REFLEXes

La Deutsche Liga für Volk und Heimat : Les rats quittent le navire

3 janvier 2007 Les radicaux

Pour le rappeler encore une fois, la Deutsche Allianz / Vereinigte Rechte (DA/VR)[1] a été fondée le 18 janvier 1991 ; c’est un mouvement qui rassemble d’anciens cadres des Republikaner, du NPD[2], de la DVU[3] et de la DSU. Il y a plusieurs raisons à la fondation de ce parti : d’un côté, Schönhuber était de plus en plus vivement critiqué au sein des Republikaner à cause de sa façon égocentrique de diriger le parti, d’un autre côté, il gênait certaines personnes qui se prononçaient pour une politique dirigée vers la reconstruction d’un parti national-socialiste modernisé. Le bras droit de Schönhuber à cette époque, Harald Neubauer (membre du Parlement européen) annonçait déjà la fondation d’un nouveau parti, après que Schönhuber lui eut gentiment conseillé de quitter les Republikaner à Rousdorf. Neubauer prit les choses en main et fit le tour de l’Allemagne pour faire la réclame de son projet pour une «droite authentique». Il trouva un soutien en la personne de l’ancien président du NPD, Martin Mußgnug. Après l’échec aux élections législatives de la coalition avec la très riche «DVU-Liste D» de Gerhard Frey, éditeur de journaux nationalistes, le NPD ne fit que 0,3% et se trouva au bord de la banqueroute, avec 750 000 DM de dettes. Mußgnug signa avec son adjoint Jürgen Schützinger l’appel pour la fondation de la Deutsche Allianz / Vereinigte Rechte (DA/VR). Peter Dehoust, directeur de publication d’une revue d’extrême droite, Nation und Europa[4], le conseiller municipal Republikaner de Cologne Markus Beisicht et le directeur de campagne électorale de la DSU, le Dr Bernd Witte sont de la partie.

Mais, pour laisser de côté les intrigues et les divisions internes, on pouvait constater qu’au sein de la droite se développait «un enthousiasme euphorique» en vue d’un rassemblement de droite développant soi-disant de nouveaux concepts.
Les 18 et 19 janvier 1991 donc, la Deutsche Allianz / Arbeitsgemeinschaft Vereinigte Rechte est fondée à Munich. Pour le 120ème anniversaire de la fondation de l’Allemagne par Bismarck, un comité exécutif de soixante personnes se réunit. Pour n’en citer que quelques-unes : Harald Neubauer, membre du Parlement européen et (?) ancien membre du NSDAP-AO ; Martin Mußgnug ; Jürgen Schützinger du NPD ; Franz Glasauer, un ancien Republikaner ; Peter Recknagel, un ancien Republikaner ; Markus Beisicht, un ancien Republikaner de Cologne ; Rainer Born de l’AKOPI[5] ; Peter Dehoust du groupe Nation und Europa.
Parmi les invités d’honneur, on trouve Johanna Grund, une ancienne Republikaner aujourd’hui sans parti au Parlement européen, le nationaliste-révolutionnaire Wolfgang Strauß, «spécialiste de l’Europe de l’est», Alfred Keck, ancien professeur à l’université Humboldt à Berlin (il fit un discours à cette réunion), le lieutenant-colonel Wolfgang Hausen, Uschi et Karl Gerhold (conseiller municipal NPD et membre de la Freie Wählergemeinschaft de Francfort/Main) et quelques autres. Étaient présents de la scène militante Thomas Henk alias Rainer Hatz, un cadre du GdNF[6] ainsi que le Nationale Front de Bielefeld qui a discuté longtemps avec ce dernier et a tenté de recruter de nouveaux membres à l’aide de ses brochures. À part cela, sa participation à la fondation s’est résumée à beugler d’une voix avinée : «Dehors les Juifs !» : tout cela montre la diversité des gens présents à cette rencontre.
Le premier pas était fait, et tout aurait été si l’Allianz-Versicherung n’avait pas eu l’impression qu’on piétinait ses plates-bandes (la DL première version utilisait en effet le nom «Allianz»). Quelques mois plus tard, on en vint au procès, gagné par l’Allianz-Versicherung, et le comité fondateur dut changer de nom : le parti devint la Deutsche Liga für Volk und Heimat qui, le 3 octobre 1991, se constitua officiellement en tant que parti à Villingen-Schwenningen.

Environ 400 personnes prirent part au congrès, et parmi elles, 217 délégués. Un bureau politique de 90 personnes fut élu : à sa tête, Harald Neubauer, Jürgen Schützinger et Rudolf Kendzia, qui venait justement de quitter le comité exécutif des Republikaner de Berlin. Il y avait aussi cette fois-ci des délégués de partis nazis militants. Parmi eux, Thomas Fink (décédé) et l’actuel président de la Deutsche Liga en Wesphalie orientale, Meinhard Otto Elbing. Ils se fixèrent comme première étape une réussite aux élections du Landtag[7] de Bade-Wurtemberg en avril 1992. Franck Remick fut chargé de s’occuper du «programme culturel» : ses débordements chauvins et nationalistes plaisent beaucoup dans ce cercle, car il y réapparaît toujours.

Comment travaille ce «parti d’un nouveau genre» ?

Voici le mot-clé de ce rassemblement : «des maîtres à penser jusqu’aux néo-nazis». Comme la volonté d’asseoir toute la droite allemande autour d’une table avait réussi, il y avait plusieurs projets à réaliser. Le Frankenrat (le conseil de Franconie), fondé autour de Werner Eichinger le 25 septembre 1993, constitue un exemple de ces projets. Il représente en effet la première plate-forme de la «droite unie» de toute la Franconie. Werner Eichinger (DL) et Herbert Quast (DL) organisèrent avec la Wiking Jugend et le FAP (Falco Schüssler et Jürgen Schwab) et l’ancien président du NPD, Manfred Theimer la première semaine d’action de Aschaffenburg (ville de Franconie).
La fondation le 4 mai 1991 à Villingen-Schwenningen de la Deutsche Reichsjugend autour de Günther Boschütz dans la région de Constance constitue un autre exemple de la réalisation de ces projets. À cette époque, elle fut fondée pour être le mouvement de jeunesse de la DL. Boschütz était également membre de Nationale Offensive et essayait avec Thorsten Paproth (qui a publié le Rapport sur la Silésie) de gagner de l’influence en Pologne au sein du Deutsche Freundenkreis[8] (Paproth, quant à lui, travaille encore pour la revue Europa vorn[9]) ; par ailleurs, Boschütz est en contact permanent avec certains cadres du GdNF, Thomas Hainke, de Bielefeld et Ewald Bela Althans, avec qui il a organisé une rencontre en Silésie.

Un cercle de lecture s’est formé autour du Dr Hanns-Dietrich Sander, qui appartient à la Nouvelle droite, et autour de la revue Staatsbriefe. Une phrase se dégage nettement du rapport des Staatsbriefe d’octobre 1992 sur le cercle de Cologne : «L’assemblée allait des maîtres à penser jusqu’aux néo-nazis.»
On s’étonne que l’atmosphère n’ait pas été électrique, mais au contraire, très détendue (sic). Dans les Staatsbriefe, tous les bords de l’extrême droite se retrouvent afin de discuter de «l’idée de Reich dans le futur». L’assemblée «choisie» d’auteurs qui écrivent dans cette revue s’étend de l’ancien SDS Reinhold Oberlerchner à l’ancien cadre du NSDAP-AO, Michael Kühnen.
Il ne faut pas oublier le Freundenkreis vereinigte Rechte de Dehoust et Glasauer. De ce cercle, Dehoust a dit dans Nation und Europa en novembre 1991 qu’il avait été fondé «[...]pour diriger les forces nationales et démocratiques de droite. Que, de ce fait, il soutenait toutes les aspirations à l’unité existant dans beaucoup d’organisations de droite.» Quelques remarques sur ces «aspirations» : «Mise en place de contacts entre groupes nationaux, à tout niveau, rassemblement de patriotes qui ne peuvent pas devenir membres d’un parti de droite nationale, construction d’un espace pré-parlementaire.» En plus de cela, une nouveauté, ils dirigent des formations de cadres, ainsi qu’un «Freundenkreis» (cercle d’amis) pour ceux qui ont encore du mal à faire le salut hitlérien en public mais, qui, en cachette, peuvent déjà s’entraîner.

Le 11 mai 1991 a lieu un meeting de la DL à Hungen-Inheiden où Wolfgang Nahrat de la Wiking Jugend a pris la parole. Tout le gratin néo-nazi était là, lorsque des militants antifascistes essayèrent de participer au meeting… Pendant ce temps, les cadres de la DL commençaient petit à petit à former des groupes national-socialistes.
Le 9 novembre 1991, Franz Glasauer était à la marche néo-nazie de Halle, qui fut organisée par Christian Worch (GdNF, Nationale Liste), Thomas Dienel (membre du Deutsche Nationale Partei, aujourd’hui en prison pour incitation à la haine raciale) et David Irving. Mais Glasauer renonça à prendre la parole, tant il avait l’air incommodé par les néo-nazis qui avaient beaucoup trop bu et beuglaient des «Sieg Heil». Environ six mois après, il fit preuve de plus de courage et fit un discours à Dresde lors d’une marche silencieuse organisée par Dienel après le «Sonntag-Urteil» du 20 juin 1992[10]. Il y eut d’autres orateurs, Dienel, Roman Danneberg (de Hoyerswerda, président de la Deutsche Alternative de Saxe), Christian Worch et Arnulf Priem (GdNF, Wotans Volk, Berlin). À la marche pour Rudolf Hess de 1992, la DL était présente. Wolfgang Juchem, membre de la DL, prit la parole et le Förderkreis Vereinigte Rechte mit son réseau de distribution à disposition pour la mobilisation de la marche pour Hess. Plusieurs choses dans le journal Deutsche Rundschau montrent que la DL essaie de réunir la droite. On peut y lire des communiqués de la Wiking Jugend ou d’associations «sportives» de combat. On y apprend l’existence de la «fête du solstice» organisée par le Förderkreis Vereinigte Rechte non loin de la frontière tchèque, dans la forêt bavaroise.
On peut également y lire que des membres des Republikaner, du NPD et de la DVU ainsi que quelques activistes munichois (Althans, Nationale Offensive ?) y ont participé.

Le réseau médiatique autour de la DL

Les efforts pour construire un réseau médiatique autour de la DL ont commencé avec le journal Deutsche Rundschau. Le journal est né sans aucun doute de l’organe des Republikaner (Neubauer en était l’ancien directeur de publication et rédacteur en chef). L’actuel directeur est Franz Glasauer (Neubauer s’est retiré et le poste de rédacteur en chef a été attribué à Karl Richter).
Il y a également Nation und Europa : depuis janvier 1992, Harald Neubauer et Adolf Thadden en sont les directeurs de publication avec Peter Dehoust. Karl Richter en est le rédacteur en chef, assisté par Wolfgang Strauss. Le bihebdomadaire Europa vorn de Manfred Rouhs (DL Cologne) possède une grande influence : tous les trimestres paraît un numéro «spécial réseau européen». Les artisans de ce journal sont Alain de Benoist, Michael Walker, Robert Steuckers, Markus Bauer et Wolfgang Strauss, entre autres. Il est également intéressant de constater que, depuis peu, le manager du groupe fasciste Störkraft, Thorsten Lemmer, et aussi le chanteur Jörg Petritsch (selon la Tageszeitung) sont rédacteurs et codirecteurs de publication de ce journal.
Il existe également différentes publications régionales comme Blitzschlag (directeur de publication : Wolfgang Derm) dans le Bade-Wurtemberg, Knackpunkt (directeur de publication : Herbert Quast/Würzburg) en Bavière, le Domspitzen autour de Cologne (directeur de publication : fraction de la DL au conseil municipal de Cologne, fabriqué par Markus Beisicht). Il existe également un journal pour les jeunes à Cologne, Der Hammer (directeur de publication : Bernd Schöppe). La distribution du matériel est assurée par la «Patria Versand GmBH», dirigée par Franz Glasauer et Harald Neubauer. On peut y commander des pin’s avec des caractères runiques, des autocollants «la Silésie reste allemande », des drapeaux allemands datant de la dernière guerre, des cassettes des Choeurs de la Wiking Jugend, ainsi que des livres fascistes et antisémites comme par exemple Der Untermensch ou Wie kam der Jude zum Geld[11].

Le travail avec «l’eurodroite».

La pierre d’angle du travail que la DL effectue sur l’Europe, ce sont les contacts avec la «fraction technique» (17 personnes) de l’extrême droite représentée au Parlement européen à Strasbourg. Du côté allemand, on trouve six représentants : G. Schodruch, Johanna Grund, Klaus-Peter Köhler, Neubauer et le Pr Emil Schlee, ainsi que dix représentants du FN de Le Pen et Karel Dillen de l’extrême droite flamande (Vlaams Block). Lors de la réunion pour la formation de la DL, Yvan Blot, conseiller personnel de Le Pen, a envoyé un message d’amitié. Karel Dillen et Bruno Gollnisch (FN) ont fait allusion durant un rassemblement à Strasbourg à la mort de Kaindl, un cadre fasciste tué par un commando, et se sont plaints du fait qu’elle ait été passée sous silence par la majorité social-démocrate et chrétienne-démocrate. D’autre part, il existe un échange régulier au sein de l’extrême droite internationale.
Quelques mots sur les comités de soutien comme le comité de soutien à la Prusse du Nord-est (Hilfskomitee nördliches Ostpreußen) au sein du Freundenkreis Vereinigte Rechte. Il s’agit d’une organisation de soutien aux Allemands de Russie qui veulent s’installer en Prusse du Nord-est. Ce comité organise des voyages et des «aides en Prusse du Nord-est» pour, à long terme, «assurer» la région «pour les Allemands». Le Dr Rigolf Henning a organisé avec Jürgen Sabrautsky (ancien membre du NPD, aujourd’hui président de la DL dans le Schleswig-Holstein) un «voyage communautaire» en Lituanie. Là-bas, la délégation d’extrême droite (12 membres parmi lesquels Peter Dehoust et Neubauer) s’est renseignée sur la situation des «compatriotes», a exprimé sa joie de la libération de la «domination soviétique» et a demandé ce qu’il en était d’une zone de libre-échange germano-russe !
Lors du «Schlesiertreffen», le 6 juillet 1992, il y avait Jörg Fischer (conseil de Franconie), Johanna Grund, Glasauer et Peter Recknagel, le dirigeant national de la DL et conseiller municipal de Munich. Dans le Deutsche Rundschau, on peut lire un court article sur Franjo Tudjman (premier ministre croate, fasciste). L’auteur y défend la décision de Tudjman de rebaptiser la «place des victimes du fascisme» en «place du roi de la Croatie». Quelques mois plus tard, on apprend dans le Deutsche Rundschau la formation d’une association pour l’amitié germano-croate à Zagreb. La DL a également proposé son aide à Jörg Haider (leader du FPÖ, parti d’extrême droite autrichien à l’origine de la campagne populaire contre les étrangers) après que le FDP (parti libéral allemand), voyant les protestations que soulevait l’invitation de Haider, est revenu sur sa décision. Il y a encore de nombreux exemples qui montrent les liens existant entre tous les partis d’extrême droite et en particulier entre la DL et son entourage.

Ambitions et réalité.

Malgré tout, on voit bien que la DL n’a pas réussi dans son ambition de rassembler les partis de la droite, mais plutôt qu’elle est visiblement devenue le loser de la droite. En particulier après Rostock a commencé une longue période de stagnation, en ce qui concerne les membres du parti et les électeurs, même si dans un article de Frank Schwerdt dans le Deutsche Rundschau, on trouvait toujours la même rengaine selon laquelle il ne fallait pas se faire avoir ni s’éloigner «hystériquement», mais plutôt rester ferme sur ses positions et voir plus loin. Il défendait les pogromes qui étaient selon lui «des mouvements naturels de notre peuple, signes de sa bonne santé…» (DR, octobre 1992). Et pourtant, la ligne officielle du parti est présentée très différemment au public. Lors de la session du bureau politique le 5 décembre 1992, une décision fut prise à l’unanimité à la demande de Neubauer : «Les membres du bureau politique de la DL ne doivent prendre part, en tant qu’invités ou orateurs, à aucun rassemblement lié aux personnes suivantes : Manfred Roeder, Friedhelm Busse, Hans Reisz, Martin Pape, Ewald Bela Althans, Christian Worch, Gottfried Küssel (aujourd’hui en prison) et Thomas Dienel.» On dirait qu’ils ont eu la trouille… Après Rostock, l’imprimerie du DR l’a laissé tomber après des années de «bons et loyaux» services par peur de la répression, ainsi que le DR du 1er janvier 1993 le disait. À quand la photocopie ?
Tout le monde se tire dans les pattes, et le 15 mars 1993, à l’émission AKUT, Wolfgang Heinz de Cologne accuse la DL d’avoir payé des skins de l’est pour perpétrer des agressions. Un autre rude coup porté à la DL a été l’abandon de son porte-parole national Rudolf Kenzia après les meurtres de Mölln. Ses raisons seraient exclusivement personnelles, il ne serait pas à la hauteur du climat actuel ni de la répression, en tant que personnalité publique. Aujourd’hui, Kenzia est agent immobilier à Berlin.
Il y a encore à dire sur l’inconséquence de la DL. À l’époque où l’enthousiasme régnait encore au sein du parti et où ils attaquaient Schönhuber, le DR chroniquait un livre édité par Karl Richter et intitulé Der Absteiger, Franz Schönhuber und der Niedergang der Republikaner (Franz Schönhuber, le loser et le déclin des Republikaner). Environ un an plus tard, on trouve dans le DR la chronique d’un livre, peu après la percée des Reps au parlement régional du Bade-Wurtemberg, édité par Karl Richter et intitulé : Schönhuber, qui est cet homme ? La DL n’est désormais plus le mouvement de rassemblement de la droite allemande. Mais il n’existe pas non plus d’alternative à la DL. Et même, ce qui est dangereux, c’est la stratégie qu’il y a derrière cette idée de rassemblement de toutes les sectes, groupes et partis de droite. Mais il faut avouer qu’aujourd’hui, la DL possède une influence assez importante à différents niveaux, même si ses succès électoraux sont minimes. Elle dit avoir en ce moment environ 2300 membres. Rien que ça !

La DL à Cologne et la résistance antifasciste.

La fraction de la DL au conseil municipal de Cologne est pour le moment la fraction de la DL la mieux organisée de toute la RFA. Les liens avec la scène clairement national-socialiste ne sont pas aussi apparents à Cologne que dans les autres sections du parti : la DL de Cologne s’efforce de faire les gros titres à tout prix et d’énerver les antifascistes qui lui font la vie dure. Leurs journaux sont les rapports du Kölner Domspitzen sur la fraction de la DL au conseil municipal de Cologne. Le rédacteur en chef et président de la DL à Cologne est Markus Beisicht, il était jusqu’en 1987 membre du bureau politique du Ring Freiheitlicher Studenten (RFS). Il s’est fait un nom en participant à des batailles contre des contre-manifestants opposés à un meeting du RFS et du ÖDP.
En 1989, il a été le candidat des Republikaner aux élections communales de Cologne. On le retrouve assez vite lors de la formation de la DL. Il est pour ainsi dire le yuppie de la droite. Le vice-président de la DL à Cologne, c’est Rainer Vogel, un «étudiant en droit de 40 ans». De 1979 à 1983, il a fait partie du bureau politique du NPD et du JN (organisation de jeunesse du NPD, à tendance nationaliste-révolutionnaire), qu’il a dû quitter pour avoir volé de l’argent dans la caisse de l’organisation. Jusqu’à la formation de la DL, il a été obligé de rester au second rang chez les Republikaner de Cologne à cause de son passé nazi. On trouve bien sûr aussi dans la DL de Cologne le chef de publication de Europa vorn, Manfred Rouhs.
Il existe aussi à Cologne, le magazine fasciste pour jeunes, Der Hammer, édité par Bernd Schöppe, dans lequel est proposée une fois par mois une «Jugendstammtisch», c’est-à-dire une réunion pour les jeunes.
En octobre 1991, il y a eu devant la cathédrale de Cologne un rassemblement de la DL pour protester «contre le droit d’asile aménagé illégalement pour les Tziganes[12].» On trouve à l’origine de cette action la DL, le RFS et le NPD (groupe politique régional). Le chef Beisicht voulait, selon ses propres dires, «faire un exemple contre les tentatives illégales d’intégration du lobby tzigane.» Ça fait plaisir lorsqu’on lit que par une action ciblée des antifascistes, le rassemblement a été empêché et qu’en fait, il y a plutôt eu un exemple contre les instigateurs de cette manif. Beisicht n’a rien pu faire, si ce n’est s’élever dans le DR contre le fait qu’ils n’aient rien pu faire, sauf battre en retraite sous une pluie d’oeufs, de bouteilles de bière et de coups.
Mais les antifascistes n’ont pas laissé les cadres de la DL rentrer chez eux tranquilles. Manfred Rouhs et Markus Bauer étaient depuis début décembre sous protection de la police (ils avaient été attaqués). D’autres antifascistes ont rendu une visite «amicale» et musclée aux locaux de la DL (voir photo).
Le 3 octobre 1993 a eu lieu à Cologne le premier congrès de la DL, un an après sa fondation. Il a également été troublé par les antifascistes, si bien que par exemple deux des principaux orateurs et invités, le Dr Sander (Staatsbriefe) et Rudolf Kenzia (DL Berlin) n’ont pas pu y prendre part de même que plusieurs autres.

Ces derniers temps, la DL est surtout présente dans les médias à cause de la chasse à l’homme qu’elle a organisée contre Nidar Pampurova. La ville de Cologne avait expulsé cette Tzigane à la mi-janvier vers la Macédoine. Sa famille, sa fille, son fils et son mari ont pu être cachés par des amis. Grâce à une large solidarité, Nidar a pu être ramenée en février et depuis, elle vit cachée et clandestinement à Cologne. La fraction du conseil municipal de la DL a donc organisé après cela une chasse à l’homme contre Nidar et sa famille. Dans un premier temps, ils ont fait paraître un communiqué dans lequel ils expliquaient tout : «La fraction de la DL a pour objectif la capture de la Tzigane Nidar Pampurova et offre pour cela une récompense de 1000 DM». Le lendemain, il y a eu 50 000 avis de recherche et 3000 affiches dans ce sens.
L’action de la DL a provoqué une assez grande vague de protestation. La partie civile a entamé des poursuites contre Bernd Schöppe, responsable de cette campagne, pour avoir outrepassé ses droits. Le président du Zentralrat Deutscher Sinti und Roma[13], Romani Rose, a engagé des poursuites pour incitation à la haine raciale. Il y a eu d’autres réactions, de la part des journalistes de IG Medien (syndicat allemand des médias) par exemple ; l’administration de la ville de Cologne a suspendu le téléphone et le fax qui étaient donnés comme contacts et cherche à savoir si les subventions de la fraction de la DL ont été utilisées de façon illégale.
Cependant, la décision de l’expulsion a été maintenue ! Entre temps, la 28ème chambre du tribunal du Land de Cologne a interdit à deux membres de la DL de rechercher Nidar Pampurova par «avis de recherche». En outre, ils n’avaient pas le droit de promettre une récompense à qui attraperait cette femme (entre temps, la DL avait porté la somme à 5000 DM). Ralf Giordano s’est tourné vers la population de Cologne pour «l’avertir» et a exigé le droit de séjour pour la famille.

Mis en ligne le 3 janvier 2007

  1. L’Alliance allemande / Droite unie.[]
  2. Nationale Partei Deutschlands, Parti national allemand.[]
  3. Deutsche Volksunion, Union du peuple allemand.[]
  4. Nation et Europe.[]
  5. AKOPI : Arbeitskreis Oberpfalz / Patriotische Initiative, c’est-à-dire Cercle des travailleurs du Haut-Palatinat / Initiative patriotique. C’est une structure régionale rassemblant des «patriotes démocrates pour préparer un parti de droite moderne et authentique».[]
  6. Gesinnungsgemeinschaft der Neuen Front, c’est une structure qui forme des cadres pour l’extrême droite.[]
  7. Parlement du Land.[]
  8. Cercle des amis de l’Allemagne.[]
  9. Europe, en avant ![]
  10. Rainer Sonntag, lié aux fascistes, a été tué par deux proxénètes après avoir attaqué un bordel.[]
  11. Le sous-homme et le Juif et l’argent (jeu de mot avec l’expression «Wie kam der Jude zur Welt», c’est-à-dire d’où vient le Juif).[]
  12. En allemand, le mot Zigeuner qui signifie tzigane, a une connotation péjorative. Sinon, les Allemands utilisent plus volontiers l’expression Roma et Sinti.

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  13. Association de défense des Tziganes allemands.[]
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