REFLEXes

Carl Lang : la machine

15 janvier 2003 Les institutionnels

Né le 20 septembre 1957, d’origine normande, Carl Lang est le fils d’un kinésithérapeute dont il suit les traces en embrassant la même carrière : ses études s’arrêteront là. Pour le reste, il est 100% FN : adhérent depuis 1978, il n’a pas connu d’autre structure militante.

Après des responsabilités locales dans l’Eure, il prend place dans l’appareil à partir de 1983, date à laquelle il est nommé directeur de campagne de Le Pen pour les municipales et directeur national du Front national de la Jeunesse : aux côtés de Martial Bild, il participe à la restructuration du FNJ. Il accède au Bureau politique en 1985, où sa personnalité fadasse et sa servilité plaisent à Le Pen, d’autant que ce dernier cherche à tempérer les ardeurs de ses seconds, en particulier Jean-Pierre Stirbois. Jean-Marie ne tient cependant pas le petit Carl en très haute estime : en 1986, lorsque Le Pen apprend que Lang, qui vient d’accéder au bureau du conseil régional de Haute-Normandie, veut que lui soient attribuées les affaires culturelles, il éclate de rire.

En 1987, après avoir abandonné la direction du FNJ, Carl Lang co-fonde le Mouvement de la Jeunesse d’Europe, lors d’une rencontre avec d’autres groupes nationalistes à Athènes, mais cette initiative reste sans suite. Ce qui ne l’empêche pas d’être élu l’année suivante par le bureau politique, après l’accident mortel de Jean-Pierre Stirbois, secrétaire général du Front : cette place de second attribué à un petit jeune fait grincer bien des dents, mais permet à Le Pen de garder un contrôle total de l’appareil. Plus «carré» que Stirbois, mais aussi moins politique, Carl Lang reprend en main l’organisation du parti, fédération par fédération, attribuant un cahier des charges précis à chaque poste et multipliant les stages de formation sur les techniques d’encadrement et d’animation. Tout en déléguant et en renforçant le rôle des secrétaires départementaux, Lang s’assure le contrôle des fédérations en exigeant des rapports d’activités précis, avec au bout des «récompenses» pour les fédérations les plus méritantes. On le voit, le rôle de Carl Lang au FN est alors technique, tandis que dans le même temps Mégret s’occupe du discours. Pourtant, cette réorganisation, outre l’efficacité, a un autre objectif : mettre le parti entièrement au service de Le Pen. «Je suis et je reste l’homme de Le Pen. Je mets à la tête du mouvement des hommes de la génération Le Pen», déclare-t-il en 1990 ; et de fait, entre 1988 et 1990, il change près de 30 secrétaires de fédération !

En octobre 1995, il démissionne au prétexte du «nécessaire renouvellement» de l’appareil du parti. Beaucoup s’imaginent alors qu’il va quitter la politique et retourner à ses massages. Il n’en est rien. Marié à une Suédoise et père de quatre enfants, il a certes probablement besoin de prendre du champ : mais c’est pour se recentrer sur ses activités politiques locales. Conseiller régional du Nord depuis 1992, il se présente aux municipales de 1995 à Lille.

Au moment de la scission, Lang se révèle sans surprise un fidèle de Le Pen : en manque de personnel, le président du FN le propulse délégué général de décembre 1998 à novembre 1999 avant de le remplacer par Bruno Gollnisch : Carl Lang retrouve alors son poste de secrétaire général. Depuis, il reprend son travail de réorganisation d’une structure qui a bien du mal à se recomposer, toujours au service de son idole, dont il a assuré l’animation dans la campagne présidentielle 2002. Le personnage a visiblement mûri, et semble aujourd’hui un candidat sérieux à la succession de Le Pen.

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