meurtre de Hani, l’AWB s’est placé au premier rang. Profitant de la peur qu’ont les Blancs de ce qui pourrait leur arriver une fois que l’ANC aura pris le pouvoir, il a cherché à promouvoir leur désir d’avoir un état blanc dans l’État. Mais l’AWB souffre d’un problème d’image. Le parti est clairement un parti fasciste : leur symbole est une croix gammée noire à trois pieds sur fond blanc et rouge, ce qui n’est pas sans rappeler le drapeau de l’Allemagne nazie. Son chef, Eugène Terreblanche, est un homme à la voix grave, avide de pouvoir et de suprématie blanche, et que l’on a souvent décrit comme étant un pitre. Bref, ce n’est pas le genre de personne que l’on peut considérer comme un prétendant sérieux à la place de président d’un pays nationaliste blanc.
À cause de cela, mais aussi parce que les autres partis d’extrême droite sont trop petits pour prendre le pouvoir à eux seuls, ces groupes et l’AWB ont donné naissance à une coalition nommée Afrikaner Volksfront. Elle est dirigée par le général Constand Viljoen, qui fut l’un des chefs de l’armée sud-africaine.
Viljoen a un caractère intéressant. Alors que ses positions politiques le placent à l’extrême droite conservatrice, il a accepté qu’on libère Nelson Mandela. En mai de cette année, il a dit qu’à la guerre, il préférait pour le moment les négociations avec le gouvernement. Le frère jumeau de Viljoen, Abraham, est membre de l’ANC, alors que le premier considère que l’organisation est aux mains des communistes. L’opinion de Viljoen sur l’ANC confine à la paranoïa, évoquant des images de guerre froide et de conspiration.
L’Afrikaner Volksfront souhaite la création d’un État blanc indépendant à l’intérieur de la nouvelle Afrique du Sud. Ils ont publié une carte du «Volksstaat» qu’ils désirent : cette carte représente une série de territoires se trouvant tout autour de la capitale, Pretoria, plus un couloir de terre donnant accès à la mer. Cette carte se base sur les circonscriptions électorales détenues par le SACP, le groupe le plus important de l’Afrikaner Volksfront_; elle est présentée comme une simple proposition négociable.

Viljoen n’est qu’un des membres de la commission des généraux, créée récemment pour combattre le pouvoir noir. Cette commission comprend entre autres : le général Lothar Neethling, orphelin dont les parents étaient des nazis allemands, amené en Afrique du Sud après la guerre, dans le cadre d’un programme dirigé par des sympathisants sud-africains du Troisième Reich. Récemment, la presse sud-africaine l’a accusé de fournir du poison à certains policiers pour qu’ils assassinent des militants de l’ANC ; le lieutenant-général Cobus Visser, ancien dirigeant du service des investigations criminelles d’Afrique du Sud, est membre d’un groupe d’extrême droite paramilitaire, le Boerekommando de Pretoria ; le lieutenant-général Koos Bischoff, auparavant chef militaire, est devenu récemment le président du «Conseil de la liberté» du SACP, conseil créé pour mobiliser les supporters de la cause extrémiste ; enfin, le général Tienie Groenewald, ancien dirigeant militaire ayant trempé dans des affaires sombres liées au souhait d’avoir un État blanc indépendant. On croit qu’il a agi en tant que conseiller du Cosag (pour les affaires sud-africaines) : c’est une alliance entre la droite blanche et les gouvernements des homelands blancs.
La commission des généraux a déclaré pouvoir réunir 500.000 personnes prêtes à se battre pour défendre la proposition d’un État blanc. Groenewald croit que les forces de sécurité, blanches, n’oseront pas agir contre des Blancs. Les 500.000 combattants annoncés viendraient de ces Blancs qui ont fait leur service militaire et qui sont toujours passibles d’un rappel. Ces hommes n’auraient pas besoin d’entraînement et constitueraient la plus grande armée privée d’Afrique du Sud, si le général Groenewald dit vrai.
Début mai, la commission des généraux a tenu un sommet à Pretoria dans l’intention de conduire encore plus loin l’unité de la droite. Étaient présents : Ferdi Hartzenberg ; Andries Beyer, le chef de l’Afrikaner Volksunie, branche modérée du SACP ; Carel Boshoff, l’un des plus anciens militants pour un pays afrikaner ; et Servas de Wet, commandant d’un groupe paramilitaire de l’AWB. Cette réunion a marqué le lancement de l’Afrikaner Volksfront.
Peu avant que le Volksfront publie sa carte proposant un homeland blanc, des néo-nazis ont perturbé les activités du palais des congrès de Johannesburg, où avaient lieu les négociations multipartites sur la nouvelle constitution. Utilisant une voiture blindée, ils ont foncé dans la porte en verre de l’immeuble et ont traversé la salle de négociations. L’attaque a été menée par un groupe échappé d’une manifestation conduite par le général Viljoen ; les membres de ce groupe appartenaient à l’AWB et portaient des masques, des uniformes et des armes. La police est restée en retrait et a attendu deux heures avant d’intervenir. Ferdi Hartzenberg était debout et fumait une cigarette pendant que l’attaque avait lieu. Peu de temps après, le gouvernement accusa le SACP, lui reprochant de n’avoir rien fait pour arrêter cette violence, et même Viljoen a semblé gêné devant cette action si violente et si apparente de ses camarades néo-nazis.

Cette démonstration de force est à relier au point suivant : malgré le récent référendum, où la majorité des Blancs a accepté de réformer le système de l’apartheid, beaucoup de Blancs restent opposés à ce que le pouvoir noir domine. Ces opposants rassemblent une grande proportion de racistes et de fascistes, mais aussi un nombre significatif de gens effrayés par le futur et qui sont utilisés par les fascistes dans leur guerre de propagande. Les membres de l’AWB et les autres petits groupes qui ont troublé le palais des congrès ont agi ainsi parce qu’ils sont entièrement opposés à toute négociation avec la population noire majoritaire, et parce qu’ils veulent revenir au «bon vieux temps» d’un régime d’apartheid très strict.
Plusieurs jours plus tard, la police a arrêté 21 membres de l’AWB. Aucun n’a été identifié, mais il est sûr que Terreblanche ne se trouvait pas parmi eux. En même temps, la police a pu photographier quatre personnes qu’elle recherchait, dont un immigré anglais, Keith Conroy, qui est un personnage clé de l’AWB et membre de l’Iron Guard, troupe d’élite de ce mouvement. Conroy avait déjà été photographié alors qu’il était le garde du corps armé de Terreblanche. On a rapporté récemment l’une de ses paroles : «On peut comparer l’Iron Guard aux SS de Hitler et elle peut se mobiliser dès demain s’il le faut. Avec le Wenkommando (une aile paramilitaire), elle est destinée à protéger les maisons, les femmes et les enfants le jour où la révolution se produira.»
Le 22 avril de cette année, quelques jours après le meurtre de Hani, on a annoncé la naissance d’une autre petite coalition entre droite modérée et extrême droite : le Volksaksiefront, comprenant l’AWB, le parti du Boerestaat, le Boere Weerstandbewegung (BWB), et les Loups blancs. Ce parti a été constitué dans le but de lutter contre le pouvoir noir et de préserver la suprématie blanche. Les deux partis, le Boerestaat et les Loups blancs, ne comptent pas plus de vingt adhérents chacun.
De tous les partis d’extrême droite sud-africains, seul l’AWB est capable d’organiser une espèce d’insurrection armée. On admet couramment que ce mouvement compte 34.000 membres, dont 10.000 pour le Wenkommando et l’Iron Guard. Cependant, si les 500.000 soldats annoncés par la commission des généraux ont une existence effective, on peut craindre alors une véritable guerre civile entre Blancs et Noirs.
Une traduction significative de tout cela dans la réalité est que l’armée sud-africaine a récemment admis que des fermiers blancs s’armaient en ce moment. Des armes sophistiquées sont en effet distribuées par le biais du système des «commandos». L’armée a justifié cette action en expliquant que c’était une mesure de légitime défense de la part des fermiers blancs, après une récente vague d’attaques menées par des militants noirs. La distribution des fusils a été immédiatement suivie par les appels du général Viljoen invitant les Blancs à prendre les armes et à rejoindre les commandos.
Le système des commandos remonte au XVIIe siècle. Originellement, c’étaient des milices locales qui devinrent célèbres lors de la guerre des Boers. Après l’union en 1912, ils devinrent des «soldats de la garde». Aujourd’hui, on estime qu’il y a 140.000 commandos et qu’ils représentent la plus grande partie de ce qui est militaire en Afrique du Sud (il y a une armée de 36.000 soldats).
L’armée a confirmé qu’il y avait un trafic d’armes du côté du Cap est, mais on sait aujourd’hui que les armes sont distribuées à travers tout le pays. Les fermiers et leurs femmes ont été invités par l’armée à en profiter et ils reçoivent des pistolets R1 et R4, qui sont les armes habituellement utilisées par l’armée sud-africaine. Quelques femmes ont été équipées de fusils Uzis. Mais les nouvelle recrues ont reçu peu ou pas d’armes d’entraînement.
Alors que l’armée explique que l’appel de Viljoen invitant les Blancs à rejoindre les commandos n’a été qu’une coïncidence, il paraît cependant évident qu’il y a toujours des contacts à un haut niveau entre les dirigeants de l’armée et Viljoen lui-même ; et les tentatives de construction d’une nouvelle «armée boer» sont orchestrées de très haut. L’Afrikaner Volksfront estime pouvoir mobiliser 10.000 hommes grâce au système de commandos. Ce chiffre, si on lui ajoute les 500.000 soldats potentiels annoncés par la commission des généraux, plus les 10.000 des troupes du commando privé de Terreblanche, le Wenkommando, et l’Iron Guard, atteint un total de 520.000 personnes prêtes à se battre pour une guerre raciale, contre le pouvoir noir en Afrique du Sud.

Les élections multiraciales sont prévues pour le mois d’avril de l’année prochaine, et un haut-officier de l’AWB a demandé en août 1993 au Wenkommando de se préparer pendant les six à neuf mois à venir à une guerre éventuelle. Nul n’a besoin d’être Einstein pour deviner que l’AWB a l’intention de mener des actions de représailles à l’encontre des Noirs lors des élections.
En effet, si l’extrême droite sud-africaine a, et à de nombreuses reprises depuis plusieurs années, menacé de déclencher une guerre pour défendre le pouvoir blanc, elle n’a encore jamais mis sa menace à exécution. Mais aujourd’hui, l’atmosphère du pays est différente et les enjeux sont plus importants. Les changements politiques, authentiques, au moment où le pays démantèle l’apartheid, signifient une période de transition difficile pour l’Afrique du Sud, alors que le pays avance vers la démocratie. Les modifications des structures de l’extrême droite, avec la formation de la commission des généraux, de l’Afrikaner Volksfront et du Volksaksiefront, marquent une nouvelle étape dans l’unité entre les fascistes. Peut-être que, pour la première fois, ce n’est pas une menace en l’air.
Une guerre civile entre Noirs et Blancs en Afrique du Sud ne connaîtrait pas, cette fois-ci, de vainqueur, mais seulement des millions de morts. Et ce serait le pire qui pourrait advenir.

Voir REFLEXes n°36. Derby-Lewis était un vice-président de Western goals, mais l’organisation est aujourd’hui dissoute et s’est reformée sous le nom de «Revolutionary Conservative Caucus»

Encart

AWB

Fondé en 1973 par Terreblanche, l’AWB est à l’origine une organisation culturelle. Compromis dans d’obscures affaires de terrorisme, accusé de possession illégale d’armes et d’explosifs, son leader est condamné en 1983 à deux ans de prison ferme. En mai 1990, l’AWB franchit un pas supplémentaire. L’apartheid étant officiellement abandonné (même si dans les faits, les changements sont minimes), l’AWB se mue d’une organisation culturelle en un parti politique ouvertement raciste, et se dote d’une véritable armée de volontaires.
Forte de 34.000 membres selon le parti (plus vraisemblablement 10.000 à 15.000), la branche armée de l’AWB se répartit en deux groupes. D’un côté les Wenkomandos (commandos de la victoire) : habillés de kaki, portant sur leur manche l’insigne de l’AWB, ils suivent en famille tous les week-ends un entraînement militaire approfondi (courses, tir…) dans des camps privés. Les Wenkomandos comprennent en leur sein plus de 2.000 femmes et de nombreux jeunes (12-16 ans), initiés au tir dès l’âge de 14 ans. De l’autre côté, l’unité d’élite de l’AWB, l’Ystergarde (Garde de Fer), qui fait figure de véritable armée de métier. Toujours masqués (par peur des représailles), ses membres sont le plus souvent issus de l’armée ou de la police : nombre d’entre eux ont participé à la guerre d’Angola.
Extrêmement entraînée, prête à une action armée et structurée, elle compte de nombreuses compagnies montées, motorisées et équipées de chiens. À défaut de se cacher, l’AWB s’exhibe. Tolérée par les autorités, elle défile chaque année à Pretoria (seule ville d’Afrique du Sud majoritairement blanche).
Tous les 16 décembre, date anniversaire de la bataille de Bloodriver (1888) qui mettait fin aux velléités zoulous, l’AWB, fleuron de la conscience boer, défile fièrement, Ystergarde en tête. Ironie du sort, le 16 décembre (1950) est également la date de création du MK, la branche armée de l’ANC. Exhibition impressionnante, qui nous plonge 50 ans en arrière ; imaginez défilant au pas de l’oie dans vos rues, une armée de 10.000 SS (hommes, femmes et enfants), la haine de l’autre sur le visage, armes au poing, protégés par un service d’ordre qui ferait pâlir d’envie le PNFE.
Face à la traîtrise du Parti national (PN) de De Klerk, qui s’abaisse à négocier avec les Noirs, Terreblanche promet à ses acolytes un retour pur et dur à l’âge d’or de l’apartheid.
Son programme politique : créer un État-nation afrikaner englobant le Transvaal, l’Orange Free State, le Nord du Natal, en deux mots les deux tiers de l’Afrique du Sud actuelle, et les terres les plus riches. Dans ce nouvel État, les Noirs et les Métis (colored) n’auraient aucun droit, mais seraient tolérés comme bonne, boy ou jardinier (tâches ingrates indignes du «peuple élu de Dieu»).
Profondément raciste, l’AWB s’attaque aussi aux english-speaking, entendez les descendants britanniques. Dans son Afrique du Sud, Terreblanche ne tolérerait pas que l’on parle une autre langue que l’afrikaner. Dès lors, les Blancs anglophones qui dans ce pays représentent une culture tout à fait à part, s’ils ne se soumettent pas, seront expulsés voire éliminés (répondant ainsi à une vieille haine latente datant de la guerre des Boers, 1877-1902).
Mis en ligne le 3 janvier 2007

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