(Article publié en octobre1993 dans le n° 40 de la revue REFLEXes)
Le terme «national-bolchevisme» renvoie à deux concepts politiques bien précis. «National» fait bien sûr référence au nationalisme, c’est-à-dire à la survalorisation des caractères nationaux, de l’indépendance nationale, de l’unité de la nation, éventuellement en intégrant des caractères raciaux, etc. «Bolchevisme» renvoie à deux niveaux différents ; le premier, entendu strictement, fait référence à la fraction majoritaire (bolchevik) du parti ouvrier social-démocrate de Russie, animée à partir de 1903 par Lénine et peu à peu organisée par lui à mesure que son influence et sa position à la tête de la fraction s’affermissait. Ainsi, selon une première lecture, le bolchevisme renvoie au léninisme, c’est-à-dire à une interprétation possible de l’oeuvre de K. Marx et aux conclusions organisationnelles que l’idéologue en tira et qu’il exposa en particulier dans Que faire ?[1] : Nécessité d’un parti structuré et discipliné représentant l’avant-garde du prolétariat et conduisant celui-ci à la révolution ! Mais plus généralement, le bolchevisme fait référence au système politique et économique mis en place à partir de la prise de pouvoir des bolcheviks en octobre 1917, grâce à l’élimination progressive du système des Conseils ouvriers qui leur étaient fondamentalement opposés[2].
A priori, ces deux termes n’ont pas grand-chose en commun, si ce n’est d’être tous les deux issus des idéologies bourgeoises du XIXe siècle. Pourtant, l’évolution politique européenne va conduire à faire du national-bolchevisme un mouvement dominant. Ainsi en Allemagne, le national-bolchevisme désigne le mouvement animé par les frères Strasser, et qui représente l’aile gauche du NSDAP. Gregor Strasser, pharmacien de formation, adhère dès l’après-guerre au DAP puis NSDAP. Ses premières années de militant vont profondément ancrer en lui les thèmes qu’il développera par la suite : inégalité sociale, misère extrême de l’après-guerre, humiliation de l’Allemagne, fièvre révolutionnaire… À proprement parler, G. Strasser n’a rien de «bolchevik», n’étant pas foncièrement politiquement révolutionnaire. Il est élu député en mai 1924 sur la liste Völkisch qui unit les nazis aux mouvements racistes d’Allemagne du nord et par la suite, il accordera le maximum d’importance à ce travail parlementaire, devenant leader du groupe nazi au Reischtag et ce, jusqu’à sa démission du NSDAP. Cette appellation de «bolchevik» lui provient de sa préoccupation profonde pour les questions sociales. Foncièrement hostile à la bourgeoisie, juive ou pas, l’une de ses obsessions fut le soutien aux propositions du PS et du PC de confisquer les biens des anciennes familles régnantes déposées en 1919. Cela se traduisit lors de sa tentative de «putsch» au sein du parti en novembre 1925, lorsqu’il fait adopter un nouveau programme du parti prévoyant la nationalisation de la grosse industrie et des grandes propriétés et la création d’une chambre des corporations pour remplacer le Reichstag. Désavoué par Hitler, il tenta d’obtenir des applications concrètes de ce programme par la voie parlementaire avec le chancelier Schleicher. Ainsi en un certain sens, Strasser est plus bourgeois qu’Hitler. Mais sa fascination pour le PC (à l’instar de Goebbels, secrétaire pendant quelques mois de G. Strasser) est évidente, notamment pour la capacité de celui-ci à se faire obéir des masses. Ainsi pour Otto Rühle, «le bolchevisme a directement travaillé pour le fascisme. Dicter, corriger, contrôler chaque pas des masses, prévenir et saboter toute velléité d’indépendance [...]. La victoire du fascisme n’a pu être si facile que parce que des dirigeants des partis et les syndicats ouvriers avaient tellement dressé, émasculé et corrompu le matériel humain qu’il est devenu la proie constante de l’assujettissement, auquel il avait été éduqué pendant des décennies.»
D’autre part, cet intérêt de Strasser pour le PC et l’URSS provient de l’attitude du PC qui, à cette époque, soutient à fond la notion «d’Allemagne, nation opprimée» et a une ligne politique authentiquement nationale-bolchevique (voir ci-après). C’est ainsi que l’un des chevaux de bataille de Strasser fut la création d’une «Ligue des nations opprimées», sorte de protonationalisme européen et ce, avec l’alliance de l’URSS. Néanmoins, G. Strasser n’en a jamais pour autant renié le nationalisme racial du NSDAP, simplement il n’en faisait pas le pivot de sa réflexion.
Otto Strasser aura des positions sans doute encore plus socialisantes, très marqué qu’il était par le programme fasciste de 1919. Ainsi, il apporta son soutien total à la grande grève des métallurgistes saxons organisée par les syndicats et la gauche. Exclu par Hitler, il tenta de fonder une organisation strictement nationale-bolchevique en 1930 : l’Union des socialistes nationaux-révolutionnaires ou Front noir. Mais il est clair que ce créneau était déjà occupé par le KPD.
Car, si l’on veut bien essayer de dépasser cette étiquette purement historique, on aboutit à une notion moins restrictive que cela. Ainsi, le stalinisme peut être clairement assimilé à un national-bolchevisme. Cela n’est pas étonnant en soi. En principe, le marxisme fournit une théorie complète du fait national[3] et de son dépassement, théorie que l’on peut résumer ainsi : le capitalisme, qui a brisé les privilèges et particularismes locaux, a unifié la nation pour que s’y établisse, selon ses lois, la division du travail et pour que s’y échangent librement les produits. La croissance des forces productives conduit à supprimer les barrières nationales mais le capitalisme s’avère peu capable de mettre en place une véritable division internationale du travail. Ainsi, alors que le monde connaît une internationalisation croissante des processus économiques, il ne peut pas dépasser le cadre de la nation, lieu de l’organisation sociale. La seule force capable de briser la nation est donc le prolétariat car, c’est bien connu, les «prolétaires n’ont pas de patrie». Pour défendre ses intérêts, le prolétariat doit s’organiser à l’échelon national en Partis communistes, eux-mêmes structurés en Internationale. Or, Lénine a essayé de résoudre le problème de base de tout cela : la classe ouvrière n’est pas spontanément politique. La solution pour lui résidait dans le Parti, mais le sentiment national pouvait être un outil tout aussi performant. Ainsi, la question nationale n’est pas, contrairement aux apparences, une difficulté du marxisme (donc du léninisme) ou un adversaire qu’il devrait affronter, mais une force toujours mobilisable parce qu’il s’est primitivement alimenté en elle. Ainsi, dès 1921, le congrès de Bakou organisé par la IIIème Internationale s’adressait aux peuples colonisés et rassemblait toutes les bourgeoisies nationales chargées de transmettre la bonne parole révolutionnaire. De fait, Staline n’eut aucun mal à cultiver le sentiment national russe pour son plus grand bénéfice, ce qui vint naturellement se combiner avec le bolchevisme qui, selon P. Mattick[4], est «une dictature, une doctrine nationaliste, un système autoritaire avec une structure sociale capitaliste.» La «Grande Guerre patriotique» représente un summum de cette organisation.
De fait, les relations avec le régime national-socialiste n’ont jamais été franchement mauvaises. Du côté russe, Staline considérait Hitler comme un vrai dictateur. Comme le dit W.G. Krivitsky[5] : «Avant la conclusion du pacte germano-russe, l’idée prévalait que Hitler et Staline étaient des ennemis mortels : ce n’était qu’un mythe.» En fait, le régime stalinien avait très tôt aidé l’Allemagne : protestations contre le traité de Versailles qui se traduisirent par le traité de Rapallo, soutien à l’Allemagne en tant que «pays opprimé», thème développé au sein du Parti communiste allemand de la «guerre de libération nationale» par Laufenberg et Wolffheim (nationaux-bolcheviques types !), collaboration prônée avec les ligues nationalistes, travail commun entre la Reichswehr et l’Armée rouge, etc.
Dans tous les cas, Staline voyait dans cette collaboration une bonne chose pour la Russie donc pour son pouvoir. En janvier 1934, parlant devant le XVIIe congrès du PC, il déclara : «Certes, nous sommes loin d’être enthousiasmés par le régime fasciste allemand [Staline était bien trop chauvin pour cela] mais le fascisme n’est pas ici en cause pour la bonne raison qu’en Italie, par exemple, le fascisme n’a pas empêché l’Union soviétique d’établir les meilleures relations avec ce pays.» En outre, la Nuit des longs couteaux et l’élimination des éléments révolutionnaires du NSDAP fut pour beaucoup dans «l’estime» que Staline portait à Hitler.
Pour avoir le point de vue national-socialiste, il nous suffit de relire H. Rauschning[6] pour en avoir une idée : «Certains des chefs du parti, comme Goebbels, avaient reconnu dès les premières années de la lutte pour le pouvoir, une étroite parenté entre le national-socialisme et le bolchevisme ; ils en avaient fait état en s’en félicitant, dans des déclarations publiques ; ils avaient plus tard maintenu leur opinion et l’avaient plus ou moins discrètement propagée… (En effet, un philostalinisme trop poussé pouvait faire passer celui qui l’éprouvait pour un partisan des frères Strasser donc pour un adversaire de Hitler, tel Koch, Gauleiter de Koenigsberg.) Hitler, lui, restait sceptique, mais ses raisons n’étaient pas d’ordre idéologiques : c’étaient des considérations d’ordre pratique». Hitler, lors d’un entretien, déclara d’ailleurs à Rauschning : «Il existe entre nous et les bolchevistes plus de points communs que de divergences et tout d’abord le véritable esprit révolutionnaire. C’est pourquoi j’ai donné l’ordre d’accepter immédiatement dans le Parti tous les ex-communistes. Les petits bourgeois sociaux-démocrates ne pourront jamais devenir de véritables nationaux-socialistes ; les communistes toujours !» Cette reconnaissance se traduisit par l’élimination dans les listes Otto[7] (c’est-à-dire les listes publiées en 1940 et 1942 des ouvrages interdits en France) des auteurs libertaires, ultra-gauches ou trotskystes opposés au stalinisme et foncièrement révolutionnaires : Koestler, Kaminsky[8], Krivitsky, Victor Serge, Panaït Istrati[9], L.Trotsky, A.Ciliga[10], etc.
Au contraire, l’ouvrage de Lénine Le gauchisme, maladie infantile du communisme, écrit contre les gauches allemandes et hollandaises, continua d’être autorisé bien après la prise de pouvoir de 1933. Finalement, le principal obstacle à une entente entre les deux régimes était l’obsession raciale d’Hitler. A fortiori, la principale différence qui fonde la spécificité du national-socialisme allemand par rapport au national-bolchevisme russe est bien sûr l’antisémitisme[11]. Celui pratiqué par Staline n’était en effet qu’une reprise de l’antisémitisme traditionnel russe, utilisé par le pouvoir pour faire oublier les difficultés quotidiennes à la population (malgré ce qu’affirme B.Souvarine[12]. Selon lui, «le national-bolchévisme stalinien en arrive à s’apparenter avec le national-socialisme hitlérien et découvrira même un «problème juif» exigeant aussi une «solution définitive».») Le procès d’après-guerre du complot des «blouses blanches» en est un exemple.
Dans ce schéma, qu’en est-il des différents partis «communistes» occidentaux ? Il est certain qu’ils ne peuvent être qualifiés de nationaux-bolcheviks. Cependant, on peut dégager certains faits. Tout d’abord, les partis communistes se sont en général constitués lors des contre coups de la révolution d’octobre[13]. Leur période d’autonomie ne dépassa pas deux ou trois ans et ils furent rapidement «bolchevisés» (1923-1924 en France), c’est-à-dire qu’ils subirent un processus d’assujettissement aux objectifs russes. De fait, l’internationalisme à la sauce stalinienne sera compris comme une défense forcenée de la «patrie du socialisme». Cependant, pour les militants communistes, l’internationalisme restait une valeur fondamentale, ce qui a largement permis de limiter le courant nationaliste de ces partis. Par contre, cette défense de l’URSS les a conduit à des alliances qui étaient tout aussi abjectes que celles pratiquées par le national-bolchevisme russe. Ainsi en Italie, à partir de juin 1936, on peut lire certaines phrases dans la revue du PCI L’État ouvrier qui ont dû en faire sursauter plus d’un à l’époque : «La réconciliation du peuple italien est la condition pour sauver notre pays de la catastrophe», «nous tendons la main aux fascistes, nos frères de travail et de souffrances parce que nous voulons combattre ensemble pour la bonne et sainte bataille du pain, du travail et de la paix», «il n’est pas vrai que chaque fasciste soit un réactionnaire, un ennemi du peuple». Cette ligne politique culmine avec un texte signé par Togliatti[14] : «Pour le salut de l’Italie, réconciliation du peuple italien !». Le dirigeant du PCI, assassin de nombreux militants révolutionnaires en Espagne, tente d’y démontrer le patriotisme communiste et la nécessité de s’entendre avec le fascisme : «L’indépendance nationale, ce grand idéal que nous ont transmis nos Ancêtres, les grands révolutionnaires qui ont bâti l’unité nationale de notre pays, nous en sommes fiers… Peuple italien ! Fascistes de la vieille garde ! Jeunes fascistes ! Les communistes adoptent le programme fasciste de 1919 !». Cette référence au programme de 1919 était bien sûr ridicule car cela faisait longtemps qu’il était tombé aux oubliettes… Avec ce texte, et au nom de la politique zigzagante de Staline, les analyses de Gramsci étaient joyeusement jetées aux orties.
Mais le PCI ne fut pas le seul à pratiquer ce type d’appel. En avril 1936, Thorez lançait une supplique dans le même goût : «Nous te tendons la main, volontaire national, ancien combattant devenu croix de feu parce que tu veux, comme nous, éviter que le pays ne glisse vers la ruine et la catastrophe». En juin 1956, le PC espagnol fit la même chose, saluant ainsi un régime qu’il avait largement contribué à installer.
Dans ces trois cas, la fibre nationaliste fut largement utilisée, ainsi que le thème de l’union antisystème. La passion du PCF pour les jacobins (depuis les années 1940, la chaire d’Histoire de la Révolution française à la Sorbonne a toujours été occupée par un communiste) ne s’est jamais démentie et est tout à fait symptomatique.
Mais le temps passe et efface bien des choses… Depuis la mort de Staline, et à plus forte raison depuis 1989, depuis que le mythe de l’URSS prolétarienne s’est effondré, nombreux sont ceux parmi les nationalistes à voir dans le stalinisme une application concrète de leurs idéaux et ce, à des degrés divers. Les plus clairs sur ce point sont les groupes nationalistes révolutionnaires ou néo-nazis. Ainsi les Italiens de la revue Orion[15] : «Le 5 mars 1953 mourrait J. Staline. Des dizaines de millions de travailleurs de tous les pays apprirent la nouvelle avec douleur [...]. Quarante années après, Staline nous évoque la figure limpide de la révolution intégrale du XXe siècle, véritablement anticapitaliste, fièrement hostile aux pseudo valeurs individualistes, libérales et occidentales [...], luttant pour la construction d’une société fondée sur des valeurs éthiques : le sacrifice à la patrie et à l’intérêt communautaire [tout à fait ce que pensait la nomenklatura, n'est-ce pas ?], le respect de la famille, la discipline, l’ordre, le sérieux dans le choix de la vie [...]. Il nous plaît de nous souvenir du dernier Staline, chaque jour plus antisioniste.» (La revue Orion se garde bien de dire antisémite. Comme d’habitude, antisioniste est le nom de code pour cela.)
Même son de cloche chez Marc Fredricksen, ex-dirigeant de la FANE et membre des FNE[16] : «Le communisme, c’est d’abord une erreur économique. Mais j’ai pour les communistes d’URSS une grande admiration. Ils ont le sens de l’élite. Le parti est censé représenter l’élite de la nation. La sélection correspond à la noblesse de l’Ancien Régime. Et aux SS d’hier [...]. Je crois que le mieux, à l’heure actuelle, c’est encore le communisme tel qu’il est pratiqué en URSS, parce que les dirigeants soviétiques sont des nationalistes qui refusent le mélange des races et limitent l’influence des Juifs». L-I-M-P-I-D-E ! Même un groupe comme le GUD admet un certain nombre de choses[17] : «Nous pouvons constater que le communisme a prôné le patriotisme, le dénuement, un comportement social rigoureux, le respect d’une certaine hiérarchie. Il était abject dans l’opposition mais acceptable au pouvoir.» Cependant, conscient que cette reconnaissance va faire hurler dans les chaumières nationalistes traditionnelles, l’auteur de l’article précise toutefois que le «bilan est globalement négatif» entre autres, selon lui, à cause du «culte des masses» ! Il est vrai qu’à Assas, l’élitisme et l’aristocratie sont les valeurs les mieux partagées, entre gens de bonne compagnie, bien entendu…
Le dernier à être fasciné par le stalinisme et à y voir la réalisation de la plupart de ses obsessions est Jean Thiriart. Ancien SS, héraut de la Grande Europe de Dublin à Vladivostock, il est sans doute celui qui manifeste la plus grande cohérence idéologique par rapport à tout ceci. Cela lui permet de «cartonner» ses petits camarades qui, tout en bavant devant l’URSS, n’en comprennent pas le sens profond[18] : «Il faut maudire les imbéciles, les primaires de l’extrême droite qui ont accouché de la théorie de l’Europe aux cent bannières.» (Et toc pour tout le monde, y compris Nouvelle résistance et son «Europe aux cent drapeaux»). Des racistes honteux, des racistes hypocrites ont inventé «l’ethno-différencialisme» (sic !), les «identités ethno-culturelles» (resic !). Cela a conduit sur le terrain aux boucheries en Moldavie, Yougoslavie…» (Et toc pour la Nouvelle droite et ceux qui s’en inspirent !). Aujourd’hui, les petits pédants de la «nouvelle droite» (sic !) cultivent le «bon Croate» ou le «bon Slovaque». Ces galopins parisiens de la Rive gauche, incontinents de l’encrier, nous avaient submergé d’ennui avec leur brocante néo-paganiste, avec Dionysos, avec leurs histoires incroyables de par-delà Thulé. La brocante s’est élargie, le marché aux puces intellectuel cherche à s’agrandir.» À tout cela, Thiriart oppose «l’Imperium», la «République unitaire laïque» et autres conceptions autoritaires du même tonneau. Seuls reproches à l’URSS : que Staline ait conservé des «oripeaux marxistes», qu’il ait maintenu l’illusion des républiques «soviétiques», et que le KGB ait été noyauté par les Juifs, euh pardon… les «sionistes». No comment.
À l’issue de cette (très) succincte étude, il apparaît que le national-bolchevisme a existé et qu’il existe encore (voir l’article précédent). Est-ce vraiment surprenant ? Ainsi, nous ne pouvons que faire nôtres les lignes qui suivent[19] : «Nazisme et stalinisme sont proches parents, fers de lance de la contre-révolution [...]. N’allez cependant pas conclure hâtivement qu’en plaçant sur un même plan «fascisme rouge et fascisme brun», nous cédions au réflexe libéral. Bien au contraire, nous désignons ainsi ce qui, dans chaque programme révolutionnaire (et le fascisme l’était), atteste que déjà le capital le gangrène.» Coller bruyamment l’étiquette fasciste sur l’État a le même effet que dénoncer les partis à la tête de l’État. Dans les deux cas, on escamote la critique de l’État derrière la dénonciation de ceux qui le dirigent. Le gauchisme croit faire preuve d’extrémisme en criant au fascisme, alors qu’il évite ainsi la critique de l’État et propose une autre forme d’État (démocratique ou populaire) à la place de la forme existante.» (Revue bordiguiste BILAN[20])
À lire :
Le national-bolchevisme, Louis Dupeux, les Éditions d’histoire de Strasbourg.
Fascisme brun, fascisme rouge, Otto Rühle, Éditions Spartacus.
Mis en ligne le 3 janvier 2007
- Que faire ?, Lénine, Éditions sociales.[↩]
- Les soviets trahis par les bolcheviks, R. Rocker, Éd. Spartacus.[↩]
- NOIR & ROUGE n°13.[↩]
- Otto Rühle et la gauche allemande, P.Mattick, Éd. Spartacus.[↩]
- J’étais un agent de Staline, W.G Krivistky, Éd. Champ libre.[↩]
- Hitler m’a dit, H. Rauschning, Cahiers du futur, Éd. Champ libre.[↩]
- «Les listes Otto» in La dictature,Cahiers du futur n°2, Éd. Champ libre.[↩]
- Ceux de Barcelone, Céline en chemise brune, H.E Kaminsky, Éd. Champ libre.[↩]
- Le retour de la flamme, Panaït Istrati.[↩]
- Dix ans au pays du grand mensonge déconcertant, A.Ciliga, Éd. Champ libre.[↩]
- «Logique de l’antisémitisme», Moishe Postone, Temps critiques n°2.[↩]
- Le stalinisme, B. Souvarine, Éd. Spartacus.[↩]
- NOIR & ROUGE n°29 «Les libertaires français face à la révolution bolchevik : autour de R. Péricat et du Parti communiste».[↩]
- Appel aux fascistes, P. Togliatti, Éd. Nautilus.[↩]
- Repris dans Lutte du Peuple, mensuel de Nouvelle résistance, juin 1993.[↩]
- L’Évènement du Jeudi du 4 juin 1987.[↩]
- Rebelles, bimestriel du GUD, décembre 1989.[↩]
- Nationalisme & République n°9.[↩]
- Cahiers du futur n°2[↩]
- Bilan, «Contre-révolution en Espagne, 1936-1939», Éd. 10-18[↩]
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