Avant ces grands moments d’émotion collective que vont être les 1er et 9 mai prochains, les petits milieux nationalistes font actuellement plus l’actualité par leurs prestations judiciaires que par leur présence dans la rue. Après Bruno Archier (membre du comité directeur du Renouveau Français) le 03 avril dernier (relaxé pour vice de procédure) et d’autres militants nationalistes le 07 avril (procès reporté en juin), c’était au tour d’Adeline Rimoux de subir les foudres de la justice lundi 24 avril dernier devant la XVème chambre correctionnelle pour son implication dans le suicide de Nicolas De Clippel en 2002 (cf article «Zéros & Martyrs», Réflexes n°7). Ce procès est venu conclure quatre ans d’instruction et d’attente, ce qui est assez représentatif de la lenteur de la justice française dans certaines affaires… Alors que la presse s’était emballée en 2003 et avait multiplié les articles sur l’affaire, ce procès n’a donné lieu à quasiment aucun compte-rendu, si ce n’est un bref article dans Aujourd’hui – Le Parisien le lendemain. Il faut dire que le poste occupé par le père d’Adeline Rimoux, à l’époque directeur de cabinet du ministre de la Justice, y était pour beaucoup dès lors que cela permettait à la presse de suspecter d’éventuelles pressions sur l’instruction. L’arrivée au poste de premier ministre de Dominique de Villepin a évidemment changé la donne puisque Dominique Perben s’est retrouvé au poste de ministre des Transports et que tout naturellement M. Rimoux l’a suivi. La probabilité d’une petite affaire d’État s’estompant, la presse s’est relativement désintéressée de cette affaire. Pas nous évidemment d’où ce compte-rendu.
Le moins que l’on puisse dire est que ce procès n’aura pas levé les zones d’ombre du dossier. Le contraire eut été étonnant. La présidente du tribunal a pourtant pris le temps (plus de quatre heures !) d’essayer d’éclaircir certains points mais le déroulement même de l’instruction et du procès vouaient cette entreprise à l’échec.
En effet, premier point incompréhensible, ce procès de lundi ne portait que sur le suicide de Nicolas De Clippel, la question de l’arme fournie par Adeline Rimoux et ayant servi à ce drame étant dissociée et devant être jugée hier, jeudi 27 avril (le procès a en fait été reporté). Or ce point de « l’arme du crime » est en elle-même peu croyable. Rappelons que c’était un FN Herstal 7,65 volé en Allemagne en 1983 et ayant atterri entre les mains de Georges Dellas, propriétaire de diverses SARL dont le restaurant Orestias dans le VIe arrdt de Paris et la boutique Armes Bastille dans le XIIe qu’il a cédé à son fils Isidore. M. Dellas ayant déjà été inquiété par le passé pour un motif similaire (la vente d’un FN Herstal 6,35 volé en Allemagne et revendu en France), on peut évidemment se poser bien des questions, la moindre n’étant pas ce qui a pu pousser Adeline Rimoux à acheter une arme à celui qui fut son employeur épisodique dans le restaurant Orestias. La thèse avancée par l’accusée au procès étant celle de la crainte d’une agression, on peut aisément la mettre en doute et lui substituer le projet de radicalisation de la mouvance de la Garde Franque dans laquelle la miss Rimoux (et Nicolas Declippel) baignait alors.
Or, deuxième point surprenant, le contexte politique a été largement minoré tout au long du procès. Il a bien été rappelé que tout ce petit monde était proche du FN mais Adeline Rimoux a pu sans crainte du ridicule s’affirmer « anarchiste de droite », avec des « idées bien moins extrémistes » que celles du jeune De Clippel. L’absence de témoins autres que Marie-Delphine C. n’a évidemment pas contribué à éclairer un peu mieux l’environnement dans lequel baignait Nicolas De Clippel. Il aurait pourtant sans doute été intéressant d’entendre le témoignage de certaines personnes ayant été auditionnées à l’époque par la PJ comme Raphaël Ponroy, animateur en 2005 de la campagne «30 ça suffit !» contre la loi légalisant l’avortement ou le célébrissime Thibaut de Chassey, alias Sigdebert, alias Thierry Boudreaux, membre du comité directeur du Renouveau Français. Il aura donc fallu se contenter du seul témoignage de Marie-Delphine C. qui a d’ailleurs signalé qu’elle avait subi une tentative d’intimidation avant le procès, ce qui avait donné lieu à une main courante.
Au final que reste-t-il de ce procès ? Principalement le fait qu’Adeline Rimoux a largement été mise en difficulté par la présidente du tribunal qui n’a pas eu trop de mal à pointer les contradictions et incohérences de ses dépositions successives et donc à démontrer que l’accusée avait tout fait pour fuir ses responsabilités dans le drame. Outre qu’on pouvait la juger mesquine, la stratégie de son avocate qui a consisté à attaquer la maman de Nicolas De Clippel et à essayer de faire porter à celle-ci la responsabilité de ce qu’il lui était arrivé n’est pas parvenue à effacer l’impression désagréable laissée par l’accusée et à rééquilibrer le procès à son avantage. La procureur de la République a requis deux ans avec sursis et la prise en charge des frais de justice et d’avocats contre Adeline Rimoux et le jugement sera rendu fin mai. Quel que soit le verdict, on peut être sûr de deux choses : il fallait que ce procès ait lieu mais il n’empêchera pas qu’à l’avenir il y ait d’autres Nicolas De Clippel ou d’autres Florian Scheckler, la mouvance dans laquelle ils évoluaient étant toujours aussi pathogène et dangereuse pour ce type de profils psychologiques…
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