REFLEXes

Petites soeurs du FNJ

3 décembre 2005 Les institutionnels, Les radicaux

Le week-end dernier a eu lieu le traditionnel conseil national annuel du FNJ à l’issue duquel, le dimanche matin, une petite délégation de militants s’est rendue à la statue Jeanne d’Arc avec une banderole Touche pas à ma soeur. Réunissant une grosse cinquantaine de militants et fixant les perspectives militantes pour l’année à venir, la réunion a surtout été l’occasion d’avaliser la nomination d’un nouveau directeur national, le poste étant vacant… ou plus exactement en déserrance depuis quelques mois.

Il faut dire que le titulaire en exercice, Arnaud Fréry, a disparu depuis le printemps 2005 alors qu’il avait été nommé au début de l’année en remplacement d’Armand de Béjarry, retourné pour sa part à Nantes. Ah Arnaud ! Voilà un directeur du FNJ comme on en voudrait tant… Pas ambitieux ni gaffeur pour un sou… Né en 1981 en Alsace, notre Rastignac natio monte à Paris en 1997 et intègre l’École des Arts et Métiers en Droit des Affaires et Management. Parallèlement, il adhére au FN en 1998 et se retrouve désigné Secrétaire Départemental FNJ du Territoire de Belfort de 1999 à 2000. Il est ensuite nommé délégué aux lycées en janvier 2001 et Secrétaire Départemental de la fédération de Paris du FNJ de 2001 à 2002, en charge des actions de terrain. La même période le voit fréquenter les milieux les plus nazebroques de Paris, en particulier la dernière génération du GUD avec laquelle il participe à quelques actions ou activités – les raids normands organisés par Yvain Pottiez en particulier – et qui lui attribue le surnom de « Grand Mytho ». On ne saurait déterminer exactement si cela visait sa taille (Fréry est grand il est vrai), sa capacité d’affabulation ou son penchant pour une période sombre de l’histoire européenne… Ou les trois à la fois ! Il « s’illustre » en tout cas dans des affrontements avec des militants antifas sur le marché de Ménilmontant le 19 février 2001 ou lors de la tentative « d’assaut » mené contre le loft en mai 2001 par des militants de gauche qu’il croit alors manipuler ou enfin en dirigeant la délégation FNJ qui envahit un débat du salon de l’éducation le 25 novembre 2001. Cet activisme lui vaut d’être désigné délégué national à l’animation et à la propagande du FNJ par Louis-Armand de Béjarry à l’automne 2001. Fréry entame alors une carrière qui le propulse sous le feu des flashs et des caméras lorsque J.-M. Le Pen accède au 2ème tour de la présidentielle en avril 2002. C’est à ce moment qu’on sent tout le poids de la formation politique du jeune homme. Interviewé par deux journalistes de TF1 goguenards, le DN à la propagande déclare alors que les « membres de l’équipe de France de football sont tous des Français exemplaires », qu’il « ne faut pas prendre le slogan du FNJ « Les Françaises aux Français » au pied de la lettre », que « J.-M. Le Pen a fréquenté des nazis comme il a aussi fréquenté des PD », etc. Ce grand moment d’émotion qui a fait s’étrangler de fureur la moitié du Tout-Paris nationaliste n’empêche pas Fréry d’être candidat FN aux élections régionales de mars 2004 et surtout d’être nommé Directeur National du FNJ en remplacement de Béjarry en février 2005. On peut clairement y voir le résultat des luttes d’influences internes au FN. Béjarry était en effet à couteaux tirés avec Marine Le Pen et sa participation controversée à la Fête de l’Identité 2003 lui avait valu un passage devant la commission de discipline. Passage de pure forme et uniquement à destination médiatique d’ailleurs puisque aucune sanction ne fut alors prononcée. Certains forums Internet virent d’ailleurs des militants s’épancher sous couvert d’anonymat et suggérer que ce rappel à l’ordre était peut-être moins dû à la Fête de l’Identité qu’à une attitude bien peu gentleman avec de jeunes militantes du FNJ, en particulier du centre de la France. Mais nous ne croyons bien évidemment pas une seconde tout ce fiel déversé sur un cadre nationaliste…
Ce qui est sûr, c’est que le jeune Fréry n’aura pas été à la hauteur des espoirs fondés sur lui par l’équipe dirigeante du FN puisque quelques semaines après avoir été nommé, il a disparu et s’est mis aux abonnés absents, pour des raisons sans doute largement sentimentales puisqu’il semble être passé en Suisse, d’où est originaire sa compagne. Les mondanités auront donc été plus fortes que les convictions…

Il a été remplacé par Alexandre Ayroulet dit « p’tit Alex », bien connu sur la place parisienne pour sa passion des chemises hawaïennes. Très proche de tout le petit milieu radical et identitaire sur Paris, Ayroulet est depuis 2000 un militant de base du FNJ et n’a accédé que récemment à des responsabilités. Il s’est en particulier vu confier le local du FNJ, le Forum Jeunesse, depuis le début de 2005, ce local étant relativement tombé en déserrance depuis quelques mois. On peut attribuer sa nomination au poste de directeur national à sa personnalité consensuelle et au fait que le FNJ manque cruellement de cadres politiques à la hauteur.

Le même week-end, et ce n’est sans doute évidemment pas un hasard, la Garde Franque a annoncé son auto-dissolution au profit d’un mouvement clairement constitué, le Renouveau Français. La GF vivait en effet largement en parasite du FNJ, profitant de la place de certains de ses militants et de l’infrastructure FNJ pour assurer sa propre promotion et ses activités. Il n’était pourtant pas un secret pour grand monde qu’elle n’était qu’un sous-marin de l’Œuvre Française dans la jeunesse nationaliste et qu’une partie de ses activités ou campagnes n’étaient menées qu’avec l’aval des dirigeants de cette petite structure obsédée par le secret. Cette disparition a le mérite d’éclaircir la situation en faisant du Renouveau Français la véritable organisation de jeunesse de l’Œuvre sans que celle-ci soit impliquée par l’activisme politique des jeunes. Le Renouveau apparaît en effet dans le paysage nationaliste avec quelques acquis : la structure Garde Franque qui compte quelques solides appuis (Alsace, Berry, région parisienne, Grand Ouest), le label de RIF Patriotes Productions – qui est d’ailleurs désormais le seul de ce courant politico-musical – et la revue L’Héritage. Le tout s’appuie sur une structure légale unique qui lui permet d’accéder à une boîte postale et à un compte bancaire, l’association Saint-Michel Archange. Enfin le Renouveau Français donne l’illusion d’une synergie européenne par le biais de l’adhésion au Front National Européen qui n’est tout au plus qu’une coquille vide. Ses dirigeants sont évidemment sans surprise ceux de la Garde Franque même s’ils n’apparaissent pas sur le devant de la scène. En effet, si Bruno Archier est bien membre déclaré du Comité Directeur, Thibaut « Sigdebert » de Chassey n’apparaît nulle part alors qu’il demeure le maître d’œuvre d’une grande partie des activités de la GF / RF et qu’il est l’un des intermédiaires avec l’Œuvre Française. Il est d’ailleurs intervenu à ce titre au Forum de la Nation 2004 à Lyon. On peut sans doute attribuer cette discrétion à une excessive timidité ou à ses ennuis judiciaires passés, à moins que ce ne soit le fruit d’une intense réflexion liée à ses responsabilités conservées au sein du FNJ. Il faut dire que les BBR 2005 ont montré que la mouvance Garde Franque n’était guère en odeur de sainteté, le stand Patriotes Productions étant relégué au fond du stand FN Auvergne tenu par Éric Faurot.

En tout cas, la création du Renouveau Français confirme s’il était possible d’en douter que les luttes de clan s’accentuent au sein du FN et que le courant nationaliste et catholique y occupe une place de plus en plus congrue. Qui a dit que les longs couteaux s’aiguisent sur le bord des trottoirs ?

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