REFLEXes

Et vinrent les guerriers…

7 octobre 2005 Les nostalgiques, Les radicaux

Règle du jeu : l’extrait qui suit est tiré d’une petite brochure écrite par Eddy Marsan, Perceval 2003, publiée en novembre 2003 et distribuée dans une petite librairie parisienne. L’auteur y propose une petite promenade dans le microcosme nationaliste mytho, à travers un récit d’inspiration médiévale. A vous de reconnaître qui est qui dans ce texte à clé… Mais rassurez-vous, REFLEXes vous donne la solution à la fin !

«Le jour était maintenant largement levé. Il était temps pour Perceval de se diriger vers son destin, pensa-t-il, en riant à grands éclats. Des camarades de combat, perdus de vue depuis longtemps, lui avaient fait signe la veille pour lui donner rendez-vous ce matin même. L’air mystérieux des compères avait de prime abord fort surpris Perceval. Celui-ci a une assez nette prédilection pour la netteté, la clarté et ne goûte guère les atmosphères où l’étrange prédomine.
Mais, très vite, on lui avait expliqué que des événements graves se préparaient et que des hommes, dans l’ombre aujourd’hui, mais en pleine lumière très bientôt, allaient agir. Les qualités de Perceval n’avaient pas laissé indifférents les membres de la ténébreuse congrégation et il convenait pour le bien de tous et l’avenir de l’Europe, qu’il se joigne à la troupe sauvage et déterminée. [...] Il se rendit donc au rendez-vous.

Si on lui avait fixé le lieu, un petit bar de quartier, et précisé que la rencontre se ferait au lever du jour, il ne fût pas surpris de ne voir arriver les trois camarades qu’aux alentours de 10h30. Chez ces gens-là, ces hommes d’action résolus, entraînés à tous les combats, on se couche généralement tôt pour se lever assez tard. La récupération est une phase essentielle de la vie de héros. Cela est bien connu de tous les spécialistes en la matière.

Ils parlèrent de choses et d’autres car, chez ces gens-là, on ne se presse jamais pour aller au but. Perceval, un peu lassé par les banalités sur le temps et les considérations sur les dures contingences de ce monde dédié au veau d’or, essaya de parier de choses un peu plus concrètes.

Fléchir sans Agir

Enfin mis en confiance, les intraitables militants de la cause nationale en vinrent au but de l’entrevue. Ils expliquèrent à Perceval que l’action électoraliste ne ménerait jamais à rien. Eux, bien sûr, n’avaient pas abandonné le combat et avaient trouvé place dans une structure qui commençait déjà, au détour d’une veillée, à poser la question des moyens à employer pour prendre le pouvoir.

Là, c’était sûr, ça ne devait pas rigoler. Ils étaient déjà plusieurs dans le clan, au sein duquel on ne pouvait entrer que par cooptation. Cela marchait déjà si fort, quoique ce soit totalement secret, qu’ils étaient même sur le point de rencontrer un rédacteur de Fléchir sans Agir, revue bien connue pour la praxis conquérante et offensive qu’elle diffuse hardiment. Perceval était convié à la prochaine réunion secrète qui se tiendrait trois jours plus tard, à la tombée de la nuit dans la grande forêt voisine. Un plan lui fut remis car il était entendu qu’il s’y rendrait seul.

Cela devait correspondre à un premier rite d’initiation. Le jour dit, afin de profiter au mieux de cette sortie, Perceval se rendit dans la forêt dès la fin de matinée. En lieu et place d’une frondaison sauvage réservée à l’élite aventureuse, il trouva des bois clairs, aménagés pour la promenade et le parcours santé des citadins.

Profession Présideur

Mais les promenades hasardeuses, sur le mode de l’errance, réservent souvent des surprises.

Ainsi, après quelques minutes de marche à peine, tomba-t-il sur un petit groupe d’enfants au comportement singulier. L’un d’entre eux donnait des ordres sur un mode sévère et les autres faisaient mine d’obtempérer en se mettant au garde à vous ou en faisant deux ou trois tractions. Le manège attirait toute l’attention de Perceval jusqu’à ce que le donneur d’ordres ne vint à sa rencontre pour lui demander s’il était un espion. Perceval répondit par la négative tout en faisant part de son désir de savoir ce qui se passait là. Le petit garçon, tout fier de l’attention portée, répondit alors qu’il s’entraînait parce qu’il avait décidé, lorsqu’il serait adulte, de devenir Présideur. En quoi cette profession consiste-t-elle, demanda Perceval ?

« On est Présideur parce qu’on est le meilleur et qu’un jour on sera le chef de toute la France, comme Saint Louis. Le plus dur, c’est d’écrire tout un livre de 30 ou 40 pages où l’on donne les mesures exactes de son logo, de ses bannières et autres oriflammes.
Il faut aussi choisir un uniforme pour ses soldats.
Il faut trouver le texte d’un chant. Pour l’air, on peut reprendre quelque chose de déjà connu.
Après, il faut que les soldats donnent de l’argent tous les mois pour que leur Présideur n’ait pas besoin de travailler. En échange, on leur met des timbres aux jolies couleurs sur leur carte de membre. Quand tout marche bien, on est logé au dessus du local du groupe et on peut y descendre en pantoufles pour
expliquer comment on présidera bientôt aux destinées de la France éternelle ». (énigme n°1)

Une croix plus haute

Perceval trouvait cette profession très entrichissante et fort utile mais, alors qu’il essayait de se rappeler, parmi ses connaissances, qui l’ex erçait déjà, il entendit dans le lointain, de puissantes vociférations. Un homme, agrippé en haut d’une croix gigantesque, hurlait en leur direction alors celle-là penchait dangereusement et semblait s’enfoncer dans le sol :
« Gnostiques, païens, satanistes, ésotéristes, franc-maçons, sionistes, tarlouzes, drogués, je vous détruirai tous! »
Ce curieux personnage se faisait appeler saint Plon-Plon. Médecin, il ne s’était guère fait de clientèle. Alors, il avait défriché une petite parcelle de terre sur les berges d’un étang à moustiques. Tous les dimanches, il dressait cette croix immense qui, immanquablement, s’enfonçait dans le sol marécageux, entraînant le saint homme dans la fange malodorante. Il voyait là le résultat d’un complot de la Terre entière et du Diable, puisqu’aussi bien lui seul détenait encore le message divin. (énigme n°2)

Une petite boutique

Continuant son paisible cheminement le long de la rivière, Perceval tomba, entre une baraque à frites et une joyeuse guinguette, sur une petite boutique multiservices. « Chez Tonton Christian », on vendait non seulement de la barbe à papa, mais aussi des autocollants, des livres de la collection « Ba Be Bi Bo Bu », des fascicules nationaux-bolcheviks, des tee-shirts de Che Guevarra ou de la Légion Etrangère, quelques babioles de l’ancien empire soviétique, de nombreuses revues satanistes et autres grimoires. Il y avait même un petit corner « sex shop identitaire ».

L’aimable commerçant tenant la gentille boutique se définissait comme le grand maître de la radicalité et de l’ésotérisme. Bientôt, expliqua-t-il à Perceval, il précipiterait moulte guéridons nationaux-bolcheviks à l’assaut du pouvoir. Sympathisant avec le promeneur, le sympathique Christian l’autorisa à l’appeler Le Prince des Ténèbres.

Les rencontres se suivaient mais ne gagnaient pas nécessairement en qualité. Finalement, la ville apparaissait moins polluée que cette charmante forêt. (énigme n°3)

Le prophète de l’Apocalypse

Maintenant, plus rien ne pouvait l’étonner. Il aurait même été surpris de voir surgir quelque personne à peu près « normale », entendez évoluant sur la terre ferme. Effectivement, il n’avait pas encore ni tout vu, ni tout entendu. S’approchant d’une douce colline, il tomba nez à nez avec un nouveau personnage, certainement tout aussi sain que les précédents.

Celui-ci regardait Perceval avec insistance et une marque d’inquiétude. L’hirsute surgi de nulle part se présenta comme le dissident d’une communauté apocalyptique qui campait un peu plus haut. Il entendait bien fonder son propre groupe, plus pur et décidé à attendre encore plus longtemps que tous les autres. Son projet était simple : il proposait aux âmes pures de se retirer du monde pendant au moins un siècle, à toutes fins de se préparer aux durs combats qui s’annonçaient.

Cette démarche dynamique était en effet de nature à séduire bien des connaissances de Perceval, décidées à ne point se précipiter trop tôt dans l’action. L’homme avait lu dans les runes et savait que le ciel s’entrouvrirait dans à peine un siècle. Il s’agissait donc d’être patient. (énigme n°4)

Un jardin en friche

Perceval était amusé mais il en eut vite assez. Reparti dans la forêt des extravagances, il s’approcha d’une clairière, en prenant bien soin de ne pas se montrer. Toutes les intéressantes discussions qu’il venait d’avoir avaient provoqué en lui quelques maux de tête et il convenait qu’il se tînt un temps à l’écart des hurluberlus du bois joli.

Devenu spectateur discret, il observa, derrière une clôture pas très droite le manège de gens qu’il reconnu très vite. Il s’agissait là de l’équipe au complet de la revue Fléchir sans Agir. La fine fleur de l’intelligentsia identitaire mettait en application dans ce campement les principes dévoilés dans LA revue.

Prônant un retour à la nature sans concession, pour pratiquer une agriculture digne du paléolithique, il s’étaient emparés d’un lopin de terre à l’abandon.

Refusant la mécanisation de l’agriculture, ils ne toléraient aucun engin à moteur sur cet espace naturel qu’ils n’avaient d’ailleurs point trop défriché.

Mais ce n’était, probablement pas le courage qui leur avait manqué. Ils avaient estimé que de vrais guerriers ne devaient subsister que grâce au produit de leur chasse.

En effet, tous étaient richement pourvus en arcs et en flèches, en dagues, en haches et autres masses d’armes. Mais, pour tout gibier, Perceval ne les vit prendre pour pour cible que des boites de cassoulet et de lentilles aux saucisses qu’ils s’acharnèrent, un peu énervés par la résistance du gibier, à ouvrir à grands coups de francisque, car aucun n’avait pensé à emmener d’ouvre-boîte.

L’opération survie de la surhumanité blanche en marche valait le coup d’œil. Perceval en fut retourné. (énigme n°5)

La communauté du Glacier

Il pensa qu’en continuant à gravir la haute colline, elle devait s’élever à près de 80 mètres au-dessus du niveau de la mer, il ne croiserait plus grand monde. À ces altitudes, les héros éprouvent en général un incommodant vertige.

Enfin seul, il observait le manège d’écureuils ramassant des glands tombés à terre, lorqu’une troupe d’hommes revêtus d’armures rutilantes déboula sauvagement pour se ruer sur les bestioles et les menacer de leurs glaives étincelants :

« Quelle chance tu as eu que nous nous trouvions là, camarade. Notre entreprise courageuse t’aura préservé des crocs acérés des bêtes sauvages ! Bienvenue parmi la Communauté du Glacier, frère Européen ».

Perceval en avait beaucoup vu déjà mais cette fois-ci il faillit vraiment tomber par terre. Il réfléchit et se dit que, pourtant, nous étions bien loin de la période du carnaval.

Les intrépides guerriers portaient sur leurs casques de chantier une marque singulière. Il lui sembla reconnaître là une araignée stylisée. On lui précisa qu’il n’en était rien et que cette marque était celle du Poulpe. Mais, seuls les initiés, les membres de la confrérie guerrière avaient l’honneur d’en connaître la signification.
On amena Perceval jusqu’au campement. C’était un privilège insigne. On lui montra la table ronde carrelée autour de laquelle des hommes purs dessinaient d’ores et déjà l’avenir de notre race.
Perceval dit que la table avait déjà dû beaucoup servir car, par endroits, la mosaïque manquait. On lui rétorqua qu’elle venait d’être carrelée par la Salamandre. C’était le nom totemnique du bras gauche du chef messianique. Bien qu’artisan dans le bâtiment, depuis à peine 30 ans, le bras gauche n’était pas encore au fait du dosage adéquat pour la confection du ciment, mais il était de bonne volonté. Ses hôtes offrirent à Perceval, dans un ciboire en étain, un de ces vins biologiques qui vous font regretter, la canette de Kronenbourg.
Il apprécia cependant le geste. Il ne s’ennuyait pas mais s’excusa auprès de ses nouveaux amis. Un rendez-vous très urgent, auprès d’une autre héroïque compagnie, ne lui permettait malheureusement pas de prolonger sa visite au campement de ces hommes d’acier et de glace. Il le regretta bien. (énigme n°6)

Redescendant à grandes enjambées la colline, il prit en main le plan que lui avaient remis les camarades de la société secrète avant, finalement, de le replier et de l’enfoncer bien au fond de sa poche.

Il n’avait plus grande envie d’honorer son rendez-vous. Il en avait certes vu et entendu assez pour ce jour. Il n’avait plus alors qu’une hâte : rallier au plus
vite la grand ville et essayer d’y rencontrer des femmes et des hommes de ce monde.»

Solution :
- énigme n°1 : tout le monde aura reconnu le groupuscule de l’OEuvre Française et son présideur à vie Pierre Sidos, qui habite au-dessus du local du groupe rue Caillaux dans le XIIIe arrdt de Paris.
- énigme n°2 : le personnage décrit n’est autre que Philippe Ploncard d’Assac qui traque les infiltrations maçonniques, sataniques et gnostiques dans le nationalisme français et a pour principale caractéristique de vouer aux gémonies certaines figures de ce milieu, tel Serge de Beketch, Alain de Benoist ou d’autres.
- énigme n°3 : trop facile ! C’est évidemment de Christian Bouchet qu’il s’agit et de ses tendances ésotérico-nationalo-bolchéviques. Quant à la collection BA-BE-BI etc, il s’agit de la collection B.A.-BA de Pardès.
- énigme n°4 : plus difficile… Après quelques hésitations, REFLEXes suppose qu’il s’agit de Christophe Picard alias Henri de Fersan qui prône depuis des années la constitution de communautés rurales blanches pouvant servir de bases de reconquête de l’Europe contre « l’invasion allogène ».
- énigme n°5 : facile ! Là aussi, ce n’est pas du jeu ! Qui n’a pas reconnu Réfléchir & Agir, fameuse revue animée par Eric Fornal et Laurent Le Digabel depuis Toulouse et dont tout lecteur de REFLEXes connaît l’histoire ?
- énigme n°6 : plus dur ! Il fallait reconnaître la bannière Grand Sud de Terre & Peuple, animée par le carreleur José Perruga, ancien du FN et du MNR. Le poulpe est un des symboles du Languedoc. Il fallait y penser !

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