REFLEXes

Le chemin de Damas de Monsieur C.

C’est moi le roi de la route, j’m’amuse à 200 à l’heure,
Je peux faire Paris-Beyrouth, en une demie heure…

Les Nonnes Troppo

Ex-libris-fff60Début juin, le site Égalité et Réconciliation se faisait l’écho du lancement d’un nouveau site, Infosyrie, présenté comme un site de “réinformation” sur les événements syriens dont la réalité serait outrageusement travestie par les media occidentaux à la solde des États-Unis et, cela va sans dire mais mieux en le disant, d’Israël. A priori rien d’étonnant : ce courant de l’extrême droite nationaliste et ses compagnons de route se sont fait une spécialité de ce type de dénonciation, de la Lybie à la Côte d’Ivoire.

Pour les mêmes raisons, il n’est donc guère surprenant de retrouver derrière ce site l’inévitable Frédéric Chatillon.

Ce n’est en effet pas la première fois que nous sommes amenés à évoquer ce tropisme chatillonesque pour le pays des Alaouites et le Proche-Orient en général. Ce fut le cas il y a quelques années à propos d’un curieux montage politico-policier. Mais cet intérêt a connu depuis quelques années un regain de vitalité dont l’administration du site Info-Syrie n’est qu’une énième manifestation et qui mélange comme toujours affinités politiques et intérêts commerciaux bien compris.

Les feux de la rampe

Sur le plan médiatico-politique, les liens entre Frédéric Chatillon et la Syrie ont connu une nouvelle visibilité avec l’implication de l’ancien dirigeant du GUD dans le rapprochement de Dieudonné avec le parti de Jean-Marie Le Pen et l’extrême droite en général. Ce rapprochement, on s’en souvient, est la conséquence de l’influence grandissante de Chatillon auprès de Dieudonné et s’est manifesté en fanfare avec quelques événements médiatisés, parfois à l’insu du plein gré des intéressés.

Zenith, décembre 2006 : A. Soral, JM Dubois, B. Gollnish, D. Joly, Jany Le Pen, F. Chatillon, G. Mahé, Dieudonné... et les autres

Zenith, décembre 2006 : A. Soral, JM Dubois, B. Gollnish, D. Joly, Jany Le Pen, F. Chatillon, G. Mahé, Dieudonné… et les autres


La venue de Dieudonné à la Convention présidentielle Bleu Blanc Rouge organisée par le Front national en novembre 2006 dans le cadre de la candidature de Jean-Marie Le Pen à la présidentielle de 2007 en est l’élément médiatique fondateur et Chatillon en est à l’origine, même si c’est son épouse[1], Marie d’Herbais, qu’on peut alors apercevoir sur les photographies immortalisant l’événement. Mais d’autres épisodes viendront confirmer cette drôle de relation. C’est le cas en particulier du baptême d’une fille de Dieudonné en juillet 2008 par l’abbé Laguerie, ancienne figure de proue de la Fraternité Saint-Pie X et à présent en charge de l’église Saint-Eloi à Bordeaux, avec pour parrain Jean-Marie Le Pen. Chatillon semble alors avoir joué les intercesseurs, une de ses filles ayant pour parrain l’ancien président du FN.

Pour autant la proximité entre Dieudonné et Jean-Marie Le Pen datait d’au moins deux ans puisque M. M’Bala était présent à une soirée du président du FN datant probablement de 2006 à Montretout avec les époux Chatillon.

Le baptême, alors qu’il était avéré, provoqua en tout cas une mise sous pression par Chatillon des journalistes de Minute au courant de l’affaire, l’ancien meneur du GUD étant devenu tout à la fois agent, PR[2] et pygmalion de Dieudonné. Jean-Marie Molitor rapportait ainsi l’épisode, dans un article tout en allusions éclairantes[3] : « L’information a beau être archi-confirmée, il faut encore joindre Dieudonné. Bruno Larebière s’en charge, lui laissant un message téléphonique. C’est à partir de là que tout va déraper. Dans l’heure qui suit ce message, alors que notre collaborateur s’apprête à rappeler l’humoriste, c’est Orléans [c’est-à-dire Chatillon. NLDR] qui se manifeste auprès de moi. Il appelle, explique-t-il, de la part de Dieudonné. Celui-ci ne veut pas qu’on parle de ce baptême. C’est une affaire privée. Et surtout, la divulgation de l’information ne peut que nuire à ses intérêts, au moment où il parvient à retrouver un peu de visibilité médiatique. Le ton est d’abord à peu près aimable, puis se fait sec, puis carrément comminatoire.

2008-07_couv_Minute_Dieudo-2-9b01eOrléans téléphone aussi à Bruno Larebière. Deux fois. Tempêtant, exigeant qu’on ne publie pas l’information. Parlant comme s’il s’adressait à l’un de ses employés, si tant est qu’il existe encore des patrons qui osent encore parler comme cela à leurs employés. Essayant enfin de négocier, puisque l’intimidation ne fonctionne pas, jusqu’à ce que Bruno Larebière l’envoie paître […]. Cinq minutes plus tard, la soirée dominicale étant bien avancée, Dieudonné le rappelle enfin. Pour manifester sa colère ? Absolument pas. C’est un homme charmant que nous avons au téléphone. Aimable. Et courtois. […] Ce qu’il souhaite en fait, c’est laisser passer la « polémique » qui ne manquera pas de naître en raison de la personnalité du parrain. Puis il pourra parler de Dieu. À converser avec Dieudonné, qui ne demande rien, ne cherche pas à négocier, comme le très désobligeant intermédiaire, qu’on parle éventuellement du baptême de Plume mais en « omettant » la présence de Jean-Marie Le Pen, on comprend que sa démarche n’a rien à voir avec ce que Orléans a tenté de nous vendre… Un Orléans qui, excipant de son amitié avec Dieudonné, agissait plus comme s’il avait personnellement à perdre dans cette affaire, tel un dogue défendant son garde-manger, que pour protéger son « ami ». La journée qui suit va le confirmer.

Le lundi 14 juillet en effet, Orléans revient à la charge, encore plus déterminé. Appels et textos se succèdent. Cela devient si étrange que je décide de différer la publication de l’article, le temps de savoir qui manipule qui. L’information, de toute façon, sera publiée. Nous en avons informé, et Orléans, et Dieudonné. Un site d’informations en ligne est au courant. En raison d’échanges de bons procédés réguliers entre nous, et dans la mesure où nous étions au courant depuis mai, il avait été décidé que nous en aurions la primeur mais que, si nous ne publiions pas l’information, ce site serait averti et aurait la voie libre. Le lundi soir donc, à 23 h 55, la dépêche tombe sur le site de Novopress, diffusée par la branche aquitaine de l’agence de presse indépendante[4]. Son titre : « Dieudonné, un parrain nommé Le Pen ».

La machine médiatique est-elle lancée ? Oui et non. Oui car, le lendemain, la nouvelle est sur la plupart des sites nationalistes. Mais c’est compter, encore une fois, sans Orléans, qui, ajoutant les courriers électroniques à sa panoplie de petit intimidateur déjà bien lourde, « ordonne » à tous ceux qui ont relayé l’information de Novopress de la retirer, n’hésitant pas à contourner ceux qui résistent en faisant intervenir directement auprès de l’hébergeur du site afin qu’il le censure, ou expliquant, histoire de discréditer du même coup, et l’information et l’agence Novopress, qu’il s’agit d’un « canular » ! Durant vingt-quatre heures, l’offensive est sur le point de réussir. Jusqu’à ce que la véracité des faits soit confirmée par Novopress et que « Libération », le mercredi, publie, sans citer bien sûr l’agence de presse, son « scoop » écrit au conditionnel et dégoulinant de fiel. Rage de Orléans, qui fait savoir à qui veut l’entendre qu’il se vengera (de qui ? de quoi ?), tandis que, de son côté, Dieudonné se montre serein… Comme si, décidément, Orléans avait des intérêts personnels en jeu, du genre de ceux qui mettent sur les nerfs les producteurs de spectacle quand le succès n’est pas garanti ou ceux qui rendent terriblement nerveux ceux qui, espérant un retour sur investissement, se sont portés caution pour la location d’une salle de grande dimension et craignent qu’elle ne soit à moitié vide le jour de la représentation venue. Est-ce de cela qu’il s’agit ?

Avec Orléans, difficile de savoir ce qui le motive. Cela fait plusieurs années que cet ancien dirigeant du GUD, le Groupe Union Défense qui fit tant pour la renommée de la faculté d’Assas et le chiffre d’affaires du rayon barres de fer du BHV, s’active dans l’ombre de l’humoriste ». Cet épisode est sans doute à l’origine d’un incident survenu le 18 juin 2010 lors du rassemblement organisé par le Bloc Identitaire et Riposte Laïque et qui vit Chatillon gifler magistralement Bruno Larebière. Celui-ci, ayant été agressé en tant que journaliste et non en tant que dirigeant identitaire, se réserva alors le droit de porter plainte. Nous ne savons à vrai dire ce qu’il en est advenu de cette éventualité.

On pourrait citer bien sûr d’autres épisodes tout aussi curieux comme ce projet de débat des finalistes du 2ème tour de l’élection présidentielle 2007 animé par Dieudonné, avec la participation de Jean-Marie Le Pen, et avec un spectacle du « comique » en ouverture de soirée.
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Mais surtout cette présence constante dans l’ombre de Dieudonné va permettre à Chatillon d’élargir son cercle de connaissances à d’autres « parias » médiatiques que nous allons retrouver ci-après, Jacques Vergès ou Roland Dumas[5]. Par ailleurs elle s’inscrit dans une démarche plus large cherchant à faire bouger les lignes puisqu’à la même époque Chatillon s’investit aux côtés d’Alain Soral dans les projets d’Égalité & Réconciliation, en particulier l’ouverture du Local fin 2007 aux côtés de Philippe Peninque, personnage aux multiples facettes : proche conseiller de Marine Le Pen[6], ancien dirigeant du GUD dans les années 1970, ancien avocat radié du barreau de Paris à la suite de malversations financières et d’une sombre affaire de passeports et marié à une cadre supérieure de l’Oréal. Philippe Peninque joue par ailleurs un rôle économique important dans la galaxie Chatillon comme nous le verrons ci-après.

L’Orient compliqué…

Mais quel rapport entre cette relation soutenue avec Dieudonné et le Proche-Orient ? Durant l’été 2006, Chatillon avait joué les intercesseurs pour un voyage de Dieudonné, Alain Soral, Ahmed Moualek, Marc George et Thierry Meyssan au Liban. Malgré les fanfaronnades des trois sus-cités, le voyage ne débouchera sur rien, sinon quelques rencontres fortuites avec quelques « personnalités » locales mais pas seulement.

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Ici avec Jesse Jackson qui a l’air assez dubitatif sur la qualité de son interlocuteur, rencontré par hasard dans les ruines de Beyrouth

Jean-Marie Molitor en rend également compte en ces termes[7] : «Eté 2006, quand Dieudonné, l’essayiste Alain Soral, le fondateur du Réseau Voltaire Thierry Meyssan et Ahmed Moualek, président de l’association La Banlieue s’exprime, s’envolent à destination de Damas, la capitale syrienne, pour gagner ensuite le Liban qui vient d’être bombardé par l’aviation israélienne, le voyage n’a été rendu possible que par l’entregent de Orléans. Celui-ci est d’ailleurs de la partie, prenant soin de se tenir à l’écart des photographes. Sauf une fois.
Ce moment d’inattention – ou plutôt cet instant de vantardise[8] – va lui coûter cher. Sur cette photo, on le voit poser en compagnie de Soral, Dieudonné et Meyssan, tous assis sur un canapé surmonté des portraits du président syrien Bachar el-Assad et de son père, Hafez el-Assad. Et cette image, qui aurait dû rester une photo souvenir, va être publiée sur le site de La Banlieue s’exprime. Fureur, déjà, de Orléans, qui obtient d’Ahmed Moualek qu’il la retire, mais trop tard. Le mal est fait. Gérant et principal actionnaire d’une société spécialisée dans le conseil en communication, Orléans compte des clients qui n’apprécient ni son apparente complaisance à l’égard du régime syrien, ni son compagnonnage avec des individus qui ont la réputation, plutôt justifiée au demeurant, d’être des antisionistes fervents. Il y perdra un contrat, que l’on dit juteux, avec un « designer » renommé de la place de Paris»
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Frédéric Chatillon – Général Michel Aoun – Dieudonné

Dieudonné - Joseph "Joss" Elise - Frédéric Chatillon

Dieudonné – Joseph « Joss » Elise – Frédéric Chatillon

Cela n’empêchera pas une partie des mêmes de repartir au Liban et en Syrie en mars 2008 sur le prétexte d’une série de spectacles de Dieudonné organisés par Michel Eleftériadés dans son cabaret à Beyrouth, le Music-Hall[9], suivis d’une virée à Damas.
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Selon des sources locales, les cinq jours en Syrie comprenant hôtels, chauffeurs et visites touristiques auraient été largement financés par la famille Tlass[10]. Ces liens se manifesteront d’ailleurs par des rencontres avec des membres de la famille, notamment le fils Manaff, devenu à son tour général, et dont des sénateurs ont récemment demandé à ce que ses avoirs soient gelés en France en raison de son implication dans des massacres récent à Baniyas. C’est en effet un très proche de Bachar El-Assad, et il commande actuellement l’unité que Bachar commandait avant sa nomination à la tête de l’État.

 En cie de Manaff Tlass, au centre. Cette photo est très représentative de la place que Thierry Meyssan a du mal à se faire en Syrie et/ou au Liban. Il semblerait que son passé d'homme de gauche, laïc et homosexuel militant ne soit pas forcément un atout aux yeux de tous ses nouveaux amis. Bien isolé en bout de table notre voltairien... Encore moins sympa pour le pauvre Meyssan, même Dieudo ira jusqu'à se moquer de ses orientations sexuelles dans son dernier spectacle "Mahmoud". On a les amis que l'on mérite !!

En cie de Manaff Tlass, au centre.
Cette photo est très représentative de la place que Thierry Meyssan a du mal à se faire en Syrie et/ou au Liban. Il semblerait que son passé d’homme de gauche, laïc et homosexuel militant ne soit pas forcément un atout aux yeux de tous ses nouveaux amis. Bien isolé en bout de table notre voltairien… Encore moins sympa pour le pauvre Meyssan, même Dieudo ira jusqu’à se moquer de ses orientations sexuelles dans son dernier spectacle « Mahmoud ». On a les amis que l’on mérite !!

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Michel Eleftériadés est une “personnalité” de Beyrouth. Grec orthodoxe, très proche de Michel Aoun, Eleftériadés[11]
est un ancien militant du MUR[12] et il est en bons termes avec la « résistance » libanaise, comprendre le Hezbollah, sans pour autant travailler avec ce parti ni même être membre du CPL. Il est aussi accessoirement très riche grâce, entre autres, à ses activités de gérant de spectacles dans son cabaret de Beyrouth. L’existence de ce lieu et les moyens financiers qu’Eleftériadès en tire en font un personnage intéressant pour beaucoup de personnes, y compris issues de milieux politiques travaillant sur les questions géopolitiques du Proche-Orient, en particulier la lutte contre les prétentions israéliennes et leurs funestes conséquences. Il est ainsi particulièrement précieux pour Frédéric Chatillon pour les opportunités de contacts libanais qu’il a pu ou qu’il pourrait lui offrir. C’est par exemple chez Michel Eleftériadés que se sont récemment[13] revus Jacques Vergès[14] et Anis Naccache, personnalité très influente du paysage politique libanais, notamment par ses relations avec le pouvoir iranien. C’est ce dernier aspect qui peut bien évidemment intéresser certaines fractions de l’extrême droite française portant haut leur hostilité à « l’axe américano-sioniste »[15], dès lors que par le passé, fin 2001, Chatillon avait déjà essayé de rencontrer le cheikh Nasralah, fondateur et responsable du Hezbollah au Liban fin 2001.

En sens inverse, l’influence grandissante de Chatillon auprès de certaines personnalités françaises peut s’avérer intéressante pour Eleftériadés. C’est le cas en particulier de Jacques Vergès[16] et Roland Dumas[17]. En avril dernier, c’est ainsi Frédéric Chatillon qui a joué l’intermédiaire entre ces deux personnages et Michel Eleftériadés, fort désireux de faire valoir ses contacts internationaux et en particulier français pour décrocher un rôle politique au Liban – un poste de ministre par exemple ? – dans le cadre des tractations alors en cours dans le pays du Cèdre. À ce titre, Roland Dumas est bien sûr une figure en or, ex-ministre, ancien président du conseil constitutionnel, et ayant toujours eu d’excellents rapports avec certaines personnalités syriennes proches du régime baassiste[18].

Ce copinage a cependant des limites. Si Eleftériadés est peu étiquetable au regard des critères politiques occidentaux, ce n’est pas pour autant un « fasciste »[19] et on peut supposer que cette rencontre improbable avec l’ancien dirigeant du GUD l’amuse plus qu’autre chose. Par ailleurs il semble se méfier à plusieurs titres du « facho » comme il l’appelle. Il n’a ainsi pas favorisé une quelconque rencontre avec Anis Naccache, parce que celui-ci fait réellement de la politique et aussi sans doute pour des questions de sécurité. L’histoire pluri décennale du GUD fourmille en effet d’anecdotes de barbouzeries et de relations ambigües avec les « services » français. D’ailleurs il est à ce titre assez curieux de noter les liens entre Riwal, la société dirigée par Frédéric Chatillon, et la revue Sentinel dont le créneau est « l’antiterrorisme » et l’analyse des risques géopolitiques. Les numéros de téléphone et fax de la revue (notamment celui pour passer commande d’un numéro ou pour s’abonner[20]) sont en effet au nom de Riwal, ce qui ne laisse guère de doute sur les rapports entre les deux structures ! Tout comme le fameux « Frédéric Castillon » directeur commercial de la revue nous fait étrangement penser, allez savoir pourquoi, à notre spécialiste des pseudonymes foireux « Frédéric Chatillon »[21]. Une fois de plus, quel grand écart idéologique entre cette recherche systématique de contacts avec les « mouvements de résistance à l’impérialisme américain » syrien ou libanais, et la participation, même de nature professionnelle, à une revue où l’on retrouve la fine fleur des pseudos spécialistes des « menaces terroristes » et de l’analyse des risques… On pense notamment à Roland Jacquard[22], Aymeric Chauprade[23], Bernard Carayon[24] et d’autres, tous plus marqués à droite les uns que les autres… Par ailleurs, il se trouve que la sœur de Chatillon est mariée avec un catholique libanais, un Kataëb, membre du bureau politique des Forces Libanaises, ce qui ne milite évidemment pas en sa faveur, même si cela lui assure forcément des contacts sur place.

Enfin le soutien du GUD dirigé par Chatillon aux forces croates contre les Serbes et les Bosniaques au début des années 1990 durant les premières guerres de l’ex Yougoslavie pourrait aussi être un obstacle à de meilleures relations entre F. Chatillon et M. Eleftériadès. Ce dernier fût en effet plutôt proche, voire très proche, des Serbes, alors que du côté gudard, on s’engagea résolument « aux côtés des combattants croates contre les tchetniks ». Ne faisant pas dans la demi-mesure, ils rejoignirent les milices de Dobroslav Paraga du Parti du Droit qui déclarait que la milice HOS « accueille tous ceux qui sont prêts à combattre les communistes et les Serbes ». Parallèlement à l’engagement sur le terrain de certains, le GUD organisa à Paris un meeting « pour la Croatie nationaliste » le 19 décembre 1991, puis envoya une nouvelle délégation du Gud à Zagreb .
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Quand l’hiver fut venu…

Cet intérêt pour la Syrie et le Liban a évidemment un pendant économique car Chatillon et ses proches sont des chefs d’entreprise. Chatillon a créé Riwal Communication en mars 1995 avec un petit capital et trois associés : sa compagne Marie d’Herbais, Axel Loustau qu’on ne présente plus[25] et Virginie Barlemont[26]. Mais depuis 1996, la société a connu plusieurs remaniements dans la distribution de son capital, au gré des cessions de parts. Dès 1996, Thomas Lagane remplace V. Barlemont puis des membres de la famille de Frédéric Chatillon intègrent le capital, celui-ci se limitant à Frédéric Chatillon et Axel Loustau à partir de 2005. Le capital de la société est demeuré longtemps le même avant que les deux associés ne se décident à une brutale augmentation en décembre 2009. Il est alors porté à hauteur de 180 000 euros, officiellement pour faire face à des difficultés de trésorerie de la société et amortir l’impact de la crise économique ainsi que pour financer le développement de l’activité sur des créneaux à fort potentiel. Le dernier bilan comptable déposé par la société remontant à 2006, il est bien évidemment difficile de juger de la réalité de ces justifications. Le chiffre d’affaire approchait alors 900 000 euros pour seulement plus de 20 000 euros de bénéfices, ce qui est loin d’être Byzance et signifie que la masse salariale et les frais généraux doivent être plus que conséquents. Par ailleurs les associés ont décidé d’ajouter de nouveaux noms commerciaux en sus des Éditions des Monts d’Arrée : Riwal Communication, Riwal l’Agence, Iona, Ivaos et Taliesin[27] ainsi que d’étendre à l’étranger l’objet de la société : le conseil en communication, le marketing direct, l’édition de livres et revues. Sans guère de surprise, le premier pays à voir naître une antenne de la société a été… la Syrie ! Riwal Syria est installée à Damas et dirigée par Thiebault El Bakjaji. L’agence affiche déjà quelques références clients, dont bien sûr le ministère syrien du tourisme… Rien d’étonnant donc à ce que Riwal soit à l’origine de certaines campagnes de promotion de ce ministère[28], du moins jusqu’aux événements récents survenus dans ce pays.

L’augmentation de capital s’est faite par apport de fonds personnels de Frédéric Chatillon et par intégration d’une nouvelle associée, au demeurant salariée de la société, Sighild Blanc. Née en 1982, Mlle Blanc n’est évidemment pas issue de la même génération militante que les anciens qui travaillent à Riwal, Chatillon ou Jildaz Mahé[29]Mais on la retrouve comme directrice artistique dans toutes les activités de la société depuis le début des années 2000 et comme compagnon de route de certaines initiatives politiques des années 2000. Entre autres, elle participe à l’élaboration du Crazypack en 2003-2004, un emballage amovible pour paquet de cigarette pouvant servir de support publicitaire pour lequel Riwal reçoit une récompense de la profession. Ce travail est d’ailleurs accompli avec la collaboration de Gauthier Guillet dont nous avons déjà été amenés à parler par le passé[30]. En 2005, elle est directrice de publication de The Monde, pastiche du quotidien du soir qui brocarde très largement la politique américaine et les positions souvent atlantistes du journal[31]. Mais on la retrouve également dans le bureau de l’association Envie de rêver, fondée en octobre 2007 par Serge Ayoub et qui marquait son retour sur la scène publique.

Cependant c’est évidemment son rôle dans la revue Cigale qui est le plus intéressant. Cigale est un mensuel gratuit distribué dans les boulangeries parisiennes depuis mars 2006. Son directeur de publication était alors Jildas Mahé et la société éditrice Dolmen[32] avant que ce rôle ne soit transféré à Taliesin. Se présentant comme un gratuit touche-à-tout, Cigale Magazine brouille les pistes en mélangeant habilement des univers différents. Dans les personnes qui éditent et participent au magazine tout d’abord. Une bonne partie de l’équipe, sans préjuger de leurs opinions politiques, ne présente pas d’engagement passé connu. Mais ce n’est pas le cas de tous et on reconnaît bien là la patte de Riwal. Taliesin a été fondée en août 2006 avec un petit capital de 10 000 euros par des associés qu’il n’est absolument pas étonnant de retrouver là : Jildas Mahé O’Chinal (245 parts), F. Chatillon (235), Françoise Cocault[33] (25), Alain Lefebvre[34] (20), Riwal (10) et P. Peninque (465). Ce dernier est d’ailleurs désigné gérant de la société. En décembre 2008, il accepte de céder son poste à Christophe Collet «… en raison du projet de développement d’une télévision sur Internet accessible sur le téléphone mobile, secteur dont il est un expert reconnu. » L’opération s’accompagne d’une augmentation de capital et c’est une société danoise, Mulvaney’s Ejendomme ApS, qui n’est qu’une filiale d’une SEP dirigée par Peninque, Artec, qui devient actionnaire majoritaire en rachetant les parts de Jildas Mahé, F. Chatillon, Riwal et Peninque lui-même.
En juin 2009, la société continue à se développer en faisant entrer dans son capital un fonds d’investissement nommé Octans Investissements SCA, domicilié 39 rue Vineuse ainsi que trois nouveaux actionnaires. Le capital social de Taliesin est dorénavant de 100 000 € réparti entre Françoise Cocault, Alain Lefebvre, Mulvaney’s Ejendomme, Christophe Collet[35], Eric Le Gall, Alexis Sainte Marie[36], Guy Thion de la Chaume et Octans Investissements. Dirigée par Philippe Nguyen-Cong-Duc[37], cette société est à distinguer d’Octans Gestion, dont l’adresse est la même, mais qui est dirigée par Philippe Peninque[38]. On retrouve d’ailleurs celle-ci dans l’augmentation récente de capital de la Lettre Sentinel, son directeur Christophe Boucher justifiant son choix par le fait que Octans Gestion “partage notre [la Lettre Sentinel. NDLR] vision du long terme comme nos objectifs éditoriaux”. On ne saurait mieux dire. Le 39 rue Vineuse et le 36 rue Scheffer sont décidemment un tout petit monde…

Dans l’équipe de rédaction, certains profils sont tout aussi marqués. On y retrouve Françoise Cocault sous le nom de Françoise Lemoine comme directrice de la rédaction après avoir travaillé plus de vingt ans au Figaro mais également son fils Jildaz dans les différents postes possibles, de directeur de la publication à simple collaborateur[39]. Le rédacteur en chef est par ailleurs depuis le numéro un Christian Rol[40]. Ancien de Troisième Voie et du GRECE, son dernier fait d’armes est d’avoir co-écrit le livre de “mémoires” de Maxime Brunerie, livre qui a soulevé quelques légitimes interrogations[41]. Mais on croise aussi, le temps de quelques numéros, d’autres figures connues. C’est le cas par exemple d’Alexandre Parmentier, qui fut en charge de la publicité et qui a fréquenté les groupuscules radicaux parisiens depuis le début des années 2000 : Unité Radicale, Jeunesses Identitaires… Il est d’ailleurs le compagnon de Marie-Céline Bruneaut, ancienne militante et candidate du MNJ-MNR, du FN mais aussi des JI et du Bloc Identitaire. D’une génération bien antérieure, on peut citer Minh Tran Long qui avec son frère Yann militait à la fin des années 1970 à la FANE avant de s’engager dans la Légion Étrangère et qui a assuré une chronique NTIC dans Cigale[42].
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Le contenu est à l’avenant. Bien sûr, Cigale parle de beaucoup de choses, sans que l’on puisse noter une quelconque orientation politique et ses animateurs ne manqueront pas de le faire remarquer. C’est un gratuit qui est là pour récolter des recettes publicitaires et assurer des publi-reportages soignés et gratifiants pour les entreprises concernées ou les lieux évoqués. Disons-le tout net : le but est atteint et Cigale est une excellente démonstration du savoir-faire de Riwal en terme de communication.
Cependant il n’est guère difficile pour un lecteur averti de déceler, au fil des numéros, des petites manifestations de l’ancrage politique des concepteurs de Cigale.
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Parmi de multiples exemples : articles réguliers sur l’actualité de la Fondation Bardot qui figure depuis longtemps dans les références clients de Riwal Communication et dont la fondatrice clame depuis aussi longtemps son amitié pour Jean-Marie Le Pen, promotion de lieux emblématiques comme le domaine de Grand’Maisons[43] à Villepreux ou de produits très tendances tel que « Pur Rosée » de Didier Sicot[44], publicité pour la société spécialisée dans l’événementiel Crossroads, fondée et dirigée par Minh Tran long déjà cité ci-dessus, ou un projet internet fumeux de Michel Eleftériadés, nowheristan.org.

cover_108-fe9b3Et numéro spécial sur la Syrie en 2008. Bien sûr, là aussi, Cigale a déjà évoqué de très nombreuses destinations touristiques. Mais ce numéro dithyrambique sur la Syrie ne sort pas de nulle part et peu de numéros du magazine ont été aussi complets sur une proposition de voyage…

Et la politique bordel ?

Quel commentaire politique peut-on faire sur tous ces éléments factuels ? À l’évidence, il est difficile de cerner un projet clair à partir de toutes ces initiatives mélangeant politique, show-bizness et intérêts financiers. Surout lorsqu’on rajoute d’autres éléments comme la proximité jamais démentie entre Chatillon, ses amis et Marine Le Pen.
Chatillon n’est pas un idéologue et s’il est souvent présenté comme un NR[45] par des journalistes ou des « spécialistes de l’extrême droite », il n’en conserve apparemment qu’un nombre limité de fondamentaux : aversion affichée envers le monde juif et admiration toute aussi évidente pour certains régimes politiques nationalistes et socialistes européens des années 1930[46]. Il se trouve que le régime baasiste réunit ces deux dimensions même si l’idéologie baasiste n’est plus depuis longtemps qu’un aimable folklore politique à la “Potemkine”[47]. Les liens avec la famille Tlass font le reste… En France, cette farouche hostilité à Israël et à la judéité en général est sans doute la seule ligne politique un tant soit peu constante de la bande à Chatillon depuis les années 1990. Cela explique sa présence dans des manifestations comme celle contre l’intervention israélienne à Gaza en janvier 2009 ou un intérêt récurrent pour la question du révisionnisme, d’UDVS créée avec Roger Garaudy au procès de Dieudonné pour contestation de crimes contre l’humanité en présence des frères Faurisson.

Janvier 2009, manif pour Gaza durant l’opération "Plomb durci", F. Chatillon et A. Lousteau accompagnent Dieudo et Ginette Skandrani lors d’une très brève apparition dans le cortège du Collectif Cheick Yassine, les seuls suceptibles de les accueillir, et surtout de laisser le micro à Dieudonné comme le fit Nelly Leboucher, l’épouse convertie du gourou du collectif Abdelhakim Sefrioui.

Janvier 2009, manif pour Gaza durant l’opération « Plomb durci », F. Chatillon et A. Lousteau accompagnent Dieudo et Ginette Skandrani lors d’une très brève apparition dans le cortège du Collectif Cheick Yassine, les seuls suceptibles de les accueillir, et surtout de laisser le micro à Dieudonné comme le fit Nelly Leboucher, l’épouse convertie du gourou du collectif Abdelhakim Sefrioui.

 

2009, théâtre de la Main d’Or : Chatillon, Dieudo et Faurisson, à qui l’ont vient certainement d’expliquer que cette photo n’existe pas et que cette rencontre n’a jamais eu lieu !!

2009, théâtre de la Main d’Or : Chatillon, Dieudo et Faurisson, à qui l’ont vient certainement d’expliquer que cette photo n’existe pas et que cette rencontre n’a jamais eu lieu !!

On aura bien sûr beau jeu de nous opposer la présence de Chatillon et de ses amis à une multitude de manifestations, les dernières en date étant par exemple celles du 9 mai 2010 avec Axel Loustau ou le 8 mai 2011[48], ou encore l’apéro saucisson-pinard du 18 juin 2010 ou la manifestation de l’Autre Jeunesse, c’est-à-dire les ex-Jeunesses Identitaires le 23 octobre 2010. Mais si cette très courte liste peut sembler incohérente, elle ne fait que refléter une autre constante de Chatillon, Loustau et cie, qui est d’essayer d’être la référence occulte de tout ce qui se monte ou se déroule sur Paris. Cette prétention n’est pas usurpée puisque les années 2000 ont vu défiler auprès de Chatillon et Loustau tout ce que Paris a vu se créer comme nouveaux mouvements droitistes, des Jeunesses Identitaires[49] au néo-GUD en passant par Pro Patria[50]. Ce qui était recherché auprès des « Anciens » comme ils sont appelés n’était d’ailleurs pas tant la caution politique que les moyens financiers et matériels dont dispose la fine équipe. Mais toutes ces tentatives ont en général fait long feu, les « Anciens » rechignant à soutenir ce qu’ils ne contrôlent pas totalement.

Ce tropisme pour le Proche-Orient de la clique Chatillon engage-t-il politiquement Marine Le Pen ? La réponse est évidemment oui et non, la réciproque étant également vraie. Si Chatillon est un ami de la présidente du FN et un prestatire de services[51], il n’en est pas un conseiller et une partie non négligeable des orientations du FN ne correspond pas à ses choix personnels. Pour autant, cela n’exclut pas une influence ponctuelle comme a pu le montrer la création du matériel de propagande de la campagne 2007 et l’orientation générale de celle-ci. D’ailleurs au congrès de Tours en janvier dernier, Riwal avait installé ses bureaux au deuxième étage du bâtiment utilisé par le parti pour ses débats. Chatillon aime avant tout être près de ce qui brille, tout en ayant l’impression de tirer les ficelles. Cela explique largement ce grand écart apparent entre la proximité avec le FN marinisé et ses options politiques.
Par ailleurs, si Chatillon n’est pas un conseiller de Marine Le Pen, Philippe Peninque en est un. C’est lui qui s’est par exemple chargé ces dernières années des manœuvres d’approche en direction des milieux susceptibles de travailler avec la future présidente du FN, comme le 19 octobre 2009 lorsqu’il a appelé Fabrice Robert pour lui proposer de le rencontrer car selon lui, il n’y avait plus que Marine et le Bloc Identitaire, soit des « gens intelligents en rupture avec l’extrême-droite », ce qui imposait qu’à terme, un accord politique soit conclu entre le Bloc et Marine Le Pen, en particulier pour s’entendre localement pour des élections… Difficile de croire, étant donnée la proximité entre Frédéric Chatillon et Philippe Peninque, que les deux hommes n’échangent pas de points de vue politiques.
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Les mois à venir nous diront si les amitiés syriennes de Frédéric Chatillon sont devenues plus qu’une anecdote pour une direction du FN aspirant à autre chose qu’au rôle dans lequel le fondateur du FN s’est complu à demeurer et dont le barnum chatillonesque est une manifestation parmi d’autres.

  1. Nous ne ferons aucun commentaire sur des rumeurs récentes et d’ordre privé, même si elles auront forcément des implications politiques.[]
  2. Chatillon a en particulier sauvé la mise de “l’artiste” le soir du 1er tour de l’élection présidentielle d’avril 2007 lors de la fête qui se tenait au siège du FN et durant laquelle un petit groupe de hooligans semblait vouloir lui faire un mauvais parti.[]
  3. Article paru dans le n°2368 de Minute[]
  4. J.-M. Molitor nous sert en l’occurrence une aimable galéjade, Novopress étant rien moins qu’une agence de presse et a fortiori indépendante.[]
  5. Qui tous deux, et sans surprise, ont répondu aux questions du site Info-Syrie.[]
  6. Il semble que Philippe Peninque ait été pressenti pour devenir SG du FN en septembre 2009 en remplacement de Louis Aliot, à l’instar de trois autres personnalités en l’occurrence Michel Guiniot, Jean-François Jalkh et Steeve Briois. L’évocation de cette éventualité par Minute, sans citer d’ailleurs les noms des pressentis, valut à l’hebdomadaire un droit de réponse furibard de Jean-Marie Le Pen : “Monsieur,
    Mis en cause dans un article de votre hebdomadaire du mercredi 23 septembre 2009 consacré à la liberté de la presse, vous faites état d’informations qui sont fausses. […] Vous écrivez, en effet, que le Secrétaire Général du Front National ignore qu’au moins quatre Cadres ont été approchés pour lui succéder. Vous admettrez qu’il n’y a que le Président du Front National qui puisse faire de telles démarches. Or, je pose à cette affirmation un démenti formel.
    Il suffirait pour établir votre bonne foi, qui a peut-être été surprise, que vous publiiez les noms, non pas de votre informateur, il est couvert par la confidentialité des sources, mais des quatre personnes qui auraient été sollicitées pour occuper le poste de Secrétaire Général. Peut-être auriez-vous pu m’interroger sur le sujet ?
    Sentiments sincères. Jean-Marie LE PEN
    »
    Pour autant, Peninque semble être accusé par certains cadres du parti d’avoir ruiner le Front car c’est sur ses conseils que Le Pen aurait refusé de payer Fernand Le Rachinel dans le conflit l’opposant à l’ancien imprimeur du FN.[]
  7. Article cité.[]
  8. Ce n’est en fait pas le seul instant, en témoignent les photos inédites que nous publions ici. D’ailleurs, ce ne fut pas le seul instant même à l’époque puisque quibla.net, un site animé par Fausto Guidice, publia à l’époque sous le pseudo d’Ayman El Kayman une photographie de Chatillon, Dieudonné et un cadre du Hezbollah pour mieux dénoncer les accointances entre Dieudonné et l’ancien Gudard.[]
  9. Une des principales scène culturelle de Beyrouth, où se produisent des artistes aussi divers et variés que Bernard Lavilliers, Jane Birkin, les Têtes Raides, Gnawa Diffusion… et Dieudonné.[]
  10. Sur le général Mustapha Tlass, voir ici ou encore “Petite leçon de dictature Made in Syria” dans Der Spiegel, 2005, repris par Le Courrier International, où l’on découvre, entre autre, le goût prononcé pour la décoration d’intérieur du Général puisque dans son salon, au milieu des portraits de famille figure “ […] deux petits dessins à la craie représentant des fleurs sauvages, signés… Adolf Hitler.” []
  11. Michel Eleftériadés a une notice wikipedia []
  12. Le Mouvement Unifié des Résistances fut un mouvement nationaliste dirigé par Michel Aoun, composé de chrétiens, opposé à la fois à l’occupation syrienne du Liban et aux forces libanaises de Samir Geagea. Le Mouvement n’existe plus et a été remplacé par le Courant Patriotique Libre (CPL), allié du Hezbollah.[]
  13. En avril 2010 après une conférence internationale de soutien à la libération du militant communiste et internationaliste Georges Ibrahim Abdallah, membre des FARL (Fractions Armées Révolutionnaires Libanaises) emprisonné en France depuis 1984 et libérable depuis 2002 (cf blog du Collectif pour la Libération de Georges Ibrahim Abdallah.[]
  14. Avocat en France d’Anis Naccache.[]
  15. On peut rappeler à ce titre la conférence de l’ambassadeur d’Iran en France Seyed Mehdi Miraboutalebi au Doux Raisins organisée par l’hebdomadaire Flash ou encore son interview donnée à Réfléchir & Agir. Tout comme les fanfaronnades de Blanrue prétendant avoir été reçu dans cette même ambassade. Ce qui est sûr, c’est qu’il s’est rendu en novembre dernier au festival du court-métrage et du documentaire de Téhéran en compagnie d’Olivier Mukuna (journaliste belge proche de Dieudonné), Thierry Meyssan ou encore Claudio Moffa. Blanrue dont on se souvient par ailleurs le rôle auprès de Dieudonné.[]
  16. Frédéric Chatillon et d’autres individus travaillant habituellement chez Vendôme Sécurité ont en particulier déjà accompagné Jacques Vergès lors de voyages au Liban, celui redoutant une « agression sioniste ». Chatillon semble également jouer ce rôle en France puisqu’on a pu le voir le 10 mars 2010 à l’émission de F. Taddeï
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    qui avait pour sujet « justice internationale ou injustice internationale », avec notamment J. Vergès et GW Goldnadel.[]
  17. Roland Dumas n’est depuis longtemps plus trop regardant sur l’étiquette politique des hommes ou des structures qu’il fréquente. Ce printemps 2011 l’aura ainsi vu accorder trois pages d’entretien au journal Flash et surtout participer à la fête de Radio Courtoisie pour dédicacer son livre de mémoires, flanqué d’un “garde du corps” un peu particulier puisqu’il s’agissait de l’ineffable néo-nazi Baptiste Coquelle qui travaille pour Vendôme Sécurité, en charge de la sécurité de la fête de la Courtoisie. Ce qu’ignorait certainement Roland Dumas. Mais le monde est petit et les coïncidences infinies…[]
  18. Doux euphémisme, puisque Roland Dumas entretint une relation avec la fille du Général Tlass, Nahed Ojjed, du temps où il était ministre des Affaires Etrangères, ce qui pour certains “services” créa de réelles inquiétudes. Cette dernière, via la Fondation Tlass (basé au Lichenstein) proposa de financer un scanner d’un montant de huit millions de francs pour l’hôpital de Sarlat en Dordogne, fief électoral de Dumas. Cette affaire s’ébruitant dans la presse il perdit les élections législatives de 1993 et se vit attribuer le surnom de « Lion de la Tlass ». Malgré tout il eut le temps d’établir via la fille, et surtout via son père Mustapha Tlass, un contact direct avec le Président Hafez el Assad qui déboucha sur deux rendez-vous officieux. Plus récemment, c’est le fils et nouveau maitre de la Syrie Bachar el Assad qui l’a invité lors de son passage à Paris. Dans l’interview qu’il donne ce mois à Info-Syrie, Dumas évoque ces entrevues en ces termes : « J’ai obtenu mon premier rendez-vous avec le président syrien par l’intermédiaire d’un ami commun, ancien camarade de combat d’Hafez el-Assad, un général syrien » sans toutefois évoquer le nom de Mustapha Tlass, il n’a pas cette pudeur virginale dans ses mémoires, parlant d’un homme « très francophile » qui « avait du chic et du charme ». Les esprits pervers tels que le nôtre se demanderont tout de même qu’est-ce qui peut amener un homme, à 1re vue sain d’esprit, résistant, fils de résistant fusillé par les nazis, à considérer un des principaux pourvoyeurs d’écrits antisémites et négationnistes – par le biais de sa maison d’édition Dar Tlass sise à Damas – comme un ami charmant ?[]
  19. Il ne manque d’ailleurs jamais une occasion de rappeler son passé à l’extrême gauche, où sa proximité avec certains partis communistes, notamment dans l’interview qu’il donna en avril dernier pour le site Egalité & Réconciliation.[]
  20. sentinel_commande[]
  21. Spéciale mention au « Frédéric Dalle » (= Que dalle) de la page « contacts » du site Riwal Communications :
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    Page aujourd’hui disparue. Le besoin de discrétion se faisant cruellement sentir, les noms ont été remplacés par les fonctions occupées dans l’entreprise.[]
  22. Président du fantomatique Observatoire international du terrorisme et président du conseil stratégique de Sentinel. Lire à ce sujet le très documenté Au nom du 11 septembre… Les démocraties à l’épreuve de l’antiterrorisme de Didier Bigo, Laurent Bonelli et Thomas Deltombe aux éditions La Découverte, et plus précisément le chapitre « Armer les esprits : le business des « experts » à la télévision française ».[]
  23. Professeur au Collège interarmées, mis à l’écart par son ministre de tutelle, c-a-d- la Défense, et tout récemment réintégré, occasionnellement collaborateur de l’Afrique Réelle de Bernard Lugan ou encore de la Nouvelle Revue d’Histoire de Dominique Venner. Il serait en contacts occasionnels avec une bonne partie de l’extrême droite identitaire tout en refusant de manifester le moindre engagement par souci de l’impact sur sa réputation…[]
  24. Ancien du GUD aujourd’hui à l’UMP, tendance droite dure puisqu’il a rejoint la Droite Populaire. Il est également spécialiste de l’Intelligence économique et c’est à ce titre qu’il participe à la revue.[]
  25. Sinon en quelques mots : fils de Fernand Loustau, fondateur de Normandy Sécurité, Axel a fait ses premières armes militantes au GUD aux côtés de Chatillon. Durant la campagne des régionales de 1992, c’est lui en particulier qui assurait la coordination entre Normandy et le GUD pour la fourniture de renforts au service d’ordre du FN. Devenu administrateur de Normandy après la mort de son père, il a été inquiété par la police dans le cadre de l’enquête sur la tentative d’attentat contre Yves Derai de Tribune Juive en 1996. Il a également été par la suite candidat pour le FN, en particulier aux législatives de 1997 dans les Hauts-de-Seine. Parallèlement à la transformation de Normandy en Vendôme Sécurité, il est devenu actionnaire de la SARL IDeveloppement, créatrice du site iencheres.com en 2001. En janvier 2011, Axel Loustau a revendu une partie de ses parts dans Vendôme à une autre société de sécurité, Colisée Sécurité, dirigée par Nicolas Chazot, devenant ainsi actionnaire minoritaire. Cela n’empêche pas d’y retrouver comme vigiles certaines figures montantes de la scène nationaliste parisienne, de Baptiste Coquelle à Sébastien Vannier en passant par Albéric d’Herbais, frère de Marie ou encore Tony Baroud, l’ancien animateur des Jeunesses Libanaises Chrétienne à Paris, aujourd’hui reconverti dans le nouveau GUD d’Edouard Klein.[]
  26. Proche du GUD lors de ses études au début des années 1990, cette fille d’un haut cadre du FN a elle-même été candidate pour le FN dans la Sarthe dont elle est originaire avant de basculer avec son père dans l’aventure mégretiste du MNR à partir de 1999.[]
  27. Figure de la mythologie celte, barde et poète.[]
  28. Voir à ce propos. La correspondante du Ministère du Tourisme en contact avec Chatillon s’appelle Rania Kardahi, en charge du département Promotion et c’est Riwal qui gère le site syrievoyage.fr qui est le site de promotion du Ministère du Tourisme syrien depuis 2008.[]
  29. Fils d’un journaliste célèbre de Paris-Match, qui fut un proche d’Occident et prit des responsabilités dans un groupuscule Pour une Jeune Europe (créé lors de la scission d’Occident par une faction opposé à Alain Robert), puis participa à la création d’Ordre Nouveau à contre coeur. Jildas est responsable du FNJ Paris au début des années 1990 et intervenant à ce titre au grand meeting unitaire des étudiants nationalistes à Paris le 30 novembre 1993 même s’il est déjà un compagnon de route de Chatillon et du GUD. Rapidement repéré sur Paris I en Histoire, «bani» de Tolbiac en 1994 lors de sa deuxième année de DEUG, il semble s’être reconverti en Droit. On le retrouve aux côtés de Chatillon dans diverses initiatives politiques, d’UDVS en 1998 à la PR de Soral au retour du voyage en Palestine fin août 2006 et lors de l’invitation aux 59e journées de dédicace de Science-Po début décembre 2006. Il n’est cependant pas pour autant l’ombre du grand Fred puisqu’il ne suit que de loin certaines options de son camarade et patron.[]
  30. Après l’épisode de 1996, Guillet fut un compagnon de route des Mégret sur Vitrolles, comme élu municipal et adjoint à l’urbanisme. Mais auparavant, les auteurs des Rats maudits rapportent comment il aurait été sauvé d’une agression gauchiste par des militants iraniens – toujours l’Iran ! – mais partisans du Shah. C’était en 1982 ! Sighild Blanc a également travaillé en tant que directrice artistique avec une autre vieille connaissance de Frédéric Chatillon, Erick Bonnier, photographe et directeur littéraire des éditions Encres d’Orient qui comme leur nom l’indique éditent des ouvrages sur le Proche-Orient. Elles viennent en particulier de publier un ouvrage de Mohamed Siffaoui, journaliste algérien aux méthodes controversées et dont on peut dire qu’il est proche des milieux “néo-cons”.[]
  31. Sighild Blanc a depuis laissé sa place à Caroline Hénaff, ancienne “journaliste” sur M6 et conaissance d’Alain Soral, P.-E. Blanrue ainsi que de l’équipe de Riwal bien évidemment.[]
  32. Dolmen est une société don’t l’activité principale déclarée est le conseil pour les affaires et la gestion, domiciliée au 39 rue Vineuse dans le XVIe arrdt de Paris mais qui a un statut de groupement de droit privé non doté de la personnalité morale et qui n’est pas inscrit au registre du commerce, ce qui empêche toute consultation publique des statuts. Cela n’empêche pas pour des observateurs un peu attentifs de retrouver sa trace dans des activités politiques récentes comme la publication de Au Front ou dans certaines activités de Riwal comme la fabrication du Crazy Pack.[]
  33. Mère de Jildas Mahé O’Chinal et déjà associée par le passé avec lui dans des SARL, en particulier Auto Net, dissoute en 2000.[]
  34. Alain Lefebvre, né en 1947, est un ancien militant de la Fédération des Étudiants Nationalistes (FEN) et à ce titre il contribuait aux Cahiers Universitaires, le journal du mouvement. En 1968, il compte parmi les membres fondateurs du GRECE et il participe tout naturellement à l’aventure du Figaro magazine avec Alain de Benoist et d’autres « grecistes». En 1983, il fonde l’éphémère Magazine hebdo alors qu’il dirige le groupe Media qui comprend des titres aussi divers que l’Officiel protection-sécurité, dont il devient directeur de la rédaction avec Serge Ferrand comme rédacteur en chef, ou La Tribune parlementaire et L’Histoire magazine. Il s’est également intéressé à l’univers de la publicité en collaboration avec le journaliste Christian Blachas, animateur de l’émission Culture-Pub. En juillet 2009, l’Express a évoqué un dîner ayant eu lieu chez lui en compagnie d’Albert Spaggiari et Marc-Edouard Nabe.[]
  35. En février 2011, Christophe Collet cède ses parts à la société BIRDEE (dont il est le gérant !! et au capital de 299.017,50 €).[]
  36. Membre de la rédaction de Cigale. Il a réalisé un entretien avec Alain de Benoit pour le Cigale d’octobre 2009, mais qui n’a jamais été publiée.[]
  37. Cette société de Philippe Nguyen-Cong-Duc Philippe brasse énormément d’argent (on parle en millions d’euros). Un exemple : cette société au capital de 2.868.570 € dont il est le dirigeant et qui porte un nom assez évocateur non ? :« M. NGUYEN-CONG-DUC Philippe est né(e) le 31.01.1958 et est president de la société COMPAGNIE EUROPEENNE DE LUXE ET TRADITION OU CELT SAS. »[]
  38. Philippe Peninque est investi dans de très nombreuses sociétés. L’une d’elles était une société immobilière du nom de SCI La Rumine. Il y était associé avec un autre ancien du GUD des années 1974 76 du nom de Lionel Queudot qui dirigeait entre autre une fiduciaire en suisse. Son nom a été évoqué dans l’affaire du faux passeport de Sirven puisque c’est lui qui aurait acheté un vrai passeport à un ancien camarade, ex-gudard et ex-membre de l’équipe de Bob Denard. C’est avec ce passeport que Sirven se serait enfui aux Philippines.
    []
  39. Depuis ce printemps 2011, l’OURS du magazine a vu disparaître tous les noms des personnes que nous citons à l’exception de Françoise Lemoine qui demeure directrice de la rédaction.[]
  40. Cf note précédente, ce qui a peut-être un rapport avec la sortie de l’ouvrage de Maxime Brunerie.[]
  41. Un vieux fond d’éducation chrétienne nous poussera à faire preuve de charité envers le préfacier de l’ouvrage, l’ineffable Bourseiller, qui a raté une fois de plus l’occasion de ne pas se ridiculiser.[]
  42. Sous la signature du “vénérable Minh tran Long”.[]
  43. Domaine des Yvelines qui est la propriété de catholiques traditionnalistes et qui sert de lieu d’accueil pour une multitude de réunions d’extrême droite depuis une bonne décennie, de Renaissance Catholique à Terre & Peuple en passant par Égalité & Réconciliation.[]
  44. Sicot dirigeait auparavant une boite de sécurité Body Sécurité Privée et a été incarcéré au moment de l’affaire Elf- Sirven pour vol de scellées à la brigade financière ; il organise deux voyages d’Alfred Sirven en France alors qu’il est recherché et a été l’ancien garde du corps de Loic Le Floc Prigent et Christine Deviers Joncour maitresse de Dumas.[]
  45. Nationaliste-Révolutionnaire[]
  46. Outre Les rats maudits, les éditions des Monts d’Arrée publièrent à la même époque une plaquette sur la république sociale italienne, c’est-à-dire le dernier réduit mussolinien, appelée république de Salo.[]
  47. Auquel Chatillon n’est pas le seul à se référer, en témoigne cet article estival de Christian Bouchet.[]
  48. Jildaz Mahé y était seul, la petite bande ayant sévèrement arrosé l’anniversaire d’Axel Loustau sur une péniche la veille au soir…[]
  49. Exemple, la soirée des Lambdas au printemps 2009 qui était présenté en interne comme « une soirée de Gala destinée à présenter les militants identitaires à nos soutiens (financiers ou autres) et aux anciens afin de récolter quelques menus argents ». Mais il y eut également un petit nombre de rencontres lors de repas entre les « Anciens » et les dirigeants des JI Paris, Gaëtan Bertrand en particulier.[]
  50. Le petit groupe NR se réunissait dans le sous-sol d’un local de Vendôme Sécurité dans le XVIe arrdt de Paris[]
  51. Il semble évident que les perspectives électorales de Marine Le Pen suffisent à expliquer la présence renforcée de Riwal dans l’orbite de la présidente du FN car ce sont également des perspectives financières. Cela justifie largement de passer sur des désaccords politiques. Gageons qu’au gré des sondages positifs, le FN va redevenir un pôle attractif pour une grande partie des militants d’extrême droite.[]
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