Depuis la parution du livre les droites nationales et radicales en France de Jean-Yves Camus et René Monzat en 1992, il n’y avait pas eu d’ouvrages dans l’Hexagone qui ait tenté de référencer de façon exhaustive les mouvements et revues d’extrême droite en France. Il y avait bien eu le dictionnaire de l’extrême droite des éditions Larousse en 2007 mais l’ouvrage est bien moins ambitieux et la qualité de certains articles, comme celui sur les skinheads, ne permet pas de le considérer comme un outil de travail correct.
Mais depuis peu, ce vide a été comblé : en l’espace d’un peu plus d’un an, deux dictionnaires sur l’extrême droite en France sont sortis chez l’Harmattan. Les recherches effectuées par son auteur, Jacques Leclercq, sur les deux volumes sont approfondies et exhaustives. C’est donc visiblement à un véritable travail de fourmis que s’est livré l’auteur, recoupant articles de presse, publications militantes et ouvrages spécialisés. Il n’est pas rare de découvrir au hasard des pages des bulletins confidentiels ou des groupuscules référencés pour la première fois, d’autant que toutes les familles du nationalisme français sont représentées. Pour chaque groupe ou revue, une présentation succincte au ton très neutre de leur activité, le ou les noms de leurs principaux dirigeants et parfois leur adresse sont communiqués. Pour compléter le tableau, l’auteur a également référencé les blogs, sites Internet et forums !
Les mouvements les plus importants de la mouvance nationalistes ont droit à un traitement conséquent, avec un véritable souci de la part de l’auteur de synthétiser l’activité et la vie de ces mouvements (comme par exemple pour le Bloc Identitaire).
Cet ouvrage n’est néanmoins pas parfait. En effet, certaines erreurs se sont glissées au milieu de ce travail de titan,comme lorsque l’auteur fait de l’égérie des néo-nazis de l’immédiate après-guerre Savitri Devi un homme ou encore quand il aborde la mouvance skinhead d’extrême droite.
On déplorera un relatif manque de recul ou d’analyse dans cette colossale somme d’informations concernant les groupuscules nationalistes. Par exemple pour les notices consacrées à la revue L’Héritage ou au label de RIF et de RAC Patriote Production, à aucun moment Jacques Leclerc ne signale que ces deux entités sont intimement liés aux activités du Renouveau Français, un peu à l’image du label Alternative-s ou de Novopress pour les Identitaires.
Enfin on est très surpris de voir de lire une notice sur le mouvement révolutionnaire Action Directe dans les pages d’un dictionnaire consacré à l’extrême droite. Ses membres ont toujours eu une position claire sur la question et ont toujours dénoncé les tentatives de récupération de leurs actions par divers groupuscules nationalistes.
Malgré ces quelques inexactitudes, ces deux dictionnaires peuvent s’avérer très utiles pour toutes personnes cherchant un ouvrage de base pour suivre l’activité de la mouvance nationaliste. Il lui manque juste un index des noms propres, ce qui lui aurait conféré une utilité encore plus grande pour ses utilisateurs, qu’ils soient historiens ou militants antifascistes.
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