Texte initialement publié en 2004 dans le livre Rock Haine Roll
La mouvance du RIF est à la fois numériquement nombreuse et réduite. Nombreuse puisque l’on a compté jusqu’à plus d’une dizaine de groupes musicaux en activité et quatre ou cinq labels assurant la promotion de ce courant. Mais le fait que certains groupes ne soient que des boutures de groupes déjà existants et que les animateurs des labels soient par ailleurs bien souvent eux-mêmes musiciens ramène finalement le nombre d’acteurs réels de ce courant à une vingtaine d’individus, ce qui est somme toute assez peu et tend d’ailleurs encore à diminuer.
Vae Victis
Comme on l’a vu précédemment, Vae Victis est le groupe que l’on peut qualifier de pionnier du RIF. Si le premier line-up est donc structuré autour de Thibaud Lamy (batterie), Jean-Christophe Bru (guitare et chant) et sa femme Cathie Mollius (basse) ainsi que François Montagne comme deuxième guitariste, la formation est remaniée dès 1996 avec le remplacement du couple Bru par deux autres musiciens dont Fabrice Lauffenburger (guitare). Ce dernier n’arrive pas par hasard puisqu’il est un proche de Jean-Chritophe avec qui il a participé au skinzine One law for them ainsi qu’au groupe Ultime Assaut. Sa maîtrise d’instruments traditionnels multiples s’avère décisive pour le groupe. Le line-up a encore changé par la suite, et le groupe a définitivement arrêté ses tribulations en 2002.
La perspective du groupe était simple[1] : « Le but était de mettre notre passion musicale au service de notre engagement politique. Le rock, phénomène culturel jeune et populaire par excellence, est un très bon moyen de toucher la jeunesse française abrutie et endormie par les bobards de l’éducation “ nationale ” et des médias. Peu de personnes de nos idées ont réellement saisi l’importance du combat culturel qui, contrairement aux gesticulations électoralistes ou groupusculaires, s’inscrit sur un long terme. Les débats sur le sexe des anges et les querelles de chapelles, ce n’est pas notre truc. C’est même presque criminel à l’heure de la colonisation de l’Europe. Il faut absolument bouger là où on ne nous attend pas : la musique, la BD, internet, le théâtre… En bref, faire de l’agit-prop. » Vae Victis est également sans doute le groupe de RIF à avoir le plus clairement affiché son « admiration » pour le rock alternatif des années 1980 tout en en contestant les choix politiques, cela va sans dire : « Nous avons toujours été fascinés par les groupes de rock alternatif des années 1980 et par leur mode de fonctionnement. Même si le message qu’ils divulguaient n’était pas le nôtre, nous avons toujours considéré leur démarche comme sincère et véritable (du moins au début, avant qu’ils ne passent sur NRJ). Aujourd’hui ils ont tous été récupérés et sont largement diffusés par le système quoi qu’ils en disent. Les seuls alternatifs sont aujourd’hui les groupes de RIF »[2]. Ce point de vue est tout entier contenu dans cet extrait d’une interview de décembre 1997[3] : « Face au désert musical actuel, nous avons voulu créer un nouveau style qui regroupe des musiciens qui pourraient s’identifier aux Béruriers Noirs des années 1980. »
Ces références ne sont qu’à moitié surprenantes, dans la mesure où les premiers membres de Vae Victis avaient une formation plus nationaliste-révolutionnaire que simplement nationaliste. Ainsi, avant de s’engager dans la LIED[4] à la fin des années 1980 et au début des années 1990, Thibaud Lamy a été un militant actif de Troisième Voie en Normandie. Cela n’empêche pas le groupe d’être l’un des rares, avec Insurrection, à afficher clairement son catholicisme, alors que ses premiers membres, lorsqu’ils étaient dans la scène skinhead avec Ultime Assaut, avaient des textes plutôt tournés vers le paganisme. Cette orientation catholique a sans doute fait beaucoup pour permettre la timide reconnaissance du RIF par les milieux nationalistes plus âgés.
Ile-de-France
Comme nous l’avons vu précédemment, Ile-de-France est une « scission » de Vae Victis qui a longtemps fonctionné en duo avec Jean-Christophe Bru et Cathie, sa femme. Le troisième membre du groupe était une boîte à rythmes. Ils ont néanmoins été rejoints ensuite par Thibault Lamy, l’ancien batteur de Vae Victis. Cette structure relativement restreinte a sans doute permis au groupe de garder une certaine neutralité dans les querelles internes du RIF.
Ile-de-France est le groupe qui a toujours affiché le plus clairement sa volonté de sortir de la mouvance nationaliste pour diffuser ses idées, le vecteur musical n’étant considéré que comme le plus efficace dans cette perspective. Ce parti pris est très clair dans une interview donnée par les membres du groupe au fanzine Quartier libre[5], en juin 2002 :
« - Quartier libre : Vous avez toujours revendiqué une volonté d’ouverture vers divers nouveaux horizons, une envie de jouer devant des publics différents, de dépasser le cadre strictement “ politisé ”, mais cette ambition n’est-elle pas inéluctablement vouée à l’échec quand on connaît la vigilance hystérique de la “ police de la pensée ” ?
- Ile-de-France : Depuis la création de Vae Victis, début 1993, l’ouverture est au cœur de notre démarche. Peut-on se satisfaire d’animer une culture de ghetto ? Le premier concert de Vae a eu lieu dans une MJC de banlieue. Le premier concert d’IDF en 1995 a eu lieu également dans une MJC de banlieue. En 1996, Fraction arrivait en finale d’un tremplin rock et jouait devant plus de mille jeunes dans le théâtre antique d’Orange… […] Il y a quelques jours, un responsable de Ras L’Front s’en vantait encore [de l’exclusion du tremplin rock du Gibus en 1999. NDLR] dans les colonnes du Monde : “ Quand un groupe de Rock identitaire français arrive en quart de finale d’un concours de chant, nous alertons le directeur de la salle et s’il n’entend pas, nous manifestons ”… La preuve que ce sont les actions “ ouvertes ” qui inquiètent l’ennemi. »
De fait, non seulement Ile-de-France a participé à un tremplin rock « grand public » le 12 février 2000 devant une salle remplie de fans nationalistes, ce qui devait lui permettre de concourir en finale le vendredi 14 avril 2000 au Gibus[6], mais le groupe n’a jamais hésité à jouer dans des fêtes populaires, des bars ou même dans la rue. Ils ont ainsi joué pour la fête de la musique avec Vae Victis le 21 juin 2000 dans le XVe arrondissement, sous le métro Glacière ou sur une péniche parisienne en février 2001.
Ils auraient également fait la première partie de Lio durant l’été 2000 et joué sous d’autres noms dans des milieux ouverts. Depuis 2002, leur actualité scénique est cependant plus que réduite pour cause de maternité.
L’autre caractéristique du groupe est de cultiver une posture ouvriériste qui n’est pas sans rappeler la mouvance skinhead. C’est le résultat d’un engagement très clair dans la mouvance nationaliste-révolutionnaire, ce que traduit l’affirmation selon laquelle le groupe ne serait pas et n’aurait jamais été « de droite », faisant sien le slogan « Ni droite, ni gauche ! » La thématique générale du groupe s’en ressent puisque la mondialisation constitue l’un des thèmes privilégiés des chansons du groupe, en particulier dans son dernier album (paru au printemps 2002) Non à la dictature planétaire, mais également dans le précédent, Franc-parler (décembre 1998). L’allure générale aussi va dans ce sens : c’est habillés en bleu de travail que les membres du groupe ont participé au concert de la fête de la musique déjà évoqué précédemment. Cela vaut au groupe d’être suspecté par ses petits camarades de tendances crypto-marxistes, d’autant plus que certaines chansons ou interviews expriment une hostilité non dissimulée envers le nazisme. Il est d’ailleurs assez amusant, avec le recul, de lire leur jugement sur le courant identitaire tel que le groupe l’exprimait en 1998[7] : « Le terme d’identité est à manier avec prudence. C’est bien si tu pars d’une démarche sincère de ressourcement. Hélas, le trip identitaire se résume souvent à une stérile autosatisfaction : Raoul est étudiant mais il se prend pour un viking ! ». Autant dire que ce jugement garde à nos yeux toute sa pertinence !!!
Enfin, on peut relever comme dernière caractéristique du groupe ses bons rapports avec les autres scènes européennes, qu’elles soient polonaise comme le montrent les articles et interviews (voir l’interview parue dans Narodowa Scena Rockowa[8] par l’entremise d’Adam Gwiazda[9]) ou italienne, comme en témoignent le concert du 6 février 2000 à Turin avec Zetazeroalfa ou le mini-CD réalisé avec ce même groupe en 2001.
Kaiserbund
Le groupe s’est formé en 1999 sur la base d’un duo composé de Fabrice Lauffenburger, déjà cité, et d’Éric Rouxel, vieux militant de la mouvance nationaliste-révolutionnaire. Kaiserbund produit une musique que l’on peut qualifier d’électronique au sens large, avec une utilisation massive de samples. La passion d’Éric Rouxel pour les années 1930-1940 se ressent fortement tant dans la thématique générale du groupe que dans l’image que ce dernier renvoie. Cette orientation est d’ailleurs relativement contradictoire avec les positions politiques de Fabrice Lauffenburger, qui clame haut et fort sa volonté de s’affranchir de références historiques comme le fascisme et le nazisme ou même le pétainisme, qu’il juge politiquement contre-productives et dépassées.
Le groupe a fait sa première apparition publique en 1999 pour un solstice d’été en Normandie, et a un album à son actif, Euromatrice type 1.7, ainsi qu’une participation médiocre à une compilation de Memorial Records. L’orientation musicale du groupe fait que ses concerts ont été peu nombreux (Essonne et Bretagne en 2001, Bruxelles en 2002 entre autres) et qu’ils peuvent facilement se transformer en animation DJ, comme à une Fête de l’Identité en 2002.
Fraction
RIF ou pas RIF ? Laissons le groupe se présenter lui-même[10] dans une interview publiée par Présent, « Au baroud dans le R.I.F. – Rencontre avec le groupe “ Fraction ” » mais qui n’est qu’une reprise abrégée d’un entretien publié dans Tribune musicale[11] :
« - Tribune musicale : Pourquoi avoir enlevé le mot “ hexagone ” à votre nom ?
- Fraction : Le groupe est né en 1994 d’une volonté de diffuser un “ nationalisme révolutionnaire ” au sein de la jeunesse.
À cette époque, en France, la scène musicale nationaliste était partagée entre des groupes skins au message souvent marginal et des productions un peu ringardes aux yeux de la jeunesse. Nous voulions développer un message radical et contestataire tout en restant en phase avec la réalité. Il s’agissait de dénoncer l’arrogance de l’impérialisme américain et du sionisme international, le capitalisme apatride, le métissage institutionnalisé et la corruption généralisée. Le mot Fraction symbolise toujours aussi bien l’esprit du groupe. Nous nous considérons comme faisant partie de cette “ minorité combattante ” qui a déclaré la guerre au Nouvel Ordre mondial et à tous ses avatars.
- TM : Pourquoi avoir supprimé le mot hexagone ?
- Fraction : Fraction a progressivement évolué vers un style beaucoup plus métal tout en subissant quelques changements dans le line-up. Le groupe est donc bien différent aujourd’hui même si l’engagement militant et les motivations politiques restent identiques à celles du début.
- TM : Le fait d’avoir eu un procès pour le texte d’une chanson du premier album vous a-t-il obligés à vous autocensurer ?
- Fraction : Nous n’avons finalement pas été poursuivis devant les tribunaux. Rappelons que nous avons été mis en examen pour “ complicité de provocations non suivies d’effets à des atteintes volontaires à la vie et à l’intégrité de la personne pour avoir participé à l’élaboration de la chanson « Une balle » ”. Nous avions alors été convoqués dans le bureau du juge Valat, le même qui a poursuivi Garaudy et Le Pen (pour le “ point de détail ”). Nous avons toujours perçu cette chanson comme une métaphore destinée à exprimer un cri de colère contre ce que nous combattons. Finalement, malgré une campagne de presse rondement menée, les poursuites ont été stoppées grâce à l’intervention de notre avocat, Me Delcroix[12], qui avait repéré un vice de procédure. Si les magistrats ont dû s’incliner, nous ne sommes pas à l’abri de nouvelles poursuites. En effet, tout nouveau pressage est susceptible de faire naître une nouvelle prescription. Nous sommes donc plus ou moins condamnés à abandonner la production de l’album Rejoins nos rangs. Il est clair que nous ne baissons pas les bras. Fraction cherchera toujours à répondre à l’attente de son public… D’ailleurs, il suffit d’écouter la production suivante, Le fléau, pour se rendre compte que Fraction a du mal à mettre de l’eau dans son vin. Outre la reprise de “ Une balle ” en version live, nous avions tenu à remercier les médias qui avaient indirectement assuré la promotion de notre groupe tout en saluant Philippe Douste-Blasy, alors ministre de la culture, pour son “ vibrant hommage ”. Un exemplaire du CD avait d’ailleurs été adressé au cabinet du maire de la ville de Lourdes. Une preuve que Fraction sait se montrer reconnaissant…[13]. Aujourd’hui, s’il n’y a aucune autocensure, Fraction écrit des textes moins provocateurs mais tout aussi radicaux. Peut-être le signe d’une certaine maturité.
- TM : Politiquement, voyez-vous une solution pour l’avenir de notre pays ?
- Fraction : Nous sommes bien évidemment très pessimistes pour l’avenir et il faut bien se rendre compte que la scission du Front a déboussolé nombre de militants sincères. Mais il est interdit, encore plus aujourd’hui qu’hier, de baisser les bras. Pour notre part, nous agissons au sein d’Unité radicale, une structure née de l’alliance entre le GUD, Jeune Résistance et les Cercles Résistance. Le but de cette fédération est de structurer la tendance radicale et extra-parlementaire du mouvement national en France. En proposant des revues, en présentant des colloques de la radicalité, en organisant de grandes campagnes nationales, Unité radicale agit à la fois sur le terrain politique et culturel. Il est également parfois nécessaire de rappeler à la chienlit gauchiste que s’autoproclamer résistant comporte quelques risques…
- TM : Fraction est sur beaucoup de compilations. C’est une reconnaissance envers les personnes qui se bougent ou tout simplement pour vous le fait d’être présents partout où vous pouvez ?
- Fraction : Il est vrai que Fraction est récemment apparu sur plusieurs compilations. Nous sommes très sollicités et c’est plutôt encourageant pour nous. Certaines initiatives nous semblent très intéressantes comme celles consistant à aider les militants politiques incarcérés. En outre, si le fait d’être souvent présents sur les productions musicales est une bonne façon d’accentuer la visibilité d’un groupe, nous ne cherchons absolument pas à être partout. Les productions doivent répondre à certains critères d’éthique et de qualité et nous nous voyons parfois dans l’obligation de refuser.
- TM : Après la sortie de Le son d’histoire, vous allez sûrement remonter sur scène. Avez-vous des contacts pour jouer ?
- Fraction : Oui, nous avons déjà plusieurs propositions pour la France mais les plans les plus concrets viennent paradoxalement d’Europe (Italie, Espagne, Slovaquie, Allemagne). Il va donc falloir reprendre les répétitions sérieuses pour assurer la promotion de notre nouvel album.»
Comme on peut le constater l’interview est à la fois assez complète et assez édulcorée…
Le groupe est né en août 1994 de la fusion de deux groupes RAC, Septembre noir, dans lequel officie Fabrice Robert et dont le nom est un hommage au groupe palestinien responsable du meurtre des athlètes israéliens aux jeux de Munich, et FreiKorps[14]. Il s’appelle alors Fraction Hexagone, évolue entre oï et hard-core et fait partie de la scène RAC, même s’il revendique alors pour ce sigle un autre sens que Rock Against Communism : pour eux, RAC signifie Rock Against Capitalism[15]. Fabrice Robert met à cette époque sur pied un discours qui ne variera plus, en apparence plein de bon sens (l’immigration est un drame humain) mais en réalité toujours fixé sur les mêmes obsessions (l’invasion étrangère, la pureté ethnique) comme le montre ses déclarations à Réfléchir & Agir en 1996[16] : « Le véritable danger à l’heure actuelle vient du capitalisme apatride qui cherche à effacer les frontières pour mieux imposer la dictature de la loi du marché. Il faut savoir que s’il y a immigration et métissage en Europe, cela est dû essentiellement aux capitalistes qui ont déporté des populations entières pour avoir à leur disposition de la main d’œuvre corvéable à merci ». Ce n’est qu’à partir de 1998, et à l’occasion d’un changement de musiciens, que certains membres de Fraction Hexagone réfléchissent à un repositionnement du groupe et affirment leur appartenance à la scène RIF naissante.
Les ennuis judiciaires que connaît alors le groupe n’y sont peut-être pas totalement étrangers. En 1998, NTM rencontre en effet quelques problèmes avec la chanson « Nique la police ». Une campagne de presse s’organise pour défendre le groupe et certains journalistes citent alors le groupe Fraction Hexagone et la chanson « Une balle » à titre de comparaison. Cette affaire donne une publicité inespérée au groupe. La chanson est interdite et Fraction Hexagone fait circuler une lettre qu’ils ont adressée à Philippe Douste-Blazy, alors ministre de la Culture. Jacques Bompard[17] et André-Yves Beck[18] publient alors un communiqué de soutien dans lequel le passage suivant est assez explicite : « Tout au plus peut-on parler de langage de banlieue et d’expression spontanée et un peu vive de la colère des jeunes Français face à leur exclusion ». Le FN avait pourtant refusé que le groupe joue ce morceau lors du concert des BBR 1996, trouvant sans doute les paroles plus que « un peu vives ». Mais si la publicité est réelle, le confinement dans un ghetto provocateur aussi.
Le groupe atténue alors son image RAC et met en avant l’appellation hard-core nationaliste-révolutionnaire. On s’attend en toute logique à l’apocalypse sonore vue la définition du style musical. À l’écoute, c’est surtout du metal soft : les paroles renvoient parfois aux belles années du RAC en France, avec des groupes comme Bunker 84 ou Kontingent 88. Les chansons dénoncent tour à tour l’islamisation de l’Europe, les « collabos du système » et l’américanisation de la société. Ce dernier point n’empêche pas cependant le groupe de s’habiller et de prendre la pose comme n’importe quel groupe de hard-core américain.
Rebaptisé Fraction, le groupe s’est stabilisé avec l’arrivée de Philippe Vardon qui ne devient le chanteur de Fraction qu’à partir de l’album Le son d’histoire en 1999.
La musique n’est pas totalement étrangère à Vardon puisqu’auparavant, il officiait comme chanteur dans d’autres groupes de hard-core faf et niçois, Légitime Défense devenu Résistance début 1998. Ce dernier groupe était composé de militants d’Unité radicale et malgré sa brève durée d’existence, cette formation a eu le temps de jouer pour le solstice d’été 1998 près de Nice avec le groupe de Black Metal Gorgon. De fait, le style metal de Le son d’histoire est sans doute en partie dû à la présence de l’ex-guitariste de Gorgon, lui aussi passé à Fraction.
Côté activités, Fraction est sans doute avec In Memoriam le groupe qui affiche le plus beau tableau de chasse. Pour ce qui est des concerts, la plupart ont bien évidemment été organisés par des structures boneheads, en France ou à l’étranger, en particulier dans les premières années : citons par exemple le festival RAC de 1994 à Bordeaux avec Razor’s Edge (Royaume-Uni) et ADL 122 (Espagne) ou, la même année, le concert de Bourges avec Jeune Garde, groupe RAC emmené par une figure locale du mouvement skinhead, Sébastien Legentil, qui est devenu plus tard un responsable d’Unité radicale. Les deux exceptions principales sont des initiatives liées au Front national : les BBR 1996 qui constituent pour Fraction l’un des meilleurs souvenirs et le tremplin rock à Orange en juin 1996 où le groupe est arrivé deuxième. À cette occasion, Fraction a d’ailleurs été programmé sur une antenne locale de Skyrock sous le nom de Moloko Velocet[19].
L’utilisation de ce nom d’emprunt résultait d’un constat évident fait par le groupe et décrit par Fabrice Robert dans Jeune Résistance[20] : « Il est vrai que nous avons surtout joué dans des concerts organisés par et pour des skins. Or la flicaille est toujours à l’affût pour tenter d’annuler ce genre de manifestation. Désormais, nous pensons qu’il est stérile de se limiter à jouer devant un public composé en majorité de convaincus. Nous cherchons à apparaître dans des lieux publics pour nous faire entendre par des gens qui ne partagent pas totalement notre vision des choses, cela nous le faisons sous le nom de Moloko Velocet. » Cela étant, le groupe n’a plus jamais renouvelé l’expérience.
Fraction est également l’un des groupes qui a le plus de disques à son actif. C’est en effet un peu l’électron libre de la scène RIF car il profite à la fois de la scène RIF, mais aussi de la scène RAC. Ainsi, malgré son « recentrage », il peut jouer avec les groupes des deux scènes, mais aussi participer à des compilations sur des labels RAC, comme pour la compilation en soutien aux prisonniers sortie en 1998 et sur laquelle figuraient Skuld, groupe RAC du Sud-Ouest, Elsass Korps, groupe RAC alsacien et la 9ème Panzer Symphonie, déjà citée précédemment, ou celle prévue en hommage à Légion 88 sur le label Street Fighting Records[21]. D’ailleurs, les premiers pas musicaux du groupe ont été sortis par Pit Records, et le groupe revendique totalement ses anciennes productions : Yankees go home (cassette démo de janvier 1995), titres enregistrés pour la compilation France explosion n°1 de mai 1995 et enfin les deux dernières productions sous le nom de Fraction Hexagone, Rejoins nos rangs en octobre 1996 et Le fléau en septembre 1997. Le son d’histoire contient d’ailleurs un titre fantôme qui n’est rien d’autre que la reprise d’une chanson de Nouvelle Croisade, un groupe RAC des années 1980, intitulée « Gardien de l’ordre ».
Cette situation n’est évidemment pas du goût de tout le monde, la plupart des groupes RIF essayant de ne pas se mélanger à la scène RAC qui pourrait effrayer les nouveaux venus. Mais Fraction n’en a cure, et le dernier CD du groupe, Reconquista, continue sur la même lancée.
Une dimension importante du groupe est qu’il a toujours eu des activités politiques connexes. Dans la formation initiale, trois des membres étaient militants de Nouvelle Résistance et Fabrice Robert, qui était l’un des trois, en est le meilleur exemple. Né en 1971, il commence à militer à Nice à 16 ans pour le FN puis assez rapidement pour Troisième Voie. Il est arrêté en 1991 pour distribution de tracts négationnistes et bombages sur les murs du lycée Masséna ; lors d’une perquisition à son domicile, la police saisit à cette occasion des portraits de Hitler et de Mussolini, des croix gammées, des insignes de division SS, etc. Il est condamné pour cette affaire à 10 000 francs d’amende par le TGI de Nice, mais comme on peut s’en douter, cela ne refroidit pas son engagement nationaliste-révolutionnaire. Il suit la scission de Troisième Voie qui donne Nouvelle Résistance, et il entre au bureau exécutif de cette organisation lors du deuxième congrès de l’organisation en août 1995, tout en étant conseiller municipal FN de La Courneuve (93). Au sein de Nouvelle Résistance, il lance le bulletin Jeune Résistance en 1995 qui sert de point d’appui à la mise sur pied en 1998 d’Unité radicale, suite à la scission survenue au sein de Nouvelle Résistance entre les militants favorables à un rapprochement avec le FN et ceux qui y sont hostiles. À partir de 2000, Unité radicale se rapproche du MNR de Bruno Mégret et Fabrice Robert fait partie des militants radicaux qui prennent des responsabilités au sein du parti mégrétiste : il devient ainsi responsable du MNR à Nice. C’est en particulier lui qui organise le congrès du parti à Nice fin février 2002. La tentative d’assassinat de Maxime Brunerie, militant d’UR, contre Jacques Chirac amène la rupture avec le MNR et la dissolution d’Unité radicale, qui se transforme alors en Jeunesses identitaires puis en Bloc identitaire en 2003. Fabrice Robert en est évidemment le président et demeure bassiste de Fraction Hexagone puis Fraction.
Assez curieusement, le groupe a préféré taire ses accointances avec Nouvelle Résistance au début. C’est ainsi que dans le premier numéro de Jeune Résistance, Fabrice Robert déclarait que, tout en étant NR, les membres du groupe « [n’étaient] encartés nulle part », ce qui était évidemment un pieux mensonge. Les formations suivantes ont poursuivi dans cette démarche : actuellement, outre Fabrice Robert, Philippe Vardon est le dirigeant des Jeunesses identitaires après avoir connu depuis 1998 un itinéraire comparable à celui de son aîné. Malgré cette évolution de plus en plus racialiste, le logo du groupe reste une roue crantée au sein de laquelle se trouve un marteau et une épée, c’est-à-dire un logo inspiré de celui du Front noir des frères Strasser[22]. En outre, en bon groupe nationaliste-révolutionnaire, Fraction n’hésite pas à citer le sous-commandant Marcos et Che Guevara comme des figures politiques susceptibles de les influencer. Mais certaines déclarations du groupe peuvent être encore plus originales. Ainsi, à une question du fanzine naziskin allemand Neue Ordnung de l’hiver 2000[23] leur demandant ce que le groupe pensait de Jacques Chirac, la réponse fut : « Er ist ein Sklave von ZOG » ce que tout un chacun, même non germaniste, aura réussi à traduire par « C’est un esclave de ZOG », c’est-à-dire un esclave du « gouvernement d’occupation sioniste », c’est-à-dire, pour être encore plus clair, des Juifs. Opinion totalement empreinte de modération, cela va sans dire.
AION
Ce groupe est un duo dont seul Laurent Steiner est encore en France. Comme on l’a vu dans le chapitre sur les origines du RIF, il a été lancé au début des années 1990. Mais mise à part la participation à la première compilation Nouvelles Musiques européennes, il faut attendre 1999 pour que Aion sorte un album complet, produit par Memorial Records. Aion produit une musique assez éclectique qui va de la cold-wawe au néo-folk, ces deux types de musiques constituant d’ailleurs leurs références. La thématique générale du groupe est à la fois païenne et futuriste et n’est pas sans rappeler, dans un autre domaine, l’expérience de l’association L’Art s’affiche[24] dont Aion était très proche et qui fut d’ailleurs à l’origine des illustrations de certains CD de RIF, comme ceux de Vae Victis par exemple.
De par son style musical et sa structure, le groupe se produit très peu en concert, l’un des rares exemples étant le concert de Nancy organisé le 31 octobre 1998 par le FNJ et le Renouveau étudiant nancéen dont on a vu précédemment que Laurent Steiner en faisait d’ailleurs partie. Aion jouait donc chez lui et les groupes purent alors compter sur la logistique de la Librairie lorraine de Jean-Marie Cuny. Normal : son fils Clément était alors secrétaire départemental du FNJ qui était de fait co-organisateur de la petite soirée.
Depuis 1999, le groupe n’a rien sorti, sinon un morceau pour la compilation Antimondial de Bleu-Blanc-Rock.
Elendil
Le groupe s’est formé à l’origine sous la forme d’un duo rejoint par la suite par Nicolas Mirkovic à la batterie, Jack Marchal à la guitare et la fille de ce dernier, Ariane, à la basse. Le groupe tire son nom de l’épopée de Tolkien dont la chanteuse, Aude Bertrand[25] , est fan. Cela constitue d’ailleurs l’un des points de rapprochement avec le milieu NR et musical italien avec lequel Marchal a gardé de très nombreux contacts. Les groupes italiens sont en effet les premiers à avoir fait une telle utilisation de l’univers créé par Tolkien. Ces liens expliquent qu’Elendil ait joué autant de fois en Italie et ait pu participer aux compilations sorties par le label Perimetro malgré une certaine confidentialité en France. Le groupe n’a sorti en effet qu’un album et un mini-album chez Memorial Records ainsi que des morceaux sur des compilations de RIF.
Relativement en marge du milieu de par son style et la personnalité de Marchal, il l’est aussi par sa lucidité sur les limites de la mouvance dans laquelle il s’inscrit comme en témoigne cette interview parue dans Fier de l’Être[26] :
« - Fier de l’Être : Selon vous, qu’est-ce qui pourrait encore manquer au RIF pour qu’il attire plus de monde en France et ailleurs ?
- Elendil : Que ce soit pas les mêmes qui fassent tout ! Les musiciens des groupes RIF sont producteurs, diffuseurs, agents marketing, vendeurs… Si les mecs qui écoutent du RIF étaient plus militants et moins consommateurs on n’en serait pas là ! En général ils pensent plus à graver les disques qu’à trouver des moyens de relayer la musique et donc… leurs idées ! »
Elendil a officiellement cessé d’exister durant l’été 2001.
Brixia
C’est sans doute le groupe le plus modéré de la scène RIF, fondé en 1998 autour de la chanteuse du groupe, Aude Bertrand. Comme le dit le label BBRock, on peut sans aucun problème faire écouter du RIF à son cousin gauchiste grâce à Brixia, les textes étant peu politisés et la musique très soft, à la limite de l’insipide. Aude Bertrand est pourtant une vieille militante du FN et FNJ et on pouvait d’ailleurs la voir en 1995 parmi les onze portraits de la « Z carte » du FNJ, gadget de propagande lancé par Samuel Maréchal. Elle était alors présentée comme « artiste peintre en 1ère année de doctorat ».
Ce groupe a fait peu de concerts, bien qu’il ait fait partie du voyage en avril 1999 avec Basic Celtos et In Memoriam à Belgrade. Sa discographie est d’ailleurs très limitée. Brixia a pourtant réussi à faire passer un de ses morceaux sur les ondes de la radio rock Ouï FM à Paris et il avait même postulé au concours de l’Eurovision pour représenter la France. Il est clair que c’est sans doute le groupe affichant le plus clairement ses références aux Cranberries, groupe irlandais dont la chanteuse Dolorès O’Riordan ne rate jamais une occasion de dire tout le bien qu’elle pense des « valeurs traditionnelles ».
Basic Celtos
Si Basic Celtos s’inscrit bien dans la mouvance RIF, c’est pourtant un groupe à part puisqu’il se veut un groupe de rap identitaire. Le projet initial de la part de ces militants était clairement de diffuser une musique susceptible d’intéresser les petits Blancs écoutant Fun Radio mais qui soit porteuse d’un message politique identitaire. Le groupe adoptait en cela une posture d’avant-garde telle qu’elle était définie dans un vieux numéro de Réfléchir & Agir et telle que le groupe lui-même la définissait en 1999[27] : « Aujourd’hui le rap représente 20% du marché jeune. Est-ce que les fafs vont être les seuls à ne pas être de la partie ? Quand dans les années 1970, les jeunes s’initient au rock, les fafs en étaient encore à la guitare sèche et aux chants de marins… Il aura fallu attendre quasiment trente ans pour qu’on esquisse le début d’une scène de rock identitaire en France. Pour développer une véritable contre-culture, il faut être des précurseurs et pas des suiveurs. » Le moins que l’on puisse dire est que cette stratégie a subi un feu nourri de critiques en tout genre de la part du milieu nationaliste, et très vite les membres de Basic Celtos ont affirmé ne pas faire du rap, mais plutôt de la fusion, avec des guitares tirant sur un style metal-indus comme peut le faire le groupe allemand Rammstein[28]. Une bonne partie de l’énergie du groupe s’est alors dispersée à essayer de convertir une partie du public nationaliste plutôt rétif et au moins à se faire accepter. Basic Celtos a pourtant pu produire et diffuser son premier mini-CD grâce à la SERP. Il faut dire que lorsque le groupe s’est formé et a commencé à être connu, les ondes étaient occupées par « La Tribu de Dana », une chanson du groupe Manau basée sur le sample d’une chanson traditionnelle bretonne popularisée par Alan Stivell. D’ailleurs, le CD de Basic Celtos a été présenté à cette époque par Thierry Ardisson dans l’émission « Tout le monde en parle » : Ardisson a même comparé Basic Celtos au groupe Manau, ce qui leur a permis de tenter de faire leur promotion vers l’extérieur, principalement dans des forums de rap ; mais ils ont rapidement été découverts.
Basic Celtos doit beaucoup à son batteur, Nicolas Mirkovic, dit « Darko », mais la formation a vu défiler d’autres militants célèbres comme Yvain Pottiez par exemple. Ce Normand a en effet maintes fois défrayé la chronique, que ce soit comme militant du GUD au début des années 1990 où il fut plusieurs fois inculpé pour violences volontaires, en particulier contre des journalistes, ou comme professionnel de la « sécurité » et garde du corps. Il a en particulier été contractuel à la mairie de Vitrolles sous l’équipe Mégret et servait de garde du corps à madame le maire. Il a également été impliqué dans ce cadre pour des violences commises contre des grévistes en novembre 1995. Cette activité professionnelle l’a amené à la limite de la barbouzerie puisqu’il semble qu’il aurait dû faire partie de l’opération de mercenariat montée par Bernard Courcelles en 1999 au Congo. S’il semble s’être un peu éloigné de l’activisme politique, il continue néanmoins son activité professionnelle.
D’autres musiciens RIF ont également donné un coup de main à Basic Celtos comme Julien Beuzard. Le groupe a d’ailleurs participé à deux concerts à Belgrade en avril 1999, organisés par le biais de responsables MNR et avec la participation de Brixia et In Memoriam, ce qui contraste avec le faible nombre de ses prestations en France.
Basic Celtos fait partie de ceux qui réfutent la notion de RIF, considérant que c’est plus une étiquette qu’un véritable mouvement.
In Memoriam
Ce groupe s’est formé en 1995 sur Assas à l’initiative de Julien Beuzard et avec l’aide entre autres d’Aude Bertrand ou de Jean-Michel C. Il a connu dès le début un certain nombre de remaniements, s’enrichissant en particulier de la collaboration de l’ancien bassiste du groupe Skarface, et s’est stabilisé depuis 2000 autour de six membres dont les plus actifs sont Julien Beuzard comme chanteur et guitariste, Mattias Bricage pour les chœurs, Xavier Schleiter pour le chant et Richard Pareti à la batterie. Depuis cet automne 2003, le line-up a cependant encore changé suite à un conflit entre Xavier Schleiter, Richard Pareti d’une part et Julien Beuzard d’autre part qui a provoqué le départ des deux premiers et s’est manifesté par la commercialisation (par Schleiter et Pareti) d’un t-shirt pirate vendu en juin 2003 par la boutique London Style[29] dont le patron est un proche de Schleiter.
In Memoriam présente des caractéristiques très particulières, aussi bien dans la vision que ce groupe peut avoir de la mouvance RIF que dans ses rapports avec les autres acteurs de cette mouvance. Il est sans doute celui qui est le moins volontariste dans la perspective de sortir du ghetto nationaliste, privilégiant la construction d’une communauté homogène pouvant à terme servir de pôle de diffusion des idées nationalistes. Cette vision des choses s’exprime parfaitement dans une interview donnée par Julien Beuzard au fanzine Fier de l’Être[30] à l’automne 2002 :
« - Fier de l’Être : Ile-de-France a participé à un tremplin rock au Gibus, Vae Victis a joué dans les rues de Paris pour la fête de la musique… Le Rock identitaire semble sortir de la mouvance nationaliste. Peux-tu nous en expliquer les raisons ? Quels sont vos projets à ce sujet ?
- Julien Beuzard : Tout ça c’est très bien mais concrètement, qu’est-ce que ça apporte ? Je me le demande. Tu sais, il fut un temps où In Memo passait en radio et on était distribué chez Leclerc Hypermedia et autres temples dédiés à la consommation, on jouait à la fête de la musique, mais tout ça c’est un peu du vent, franchement, car à terme, on est de toute façon grillé et ça épuise à la longue. Autant se concentrer sur des projets qui portent et qui apportent. IDF au Gibus s’est fait balancer par des bolchos qui ont fait pression sur l’organisation et du coup ils se sont fait sortir. Le résultat ne donne pas envie de renouveler l’expérience. Nous, nous avons une vision plutôt communautariste ! Je m’explique : nous voulons faire de notre communauté de pensée une communauté musicale, culturelle, économique… Pour cela notre communauté se doit d’être attrayante pour attirer de nouveaux individus. Ça ne passe pas forcément par une stratégie d’ouverture au “ monde ” qui implique souvent compromissions et reniements mais par une stratégie de séduction. Si on ne le fait pas, c’est la communauté qui crève car la France se craquèle et se communautarise de plus en plus. […] Pour revenir à ta question, je crois en fait qu’un groupe musical identitaire, sous un nom bidon, peut, avec des textes un peu plus soft, percer sans trop de difficultés et si ce groupe déclarait un jour sur Canal + ou M6 qu’il adhère à des valeurs fortes et des idées saines et s’il présentait sa conception de la vie, ça aurait l’effet d’une bombe atomique, bien plus efficace que le RIF en soi. C’est une question à laquelle on réfléchit. »
Cette vision des choses explique une bonne partie des choix du groupe comme la création de Memorial Records, le lancement maintes fois annoncé d’une revue intitulée Entre Terre & Lumière (ETEL), la présence à son répertoire de certaines chansons faisant clairement référence au folklore faf français et ayant vocation à servir « d’hymnes », comme C9M[31], ou la multiplication des concerts organisés dans le cadre de « journées identitaires ». Les ambitions du groupe ont d’ailleurs toujours été supérieures à celles des autres groupes de RIF en terme de promotion commerciale. Par le passé, In Memoriam annonçait ainsi la sortie imminente d’un DVD du concert de Lyon qui avait eu lieu en avril 2000, mais les fans n’ont rien vu venir. Ces perspectives expliquent sans doute en grande partie la situation de « splendide isolement » relatif du groupe qui a toujours été clairement opposé au gravage et à la copie de ses CD, contrairement à la politique menée par BBRock. Cela vient sans doute de la double casquette d’une partie du groupe, qui est à la fois dans In Memoriam et dans le label Memorial Records et a donc des impératifs de vente.
Cette volonté d’être attrayant a également poussé le groupe à lisser et à modérer son image, ce qui a pu prendre des tournures un peu ridicules comme lors de la première Fête de l’Identité et des Libertés à Paris le 9 novembre 2002 lorsque Gilles Soulas, grimpé sur la scène, tentait d’obtenir du public qu’il évite tout geste déplacé (au hasard : bras tendus par exemple…) en vue de l’enregistrement d’un DVD. Le projet ne devrait d’ailleurs pas aboutir car la salle Wagram a refusé d’autoriser l’utilisation de son image, ce qui semble évidemment avoir largement torpillé le projet.
Pourtant certaines chansons viennent ternir cette image qui se veut modérée comme « La colonne », présente sur le dernier album Persona non grata et dont Jeune Résistance nous apprend[32] qu’il s’agit en fait d’un chant de marche de la Jeunesse hitlérienne, composée par Herbert Napiersky en 1933. Il s’intitulait alors « Es dröhnet der Marsch der Kolonne ». Assez perfidement, le même magazine avait d’ailleurs demandé au groupe quelques mois auparavant s’il ne craignait pas pour son image avec cette reprise d’une « marche militaire chantée en allemand ». Ce à quoi Xavier Schleiter avait répondu benoîtement et sans rire : « “ La Colonne ” n’est pas une marche militaire mais plutôt un chant traditionnel. Il est encore repris aujourd’hui par de nombreux mouvements scouts européens. C’est une chanson que j’apprécie particulièrement, d’autant plus que je la chantais lorsque j’allais marcher en montagne, sac au dos avec quelques camarades ». Ce mythe de la « chanson scout » était d’ailleurs à cette époque assumé par le groupe puisque c’est la réponse qu’il fournissait à une question similaire du Coq gaulois sur l’origine de la chanson[33]. Mais entraîné par sa mythomanie, Julien Beuzard ne pouvait s’empêcher d’ajouter : « Je crois qu’il a été écrit par un chef scout contemporain » (sic !!!). C’est évidemment une façon de voir les choses. Il est vrai que les Jeunesses hitlériennes et les organisations scouts ont au moins le short en commun… D’ailleurs, le public des concerts du groupe ne s’y trompe pas et s’obstine à être pour les trois-quarts composé de boneheads que leurs mauvaises manières et leur enthousiasme débridé poussent parfois à tendre le bras et à crier de retentissants saluts allemands !
Loin de son image prétendument modérée, In Memoriam est également avec Fraction et Insurrection le groupe le plus engagé dans l’action politique de terrain. Plusieurs de ses membres ont un solide passé de militants derrière eux, que ce soit dans la mouvance GUD du milieu des années 1990, au FNJ à la même époque, au FN puis au MNR ou au MNJ[34]. À titre d’exemple et encore dernièrement, Julien Beuzard a été candidat dans la 4ème circonscription du Pas-de-Calais pour les élections législatives de juin 2002 sous l’étiquette Droit de Chasse, une association satellite lancée par le MNR dans le milieu des chasseurs et qui a maintenant rompu avec lui. Mattias Bricage, qui a pour sa part milité au FNJ puis MNJ, était candidat dans les Hauts-de-Seine sous la même étiquette que Beuzard. Xavier Schleiter, militant lui aussi du MNR jusqu’en 2002, après avoir été candidat pour le FN aux élections législatives de 1997[35], est le frère de Philippe Schleiter, l’ancien directeur national du MNJ. Par ailleurs, comme on l’a vu précédemment, In Memoriam n’a pas hésité à aller jouer en avril 1999 à Belgrade contre les raids de l’OTAN en Serbie. C’est ainsi que quelques jours plus tard, pour le défilé du MNR le 1er mai, on pouvait voir les jeunes militants du MNJ défiler avec les cibles utilisées par la population serbe pendant les bombardements.
De fait, In Memoriam est sans doute le groupe qui, avec Fraction, a le plus tourné en concert depuis sa première prestation à Châteauroux en mai 1996, avec parfois des résultats ne correspondant pas tout à fait à ce qui était espéré, que la faute en incombe à leurs adversaires antifascistes ou à son propre milieu… Notre mauvais esprit aidant, voici un petit aperçu de ces soirées mémorables !
Commençons par les problèmes à imputer aux autorités ou aux adversaires politiques du groupe. Ainsi en 1998, Mémorial Records tente de renouveler l’expérience du Club Dunois dans le XIIIème arrondissement pour la date du 9 mai, mais le concert qui devait voir jouer Ile-de-France, Vae Victis et In Memoriam est annulé. Cette date n’a en effet pas été choisie au hasard : il s’agit de la commémoration de la mort de Sébastien Deyzieu. Ce militant proche de l’Œuvre française est en effet mort le 9 mai 1994 en tombant d’un toit, poursuivi par la police alors qu’il participait à une manifestation contre l’impérialisme américain organisée le 8 mai à l’appel des JNR[36], du GUD et du FNJ. Or les noms des groupes commencent à circuler dans les milieux antifascistes et le projet ne passe pas inaperçu. Les menaces de violences liées à une éventuelle contre-manifestation décident alors le Club à annuler le concert, la mairie de Paris intervenant également dans ce sens. Memorial Records a d’ailleurs attaqué les responsables du théâtre en justice pour rupture unilatérale du contrat de location, mais le label a été débouté. Il a eu malgré tout la consolation d’attirer l’attention de la presse, et Libération a consacré un article au phénomène RIF.
La même année, en octobre, la mairie de Vitrolles annonce dans son bulletin municipal la tenue d’un concert de rock identitaire pour le 7 novembre au Stadium avec Vae Victis, In Memoriam et Ile-de-France. Cette initiative, qui a été lancée dès juillet 1998, n’a pas immédiatement déclenché l’enthousiasme de toute l’équipe municipale. L’image qui colle au rock d’extrême droite (skin, baston, bras tendus et apologie de la race blanche…) effraie en effet certains membres de l’équipe municipale, qui pensent que ce concert risque de donner une image trop marquée de la mairie. Mais Bruno Mégret et son bras droit Hubert Fayard font le forcing pour que le concert ait lieu et il a effectivement lieu. Sa préparation s’avère simplement un peu plus difficile que prévu…
Courant juillet, des contacts sont donc pris entre la mairie de Vitrolles et une société parisienne que l’on commence à bien connaître, puisqu’il s’agit de Memorial Records. Les deux parties tombent rapidement d’accord et trois groupes sont envisagés : In Memoriam, Vae Victis et Ile-de-France, le tout pour un montant de 80 000 francs (dont 30 000 francs de frais de transport en avion pour 27 personnes, 11 000 francs pour la sécurité et 14 400 francs de cachet). La boîte de sécurité chargée du concert est Ambassy Sécurité, dont le dirigeant est Gilles Sereau, qui n’est autre que l’associé de Gilles Soulas à la librairie l’Æncre. L’un des autres fondateurs d’Ambassy est Michel Schneider, un nationaliste-révolutionnaire ami des ultranationalistes serbes et russes, qui a longtemps été militant FN avant d’animer la revue Nationalisme & République. Sereau a lui-même été candidat du Front national et Ambassy a plusieurs fois assuré la sécurité pour des manifestations du FN. Il n’est donc pas étonnant que cette boîte décroche le contrat, d’autant plus qu’elle possède une antenne à Aix-en-Provence. À la mairie de Vitrolles, on voit les choses en grand : on prévoit de mettre à la disposition du public des cars au départ de Paris, Lyon, Nice et Toulouse ; le prix d’entrée au concert est faible et attractif : 50 francs. Le but est évidemment d’attirer un maximum de spectateurs, en particulier hors du milieu nationaliste. Au service culturel, on parle même de plusieurs milliers de jeunes.
La réalité fut heureusement moins rose. Tout d’abord, la FNAC refuse de prendre les billets du concert en location. En outre, l’affichage est inexistant, sauf à Vitrolles, et les cars prévus n’ont pas été remplis. Les deux cars de Paris, en particulier, n’ont pas pris la route. La promotion fonctionne donc à l’envers, et pas grand-monde n’a envie de travailler sur un tel concert. Clou du spectacle, une charge explosive détruit l’installation électrique de la salle louée, le Stadium, dans la nuit du 29 octobre 1998, la rendant inutilisable pour le concert. L’attentat est d’abord revendiqué au nom du groupe FTP, puis démenti quelques heures plus tard. Il est finalement attribué à ce groupe. Évidemment, Bruno Mégret se pose immédiatement en victime et annonce que le concert aura quand même lieu.
Mais les ennuis des organisateurs ne sont pas finis. La mairie décide en effet que le concert doit se passer sur le parking du Stadium et veut donc installer un chapiteau. Le problème est que les candidats ne se bousculent pas pour louer leur matériel, et seule une entreprise de Géménos, Azur Chapiteaux, finit par accepter. Reste le problème de la sonorisation car, là encore, aucune entreprise ne semble décidée à participer, tout étant officiellement loué. Ainsi arrive le jour du concert, et à quatre heures de l’après midi, les organisateurs n’ont toujours pas de sono et les balances ne sont pas faites. En désespoir de cause, la mairie décide de se servir de la sono de la salle des fêtes de Vitrolles et envoie donc une équipe d’employés municipaux la chercher. Là encore, un fâcheux contretemps survient lorsqu’ils veulent démarrer le camion puisque l’antivol a été cassé et que le camion ne veut pas partir. La mission de récupération ayant tout de même été menée à bien et les balances expédiées en quatrième vitesse, la soirée peut commencer.
La zone autour du concert est quadrillée d’une part par la police nationale et par la police municipale, d’autre part par Ambassy mais aussi par la sécurité du Stadium ce qui entraîne quelques tensions. Ces derniers semblent en effet trop métissés au responsable du concert qui demande alors au chef de la sécurité du Stadium de relever ses vigiles trop « bronzés » du parking pour éviter tout problème. Le responsable de la sécurité promettant de lui éclater personnellement la tête s’il arrive quoi que ce soit à un de ses gars, l’autre préfère ne pas insister.
Sur le parking, il y a peu de voitures, et encore moins de voitures immatriculées en dehors de la région, en l’occurrence deux de Seine-Saint-Denis, et une bande de skinheads lyonnais au drapeau tricolore. À l’entrée du chapiteau, les appareils photos sont interdits et l’équipe de France 2 qui voulait filmer le concert est refoulée. Tous les journalistes sont obligés de présenter leur carte de presse, de décliner leur nom et le titre de leur journal. C’est ainsi qu’une journaliste de L’Humanité se fait bousculer par quelques courageux sous le regard impassible d’Ambassy et d’Yvain Pottiez, déjà cité précédemment et à qui cela a dû rappeler quelque chose.
À l’intérieur, au regard des moyens déployés, c’est le désert : pas plus de 300 personnes et parmi elles, de nombreux représentants de la municipalité, certains mêmes ceints de leur écharpe tricolore. D’autres, plus âgés, sont juste là pour accompagner leur progéniture. Parmi les plus jeunes, on peut alors reconnaître des militants aixois, regroupés autour de Damien Leclère, le responsable local du Renouveau étudiant, Grégory Ombrouck et ses acolytes de Impact, ex-Napalm Rock, les Niçois de Fraction Hexagone, accompagnés de leurs copines et quelques Italiens. Fraction Hexagone demande alors à jouer, d’autant plus qu’une partie du public leur est largement acquis, mais le staff de Memorial refuse. Ils ont juste droit à quelques dédicaces de la part des groupes sur scène. Dans la salle même, l’ambiance est froide, les plus excités étant les skins de Lyon qui n’arrêtent pas de lever le bras. Les organisateurs calment leur ardeur intempestive et trop politiquement incorrecte.
La soirée s’étire jusqu’à deux heures, devant un public de plus en plus clairsemé. Ils ne sont qu’une centaine à tout casser à la fin.
Le concert a donc été un bide et un crash financier : il a coûté 150 000 francs, en comptant les groupes, la location du chapiteau, les groupes électrogènes, les sonorisateurs et les techniciens. Or il n’a réussi à attirer qu’environ 300 personnes (en comptant le fort contingent de conseillers municipaux), ce qui fait 500 francs de coût par entrée payante, pour seulement 50 francs d’entrée. Si, pour Memorial, l’opération est plutôt positive d’un point de vue financier, elle laisse un goût amer à la municipalité. C’est la dernière fois qu’elle se risque à organiser une manifestation de ce type…
In Memoriam n’est pas forcément plus chanceux à l’étranger : cela ne lui est d’ailleurs pas réservé puisque Fraction Hexagone a parfois connu les mêmes mésaventures. Le groupe est ainsi invité fin juin 2002 à Cologne (Allemagne) pour participer à un concert organisé par la revue Signal et le label identitaire IDM (Identität Durch Musik), équivalent allemand de Memorial Records. Les autres groupes prévus (Nordwind, Ekil et Von Thronstahl) étaient allemands. Mais le concert n’a pas eu lieu. Lorsqu’ils arrivent, les Français tombent en effet directement dans une contre-manifestation antifasciste, et le quartier est bouclé par les forces de l’ordre. Échappant malgré tout aux incidents, le groupe en est quitte pour rentrer à Paris.
Ce type de situation est malgré tout extrême. Trois mois plus tard, le 14 septembre, In Memoriam doit jouer au Havre dans le cadre d’une journée identitaire normande organisée par Thomas Hélène et Laurence Grandvallet, deux étudiants de l’École Supérieure de Commerce du Havre proches du MNR et du Mouvement normand. Ces derniers entendaient rééditer une manifestation qui s’était correctement déroulée le 19 mai 2001 et qui comportait déjà un concert d’In Memoriam. Las, l’activisme local des antifas et les pressions exercées par la préfecture, par le biais des Renseignements généraux, aboutit à l’annulation du concert prévu dans la ville-même. Mais la France n’est pas l’Allemagne, et le concert a eu lieu au prix d’une petite délocalisation dans la propriété d’un cadre local du MNR. L’assistance fut simplement moins nombreuse que prévu, avec une cinquantaine d’entrées payantes.
Cependant, une partie des problèmes rencontrés par In Memoriam par le passé a pu venir précisément du milieu politique du groupe ! Ainsi, le 11 octobre 2000, In Memoriam et les Troubles Makers sont prévus à l’Oscar Wilde, à Paris, bar bien connu des milieux nationalistes pour accueillir les hooligans du PSG. Une fois encore, l’action des milieux antifascistes permet l’annulation du concert. Les groupes se rabattent alors sur un bar tenu par un sympathisant de l’extrême droite, dans le XVème arrondissement. Hélas, depuis décembre 1999, le groupe est en conflit avec la mouvance Bleu-Blanc-Rock et Unité radicale. Ce concert permet donc aux militants du GUD de régler certains contentieux avec des membres du MNJ. Résultat : la police arrive pour remettre de l’ordre et en profite pour faire un contrôle d’identité des 200 personnes présentes ce soir-là, ce qui contribue à diviser encore un peu plus le milieu militant parisien. Cela se concrétise le 23 septembre 2001 alors qu’In Memoriam joue alors en compagnie de Dernier Rempart pour la fête du MNR à la salle Equinoxe dans le XVème arrondissement. Cette fois encore, la soirée est émaillée d’incidents entre militants après que Gaëtan Dirand, responsable du GUD, a lancé son verre de bière à la tête de Philippe Schleiter. Cette fois-ci, les gudars présents dans la salle se font jeter, perdant ainsi le match retour de l’affrontement d’octobre 2000.
Le 8 mars 2002, In Memoriam est invité par l’Œuvre française Lorraine et joue à Brouderdorff, près de Sarrebourg, malgré l’absence de son deuxième chanteur, messire Schleiter. Comme d’habitude la salle est remplie de boneheads venus de tout l’est de la France. Si le concert se déroule sans incidents, l’après-concert est « musclé ». Cinq skinheads revenant du concert agressent au pistolet 6.35 mm un passant d’origine turque à Sarrebourg. Arrêtés peu après, les deux plus violents passent en procès à Metz début avril 2002 et sont condamnés à un an de prison ferme pour l’un et à trois mois pour l’autre. Assez curieusement, In Memoriam et même l’Œuvre française ne sont pas cités par la presse locale, qui rapporte pourtant l’agression et signale simplement le fait que les accusés revenaient d’un concert « nationaliste ». L’appartenance de l’un des deux, Pierre Hilgert, à la mouvance néo-nazie, en l’occurrence la Lotheringen Korps, est pourtant particulièrement bien mise en lumière par le tribunal lors de l’audience.
Ces problèmes à répétition avec son propre milieu politique viennent sans doute en partie du fait que les relations d’In Memoriam avec une partie de la scène RIF se sont lentement dégradées à partir de 1999, ce dont le groupe a eu d’ailleurs parfaitement conscience et qu’il traduisait par la réponse laconique suivante faite lors d’une interview accordée à Fier de l’Être en 2000 :
« - Avez-vous des projets de concerts avec d’autres groupes de RIF ou d’autres groupes à l’étranger ?
Dans l’état actuel des choses, il nous paraît difficile de jouer avec d’autres groupes de Rock identitaire français autres que Elendil, Brixia, Kaiserbund, Aion et Basic Celtos pour la bonne et simple raison que les autres groupes n’expriment pas pour le moment un vif intérêt à jouer en notre compagnie… ». Le groupe confirmait d’ailleurs cette vision des choses en décembre 2001 dans Quartier libre[37] : « Il faut dire qu’au début du RIF, tous les groupes étaient soudés, avaient la volonté de bosser ensemble… Aujourd’hui il n’y a plus cette dynamique donc moins d’émulation… Mais rien n’est jamais définitif ».
Cette mauvaise presse chez certains acteurs de la scène RIF s’explique en partie par le fait qu’In Memoriam a toujours joué assez personnel malgré de grandes déclarations sur le RIF. Ils ont ainsi bien souvent été les seuls à jouer lors de soirées nationalistes. Il faut ajouter à cela certaines rancœurs liées aux liens très étroits unissant In Memoriam à la mouvance mégretiste, ce qui, par le passé, a pu se traduire par un soutien au groupe sous la forme de propositions de concert, en particulier lors des fêtes parisiennes du MNR. De même, In Memoriam a également reçu de l’argent de l’association Aurore en 1999 pour l’album Paris-Belgrade, cette dernière association regroupant les anciens du Renouveau étudiant, mouvement dans lequel Julien Beuzard militait. Or, ce coup de pouce n’a pas forcément été du goût de tous les adhérents de l’association.
De la même façon, In Memoriam ne possède pas non plus de très bonnes relations avec les skinheads, leur reprochant bien souvent de n’être que des provocateurs sans cervelle. Une partie des skins le leur rend bien d’ailleurs comme en témoigne ce petit commentaire désabusé[38] de Lionel Guého, batteur du groupe RAC Celtic Cross : « En concert, quand tu joues avec des stars, il est impossible de fraterniser avec des mecs qui te prennent de haut. Si ce n’est en plus la jalousie de certains, les ragots… Nous avons joué avec quelques groupes de RIF, rares sont les formations qui gardent les pieds sur terre ! Ces gens sont malsains ! Je fais, nous faisons de la musique pour le plaisir, pour faire passer un message et non pour flatter notre égo. »
La Firme
Ce groupe a longtemps été une bouture de deux autres groupes de RIF, en l’occurrence In Memoriam et Dernier Rempart. Il permettait surtout à Julien Beuzard et Richard Pareti de jouer d’autres instruments que ceux qu’ils pratiquent habituellement dans In Memoriam, et à Laurent Martini, fan de musique électro-indus, de se frotter à un autre style, plus pop. Follement provocateur, le groupe peut se targuer d’avoir écrit une chanson homophobe délicatement intitulée « Gaystro-entérite », dont l’idée serait venue à Paretti de la façon suivante[39] : « Gaystro a été écrite une nuit où j’ai appris que des homosexuels traînaient dans le milieu et que je leur avais serré la main sans le savoir ! Ça m’a énervé et le lendemain, je me suis tapé une gastro-entérite ! C’est drôle non ?[40] ». Depuis l’automne 2003, la composition du groupe a changé mais sans que ce dernier trouve vraiment les moyens de parvenir à quelque chose de définitif. Il a par contre changé son fusil d’épaule suite à sa rupture avec Julien Beuzard en entrant en contact avec Bleu-Blanc-Rock.
Dernier Rempart
Ce groupe s’est fondé sous la forme d’un trio originaire de l’Essonne. Son nom vient peut-être d’une chanson d’un des premiers groupes skins nationalistes parisiens, les Bootboys. Leur seul et unique disque, Soldats politiques, est sorti sur Street Fighting Records, un label RAC. Dernier Rempart a par ailleurs fait peu de concerts, les plus connus étant une prestation dans un pub de l’Essonne en janvier 2001 avec Ile-de-France, et une autre pour le MNR en septembre 2001 avec In Memoriam, ainsi qu’un ou deux concerts RAC, en Bourgogne en particulier.
La célébrité du groupe vient en fait et surtout des mésaventures de son batteur intrépide, Guillaume Duchesne. Ce militant du MNR et candidat pour ce parti aux législatives de juin 2002 dans la 11ème circonscription des Yvelines, faisait en effet partie des 14 personnes qui ont agressé le curé de la basilique Saint-Denis le 15 septembre 2002, en représailles de l’accueil d’immigrés clandestins dans la basilique. Or si les 14 personnes ont été identifiées et entendues par la police, seules quatre, dont Duchesne, ont été arrêtées. Même si les faits qui leur étaient reprochés étaient relativement légers, le tribunal correctionnel de Bobigny a eu la main assez lourde, et Duchesne a écopé de 500 euros d’amende pour complicité dans l’agression. Ceci dit, le pauvre Guillaume était déjà célèbre avant cette affaire grâce à la rubrique régulière que lui consacrait Fier de l’Etre en 2002.
Le magazine se moquait gentiment de lui en rappelant ses faits d’armes militants. On peut prendre comme exemple le fait d’être présenté comme ancien électeur de Charles Pasqua par une publication du MNR avec ce commentaire qui lui était attribué[41] : « Aux Européennes, j’ai voté Pasqua et je me sens trahi. Pour moi, la probité est une valeur essentielle tout comme la souveraineté de la France. Je veux un homme neuf et intègre comme Mégret ».
Insurrection
Ce groupe a été fondé en 1998 à Châteauroux par trois militants du FNJ managés par une figure locale du militantisme extrême droitier, nationaliste et catholique, Paul Thore ; il s’est appuyé sur la mouvance du magazine L’Épervier. Paul Thore a également écrit la plupart des paroles du groupe.
Insurrection n’est pas séparable de son environnement et du militantisme politique qui constituent un microcosme très particulier et lui impriment son style. Cela se ressent dans l’idéologie du groupe qui reste assez confuse. Insurrection revendique un catholicisme virulent, et à travers certaines chansons, un royalisme ultra comme dans la chanson « Contre-Révolution ». Cette orientation correspond aux références politiques de cette petite mouvance, dont la majeure partie est très proche de la Garde franque, une structure regroupant des militants du FNJ, mais hors FNJ, sur une base nationale-catholique. Le site internet de la Garde permet d’ailleurs de télécharger le deuxième disque du groupe, Honneur et Fidélité. Mais dans le même temps, Insurrection multiplie les références à des mouvements ou à des idéologies fort éloignées du national-catholicisme. La chanson « Honneur et Fidélité » renvoie ainsi directement à la Légion et au-delà immanquablement au nazisme. Difficile en effet de faire oublier que « Mon Honneur s’appelle Fidélité » était la devise des SS. Il en est de même des nombreuses références à quelques figures de la mouvance nationaliste ultra comme Vincent Reynouard[42] ou Michel Lajoye[43]. Toujours dans le même cadre de référence à certaines expériences du passé, le premier album d’Insurrection était de nature à combler les nostalgiques de Vichy avec la reprise de « Maréchal nous voilà ». Enfin, dans une autre chanson intitulée « Les Rats Noirs », le groupe rend hommage au GUD, plutôt réputé pour ses références brunes. Ce grand fourre-tout a d’ailleurs valu à Insurrection cette critique discrètement ironique de Rivarol[44] : « On aime ou l’on n’aime pas le “ rock identitaire ”, mais on ne peut pas lui dénier sa spécificité : musique et paroles également agressives, son poussé au maximum, violences d’impitoyables percussions, tout là-dedans est volontairement fruste et brut de décoffrage, et les pochettes des disques montrent des garçons certainement doux et gentils dans la vie courante mais qui se forcent à prendre, le temps de la photo, l’air de grands méchants loups.
Ce disque [Honneur & Fidélité. NDLR] n’échappe pas à la règle, mais la surprise vient de la bannière sous laquelle se présentent ses auteurs : là où l’on imaginerait de farouches néo-païens primitivistes, on trouve des adeptes de la monarchie, qui réclament non pas Thor ou Odin, mais Dieu et le roy, avec un Y. Il est vrai que le l’Y ne s’entend pas dans la musique et la dentelle Pompadour n’est pas au rendez-vous. Les thèmes abordés par les chansons sont d’ailleurs communs à tous les nationalismes, sans éviter l’outrance qui est la règle de ce jeu musical : l’attaque contre les flics “ ripoublicains ” oublie que le flic de base en lutte contre les voyous est plus près de nous que de ses ministres ! […] Les limites d’un disque comme celui-ci sont celles du genre : loin de l’invention mélodique qui a fait le succès du rock traditionnel, cette musique ne donne pas envie de frétiller sur une piste de danse ou de chantonner en épluchant les légumes. Son succès est freiné par le refus de séduire et certains disques sont plus proches du chœur parlé que de la danse. Rythme parlé, paroles simplistes : mon dieu, ce rock ne serait-il pas plutôt du rap ? Dans toute guerre, les adversaires combattent avec les mêmes armes… Mais la victoire – musicale pour commencer – est à celui qui sait en tirer l’effet le plus large. C’est la grâce qu’il faut souhaiter à tous les rockeurs identitaires. »
De la même façon, Insurrection est sans doute musicalement parlant l’un des groupes les plus durs de la mouvance, avec des influences et donc des paroles qui renvoient directement au RAC. Le groupe n’hésite d’ailleurs pas à faire des reprises de groupes skinheads et sur le dernier album on trouve ainsi une chanson de Nouvelle Croisade, « Tu aimeras ». Comme Nouvelle Croisade était le groupe à l’origine d’Ultime Assaut, où, comme on l’a vu précédemment, officiaient les futurs membres de Vae Victis et lle-de-France, tout ça reste dans un petit milieu. Du coup, c’est peu dire qu’Insurrection ne fait pas l’unanimité dans la scène RIF. Ses MP3 furent retirés du site du Lion des Flandres, et Insurrection n’a pas de page internet sur le site du Coq gaulois, ce dernier considérant que ce n’est pas un groupe de RIF, et les autres groupes craignant que la présence d’Insurrection à leurs côtés ne les crament définitivement. Insurrection prend d’ailleurs tout ce petit milieu de très haut en n’hésitant pas à attaquer des « camarades »[45] :
« À l’époque de la création d’Insurrection, les nouveaux venus au sein de la famille RIF étaient Brixia et Basic Celtos… Pour nous, faire du rock identitaire voulait dire faire du rock nationaliste sans provocation mais sans rien renier non plus !!! Face à un groupe de rap et un groupe de variété dont les paroles ne veulent rien dire, nous voulions affirmer que la relève du RIF, ce n’était pas ça ! Dès le début, Insurrection a affiché haut et fort ses convictions nationalistes et catholiques radicales ! […] Plusieurs groupes de gauche de la région de Châteauroux nous ont même proposé de jouer avec nous !!! Avis à certains groupes ringards parisiens dont c’est le rêve depuis des années… » Les susdits « groupes ringards », à savoir Brixia, Basic Celtos mais aussi sans doute Elendil ou In Memoriam, auront bien entendu apprécié…
Ce profil explique qu’Insurrection évolue dans deux sphères bien précises et également bien limitées. Il joue en effet assez souvent sur invitation du Front National de la Jeunesse, comme par exemple à l’université d’été de l’organisation en juillet 2001 dans le château du CNC, à Neuvy-sur-Barangeon dans le Cher, ou le 22 février 2003 à Paris dans le local du FNJ 75, le Forum Jeunesse. L’autre occasion de se produire en public lui est fourni par son propre milieu avec l’étiquette Bleu-Blanc-Rock et dans le milieu bonehead avec des concerts RAC. On peut ainsi citer en vrac les concerts à Châteauroux (ce qui est la moindre des choses…) organisés par la LNC[46] ou BBRock ainsi que ceux qui ont eu lieu à Rennes grâce à la cellule locale BBR qui équivaut grosso modo au GUD Roazhon[47]. On peut ainsi citer le concert du 3 mars 2001 à Rennes qui a rassemblé une cinquantaine de personnes, le concert du 14 avril 2001 à Châteauroux, le concert du 25 août 2001 en Suisse avec Fraternité blanche (groupe RAC du Nord), Panzerjäger (groupe RAC également originaire du Nord) et Durandal (groupe metal de la région parisienne), ou encore le concert du 9 novembre 2002 à Rennes avec Fraternité blanche, Panzerjäger, Bagadou Stourm (groupe RAC breton) et Regnum Æternam. Bien sûr, ces fréquentations contredisent parfaitement les professions de foi du groupe, telle celle publiée par Jeune Résistance en 2002[48] :
« Lorsque nous avons créé Insurrection, nous avions plusieurs objectifs : tout d’abord ne pas tomber dans le trip NS[49] et / ou skinhead. Nous n’avons personnellement rien contre les skins ou les NS, d’ailleurs certains d’entre eux sont beaucoup plus politiques et beaucoup plus militants que bien des donneurs de leçons en la matière ! Nous avons juste fait le choix politique de ne pas reprendre à notre compte des étendards qui effraient trop nos contemporains… » Mais la cohérence n’est peut-être pas la première qualité de ce groupe ?
Regnum Æternam
Basé à Châteauroux et faisant donc partie de l’écurie BBRock, ce groupe développe une musique qu’il qualifie lui-même de « métal identitaire ». Il a fait sa première apparition publique lors d’un concert organisé le 14 avril 2001 à Châteauroux par la petite équipe de L’Épervier mais il a également joué pour le FNJ. C’est relativement normal, puisque Émeric Gervais qui en fait partie est un militant actif du FNJ : on peut d’ailleurs voir sa chevelure de fan de black-metal « traîner » dans les manifestations de l’organisation de jeunesse du FN. Plus que par l’originalité de sa musique ou l’importance de sa biographie, Regnum Æternam est surtout célèbre dans le petit milieu RIF pour le caractère hautement provocateur de la pochette de son unique album, sorti chez Pit Records. On y voit en effet des soldats de la Waffen SS s’apprêtant à se lancer à l’assaut. Ce style de pochette faisant directement référence au nazisme est assez courant de la part de ce label qui y voit un excellent moyen de vendre sa camelote. En tout état de cause, cette apologie rampante du nazisme colle assez bien avec la démarche du groupe qui, à l’instar d’Insurrection, n’a jamais hésité à jouer avec des groupes RAC, comme le 9 novembre 2002 à Rennes par exemple ou le 30 novembre 2002 à Bourges avec Lemovice, un groupe RAC de Limoges.
Le Ksan
De son vrai nom Fabien Gaudry, ce musicien nancéen est en fait un « homme orchestre » jouant de la variété. Il se produisait auparavant sous le nom de Docteur Petit dans le même style musical, mais un médecin portant le même nom l’obligea à en changer[50]. En tant que tel, le personnage a peu de réalisations à son actif avec seulement une démo et deux concerts en 2001 : le 31 mars avec Elendil et Kaiserbund dans l’Essonne et en avril pour la fête de Jeanne d’Arc à Domrémy en Lorraine lors de la journée organisée à cette occasion par le MNR. Sa prestation lui valut ce commentaire désobligeant (mais justifié ?) de France-Soir[51] : « Un jeune Lorrain, Ksan, est venu donner de la voix. Sur une musique qui oscille entre la techno et la bourrée lorraine, il décline les idées de Mégret d’une voix de canard malade : “ Prends garde à toi France chérie, des gens s’installent sans ton avis ”, “ Notre identité c’est d’être Français, notre lien sacré une terre, un peuple, une culture ” ». Il faut dire que le style développé par le « Ksan » ne semble pas avoir convaincu grand-monde dans le petit milieu RIF, ce qui explique son absence des projets collectifs comme le CD Antimondial de BBR.
À cette liste, il faudrait encore ajouter tous les groupes n’ayant fait qu’une éphémère apparition dans le milieu RIF : Windspies, Thyl, un groupe flamand, dont plusieurs membres étaient issus du groupe bonehead de la fin des années 1980, ou encore Jong Wacht, qui était produit par Gaël Bodilis du label Rebelles Européens. Le bassiste de ce groupe, Arnaud Pattin, activiste de Troisième Voie à Lille dans les années 1980, se rendit « célèbre » par sa participation passive à l’assassinat du SDF Patrick Le Mauff le 1er octobre 1988. On pourrait encore citer Hacktivist, un groupe de metal indus censé révolutionner l’année 1999, Calvatronic, groupe éphémère formé autour de Jack Marchal, dont la courte existence s’est résumée à un concert organisé sous le patronage de BBR en Normandie pour le solstice d’été 1999. Il y aurait aussi les groupes situés en marge du RIF, soit parce qu’ils arrivèrent trop tôt, soit parce qu’ils n’éprouvèrent pas le besoin de s’inscrire dans cette démarche comme Korma, un groupe de rock gaélique nationaliste lyonnais qui a existé de 1993 à 1997.
- Tribune musicale n°2, été 2000[↩]
- ibid.[↩]
- National Hebdo, semaine du 11 décembre 1997.[↩]
- Ligue Indépendante des Étudiants de Droite, fondée en 1989 sur Rouen, qui servit de base à la création du Renouveau étudiant.[↩]
- Quartier libre n°3, juin 2002. Pour une présentation de ce fanzine, se reporter au chapitre V sur la mouvance RIF[↩]
- Le concert fut annulé sous la pression des antifascistes. Les spectateurs nationalistes partirent se cacher près de la Fac de Jussieu, où le groupe se produisit sous la pluie au bord de la Seine.[↩]
- Jeune Résistance n°9, janvier-février 1998.[↩]
- en mars 2000.[↩]
- Militant d’origine polonaise du GUD Paris dans les années 1990 qui a pu faire occasionnellement le lien avec la scène polonaise.[↩]
- Présent, 29 mars 2000.[↩]
- Tribune musicale n°1, printemps 2000.[↩]
- Il est l’un des principaux, sinon le plus connu, des avocats nationalistes et révisionnistes, longtemps militant FN puis MNR.[↩]
- Ce passage avait été expurgé de l’interview publiée par Présent mais figurait dans Tribune musicale[↩]
- « Corps francs ». Organisations paramilitaires et nationalistes allemandes, actives en 1918-1919 contre les soulèvements et mouvements révolutionnaires du type spartakiste.[↩]
- Jeune Résistance n°1, septembre 1995.[↩]
- Réfléchir & Agir, n°0, nouvelle série, printemps 1996.[↩]
- Maire FN d’Orange depuis 1995.[↩]
- Ancien militant de Troisième Voie puis de Nouvelle Résistance, devenu depuis 1995 le chargé de communication de la municipalité d’Orange et le gendre de monsieur le maire.[↩]
- En référence au film Orange mécanique de Stanley Kubrick.[↩]
- Jeune Résistance n°4, octobre 1996.[↩]
- Label RAC animé par Michaël Bellet dans l’Ouest de la France.[↩]
- Les frères Strasser, chefs des SA (Sections d’Assaut), dirigeaient l’un des courants de l’aile gauche du NSDAP. À ce titre, ils sont souvent cités en exemple par les NR.[↩]
- Neue Ordnung n°2, hiver 1999-2000.[↩]
- Association lancée au début des années 1990 dans le but d’organiser artistes graphistes et architectes de la mouvance nationaliste. À partir de 1993, l’Art s’affiche a en particulier mis sur pied une exposition annuelle à Paris. Sa dernière apparition date de février 1999, au meeting du Front de la Jeunesse.[↩]
- Cf. le paragraphe sur la BD dans le chapitre V sur la mouvance RIF[↩]
- Fier de l’Être n°14, avril-mai 2001.[↩]
- Jeune Résistance n°15, mars-avril 1999.[↩]
- Les jeunes fafs sont fascinés par le groupe de metal indus allemand Rammstein. Pourtant, ce groupe n’a rien à voir avec l’extrême droite. Certains membres de Rammstein faisaient partie du groupe punk FeellingB, dont l’album fut produit par Division Nada, le label de l’ancien chanteur des Bérurier Noir. Les seules raisons qui peuvent expliquer la fascination des fafs pour Rammstein sont leur musique très martiale et le fait qu’ils chantent en allemand. De là à rappeler quelques souvenirs à certains, il n’y a qu’un pas.[↩]
- Célèbres boutiques parisiennes de vêtements anglais marqués « skinheads » comme les marques Lonsdale ou Fred Perry et dont le patron est un sympathisant de la mouvance nationaliste.[↩]
- Fier de l’Être, n°20, automne 2002.[↩]
- C’est-à-dire Comité du 9 Mai, chanson en hommage à Sébastien Deyzieu, militant nationaliste qui trouva la mort en tombant d’un toit lors d’une manif du GUD et des JNR en 1994.[↩]
- Jeune Résistance n°29, hiver 2002.[↩]
- Interview d’In Memoriam publiée sur le site du Coq gaulois début octobre 2002.[↩]
- Mouvement National de la Jeunesse, mouvement de jeunesse du MNR de Bruno Mégret.[↩]
- Il a alors eu droit à divers papiers dans la « presse du Système », en particulier VSD.[↩]
- Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires, structure skinhead dirigée à cette époque par Serge Ayoub alias Batskin.[↩]
- Quartier libre n°1, décembre 2001.[↩]
- Fier de l’Être n°21, janvier-avril 2003.[↩]
- Fier de l’Être n°16, automne 2001.[↩]
- Très… Un vrai comique troupier le Richard ! NDLR.[↩]
- Fier de l’Être n°19, été 2002[↩]
- Ancien militant néo-nazi investi dans le négationnisme historique depuis plus de 15 ans et récemment condamné à de la prison ferme par le tribunal correctionnel de Clermont-Ferrand pour des écrits sur Oradour-sur-Glane.[↩]
- Ancien militant néo-nazi condamné à la fin des années 1980 à la prison à perpétuité pour un attentat manqué contre un café immigré en Normandie. Se reporter à REFLEXes n°3.[↩]
- Rivarol, semaine du 4 avril 2002.[↩]
- Jeune Résistance n°28, automne 2002.[↩]
- Ligue Nationale Catholique.[↩]
- GUD Rennes.[↩]
- Jeune Résistance n°28, automne 2002.[↩]
- NS pour National-Socialiste.[↩]
- Tribune musicale n°3, automne 2000.[↩]
- France-Soir, lundi 14 mai 2001.[↩]
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