À l’origine un fanzine apparu en octobre 1993, Réfléchir & Agir se veut alors une tentative de rapprochement entre deux tendances antagonistes de l’extrême droite française, « les-gros-bras-skinheads » et « les-intellos-d’ultra-droite ». Il se présente donc comme un organe unitaire et non pas comme celui d’un groupe particulier ou d’un mouvement. Cette stratégie ainsi que son contenu vont très vite le distinguer des autres fanzines issus du milieu skin en particulier et de la mouvance néo-fasciste en général.
Publié à l’automne 1998
Réfléchir & Agir, conçu comme un outil de propagande et de formation à la fois intellectuelle, idéologique, physique et spirituelle, est destiné selon ses auteurs à former une « élite nationaliste » d’où seront issus les cadres du mouvement nationaliste de demain. On peut ainsi y trouver une tentative d’élaboration d’une culture jeune d’extrême droite, par le biais d’articles sur les penseurs dont ils s’inspirent, tels José Antonio Primo de Rivera, Julius Evola, les écrivains Drieu La Rochelle, Céline, Rebatet, Ernst Jünger… Un « esprit sain » allant de pair avec un corps sain, on trouve également dans la revue des articles sur les arts martiaux et les sports de combat. La musique (surtout Oï-Rock Against Capitalism ou industrielle type Laibach) n’est pas oubliée, même si R&A la considère surtout comme un moyen de faire passer un message politique.
Mais c’est surtout la critique du système américain qui intéresse les rédacteurs de la revue, qui se définit comme « nationaliste-révolutionnaire, socialiste et européenne ». Elle cherche à rassembler les jeunes militants nationalistes déçus par les différents groupuscules d’extrême droite et leurs dysfonctionnements (rivalités de personnes, culte du chef, activisme verbal…), et qui, en marge du FN, sont attirés par ce mouvement, mais le jugent trop conservateur ou réactionnaire. Cependant, R&A estime que le FN est incontournable : « Il demeure une tribune d’expression, un mouvement carrefour dont nous ne pourrons nous passer et certainement notre principal moyen d’action ». L’objectif du journal est donc de permettre à ces jeunes militants d’influencer le FN de l’intérieur, en premier lieu au sein du FNJ et de Renouveau étudiant. Cette stratégie doit beaucoup à l’expérience et à la réflexion du principal animateur de la revue, Eric Rossi.
La prêche dans le désert
En dépit du fait que l’étiquette « fanzine skinhead » ait longtemps collé à Réflechir & Agir, l’audience de la revue a très vite dépassé le cercle habituel de ce genre de revues : son tirage se maintient à 300 exemplaires (400 pour les derniers numéros), contre une moyenne constatée de 50 à 200 exemplaires pour les autres titres. L’essentiel des lecteurs est concentré sur Paris et sa région, mais R&A est également diffusé en Provence, dans le Sud-Ouest et en Alsace-Lorraine, avec un noyau d’une trentaine de lecteurs par région. À ses débuts, on trouvait ce journal au Darklords et à la Librairie française, puis, suite à la fermeture de ces deux lieux, à l’Æncre et à la Joyeuse Garde. Des membres et des sympathisants de R&A se se sont chargés de le distribuer à la fac d’Assas et à Sciences Po.
Les appels répétés de R&A à l’unité militante n’ont pas empêché la revue d’être ignorée voire attaquée par ses concurrents. Certains, comme le PNF, trouvent la revue trop « irrespectueuse », d’autres, comme l’Œuvre française, n’ont même pas répondu aux demandes d’entretien, jugeant la revue « inintéressante ». Côté skinhead, la coupure est définitive après la prise de position de R&A concernant l’assassinat de Brahim Bouaram par trois skinheads en marge du défilé du Front national le 1er mai 1996[1].
Quant au FN, c’est l’indifférence complète. Ce n’est que par l’intermédiaire de contacts personnels avec des responsables du FNJ Paris et un responsable FNJ de l’Oise, Laurent Isoré, que R&A a pu avoir une petite place au village FNJ lors des BBR 1994 et 1996. Pour ce qui est du Renouveau Étudiant (RE), le syndicat étudiant ne répond à aucune sollicitation du fanzine (il le fera néanmoins dans la nouvelle série). C’est assez étonnant quand on sait que RE prône le rassemblement de tous les étudiants nationalistes, mais J-M. Le Pen, lors du Congrès de Caen en octobre 1995, n’a-t-il pas déclaré « qu’il fallait rompre avec le folklore, la nostalgie, l’activisme » ? Pour le PNFE, les relations se bornent à des échanges de publicité et à des invitations à leurs réunions (mal fréquentées et peu discrètes, la police y assistant).
Rapprochement avec NR
Seule la tentative de rapprochement avec Nouvelle Résistance a semblé réussir dans un premier temps, avec des interviews croisées dans leurs publications respectives : une de Bouchet dans R&A n°10, une de Rossi dans Napalm Rock n°3, des pubs pour R&A dans Lutte du Peuple et L’Avant-Garde combattante. Fin 1995, Réfléchir & Agir propose la création d’un « pôle de coordination de la presse non-conformiste » et Lutte du Peuple donne son accord pour participer aux réunions préparatoires. Deux réunions ont eu lieu, l’une le 26 janvier, l’autre le 3 février 1995, mais elles n’ont débouché sur rien de concret.
En fin de compte, Réfléchir & Agir ne peut guère compter à cette époque que sur un petit réseau de soutien composé de quelques groupes et fanzines, dont :
• Combat, la revue du Mouvement Nationaliste Populaire (MNP) de Marseille dirigé par Éric Legendre, qui devient Imperium début 1997 ;
• Sound of Hammer, un skinzine de Bourges réalisé par Sébastien Legentil ;
• Ravens Chat, un fanzine spécialisé dans la musique industrielle, éditée par Jean-Pierre Tabone, de Toulouse ;
• Napalm Rock, de l’Aixois Grégory Ombrouck ;
• Muninn, revue de l’association YGGDRASILL, basée à Gardanne (Bouches-du-Rhône) et dirigée par Marc d’Ana, alias Alexandre Del Valle ;
• des revues paganisantes proches du GRECE.
Une nouvelle formule
Début 1996, dans une lettre d’information interne, l’équipe du fanzine tire le bilan de ses activités après la parution de 13 numéros. L’équipe décide alors de lancer une nouvelle formule, un magazine plus conséquent, plus « professionnel », qui continuera à s’appeler Réfléchir & Agir. « Au plus fort de notre développement, une partie de l’ancienne équipe a décidé de se retirer… Une nouvelle équipe arrive, professionnelle et aguerrie pour mettre la technique et une logistique au service de notre politique. (…) Nous résisterons aux pressions de notre camp qui essaie tantôt de limiter notre impact, tantôt de nous récupérer pour nous étouffer… (…) et après l’annonce de la sortie d’une nouvelle formule, les pressions voire les menaces se sont multipliées pour nous dissuader. D’aucuns se sont chargés de faire courir des bruits haineux de toutes sortes pour nous discréditer. Il est bien consternant, une fois de plus, de constater que les coups les plus retors sont orchestrés à l’intérieur même de cette mouvance…». Comme on peut le voir, la naissance du magazine (52 pages, 1500 exemplaires, impression offset, le tout pour un investissement initial de plus de 10 000 francs) s’est fait dans la douleur. Les jalousies et les rancunes étant assez fortes dans ce milieu, certains groupes rivaux ont rappelé les liens entre Rossi et certains services policiers[2]. D’autres n’ont pas caché leurs ricanements ; les CHS en particulier affirmaient la même ambition de s’extraire du milieu skinhead : « Toute personne ayant lu une fois ce fanzine se rendra compte de cette mythomanie. R&A ne fait rien si ce n’est rester légal en adoptant une idéologie FN. (…) Inutile de signaler que nous ne supportons pas R&A, de toutes façons ils ont toujours donné la parole et fait de la pub à nos ennemis du mouvement. Notre rancune est tenace…».
De plus, des dissensions sont apparues au sein-même de l’équipe du journal. C’est d’ailleurs la troisième fois depuis ses débuts que la revue connaît des départs dus à des divergences politiques et au mode de fonctionnement. C’est cette fois la nouvelle répartition des fonctions à l’intérieur du groupe qui en est la cause, certains n’ayant pas accepté la place prépondérante occupée par les nouveaux arrivants. En définitive, l’équipe se compose d’une vingtaine de personnes, en majorité parisiennes, à laquelle s’ajoutent quatre ou cinq collaborateurs réguliers en Province.
Un directeur de publication au passé chargé
Pour avoir une existence légale, R&A nouvelle formule s’est dotée d’un directeur de publication, David Warlet. Cet individu n’est pas un inconnu pour le petit monde de l’extrême droite… Ni pour nous.
Son nom a été associé au Château du Corvier, une propriété achetée par le gérant de la librairie néo-nazie Ogmios et qui fut utilisée pour des réunions politiques, notamment celles du PNFE. Pour acheter le château, Dominique Larrieu monta en juin 1988 une société immobilière, SNC Le Corvier, dont David Warlet (avec Catherine Joris, la copine de Larrieu, et un certain Bernard Joseph) était l’un des associés[3]. Mais ce n’est pas la seule affaire immobilière de l’extrême droite dans laquelle Warlet se retrouve impliqué. À la même époque, en février 1988, Warlet fonde une SARL de promotion immobilière intitulée FREYA et domiciliée 24 rue du Pont, à Brunoy (91). Il y est associé une nouvelle fois à Catherine Joris et à un certain Frédéric Durand. Warlet, qui en est le gérant, ne doit pas être très doué pour les affaires, puisqu’en février 1989, le tribunal de commerce met sa société en redressement judiciaire simplifié avant de prononcer sa liquidation judiciaire un mois plus tard. Les ennuis de Warlet ne font pourtant que commencer, puisqu’en juillet 1993, le tribunal de commerce de Corbeil-Essonnes prononce la faillite personnelle de Warlet pour une durée de 10 ans et le condamne à supporter l’insuffisance d’actif de la société à hauteur de 200 000 francs : en clair, Warlet ne peut plus gérer de société pendant dix ans et doit sortir vingt plaques de sa poche pour éponger les dettes de sa SARL. Aussi Warlet a-t-il dû très vite trouver de l’argent (nous verrons comment) puisqu’en novembre 1995 il dépose les statuts d’une nouvelle société, la SARL des éditions Babylonia, qui a pour objet « l’édition de livres et de magazines, la diffusion de livres sous toutes ses formes et la réalisation de travaux dont saisie, mise en page, traduction, entrant dans le cycle de production de l’édition ». Pour ce faire, il s’est associé à Jawad Bashara, un Irakien naturalisé Français il y a plus de vingt ans, né en 1955 à Babylone, qui se déclare journaliste et cinéaste. Ancien militant du PC irakien ayant fui la répression de Saddam Hussein, réfugié en France, il fréquente la mouvance palestino-syrienne. Warlet ne pouvant plus assurer de gestion, c’est la femme de Bashara, Ayida Hourieh, de nationalité syrienne, qui est nommée au poste de gérante. Ce petit groupe comprend également un homme très discret, Al Sadi Walhab, habitant à Bruxerolles (86). Grâce à des contacts en Syrie où il se rend assez souvent, Bashara trouve des financements pour éditer plusieurs livres, notamment celui qu’il écrit en collaboration avec David Warlet, Critique de la Raison juive occidentale, qu’il traduit en arabe pour les éditions Dar al Mada, basées à Damas. Ce sont d’ailleurs ses traductions qui lui permettent de vivre.
Intérêt pour le monde arabe
Mais qu’est-ce qui a permis ce rapprochement entre un militant d’extrême droite français et un opposant à Saddam Hussein, proche de la Syrie et de certains milieux palestiniens et qui se considère marxiste ? Tout d’abord, on assiste depuis une quinzaine d’années à une récupération par une partie de l’extrême droite de thèmes chers à l’extrême gauche, notamment la lutte contre l’impérialisme, le soutien aux peuples en voie de libération et l’antisionisme, d’où un intérêt marqué pour le monde arabe en général et pour le combat du peuple palestinien en particulier. Cet intérêt s’accompagne de la reconnaissance de la dimension méditerranéenne de l’Europe et de la volonté pour certains de construire un axe euro-arabe. Par ailleurs, l’apparition de l’islamisme radical poussent certains de ces groupes français à envisager des alliances de circonstance contre des ennemis communs (États-Unis, Israël).
Ensuite, Warlet fournit quant à lui, dans le mauvais livre de Jean-Paul Bourre Les Profanateurs une explication beaucoup moins politique mais plausible : revenant sur l’épisode du château du Corvier, il avoue que celui-ci a servi de camouflage à une opération de la DGSE en direction du milieu des réfugiés irakiens anti-Saddam Hussein. L’opération aurait été facilitée par Dominique Larrieu qui entretenait des liens étroits avec la DGSE par l’intermédiaire de son père qui est colonel dans un régiment de parachutistes et fournit des éléments au service action de la DGSE. Mais Larrieu jouait sur plusieurs fronts, entretenant également des liens très étroits avec l’attaché de l’ambassade d’Iran de l’époque, le célèbre Gordji. Par son intermédiaire, l’Iran finança plusieurs publications éditées par la nébuleuse Ogmios ; Larrieu fut même invité en Iran, sur le front de guerre Iran-Irak notamment, d’où il rapporta quelques « souvenirs » qui furent retrouvés chez lui au cours d’une perquisition. Warlet explique que « la manipulation de la DGSE consistait à créer une fausse opposition irakienne en utilisant un Irakien réfugié, Mahadi Sad. Le chateau du Corvier devait abriter cette soit-disante opposition, qu’on allait motiver politiquement pour ensuite la vendre à Saddam en signe de bonne volonté ». Effectivement, à l’époque, la France expulsa vers l’Irak deux réfugiés anti-Saddam Hussein. On comprend mieux alors l’impunité dont bénéficia le château et la librairie de Larrieu de la part du ministre de l’Intérieur Pierre Joxe durant cette période. Il fallut que des militants du PNFE commettent un attentat contre un foyer Sonacotra pour que tombent les « protections » de Larrieu. Ce dernier fut finalement condamné pour faillite frauduleuse peu de temps après : il est aujourd’hui « grillé » au sein de la mouvance néo-nazie française, qui le considère comme un escroc et une « grosse balance », dixit Me Delcroix, avocat d’extrême droite. Il s’est aujourd’hui réfugié dans son château de Nadège (toujours la folie des grandeurs !) en Creuse. Curieusement, son compagnon à l’époque, David Warlet, qui était donc au courant de la manipulation, a refait surface fort opportunément… Après sa condamnation en 1993, Warlet fit le tour de ses connaissances pour voir s’il serait possible de l’« arranger ». Qui est alors intervenu ?
Un succès de librairie
On le voit, Rossi a choisi de drôles d’associés pour sa revue, puisque non seulement David Warlet était directeur de publication de R&A, mais celui-ci était tapé, maquetté et domicilié à l’adresse des Éditions Babylonia, Jardin Boieldieu à Puteaux (92).
Si, dans un premier temps, l’association a semblé fonctionner (un n°0 vendu au défilé du FN le 1er mai 1996, suivi d’un n°1 la même année), les problèmes se sont rapidement accumulés. Surtout d’ordre financier, ils sont dus au non-règlement de centaines d’exemplaires des deux premiers numéros par des dépositaires ou à des commandes impayées, pour un total de plusieurs milliers de francs. La librairie l’Æncre, en particulier, refuse de payer ses factures datant de novembre 1996. R&A appelle alors au boycott de la librairie : peine perdue, car celle-ci ferme pour faillite, réouvrant ses portes en avril 1997 sous le nom de « Librairie Nationale », avec à sa tête un ancien du GUD, Gilles Soulas, reconverti dans le minitel rose 3615 FAF (authentique !) et adhérent du FN. L’époque où R&A saluait, dans son n°12, un des actionnaires et vendeur de l’Æncre, Thierry Dreschmann, semble bien loin ! Ce n’est d’ailleurs pas la première fois qu’on ne paye pas à Rossi et à ses copains des exemplaires du journal. Déjà, en 1994, Ayoub avait « oublié » de leur régler une centaine d’exemplaires lors de la fermeture du Darklord. On ne peut décidément faire confiance à personne…
Enflés par le FN et le GRECE
Au cours de l’été 1996, la direction du FNJ avait reçu trois représentants de R&A afin de « normaliser et officialiser » leurs rapports, et «d’éviter ainsi le “parasitage” de leurs réunions». La direction du FNJ avait alors assuré à l’équipe de R&A la mise à disposition d’un espace pour les BBR 1996. Rossi et ses amis avaient donc investi dans la location d’un stand et dans du matériel. Le jour de la fête, point de place, mais la DPS, qui les vira des BBR, avec pour seule explication le fait que « leur revue n’était d’aucun intérêt » et diffusait « une idéologie d’un autre âge ».
Même scénario au colloque du GRECE, où les organisateurs, après leur avoir promis un stand, leur ont refusé au dernier moment (idem pour la lettre d’E. Ratier, Faits & Documents).
Seule l’association de Pierre Vial, Terre et Peuple, a accueilli la revue lors d’une conférence à Paris le 14 octobre 1996. Le Renouveau Étudiant les a également reçu lors de son congrès annuel à Poitiers, où deux représentants de R&A sont intervenus à la tribune pour présenter leur publication et leurs objectifs. Dans la salle étaient présents Yvan Blot, Pierre Vial, mais aussi Bruno Mégret (il est vrai qu’il adore la jeunesse…). Il semble clair que Réfléchir & Agir s’est trouvée mêlée aux luttes d’influence qui secouent le FN. La revue le paye durement : le n°2 de la nouvelle série est en effet resté bloqué presque deux mois pour cause d’incapacité financière.
Par ailleurs, l’enquête sur la tentative d’attentat contre Tribune Juive ajoute à ces difficultés financières des problèmes judiciaires. Sur commission rogatoire du juge Bruguière, la Section Anti-Terroriste (SAT) du Parquet de Paris interpelle Rossi, Warlet, Bashara et sa femme, et perquisitionne au siège des éditions Babylonia (saisissant des disquettes) ainsi qu’à celui de la société ASHTAR Film, dirigée par Bashara. À l’occasion de cette affaire, Rossi a eu la confirmation que la police intercepte (et ce depuis longtemps) le courrier envoyé aux différentes adresses de la revue (l’ancienne adresse personnelle d’Éric Rossi à Courbevoie, la BP 31 de Soisy-sur-Seine ainsi que l’adresse de Babylonia à Puteaux).
Le temps du bilan
Au printemps 1998, Réfléchir & Agir vient de publier son numéro 4. Fragilisée par les importants problèmes financiers qu’elle a connus, l’équipe annonce qu’elle a fait le ménage et tente de faire le bilan. C’est surtout sur le plan politique que l’échec se révèle patent. Sa stratégie de contacts étroits avec le Front national a en grande partie échoué ; il est clair que le parti de Jean-Marie Le Pen ne trouve aucun intérêt à satelliser cette revue et ce groupe trop indépendant idéologiquement et politiquement. L’expansion du FN fait qu’il est devenu aujourd’hui hégémonique, ne laissant guère de place aux autres mouvements, et encore moins aux groupuscules. Gardant intacte toute leur arrogance, les animateurs de la revue essaient de faire croire à leur anticonformisme, multiplient les perspectives d’action (pseudo-infiltrations en particulier) et tressent dans le même temps une couronne de lauriers au père de l’apartheid sud-africain et à son système ultra-répressif. Réfléchir & Agir a finalement un mérite : elle prouve par les faits que le naturel réactionnaire revient toujours au galop chez ceux qui prétendent s’en détacher.
Nous n’avons définitivement pas la même définition de l’anticonformisme que tous ces petits messieurs…
- On peut lire dans l’édito du numéro 11 : «aussi bien qu’il s’adresse notamment à d’anciens skinheads ayant pu décrocher d’un milieu peu prolifique (sic), notre bulletin refuse d’être assimilé à ce type d’individus, lâches, abrutis, faibles et sans personnalité. Au risque de déplaire, il préfère condamner pour s’en démarquer définitivement.»[↩]
- L’Œuvre française s’est ainsi fait une spécialité de la mise en fiches, régulièrement réactualisées : elle conserve celle de Richard Bohringer qui dans sa jeunesse fut membre de Jeune Nation, ou encore celle du chanteur Antoine, membre de la Fédération des Étudiants Nationalistes de Nice dans les années 1960.[↩]
- f. REFLEXes n°41, «La vie de château de l’extrême droite», p.8[↩]
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