Il y a deux ans à la même période se préparait le principal événement politique de ces dernières années, à savoir l’éclatement du Front national et la fin d’une dynamique nationaliste lancée quinze ans auparavant. En deux ans, les éléments qui cadraient le mouvement nationaliste ont notablement évolué et il était donc temps de faire un bilan à l’orée de deux années de rendez-vous électoraux importants et à un moment où l’anticapitalisme et donc le mouvement social reprend du poil de la bête.
AU ZOO !
Croire que l’extrême droite n’est qu’un champ de ruines serait une grossière erreur. Certes, un élan est brisé et certaines capacités bien entamées. Mais il y a encore de beaux restes. Simplement une époque a changé et certaines tendances se sont confirmées, indépendamment de l’implosion du FN. Il en va ainsi de l’ultra-droite. Le déclin du PNFE[1] et de l’Œuvre française, entamé il y a maintenant quatre ou cinq ans s’est confirmé. Ces deux organisations ne sont plus que deux sigles, deux coquilles creuses héritées des années 1980. Il n’y a bien qu’à Lyon qu’on peut encore trouver quelques représentants de ce courant, le journal Jeune Nation[2] leur servant de raisons de vivre. De fait, le seul a avoir profité de cette évolution est le courant nationaliste-révolutionnaire (NR), sous la conduite de Christian Bouchet et Fabrice Robert. Malgré la difficulté de naviguer à vue entre FN et MNR, le regroupement Unité Radicale (cercles Résistance, GUD et Jeune Résistance) a réussi à maintenir une structure susceptible d’attirer tous ceux qui ne se reconnaissent pas ou plus dans les frères ennemis du mouvement nationaliste (FN/MNR) mais qui refusent le repli identitaire, c’est-à-dire le syndrome du village gaulois. Certes, les faiblesses sont nombreuses : le mouvement vit au-dessus de ses moyens, il demeure très largement marqué par le “ jeunisme ” de ses militants (en gros, moins de 25 ans) et surtout sa marge de manœuvre est finalement, malgré les apparences, assez limitée. Bien sûr, la quasi-disparition des autres groupuscules laisse tout l’espace radical aux NR ; les mouvements de jeunes du FN (Front National de la Jeunesse, FNJ) et du MNR (Mouvement national de la Jeunesse, MNJ) sont empêtrés dans leurs divisions ; des fractions importantes de militants du FN et du MNR sont inquiets et réticents devant l’orientation de leurs partis respectifs. Enfin les nationalistes-révolutionnaires peuvent faire le pari d’une montée de la xénophobie dans les classes populaires. Mais il n’en demeure pas moins qu’ils n’ont pas réussi à élargir leur champ d’influence au delà des sphères droitières du FN et MNR. L’échec patent de celui-ci ne peut que plomber le soutien critique exprimé par Unité Radicale à l’égard de Bruno Mégret. C’est d’autant plus vrai que le MNR ou le MNJ n’hésitent pas de leur côté à poser leurs conditions. C’est ainsi que les dernières élections au CROUS en région parisienne ont été marquées par la division entre le MNJ-ex RE[3] d’un côté et FNJ-GUD de l’autre. Les radicaux sont donc obligés de pratiquer le grand écart permanent : appelant à l’adhésion massive des militants UR au MNR et à Terre & Peuple mais bénéficiant de l’aide logistique du FN pour réaliser l’hommage nocturne à Sébastien Deyzieu[4] le 09 mai dernier ; rencontrant l’un des dirigeants du MNR pour établir des relations de confiance mais organisant des réunions avec les dirigeants de la dernière scission en date du MNR, l’Alternative Nationale.
De fait, Unité Radicale n’a bien souvent pas les moyens de ses ambitions et ses dernières campagnes politiques qui devaient lui permettre d’apparaître comme élément dynamique du courant nationaliste ont été des fiasco : fiasco contre les sans-papiers, fiasco pour le soutien à Michel Lajoye[5], fiasco à Millau contre José Bové. Le seul groupe à tirer un peu son épingle du jeu demeure le GUD parisien. Même si ses frasques judiciaires l’obligent à un certain turn-over (Gaëtan Dirand a de facto remplacé Benoît Fleury dans le rôle de meneur), le groupe a réussi à fêter les 30 ans de l’étiquette GUD, à animer la manifestation radicale du Premier Mai et surtout à éditer une revue digne de ce nom, ce qui n’était plus arrivé depuis l’Alternative des années 1970. Animée entre autres par Alexandre Kartzeff et Adam Gwiazda, Jusqu’à nouvel ordre se pose en concurrente directe de feu Offensive pour une nouvelle université, revue du RE, et surtout de Réfléchir & Agir, revue directement placée sous influence de Gilles Soulas[6] et donc du MNR, via Jean Denègre, alias Petitjean. Mais cette façade intellectuelle ne saurait masquer le fait que le GUD n’a pas fondamentalement changé et qu’il reste surtout une structure dans laquelle ses membres se font plaisir avant de faire de la politique, des “ attaques ” de réunion de gauche au 111° anniversaire de la naissance d’Adolf Hitler fêté le 20 avril dernier au restaurant l’Alsaco.
C’est d’ailleurs le propre de cette période post-scission que de voir les jeunes nationalistes se détourner de la politique proprement dite au profit d’activités que d’aucuns qualifieraient de méta-politique, en particulier internet ou la musique, en l’occurrence le Rock Identitaire Français (RIF). Apparu en 1995 avec le premier CD de Vae Victis, le phénomène s’appuie actuellement sur une dizaine de groupes. En tant que tel, un seul est vraiment partie prenante de la scène politique organisée, à savoir In Memoriam qui a clairement choisi le camp mégrétiste et dont le meneur Julien Beuzard est également animateur du label Memorial Records, monté par G. Soulas. Les autres essaient de se maintenir au-dessus de la mêlée et gravitent autour du label-association Bleu-Blanc-Rock hébergé par les militants FNJ de Châteauroux. C’est ainsi que Bleu-Blanc-Rock était présent à la fois à la fête régionale Ile-de-France du MNR le 23 septembre dernier et aux BBR[7], fête nationale du FN le même week-end. Sous l’impulsion de Jean-Christophe Bru et Cathie, animateurs du groupe Ile-de-France, l’association joue le rôle de fédérateur politique que ne sont plus vraiment en mesure de jouer les organisations de jeunesse du FN et du MNR. Elle contribue ainsi à maintenir des lieux de rencontre pour des jeunes supportant mal les divisions partidaires. Car même si le climat politique s’est apaisé à l’échelle des militants, il est clair que la division reste à l’ordre du jour entre les frères-ennemis du mouvement nationaliste français.
MICROCOSMOS
Du côté du MNR, une première année incertaine a laissé la place à une situation finalement assez claire : Bruno Mégret et les siens ont perdu leur pari. Malgré la qualité des cadres et la capture d’une très large majorité d’élus FN, le MNR n’a pas été en situation de capitaliser le potentiel électoral généré par le FN historique. De fait, non seulement le MNR a réalisé des scores généralement inférieurs à 5% mais en plus il a surtout fait la une par le nombre des défections qui l’ont touché, à savoir Marie-Caroline Le Pen et Philippe Olivier mais aussi 24 conseillers régionaux dont entre autres :
- en Aquitaine, Eddy Marsan, qui a crée un nouveau groupuscule intitulé l’Alternative Nationale, et R. Taveau, devenu non-inscrit.
- en Rhône-Alpes, trois élus dont Denis de Bouteiller, ex-trésorier du MNR, qui ont crée un groupe “ divers droite ” auquel s’ajoute la même démarche à Rilleux-la-Pape, commune de D. de Bouteiller avec quatre conseillers municipaux
- en PACA, J.-C. Tarelli et J.-P. Gost qui ont rejoint le RPF er RPR. On peut également ajouter D. Michel, adjoint de Le Chevallier à Toulon, exclu du MNR pour ses contacts avec le RPF. D. Michel a emmené avec lui un quart de la fédération du Var du MNR, soit 80 personnes !
En outre, le MNR a perdu son groupe au conseil régional Nord-Pas-de-Calais à la suite d’une défection. Cela signifie très concrètement la perte de la logistique afférente (bureaux, secrétariat, frais de fonctionnement). Malgré tout, le parti revendique 20000 adhérents… autant dire un (très) très gros mensonge !
De même, alors qu’il s’était créé sous le signe du renouveau et de la jeunesse, le MNR semble avoir le plus grand mal à relancer un mouvement réellement dynamique dans la tranche d’âge des moins de 25 ans. Le Front de la Jeunesse lancé avec bruit et fracas au printemps 1999 demeure ainsi totalement virtuel. Le MNJ a malgré tout réuni une cinquantaine de ses membres courant octobre de l’année dernière à Lyon. Globalement, le mouvement est réduit à l’état groupusculaire avec seulement deux ou trois militants pour de nombreux groupes de province. Seule la région parisienne échappe à cette situation mais les antifascistes s’en étaient un peu aperçu… L’objectif de la direction du MNJ, à savoir Philippe Schleiter (neveu de Faurisson) et Grégoire Tingaud (transfuge du FNJ), était donc de regonfler les effectifs durant cette année 2000 en visant les lycéens. Il ne semble pas en cet automne 2000 que le mouvement ait atteint son objectif. Alors que la structure avait raflé une bonne partie des jeunes lors de la crise du FN, les élections européennes de l’année dernière sont venus en dégoûter une partie qui n’est pas revenue. Par ailleurs, une partie des cadres du MNJ ont été intégrés au sein du MNR, ce qui a affaibli la structure jeune. De fait le MNJ semble s’orienter sur une action nettement plus culturelle, avec par exemple la pénétration de milieux spécifiques. C’est le cas de la JAC chez les jeunes catholiques. Il en va de même pour ce qui est des étudiants. Le congrès du Renouveau Étudiant à Bordeaux en octobre 1999 a été l’occasion d’affrontements oraux très violents entre les partisans d’un rattachement strict au MNR et ceux qui souhaitaient faire du RE le rassemblement étudiant de toute la jeunesse nationaliste étudiante. Ces derniers avaient d’ailleurs invité Guillaume Luyt, dirigeant du FNJ à l’époque, pour faire contre-poids à Philippe Schleitter, dirigeant du MNJ. La question n’a pas été tranchée et en fin de compte, le Renouveau Étudiant n’a pas présenté de listes sous son étiquette aux élections du printemps 2000, faute d’unité générale. Par contre, le MNR a monté une structure étudiante, l’UED (Union des Étudiants de Droite), qui a refusé tout travail unitaire avec le GUD et a fortiori le FNJ. La liste présentée dans l’académie de Versailles était menée par Claire Jouët, 26 ans, étudiante en maîtrise d’histoire, présidente du RE et future tête de liste dans le XXe arrondissement parisien. Cela a donné lieu à des incidents à la fac de Nanterre lors de collages effectués par des membres du MNJ (coups de feu avec des pistolets à grenaille en particulier). Sur le plan national, présente dans 12 académies, l’UED a réalisé 4,08% des voix, dont 6% à Mulhouse, 8,7% à Besançon et 10,7% à Versailles (13,5% à la fac Pasqua). Autant dire que le mouvement a peu de perspectives dans ce secteur.
Le seul secteur un tant soit peu dynamique est finalement celui du combat “ identitaire ” qui prend de plus en plus, et c’est logique, les couleurs du racisme ethno-biologique. Portée par l’association paganiste Terre & Peuple et Pierre Vial, cette lutte permet au MNR de garder un contact avec les milieux nationalistes les plus radicaux. Le transfert de cadres[8] et la double adhésion MNR-T&P ont considérablement augmenté la visibilité de l’association. Elle publie une revue dont la ligne semble de plus en plus être de marcher sur les brisées du GRECE et de la Nouvelle Droite d’autrefois. C’est ainsi que Terre & Peuple publie une rubrique qui figurait autrefois dans Éléments, la revue du GRECE, sur les traditions populaires européennes. Par ailleurs, P. Vial tente de se placer dans la continuité de ce courant politique en faisant du combat identitaire l’axe principal, sinon unique, de la lutte nationaliste des années futures. C’était ainsi le thème de sa rencontre nationale annuelle à Paris le 28 mai dernier. Il est aidé en cela par le retour depuis deux ans de Guillaume Faye, “ greciste ” historique, un temps animateur sur Skyrock, et qui vibrionne sur le thème de la “ colonisation de l’Europe par les hordes islamiques ” et du combat biologique. Cela devrait d’ailleurs l’amener le 9 novembre prochain devant la XVIIe chambre correctionnelle de Paris pour incitation à la haine raciale, tout comme son éditeur G. Soulas. Enfin, Terre & Peuple multiplie les débats et autres activités culturelles dans ses différentes implantations régionales, au point que P. Vial envisage la création d’une SARL d’édition afin de soutenir l’effort de diffusion entrepris.
Néanmoins, il semble évident que cela ne suffira pas à sauver le parti. Les quelques dizaines de militant(e)s mobilisés pour le procès de Catherine Mégret en septembre dernier, dont des historiques comme F. Chatillon[9], et la misère qui suintait de la fête du MNR le 23 septembre montrent que tout n’est question que de délai.
POLICE DE LA PENSEE
Côté FN, il est évident que la crise a très largement dégradé la situation du parti. Depuis deux ans, Jean-Marie Le Pen a consacré une bonne partie de son énergie à poursuivre les scissionnistes de sa vindicte, doublée d’un certain nombre de procédures judiciaires. C’est ainsi par exemple que le FN Rhône-Alpes a récupéré ses locaux à Lyon en chassant P. Vial du poste de gérant de la SCI qui est propriétaire des lieux ou que Français d’Abord a diffusé des informations rigolotes sur J.-Y. Le Gallou, à savoir qu’il serait marié avec la fille d’un ancien waffen-SS, qu’il serait négationniste, qu’il aurait fraudé pour ses indemnités européennes, etc. À noter que le FN sort globalement vainqueur de ses bras de fer judiciaires avec le MNR, Le Pen demeurant ainsi le seul président légal du parti par décision de la Cour d’Appel de Paris qui confirme le jugement de mai 1999 (B. Mégret s’est porté en cassation). On peut d’ailleurs considérer avec le recul que le FN, quoique groggy, sort vainqueur du conflit avec l’équipe Mégret. La crise a été absorbée et tant bien que mal, le parti a reconstitué un encadrement digne de ce nom. Les BBR 2000 le montrent aisément : si la superbe d’avant scission est bien perdue, le FN a retrouvé une position centrale. Cela l’amène d’ailleurs à commettre de lourdes erreurs d’appréciation puisque ces BBR ont été la scène d’une véritable chasse aux sorcières contre tout imprimé semblant faire l’apologie du IIIe Reich ou émanant des “ félons ”. C’est ainsi que le stand de la librairie de la Licorne bleue a été expulsé ou que celui de National-Hebdo a du retirer certains livres.
L’autre point de friction est venu de l’un des corps de doctrine du FN, à savoir le caractère multiconfessionnel et “ multiracial ” de la France. Le MNR s’est en effet emparé des déclarations de Samuel Maréchal et Farid Smahi au printemps 1999 pour mener une campagne agressive sur le thème “ le FN se rallie au système et accepte l’immigration ” avec mailing de J.-Y. Le Gallou, etc. Le FN ne fait ainsi pourtant que rester dans une ligne idéologique qui a toujours été la sienne, à savoir que l’appartenance à la nation se faisait par le sang ou par le mérite, en dehors de toute considération ethno-biologique. Ce point de vue était le résultat de l’attachement de la vieille extrême droite au passé colonial français, ce qui n’est plus le cas des tenants du “ combat identitaire ”. Le congrès du FN à Paris du 28 au 30 avril de cette année n’a semble-t-il pas permis d’évacuer le problème. Cette situation perdure alors même que le congrès était censé mettre à jour le programme du FN, à savoir les 300 mesures pour la renaissance de la France éditée en 1993 (seul un Argumentaire du Patriote est venu le dépoussiérer un peu). D’autre part, ce congrès n’a apporté aucune modification de fond quant à la composition de l’équipe dirigeante. On peut juste noter le poids grandissant des catholiques intégristes et de l’équipe de Bernard Anthony. Celui-ci est en effet le grand vainqueur au sein du FN de la fin du “ compromis nationaliste ” qui voyait cohabiter des courants politiques dont le seul point commun était l’attachement affiché à la nation et l’hostilité à l’égalité sociale. Le principal de Bernard Anthony demeure le tandem Chrétienté Solidarité et l’AGRIF[10]. Celle-ci poursuit sa politique d’influence au sein du FN et a passé l’année dernière un accord avec Français d’Abord pour suivre le “ racisme anti-français ” et soutenir toutes les personnes acceptant d’aller en justice. L’AGRIF n’est d’ailleurs plus seule sur ce terrain puisque le MNR a lancé un numéro de téléphone contre le “ racisme anti-français ” et un Observatoire de l’islamisation de la France.
Pour ce qui est des jeunes, le bilan n’est pas plus vaillant qu’au MNJ puisque le FNJ a changé deux fois de directeur national en deux ans. En 1999, S. Maréchal a en effet passé la main à Guillaume Luyt, issu des milieux royalistes et “ maréchaliste ” pur crin. Celui-ci, très contesté par les radicaux à ses débuts, a réussi à remettre le FNJ dans un certain ordre de bataille, en particulier à Paris et en région parisienne. Ceci étant, il a accompagné une très nette radicalisation du mouvement sous influence du GUD. La liste commune Union Des Étudiants Nationalistes présentée au printemps 2000 a permis un rapprochement notable et le FNJ reprend peu ou prou les thèmes gudards : “ pour un ordre nouveau et national, le FNJ cogne et passe ”, etc… De la même façon, les gudards sont familiers du local parisien du FNJ, Forum Jeunesse. Cela a amené tout naturellement G. Luyt à quitter son mandat lors du congrès du FN en avril à partir du moment où il n’était plus dans la ligne officielle du parti. Remplacé par un pur lepéniste, Erwan Le Gouëllec, il laisse un FNJ dont l’avenir est incertain, coincé entre son parti de tutelle et l’anti-islamisme radical de la jeunesse nationaliste.
DEVINE QUI VIENT DINER CE SOIR ?
Le bilan montre donc que les journalistes et le monde médiatique en général est allé vite en besogne en décrétant la mort du mouvement nationaliste français. Car c’est à une véritable mort médiatique que l’on a pu assister à partir du moment où l’extrême droite n’a plus été un thème porteur. Les journaux ont réduit la couverture attribuée au FN ou MNR et certains journalistes se sont même reconvertis dans d’autres domaines comme Renaud Dely de Libération par exemple. Il en est de même dans le domaine de l’édition, le FN ayant été pendant longtemps un moyen commode de faire de l’argent. L’ensemble des media oscille à présent entre le constat de “ la décrispation de la société française à l’égard de l’immigration ” et l’inusable thème de la “ lepénisation des esprits ”. Mais on ne peut qu’être fort sceptique devant cette affirmation que le FN perdant la bataille politique aurait gagnée celle des idées. La société française n’a hélas pas besoin d’un parti nationaliste pour être globalement hostile aux populations immigrées, notamment celles issues d’Afrique du Nord. De fait, c’est ce sentiment qui a généré les succès du FN et c’est cette position qui perdure après l’affaiblissement du parti de J.-M. Le Pen. C’est un fait que la démagogie officielle sur les réussites “ Black-Blanc-Beur ” ne peut éliminer. On constate d’ailleurs la même situation dans d’autres pays d’Europe : c’est le refus de voir en face l’épouvantable misère sociale du Sud et la crispation sur un niveau de vie exagérément élevé qui poussent les opulentes sociétés européennes à soutenir le processus de l’Europe forteresse, quelle que soit la couleur du parti qui le porte mais avec une préférence pour ceux qui affichent clairement la couleur. La scission du FN a certes montré que ce parti, contrairement à l’image projetée depuis des années, était un parti comme les autres. Mais lorsque ce fait, décevant et déroutant pour de très nombreux militants, aura été digéré, qui peut prédire l’avenir ? Les infâmes magouilles financières des partis “ démocrates ” empêchent-elles le système politique d’exister et les Français d’y adhérer ?
De fait, les élections municipales de 2001 seront capitales pour envisager l’évolution possible du nationalisme français. Elles seront en particulier capitale pour la survie du MNR. B. Mégret a ainsi commencé à rapatrier ses troupes sur Vitrolles et la région marseillaise. F.-X. Sidos, neveu du führer de l’Oeuvre française, a été engagé comme responsable des services techniques de la ville, Gérard Le Vert, chef du DPA[11], devenant un moment responsable de la sécurité avant de démissionner, en remplacement de Patrick Bunel, engagé par Elf-Aquitaine pour assurer la sécurité des installations en Malaisie ! Damien Bariller, un des lieutenants de Mégret a lui aussi été salarié par la ville. Bref, Vitrolles devient le fort Chabrol du MNR… Une convention sur les élections municipales a eu lieu à Paris en mars 2000 et le MNR a investi 430 têtes de liste, ce qui représente un nombre plus qu’honorable. Reste à savoir dans quelle mesure ces têtes parviendront à monter des listes, a fortiori avec la loi sur la parité. On peut déjà estimer sensibles ces difficultés par le fait que les listes seront ouvertes aux non-adhérents du MNR, que tous les adhérents sont considérés comme des candidats potentiels et qu’il manque en cet automne 2000 50 candidats au MNR pour les seuls arrondissements de Paris.
Le FN, dopé par l’aide étatique de 41 millions de francs et un nombre supérieur d’adhérents devrait avoir moins de difficulté même si la création d’une “ bourse aux candidats ” montre que les temps sont durs.
Ainsi, moins que jamais le relâchement de la résistance à la pourriture nationaliste est-il à l’ordre du jour !
Paru dans REFLEXes n°2, automne 2000
- Parti Nationaliste Français et Européen, qui connu son heure de gloire à la fin des années 1980 sous la conduite de Claude Cornilleau et défraya la chronique avec des attentats et les frasques de ses membres comme Michel Faci.[↩]
- Dirigée par Yvan Benedetti. Il a été perquisitionné le printemps dernier pour des affiches et autocollants homophobes. À noter également la perquisition subie à son domicile par C. Bouchet dans le cadre d’une plainte pour plagiat de l’éditeur Dargaud. Celle-ci vise le détournement dans un autocollant d’un dessin tiré d’Astérix dans lequel on voit Astérix latter un juif. On ne voit que les pieds de celui-ci mais on le reconnait aux tables de la Loi, papillotes et candélabre. L’affaire est suivie par le procureur de Nice E. de Montgolfier qui avait signalé la disparition du dossier GUD de Nice.[↩]
- Renouveau Étudiant, structure étudiante du FN avant scission, dont la majorité des membres a choisi B. Mégret et qui est globalement morte lors de la scission.[↩]
- Sympathisant de l’Œuvre Française, décédé en 1995 lors d’une manifestation anti-américaine.[↩]
- Militant néo-nazi emprisonné pour un attentat raciste dans les années 1980.[↩]
- Se reporter pour plus de détail à REFLEXes n°52.[↩]
- Fête des Bleu-Blanc-Rouge, organisée depuis 20 ans par le FN en septembre.[↩]
- Par exemple Olivier Chalmel, passé de la revue du RE à celle de Terre & Peuple.
[↩] - Ancien responsable du GUD au début des années 1990 ; pour plus de précision, se reporter à REFLEXes n°51.
[↩] - Association contre le “ racisme anti-français ” créée par B. Anthony. Anecdote : l’association a intenté une action en justice contre K. Zero pour discrimination raciale… envers les personnes noires ! Elle entend en effet montrer que Karl Zero n’est qu’un escroc et que son antifascisme est usurpé. L’AGRIF tire prétexte d’une histoire “ drôle ” racontée par K. Zero dans Télé Z : “ un noir entre dans un bar avec un perroquet sur l’épaule. Le patron demande : “ tu l’as trouvé où cet animal ? ” et le perroquet de répondre : “ en Afrique ! ”. Pouf, pouf… Rappelons à ceux et celles intéressé(e)s K. Zero et son frère possèdent un solide passé de petits nazis.[↩]
- Service d’ordre du MNR, issu du DPS frontiste.[↩]
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