REFLEXes

La rose et l’edelweiss, ces ados qui combattaient le nazisme, 1933-1945

19 décembre 2011 Ouvrages, revues et médias

FALIGOT Roger, La rose et l’edelweiss, ces ados qui combattaient le nazisme, 1933-1945 éditions la découverte 2010

La rose et l’edelweiss  La rose et l’edelweiss(2)

Voilà un titre prometteur pour une thématique rarement étudiée. J’avais déjà entendu parler de bandes de jeunes armés dans l’Allemagne fin de Reich et le sujet m’intriguais sans pour autant trouver matière à lire. Je voulais en savoir plus sur le groupe de la Main Noire en Alsace, le groupe des Boul’Mich, les Chattes paresseuses ou encore les Navajos de Hambourg.

Autant dire qu’à la découverte de ce bouquin j’étais plein d’espoir. Espoirs vite déçus par une écriture merdique, une construction narrative scolaire. Historiquement le livre manque d’intérêt, la thématique est abordée de manière globale au travers de quelques témoignages servants de prétextes. L’anecdote est la clef de voûte de la construction des chapitres, ce qui limite le propos. Pas de grande découverte dans l’ouvrage mais la compilation par régions françaises ou par pays européens d’histoire déjà connues. Dans ce livre, pas d’analyse sur la réalité d’une forme de résistance atypique de la jeunesse dans une Allemagne souvent dépeinte comme totalement acquise – par endoctrinement- à la cause nationale socialiste. L’existence des pirates de l’Eidelweiss, leurs combats contre la nazification et les institutions, leur esprit libertaire mériterait d’être mieux connu. Je retiendrais toutefois que l’ouvrage permet de démystifier le mouvement Wandervögel dont se réclame souvent une certaine branche de l’extrême droite.

Né avant la première guerre mondiale ce mouvement de jeunesse allemand romantique se réclame d’une certaine poésie et liberté. Mal attifés, clairement rupturistes (combat des jeunes contre les vieux, libération des désirs sans religion…), les wandervögel sillonnent l’Allemagne, la Suisse ou l’Autriche dans de grandes randonnées. Le culte du corps existe mais comme réponse à l’industrialisation dégradante des villes. En 1913, le mouvement fort d’environ 23000 membres se scinde en deux. Schématiquement, il y a les nationalistes pro-guerre et les pacifistes libertaires. Puis la jeunesse allemande est déchiquetée sur le front. Lors de la nazification de l’Allemagne, alors qu’en 1933 près de 4 millions de gamins sont déjà dans les Hitler-jugend (HJ), des mouvements de jeunes apparaissent se revendiquant de l’héritage véritable des wandervögel et organisent une jeunesse libre, indépendante, anti-autoritaire, mixte et libertaire. Ainsi, garçons et filles d’Allemagne prouvent que l’enrôlement dans les HJ ou les Bund deutscher Mädel (branche féminine des HJ) n’est pas une fatalité. La répression sera évidemment féroce avec toutefois une ambiguïté : comment punir une jeunesse purement aryenne, véritable fruit de l’Allemagne nazie, sans signifier même symboliquement l’échec de tout un système ?

Les extrêmes droites aiment à s’approprier les choses. Elles ne pourront plus désormais le faire avec le mouvement Wandervögel.

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