REFLEXes

Notes de lecture

A. de Benoist et Ch. Champetier, Manifeste pour une renaissance européenne, GRECE, 2000

Alain de Benoist, Dernière année. Notes pour conclure le siècle, L’Age d’Homme, 2001

Guillaume Faye, L’Archéofuturisme, L’AEncre, 1999

Guillaume Faye, La colonisation de l’Europe. Discours vrai sur l’immigration et l’Islam, L’AEncre, 2000

Guillaume Faye, Pourquoi nous combattons. Manifeste de la résistance européenne, L’AEncre, 2001

Pierre Vial, Une terre, un peuple, Éd. Terre & Peuple, 2000

Arnaud Guyot-Jeannin, Aux sources de la droite, L’Age d’Homme, 2000

& Le courant dit de «Nouvelle Droite» (ND) est depuis trente ans l’objet de multiples fantasmes, plus ou moins exprimés et plus ou moins vifs. Mais cela fait bien longtemps que ce courant a quitté l’espace de la polémique et de l’influence politique pour se replier sur une vie organisationnelle faite de colloques et de publications. Celles-ci abondent il est vrai, et les quelques titres que nous indiquons dans cette note de lecture en sont un témoignage. Mais un témoignage de quoi, sinon des déchirements qui traversent ce courant, au point qu’on ne saurait plus parler de la Nouvelle Droite qu’au pluriel ? Car il y a bien aujourd’hui trois ND. La première, la plus connue, maintient derrière Alain de Benoist l’apparence d’une existence bien remplie avec deux publications, Éléments et Nouvelle École, un colloque et un banquet annuels, une organisation de jeunesse, une propriété communautaire et une activité éditoriale dynamique. Mais ces éléments font de moins en moins illusion par rapport à une évolution très claire : le GRECE mérite de moins en moins l’appellation de «Nouvelle Droite». C’est une situation que l’on pouvait percevoir dans les travaux de P.-A. Taguieff et qui est flagrante dans le petit manifeste publié à l’occasion du colloque 2000 de l’organisation comme dans les derniers thèmes traités par Éléments. Est-ce le souci de devenir respectable comme l’en accusent ses dissidents et ceux qu’elle a déçus ? Si tel était le cas, cela traduirait une erreur grossière d’analyse sur la façon dont fonctionne le petit monde médiatico-intellectuel parisien et français, peu enclin à réintégrer dans ses rangs des moutons noirs de longue date. Mais cette évolution correspond sans doute plus exactement à l’évolution personnelle d’Alain de Benoist, tant il est vrai que celui-ci demeure le seul maître à bord d’une structure qui lui est entièrement assujettie. On peut ainsi sans doute appliquer à Alain de Benoist une citation d’Ernst Jünger reprise dans Dernière année : «Le temps rend spectateur. On prend ses distances. Notamment avec l’histoire et la politique. C’est le cas de chaque homme intelligent.» Le discours du GRECE est de plus en plus «universitaire», c’est-à-dire descriptif et analytique sans vocation pratique, et cela explique largement le fait que toute polémique ait disparu. Le GRECE et ses dirigeants ne produisent plus que des points de vue sur le monde tel qu’il est, Alain de Benoist en étant la manifestation vivante avec son dernier ouvrage de «notes» qui fait la part belle aux aphorismes. Mais fait-on de la politique avec des «bons mots», aussi justes et excellents soient-ils ?

Alors que reste-t-il de la ND ? Il y a tout d’abord le courant emmené entre autres par Robert Steuckers, à savoir Synergies européennes, issu d’une scission du GRECE et d’une excommunication par Alain de Benoist au début de la décennie 1990 dont nous étions alors fait l’écho dans REFLEXes. Contrairement aux désirs d’Alain de Benoist, Synergies européennes a réussi à se maintenir mais en se délocalisant largement hors de l’espace francophone puisque l’essentiel des activités de la structure se font dans les pays de langue germanique et en Italie. Synergies Européennes a malgré tout un solide point d’appui en France avec la petite équipe regroupée autour de Laurent Schang à Metz.

Mais il y a surtout tout le courant emmené par Guillaume Faye et Pierre Vial, c’est-à-dire deux membres certes historiques du GRECE, mais en rupture avec celui-ci depuis le milieu des années 1980. L’itinéraire des deux hommes n’est pas identique. Alors que Pierre Vial quittait le GRECE pour s’engager au Front national et essayer d’influencer celui-ci, Guillaume Faye quittait l’espace politique pour tenter des expériences n’ayant qu’un lien très approximatif avec ses engagements antérieurs : films X, radio libre (Skyrock en l’occurrence)… Cependant leur discours est actuellement le même et touche le même milieu nationaliste radicalisé. Quels en sont les quelques éléments structurants ? Selon eux, rien dans notre monde européen occidental actuel n’est destiné à durer encore longtemps. Tout se désagrège pour aboutir à une convergence des catastrophes dont les deux principales sont d’une part la ruine écologique de notre environnement et d’autre part la disparition du «socle ethno-biologique» de la population européenne par submersion des populations immigrées extra-européennes. Faye diagnostique donc la possibilité d’une guerre ethnique en Europe d’ici 2010 ou 2020, guerre qui permettra la «Reconquista», c’est-à-dire l’expulsion hors d’Europe de toutes les populations considérées comme non européennes. À terme, l’objectif devra être la constitution d’un espace eurosibérien vivant en autarcie et n’ayant que le strict minimum de relations avec les autres espaces de civilisation, en particulier musulman. Diable ! Avons-nous des arguments à opposer à ce schéma général ? En ce qui concerne le simple diagnostic des périls, certes non. Il est clair que le capitalisme mondialisé est en train de creuser la tombe d’un monde qui a permis la vie humaine (et la vie tout court d’ailleurs) pendant quelques millénaires. Tous les théoriciens communistes du siècle dernier n’ont jamais pronostiqué un autre futur. Mais le remède ethnique proposé par Faye et le courant nationaliste radical, à défaut d’être acceptable, est-il nouveau ? Bien sûr que non. Il n’est innovant que par rapport aux vieilles références du nationalisme français par la rupture qu’il entend promouvoir avec le cadre de l’État-nation et par la clarté de l’argument raciste. Faye reprend le raisonnement ethno-différencialiste là où le GRECE l’avait laissé. C’est sans doute cette captation d’héritage qui explique la vigueur de la polémique survenue l’année dernière entre les trois courants de la ND. En effet, alors que le retour de Guillaume Faye en 1997 s’était plutôt bien déroulé et qu’un meeting commun avait encore lieu fin 1999, l’année 2000 a vu les anciens compagnons s’étriper par le biais d’articles et d’ouvrages acerbes. Ce sont Alain de Benoist et Charles Champetier traitant Faye de raciste dans une publication italienne (accusation parfaitement justifiée si le racisme consiste à interpréter le monde par une analyse de race). Ce sont Pierre Vial et Guillaume Faye attaquant les intellectuels parisiens (entendre : Alain de Benoist et Charles Champetier) dans leurs ouvrages respectifs. Malgré la présence de Terre & Peuple et de la Librairie nationale de Gilles Soulas au colloque 2001 du GRECE, il est clair que tout ce petit monde est sur des bases relativement irréconciliables. Ce qui est en soi plutôt amusant car des scissions, des excommunications, des attaques personnelles, cela ne vous rappelle rien ? Bon sang, mais c’est bien sûr ! C’est du trotskisme ! ! !

Jean-Luc Marret,

Techniques du terrorisme, PUF, 2000

& Autant le dire tout de suite, lire ce livre, c’est économiser du temps. Il n’y a en effet nulle nécessité de dépasser la première page de l’introduction qui comporte un intertitre qui résume l’ensemble de l’ouvrage : «Faire du neuf avec du vieux». Car le moins que l’on puisse dire, c’est que l’on n’apprend rien qu’on ne sache déjà dans cet inventaire des «techniques du terrorisme». Ce qui n’est guère étonnant dans la mesure où l’auteur fait partie de l’écurie Raufer. Qui ne connaît Xavier Raufer ? Ancien d’Occident puis d’Ordre nouveau, Christian de Bongain (puisque tel est son vrai patronyme) a collaboré dans les années 1970 à de multiples revues néofascistes comme Défense de l’Occident de Maurice Bardèche ou Est & Ouest de Georges Albertini avant, dans les années 1980, de trouver un créneau porteur : le «terrorisme» et les violences sociales.

Cela nous a valu des quantités d’ouvrages affligeants comme Terrorisme : maintenant la France ? (1982), Sur la violence sociale (1983), Le cimetière des utopies (1986), La nébuleuse : le terrorisme du Moyen-Orient (1987), Les superpuissances du crime : enquête sur le narco-terrorisme (1993), etc. Signalons néanmoins à sa décharge qu’il n’était pas le seul à ce moment-là à faire de l’argent sur ce thème. C’était également le cas de plumitifs comme Roland Jacquard (Les dossiers secrets du terrorisme ou La longue traque d’Action directe) ou Charles Villeneuve (Histoire secrète du terrorisme). Cela marchait d’ailleurs tellement bien que certains, dont d’ailleurs Roland Jacquard, imaginaient de créer des bases de données payantes sur le «terrorisme» avec déjà la rubrique «techniques»! Las, l’époque ayant bien changé, il a fallu se reconvertir. Xavier Raufer est aujourd’hui directeur d’études au Centre de recherche sur les menaces criminelles contemporaines de Paris II – Assas et chargé de cours à l’Institut de criminologie de Paris.

Occupant solidement le créneau , il a été propulsé directeur de collection aux PUF sur le thème de la criminalité internationale. Cette collection étant l’une des seules à traiter le sujet de façon variée et relativement complète (mafias diverses et variées, délinquance financière internationale, criminalité informatique…) et faisant donc autorité, Jean-Luc Marret aurait bien voulu que son ouvrage en fasse partie. L’auteur est après tout docteur en sciences politiques et chargé de cours à Paris XIII. Mais malgré ce superbe pedigree, il n’a eu droit qu’à un strapontin et se retrouve donc dans la collection Défense & Défis nouveaux, moins connue et donc moins rentable mais toute autant dirigée par Xavier Raufer ! À la lecture du livre (car nous avons dépassé la première page de l’introduction malgré tout !), on comprend mieux pourquoi. Comment peut-on honnêtement prétendre traiter «du» terrorisme et des techniques du «terrorisme» sans aligner les poncifs et enfoncer les portes ouvertes ? Mystère. Mais si vous ne vous posez pas la question, vous apprendrez avec ce livre que le «terrorisme» utilise les attentats à la bombe, les assassinats, les enlèvements et les détournements d’avion ! Et pas le lavage de cerveau ? Non, car pour l’abrutissement, il suffit de lire ce livre. Et ça, ce n’est pas un avis de «Docteur en sciences politiques» !

En bref…

& Nous aurions voulu les lire car ils ont l’air «excellents» (mais le temps nous joue des tours !) :

Du côté des nationalistes :

o Éric Werner, L’après-démocratie,

L’Age d’Homme, 2001

o Martin Peltier, J’ai choisi la bête immonde,

ICM (auto-édition), 2000

Et aussi, par d’autres auteurs :

o Norman G. Finkelstein, L’industrie de l’holocauste, La Fabrique, 2000

o Bertrand Warusfel, Contre-espionnage & Protection du secret. Histoire, droit et organisation de la sécurité nationale en France, Lavauzelle, 2000

& Nous aurions voulu ne pas les lire mais la bêtise et l’orgueil sont toujours captivants à observer.

Amnistia.net

Les enquêtes

interdites, la revue.

Au secours ! Non content de squatter un site internet, Didier Daeninckx et ses petits amis paranoïaques éditent à présent une version papier de leurs délires. «Grands reportages», «enquêtes exclusives», la revue est égale à la modestie de son mentor et principal animateur. Ne comptez pas par contre apprendre la seule chose intéressante, à savoir en quoi les «enquêtes» de amnistia.net seraient interdites, ce n’est pas dit dans l’histoire. Si vous tenez malgré tout vraiment à mettre le nez dans cette boursouflure, consultez le site internet, c’est gratuit !

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