REFLEXes

Samuel Maréchal : le gendre idéal

15 janvier 2003 Les institutionnels

Né le 20 septembre 1967, aîné d’une famille de cinq enfants d’un pasteur pentecôtiste, ce Normand d’origine a vécu au Tchad et à Paris, et a grandi à Nantes en faisant le coup de poing aux portes des lycées. Peu doué pour les études, il essaye d’obtenir un BEP de prothésiste dentaire avant d’entamer des études de droit qui n’ont abouti que sur un DEUG.

Maréchal s’engage au FN à 18 ans, en novembre 1985, séduit par la figure de Le Pen. En 1991, il commence à avoir des responsabilités au FN : d’abord directeur de campagne de Bruno Mégret en mars 1991, il est appelé en septembre de la même année par Jean-Marie Le Pen pour sa campagne législative à Nice. Maréchal est alors responsable régional des Pays de la Loire. Mais c’est surtout en tant que directeur national du FNJ, à partir de mai 1992, qu’il se fait connaître. Chargé de le rénover, Maréchal renoue avec une pratique militante offensive : agit-prop devant le Sénat le 3 juin 1992 contre le traité de Maastricht, en mai 1994, demande de démission de Pasqua après la mort de Sébastien Deyzieu, mais aussi manifs FN pendant le mouvement anti-CIP… Car dès son arrivée à la tête du FNJ, il s’intéresse autant aux jeunes chômeurs qu’aux lycéens et aux étudiants. C’est dans cet esprit qu’il fonde l’Association de Recherche Pour l’Emploi des Jeunes (ARPEJ) en 1995, dans le but officiel est de promouvoir la «priorité sociale pour les Français», et officieux de prendre contact avec des jeunes susceptibles de rejoindre le FNJ.

Mais Maréchal choisit une autre voie pour monter dans l’appareil : il épouse en janvier 1993 Yann Le Pen, fille cadette de Le Pen, qui lui donnera trois enfants, et s’installe rapidement au domicile privé de Le Pen, la villa Montretout à Saint-Cloud, où il réside toujours. Il utilise également le FNJ pour asseoir sa position : il crée autour de lui un comité directeur, et place des militants FNJ qui lui sont proches dans les secrétariats départementaux. Adjoint au Secrétaire général, il est aussi chargé de l’organisation des caravanes qui assuraient un nouveau type de promotion à la campagne présidentielle de Le Pen depuis 1995. Lors du passage de l’une de ces caravanes, en mars 1995, des incidents éclatent entre des militants FN et des lycéens à Auch (Lot-et-Garonne) : Maréchal est condamné à huit mois de prison avec sursis et 5000 francs d’amende pour «coups et blessures volontaires et complicité». Il est amnistié en janvier 1996, mais cette condamnation lui aurait permis de se faire reconnaître au sein du FN. 1995 est également l’année où son slogan «Ni droite ni gauche Français» est repris par l’ensemble du mouvement. Maréchal estime en effet que toute stratégie d’alliance est une erreur, prenant comme exemple le sort du PCF lors du premier septennat de Miterrand. Cette pierre dans le jardin de Mégret explique le peu d’estime que lui porte ce dernier. À noter que par la suite, Samy fut moins heureux quant au choix de ses slogans qui firent tous long feu (exemple : «Nous sommes l’amour»). 1995 est également l’année de la sortie de son livre dont le titre reprend son slogan-phare. En 1996, lors du IIe congrès national du FNJ, et dans le but de faire passer le FNJ pour un interlocuteur politique crédible, Samuel Maréchal a présenté devant ses militants trois projets de loi sur le thème du chômage, du service militaire et de l’apprentissage.

Cette ascension au sein du FN ne se fait pas sans faire grincer bien des dents : d’abord les jeunes fachos du GUD, qui tirent un bilan plus que mitigé des activités de Maréchal à la tête du FNJ, l’accusant de vouloir les instrumentaliser et de jouer sur les rivalités internes, ce qui n’est pas faux. L’état dans lequel se trouve le FNJ en 1998 est d’ailleurs assez lamentable : malgré les moyens financiers et humains très importants mis à la disposition de son gendre par Le Pen, le nombre de militants est inférieur à 2000.

La scission donne l’occasion à Maréchal de régler ses comptes, en particulier avec le Renouveau étudiant, qui suit Mégret dans la déroute. Premier profiteur du népotisme de Le Pen, il espère bien, par son zèle dans la dénonciation des mégrétistes, se poser définitivement comme le numéro deux. Le Pen ne partage pas cet avis, en accordant davantage d’importance à Carl Lang ou Bruno Gollnisch. Maréchal échange alors la direction du FNJ pour celle de la communication du FN. À l’université d’été du FNJ en 1999, il déclare que la France est aujourd’hui et de fait «une société multiconfessionnelle depuis que l’islam est devenue la deuxième religion de notre pays.» Ceux qui au Front veulent limiter son influence (Bompard, Lang et Gollnisch) en profitent pour le discréditer, oubliant que la suite de l’intervention de Maréchal était «Cet état de fait, je le regrette. Il nous faut donc organiser une véritable reconquête politique.»

Quelque temps plus tard, il démissionne de ses responsabilités interne (tout en restant secrétaire départemental de la fédération 44) pour gérer en mars 2001 une entreprise de communication de Thomas Lagane, Self-Made Agency. Mais le dimanche 21 avril 2002, on le retrouve derrière Le Pen à la télévision, et c’est lui qui organise la campagne de l’entre-deux tours. Depuis, il est officiellement chargé de la stratégie de communication de Jean-Marie Le Pen, avec comme dernière trouvaille le désormais fameux «Je suis socialement à gauche, économiquement à droite et, plus que jamais, nationalement de France ».

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