REFLEXes

La honte noire. L’Allemagne et les troupes coloniales françaises, 1914-1945

19 décembre 2011 Ouvrages, revues et médias

LE NAOUR Jean-Yves La honte noire. L’Allemagne et les troupes coloniales françaises, 1914-1945 éditions Hachette 2003

La honte noire  La honte noire(2)

À la fin de la Première Guerre mondiale, le traité de Versailles prévoit l’occupation de la rive droite du Rhin pour 15 ans. Ainsi, l’armée française, composée aussi de troupes coloniales, occupe la Ruhr. Dès lors, les Allemands organisent une campagne de presse –qui deviendra ensuite une campane de propagande internationale – contre la présence de troupe coloniale sur son territoire : « la honte noire » est née.

Il s’agit de protester contre l’inhumanité des troupes d’occupation mais plus encore de dénoncer la bestialité sexuelle et sauvage des « noirs » qui corrompt la pureté de la race allemande. La propagande s’appuie sur des accusations mensongères de viols systématiques des femmes blanches par des soldats noirs en Rhénanie occupée. La Schwartz Schmach se construit sur les cendres de l’empire colonial allemand et se caractérise par une violence de la haine raciste. A l’internationale, la propagande se tourne essentiellement vers l’Amérique ségrégationniste, comme une espérance que ce pays « ami » puisse intercéder afin d’obtenir la départ des troupes « noires ». Mais à l’international comme au national, cette campagne de propagande nationaliste qui durera près de trois années (1920-23) et qui verra s’affronter la Kulture contre la barbarie, sera basée sur l’émotion et l’affecte se qui lui donnera une force incroyable allant jusqu’à rallier certaines féministes.

Le racisme n’est pas l’affaire exclusive des allemands : « au racisme d’Outre-Rhin qui dépeint le tirailleurs comme des bêtes fauves dominées par leurs instincts sexuels » les français « opposent le stéréotype du « grand enfant », du colonial « bon sauvage » et naturellement désexualisé ». Peur de l’étranger, fantasmes poussés aux extrêmes, peur du métissage, de la barbarie, fin de règne colonialiste, défaite et humiliation… Certains ont voulu voir dans le traumatisme de la Ruhr occupée les prémices de l’idéologie nationale socialiste. Un éclairage précis sur une période souvent méconnue.

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