Le mouvement des Identitaires est arrivé à maturité ! La preuve : il est victime de sa première grande crise interne qui l’entraîne tout droit vers l’implosion du mouvement au rythme où vont les choses…
C’est la chute finale !
Ce n’est plus un secret pour grand-monde que depuis plusieurs semaines, voire plusieurs mois, toute la mouvance identitaire (Bloc Identitaire, mouvements de jeunes, associations satellites…) se déchire et est parcourue par de nombreuses dissensions. Si, pour certains, les problèmes semblaient porter sur la non-participation de Philippe Vardon à la réunion publique de ce samedi 10 mars intitulée « La France en danger », il n’en était rien en réalité puisque Philippe Millau désirait organiser un événement qui soit moins typé « identitaire » que les Assises contre l’Islamisation et que Philippe Vardon, tout en étant au courant du projet, n’avait pas fait des pieds et des mains pour y participer. Les raisons de la discorde sont en fait bien plus profondes. Il semble qu’un fossé se soit creusé entre, d’un côté, tous les militants partisans d’une très large autonomie des différentes composantes du mouvement identitaire, soit une grande partie des « jeunes » emmenés par Philippe Vardon, et, de l’autre, tous ceux partisans d’une structuration politique plus classique et donc plus hiérarchique, soit les « vieux », à savoir la famille « tape-dur », alias les Roudier père et fils[1], Philippe Millau et dans une moindre mesure Dominique Lescure. Cette opposition, qui fait ressortir aujourd’hui bon nombre de querelles non réglées depuis des lustres, survient alors que le mouvement identitaire va fêter ses 10 ans à l’automne prochain. 10 ans qui correspondent également à la période que Philippe Vardon s’était fixée pour faire un bilan de son action politique au sein du mouvement. Si elle est finalement peu sortie sur la place publique, la crise semble cependant avoir atteint son paroxysme avec l’organisation du Conseil Fédéral des Identitaires, qui devait se tenir le lendemain des Assises de Nationalité-Citoyenneté-Identité (NCI) et qui a été annulé par la direction. Il semble que plusieurs sections jeunes, jugées un peu trop indépendantes et peu enclines à se plier à la volonté des chefs, aient été purement et simplement non conviées à ce conseil fédéral.
Les Assises, combien de saucissons ?
Le fait est que l’absence des jeunes identitaires à ces Assises, en particulier des jeunes Parisiens, était aussi manifeste que le nez au milieu de la figure. Ils n’étaient cependant pas les seuls et ces Assises marquent un net recul de la fréquentation si on les compare à l’affluence qui avait caractérisé celles de décembre 2010. Certes les conditions n’étaient pas les mêmes : l’apéro saucisson-pinard et son buzz monumental ne datait que de quelques mois, le travail avec Riposte Laïque portait tous ses fruits médiatiques. L’équipe aux manettes de la communication du BI était également différente puisqu’à l’époque Bruno Larebière faisait jouer toute l’étendue de son savoir-faire pour assurer le succès de la manifestation. Or ce dernier aspect n’a sans doute pas été négligeable dans le relatif échec de samedi tant les « couacs » de communication ont été nombreux, que ce soit le buzz raté autour de la participation supposée de Christian Vanneste ou les nombreux désistements survenus dans les jours précédents les Assises. La palme du grand-guignol revient à ce titre à – est-ce surprenant ? – Jean-Paul Bourre qui a annoncé son retrait quasiment la veille, après avoir «appris» que Philippe Vardon ne serait pas présent, ce qui était pourtant prévu depuis le départ[2]. Il faut dire que Jean-Paul Bourre semble s’être pris d’amitié pour les jeunes identitaires depuis un peu plus d’an. Le 25 septembre 2011, il était présent à la Barricade, l’ancien local du Projet Apache aujourd’hui fermé, pour la présentation du livre commis par Philippe Vardon. Quelques jours auparavant il avait reçu l’association identitaire Solidarité Kosovo sur les ondes de la radio Ici & Maintenant sur laquelle il officiait alors. Cette antenne fut d’ailleurs plusieurs fois mise à contribution pour la promotion du Projet Apache (PA) ces derniers mois, que ce soit le 29 septembre 2011 avec la présence derrière le micro d’Alban Ferrari, l’un des responsables du PA ou en d’autres occasions avec la promotion du groupe Hôtel Stella et de la Marche Sainte-Geneviève au cours de ses émissions.
En tout état de cause, ces Assises n’ont sans doute pas dépassé les 600 à 700 personnes et le public était globalement âgé. On pouvait y reconnaître de « vieilles connaissances », de Gilles Soulas à Guillaume Faye en passant par Claudine Dupont-Tingaud[3] et si on était loin de l’ambiance des Fêtes de l’Identité des années 2000, certaines personnalités avaient un petit côté « cheval sur le retour »… À ce titre Jean-Yves Le Gallou a démontré à quel point il était redevenu une personnalité-clé de la droite radicale, à la fois par ses contacts et par ses capacités d’homme de réseau. Il n’est à l’évidence pas le moins impliqué dans ce retour de certaines figures grécistes des années 1970-1980.
Les interventions étaient conformes à ce qu’en pouvaient attendre les organisateurs, à l’exception de celle de Christine Tassin dans la matinée qui fut copieusement huée par l’assistance, à l’évidence peu réceptive au discours de gauche de la responsable de Résistance Républicaine. Il semble que C. Tassin n’était d’ailleurs pas prévue au programme et qu’elle se soit imposée à la suite de Pierre Cassen[4] contre la volonté des dirigeants du BI. Cet épisode pourrait bien remettre en cause l’intérêt d’un travail commun entre le Bloc et Riposte Laïque qui étaient pourtant présents côte à côte à Toulouse cet automne au moment du procès d’Houria Boultedja[5].
En l’absence d’Oskar Freysinger dont seule une intervention audiovisuelle était diffusée, l’applaudimètre aura été remporté par l’américain Jared Taylor dont le discours racialiste aurait défrisé n’importe quelle association antiraciste. Il n’avait pour réel concurrent sur ce terrain que Henry de Lesquen qui participait à une table ronde animée par Jean-Yves Le gallou mais dont la virulence plus émoussée ne lui permettait pas de remporter sa croix de fer en chocolat.
Pour le reste l’organisation était assez comparable à celle des Assises de décembre 2010, jusqu’au SO toujours dirigé par Michael Renuy et à l’exception de la couverture médiatique nettement plus sommaire. La présence des journalistes était en effet particulièrement discrète et l’infrastructure multimedia très légère, se partageant entre Novopress et Novopress, si on excepte une émission sur Radio Courtoisie (dont le président était aux Assises en la personne d’Henry de Lesquen) et une autre sur Méridien Zero, la radio Internet du MAS.
Au fond à droite !
Alors qu’on pouvait logiquement penser que la crise au sein des Identitaires serait apparue après les législatives, les différentes tendances se déchirant sur la stratégie à adopter vis-à-vis du FN, il semble que l’affrontement pointe son nez plus tôt que prévu et s’annonce violent. Le moins étonnant n’est pas le curieux silence de Fabrice Robert, véritable lien entre le Bloc et les jeunes, qui semble dépassé par la tournure prise par les évènements, coincé sans doute entre sa phobie des conflits et son amitié pour les divers protagonistes de l’histoire.
Alors également que, paradoxalement, le projet de renouvellement culturel du militantisme à l’extrême droite semblait en passe d’être gagné par les Identitaires, c’est à cette période charnière que l’ensemble est proche de s’écrouler. Après avoir mis en place de nouvelles structures, une ligne « éditoriale » propre et identifiable (à défaut d’une doctrine politique cohérente), en tentant de se débarrasser du folklore traditionnel du nationalisme français, les Identitaires sont face à un mur. Pour changer de dimension et sortir de la sphère groupusculaire, les Identitaires sont contraints de changer et de se positionner comme un parti politique, surtout que dans le domaine des jeunes et de l’activisme, ils sont talonnés sur leur droite par Batskin et ses toutes jeunes sections Troisième Voie, qui pour l’instant sont sur une dynamique positive[6].
La « crise d’adolescence » des Identitaires est en passe de leur être fatale. En cas d’éclatement, il ne serait pas farfelu d’envisager qu’une fraction des ex-Jeunesses Identitaires abandonne en partie le travail culturel effectué depuis des années par les cadres, pour revenir à plus de tradition dans le militantisme, en adoptant peut-être une ligne médiane, un peu comme le groupuscule parisien, le MAS, qui a opté pour une sorte de « Troisième Voie » du militantisme nationaliste, entre la modernité à la Casa Pound et l’héritage du folklore d’extrême droite français.
Nous laissons bien entendu la question « 10 ans pour en arriver là ? » aux seuls militants identitaires, convaincus que nous sommes que, quoiqu’il arrive, cette crise laissera des traces profondes… La suite donc à la Convention parisienne prévue cet automne… Pour peu qu’elle ait lieu !
- La famille au quasi grand complet était présente samedi.[↩]
- Cette version s’est transformée en supposées menaces dans le compte-rendu de Caroline Alamachère, membre de Riposte Laïque[↩]
- Membre de l’OAS, elle fut la plus jeune prisonnière politique de France au début des années 1960. Elle a depuis parcouru tout l’arc des organisations droitistes radicales.[↩]
- Les deux compères sont d’ailleurs partis avant la fin du discours de clôture. Maigre consolation, ils auront pu entendre Fabrice Robert citer Georges Marchais dans le texte. Autant dire de la grande littérature…[↩]
- Pour ce rassemblement le 14 décembre dernier, le Bloc a fourni le gros des troupes, faisant venir du monde d’Aquitaine, de Bretagne, du Languedoc-Roussillon… tandis que de leur côté Riposte Laïque (et son avatar Résistance Républicaine) n’a réussi à déplacer que très peu d’individus, une dizaine tout au plus. On a pu y voir entre autres Alain Bouisset, candidat FN aux dernières cantonales à Aigues-Mortes et déjà présent à Toulouse pour « l’apéro républicain » en septembre 2010 (l’apéro le plus bref de toute l’histoire des apéros !! les militants antifas toulousains n’ayant pas l’intention de leur laisser le temps de s’installer), Jean-Pierre Ouvrard qui pris la parole ce jour-là pour RR. et qui sera aussi l’organisateur de la venue de P. Cassen et C. Tasin à Toulouse en janvier dernier, ou encore Alain Barret, tous deux représentants de Résistance Républicaine Midi-Pyrénées. Seuls un ou deux Parisiens avaient fait le déplacement semble t-il, notamment Caroline Alamachère, qui était présente ce samedi à l’espace Charenton.
A noter une présence singulière à ce rassemblement, celle du jeune Maxime Benaïm, militant acharné de la LDJ il y a encore peu, et ayant disparu de la scène parisienne. Son passage en fin de rassemblement et ses apparentes bonnes relations avec de jeunes identitaires toulousains nous laissent à penser qu’il aurait fait le choix de se faire un peu oublier sous le soleil toulousain.[↩]
- Mais pour combien de temps encore ? Au vu de la personnalité de Serge Ayoub, il n’est pas à écarter que certains clashs se produisent dans les prochains mois…[↩]
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