REFLEXes

Le Rock Identitaire Français (7) Chapitre V : Une mouvance hétéroclite, des fanzines à Internet

Texte initialement publié en 2004 dans le livre Rock Haine Roll

Le RIF, ce n’est pas que de la musique, c’est également toute une mouvance.

Les fanzines

- L‘Épervier

Le premier numéro de cette revue est paru à l’automne 1996 et a d’emblée honoré le Scalp d’un dossier recensant les différents moyens d’expression et manifestations du groupe antifasciste. Elle est alors dirigée par une figure du petit milieu nationaliste et catholique intégriste castelroussin, Paul Thore, qui, bien qu’il soit né en 1973, a déjà un solide passé derrière lui. Longtemps pilier du FNJ sur Châteauroux, il lui prend quelques velléités d’indépendance. Aussi la revue se présente-t-elle alors comme éditée par des membres de la Fédération Nationale Catholique, basée à Châteauroux, et qui se voulait le lieu de regroupement des mouvements, groupes et bonnes volontés adhérant à la Charte d’Action National-Catholique. Par la suite, cette fédération est devenue la Ligue Nationale Catholique et nous a alors offert l’occasion de ricaner un bon coup : sa présentation était en effet quasiment intégralement copiée sur celle du réseau antifasciste No Pasaran, ce qui était un comble pour des « purs et durs » comme les militants de Châteauroux. Les moyens de la revue sont au début assez frustes mais, plein de ressources, Thore a monté par la suite avec sa femme et sa mère une association permettant de servir de relais aux activités du petit groupe sur Châteauroux et dont l’objet social est de « favoriser les échanges d’idées populaires et culturelles ».
Cela permet ainsi de mettre sur pied une boutique de VPC, Para Bellum, qui diffuse autocollants et patchs divers, dont le blason de la division SS Charlemagne, et d’assurer le contact postal de Bleu Blanc Rock, dont Paul Thore est le président, comme on l’a vu précédemment.

À l’image de ses animateurs, le journal affiche dès le début une très grande ouverture d’esprit puisque Paul Thore adopte alors le pseudonyme de « G. Rézon » pour remplir sa tâche de rédacteur en chef et que les revues ou librairies considérées comme amies sont quasiment strictement sélectionnées sur leur orientation catholique. Les quelques structures non catholiques sont alors stigmatisées par un « p » entre parenthèses, pour bien signifier leur orientation païenne. Thore envoie d’ailleurs une lettre gratinée à Réfléchir & Agir en 1998 pour signifier à l’équipe qui anime cette revue que les membres de L’Épervier ne collaborent qu’avec « des païens intelligents qui respectent la foi de leurs camarades catholiques » et qu’ils ne veulent « rien avoir à faire avec des abrutis qui ont un esprit malsain souvent dans un corps malsain ! » L’orientation outrageusement intégriste de L’Épervier conduit également la revue à exclure clairement du combat musical les courants qu’elle juge antichrétiens. C’est ainsi le cas du black metal[1] : « Il n’y a pas de parcours type, de profil spécifique pour devenir sataniste, cependant il existe certains points communs parmi les personnes qui se laissent tenter par le satanisme. À l’heure actuelle, le plus grand recruteur de serviteurs de Satan, c’est incontestablement le Black Metal, ce style musical a conquis une part de notre jeunesse et l’a transformée en petits démons en puissance qui ne rêvent que d’accomplir les sacrifices, les tortures et les meurtres que chantent leurs groupes cultes ! Heureusement peu passent aux actes, et la trouille de se faire pincer les dissuade encore. Cependant, leurs esprits sont entièrement acquis à la cause de Satan et les plus courageux (ou les plus fous) passent à l’acte et commettent les crimes les plus odieux. On se souvient du prêtre assassiné en Alsace de 36 coups de couteau ou des profanations des tombes chrétiennes de Toulon. Dans tous ces cas, les adolescents qui furent interpellés expliquèrent qu’ils étaient sous l’emprise d’une force irrésistible lorsqu’ils ont commis leurs forfaits et qu’ils ne pouvaient se contrôler…
Mais alors question : Qu’est ce qui plaît tellement aux jeunes Européens dans le Black Metal ? Apparemment, ce qui plaît, c’est le côté rebelle du Black Metaleux. En effet, être sataniste aujourd’hui, dans notre bonne vieille démocratie pourrie, c’est à la fois rebelle et sans danger ! On s’habille en noir, on porte des croix à l’envers, des pentacles, souvent les cheveux longs ; on pratique la magie, le spiritisme ; on effraie les mamies dans la rue et en plus c’est légal, on ne risque rien !!! Le rebelle sans risque ! Les petits blancs trouillards et dégénérés qui pullulent ont trouvé le mouvement qui leur convenait. Face à toutes les humiliations et toutes les injustices dont sont victimes les jeunes blancs, il est beaucoup plus facile d’être un rebelle satanique qu’un rebelle nationaliste ! […] En conclusion, nous devons prendre très au sérieux la menace satanique qui pèse sur notre jeunesse et notamment dans le mouvement nationaliste. Le libéralisme satanique et l’individualisme satanique sont en totale contradiction avec la doctrine nationaliste qui est anti-libérale et solidaire. Il n’y a pas de place chez nous pour les égoïstes et les vaniteux, qu’ils aillent à Wall Street ou à Tel-Aviv, ils trouveront des gens comme eux !
».
Dans le sixième numéro de L’Épervier, c’est au tour du groupe RAC Durandal d’être attaqué pour ses paroles antichrétiennes. L’Épervier est bien sûr tout autant fâché avec une partie de la famille RIF, à savoir Memorial Records. Les coups de bec sont ainsi légion, tel ce commentaire sur l’album En Palestine d’In Memoriam : « Voici le CD tant attendu qui devait être gratuit. Ce CD devait être offert avec le numéro spécial d’un magazine autrefois nationaliste et dont la haine anti-catholique systématique nous oblige à taire le nom. Bref, quoi qu’il en soit, le 3 titres a vu le jour mais il n’est pas gratuit puisqu’il vaut 40 francs. L’événement majeur de ce CD, c’est l’arrivée dans le groupe d’un deuxième chanteur-compositeur. Nous nous réjouissons de l’arrivée de Xavier [Schleiter. NDLR] dans le groupe car il a su donner un sens plus politique aux textes du groupe ! Musicalement, c’est toujours du bon rock français ; pour ça, on n’a jamais dit le contraire… ». Dans toutes les adresses disponibles à la fin de la revue, on ne trouvait d’ailleurs pas l’adresse de la librairie de Gilles Soulas, ni le contact de Memorial Records. L’Épervier était distribué à Paris à la Licorne bleue, la librairie tenue par Thierry Dreschmann, concurrent de Gilles Soulas dans le petit monde de la librairie faf.

Si l’équipe existe toujours, L’Épervier ne paraît plus depuis 2001 du fait de divers ennuis judiciaires liés en particulier à la diffusion d’autocollants extrêmement agressifs et tombant sous le coup « d’incitation à la haine raciale ». Pour autant, Paul Thore est toujours actif : il est toujours investi dans le RIF (le nouvel an 2004 de BBR en témoigne) et il a ouvert depuis juillet 2001 avec l’aide de sa femme et de son frère Miquel (qui est par ailleurs le batteur d’Insurrection) un café-concert, la Taverne Saint-Georges, située à Saint-Maur (36). Outre des concerts variés et donc entre autres de RIF, la Taverne sert de « cantine » à l’Institut d’Histoire des Identités nationales et régionales, fondé en 2002 à Saint-Marcel (36) par Francis Bergeron, un vieux militant solidariste.

- Fier de l’Être

Cette revue a été fondée par Stéphane Wulleman durant l’été 1998. Cependant, suite à des ennuis professionnels, ce dernier n’apparaît plus ni comme éditorialiste ni comme directeur de publication de la revue depuis le printemps 2002. Elle ne porte pas spécifiquement sur le RIF mais lui accorde une couverture assez importante, et Jean-Christophe Bru y participe régulièrement. Fier de l’Être a toujours essayé d’avoir une dimension plus importante qu’un simple support d’opinion. Cela s’est par exemple traduit par l’organisation d’un concert le 31 mars 2001 dans l’Essonne avec Elendil, Kaiserbund et Le Ksan, ainsi que par des « journées identitaires » qui se sont tenues le 2 novembre 2002 et le 29 novembre 2003, toujours dans l’Essonne. Ces dernières se présentent comme des petites répliques de la Fête de l’Identité et des Libertés de Gilles Soulas. On y trouve de fait aussi bien des stands de la presse « amie » (Rivarol par exemple) que des stands d’organisations politiques (Jeunesses identitaires). Seule différence : les recalés de la FIL ont le droit d’y être, ce qui est le cas de Pit Records par exemple. La Maison de l’Identité et son conseil organisateur de vingt membres essaient en effet généralement d’éliminer les participants les plus ouvertement nazifiants. Fier de l’Être n’a pas ces scrupules et invite donc toutes les structures avec lesquelles Stéphane Wulleman entretient de bons rapports, ce qui est pourtant loin d’être évident puisque le personnage est ombrageux.

Cependant, le succès n’est pas toujours au rendez-vous, et le concert de mars 2001 rassembla ainsi moins d’une centaine de personnes. Cet échec relatif peut sans doute s’expliquer par le prix assez élevé de l’entrée et le fait qu’In Memoriam, bien que programmé, annula sa participation pour diverses raisons. L’année d’après, alors que In Memoriam était de nouveau programmé pour jouer pour la première Fête de l’Identité, le concert ne fut guère plus heureux puisque le groupe proposa un concert acoustique car il ne pouvait se produire en formation complète. Mais la sonorisation déficiente et la mauvaise humeur des organisateurs contribuèrent à rendre l’ambiance de la prestation détestable. De fait, il n’y a rien eu d’organisé, musicalement parlant, lors de la fête de novembre 2003. Cependant, l’intérêt de la revue ne s’arrête pas au RIF, et l’on a ainsi pu voir la sœur de Stéphane Wulleman donner un coup de main pour un concert RAC à la mi-octobre 2003 en louant une salle à Cerny (91), là où Fier de l’Être avait organisé son concert en 2001. Mais le secret ayant été éventé par le Scalp, l’opération est tombée à l’eau. Fier de l’Être s’est également associée à Thierry Dreschmann, le gérant de la Licorne bleue, pour organiser une journée annuelle de conférences, la première ayant eu lieu en juin dernier à Paris. Placées sous le signe de « l’identitaire », ces rencontres proposent des intervenants qui sont les porte-voix de cette mouvance : Guillaume Faye ou Christophe Picard alias Henri de Fersan par exemple.

Bien implantée dans l’Essonne, la petite équipe de Fier de l’Être se veut à la confluence de différents courants nationalistes, et la revue a donc essayé de rester neutre à l’égard de la scission du FN en janvier 1999. Mais cette neutralité n’a pas été du goût du FN, et Stéphane Wulleman a failli se faire casser la figure par le DPS et le FNJ à la sortie des BBR 1999 où il vendait son journal. L’année suivante, il n’a pas été plus heureux, puisque le FN lui a opposé une fin de non-recevoir à sa demande d’autorisation de vendre Fier de l’Être dans l’enceinte des BBR. Cela l’a amené à afficher clairement son soutien au MNR à la fin de l’année 2000 et à militer pour ce parti dans l’Essonne. Wulleman a d’ailleurs toujours pu compter sur la collaboration de l’équipe du MNJ 95 regroupé autour de la revue L’Avant-Garde. Mais il s’est peu à peu éloigné du parti de Bruno Mégret, et dès le printemps 2002, la rupture est très claire dans les colonnes de la revue. Cela ne l’empêche d’ailleurs pas d’être toujours persona non grata auprès du FN comme en témoigne cette lettre ouverte à Jean-Marie Le Pen publiée durant l’été 2002[2] : « Monsieur Jean-Marie Le Pen, Fier de l’Être, comme vous le savez certainement, est un journal politique, culturel et patriote qui existe depuis l’été 1998. Indépendante d’esprit, libre de parole et militant activement pour la cause nationale, notre rédaction est composée d’hommes et de femmes dévouées aux idées nationales, toutes tendances confondues. Par conséquent, comment expliquez-vous le fait que vous nous ayez accordé un entretien et que vos sbires (val d’oisiens, monsieur Dubois en tête) n’aient pas toléré notre présence à l’occasion de votre meeting parisien du 3 juin. Pourtant, nous comptons parmi nos abonnés plusieurs responsables du FN, dont trois secrétaires départementaux.
Sachez aussi, pour information, que j’ai activement milité, à titre personnel, pour vous à l’occasion du second tour. Mais suite à mon exclusion, écœuré, je vous retire mon soutien comme vous m’avez retiré le vôtre. D’autres voix suivront, n’en doutez pas.
» C’est également à ce moment que Fier de l’Être adopte une ligne de plus en plus raciste avec une chronique pseudo-satirique, Le Maghrébin libéré, outrageusement anti-arabe, ainsi qu’une bande dessinée du même acabit, France 2031. De fait, le journal s’inscrit de plus en plus ouvertement dans la mouvance identitaire.

- Tribune musicale

Ce fanzine était une bouture de Fier de l’Être ; il a donc été créé par l’inoxydable Stéphane Wulleman, avec la collaboration d’une petite équipe dans laquelle on retrouvait, entre autres, l’inévitable Aude Bertrand ou Cédric H., alias « Cedob ». Chaque trimestre, la revue publiait interviews, nouvelles diverses et présentation des scènes musicales européennes. Tribune musicale organisait aussi des concours avec CD à gagner. Mais la scène RIF étant petite, on pouvait toujours reconnaître à peu près les mêmes figures. Ainsi, pour le concours du deuxième numéro où il s’agissait de reconnaître sur une photo l’actrice de porno Laure Sinclair posant avec le chanteur de Vae Victis, l’un des trois gagnants était un certain Maxime de Courcouronnes. Le lecteur averti aura, bien entendu, reconnu sans peine Maxime Brunerie, alias « Maxou », alias Max la Menace.

Mais lassé de ce qu’il estimait être un manque de soutien de la part du public RIF et à la suite de différents conflits avec l’équipe de BBRock, Wulleman a fini par en arrêter l’édition à l’automne 2001. Ces désaccords sont particulièrement perceptibles dans le sixième numéro du fanzine[3] où les habituelles informations concernant Bleu Blanc Rock sont remplacées par le commentaire suivant : « Suite à un différend relationnel (étranger au cadre éditorial), l’association et ses poulains ne souhaitent plus faire part de leurs informations par notre biais. En conséquence, pour les seuls nantis d’Internet, le mieux est donc désormais de s’adresser à www.BBR ou encore de puiser sur leur site officiel les renseignements qu’ils voudront bien y faire figurer. Nous vous tiendrons bien entendu au courant si la situation évolue, en espérant que le RIF n’en sorte pas affaibli et que pour certains d’entre vous, cela n’équivale pas en pratique à une exclusion. » Quelques pages plus loin, le journal ajoute la question faussement naïve d’un lecteur dans la rubrique courrier : « J’aimerais vous poser une question : pourquoi vous n’êtes pas cités sur le site de Bleu Blanc Rock ? », ce à quoi le fanzine rétorque : « Pour la réponse, nous vous conseillons d’aller questionner les responsables de l’association BBR… » Question d’un lecteur d’autant plus « faux cul » qu’elle est signée Guillaume D. (91), ce qui fait irrésistiblement penser à Guillaume Duchesne, déjà rencontré ci-dessus et militant très proche de Fier de l’Être et de Stéphane Wulleman.

- Quartier libre

Le dernier arrivé est Quartier libre, qui se veut fanzine culturel et essaie de sortir du ghetto nationaliste en ouvrant ses colonnes à d’autres acteurs culturels tout en assurant la promotion des groupes et écrivains nationalistes ou identitaires. Ce trimestriel a été lancé en décembre 2001 et s’appuie sur une association, Libro, fondée en septembre 2001 par Thibaut Baladier et Guillaume Rousset, deux militants très actifs de la mouvance nationaliste culturelle. Thibaut Baladier est plus connu sous son pseudonyme de Xavier Eman et l’on peut voir sa signature dans de multiples publications nationalistes depuis 1998, de Jeune Résistance à Éléments en passant par Réfléchir & Agir ou Fier de l’Être. Pourtant, le jeune homme se pique par ailleurs de littérature et de respectabilité. Il a durant un temps gagné sa vie en étant l’assistant parlementaire d’une députée européenne UMP du sud de la France, Françoise de Veyrinas, et il participe sous son vrai nom à la revue Bordel. Il s’agit d’une revue « branchée » dirigée par Stéphane Million, qui bénéficie de l’appui de Frédéric Beigbeder. Quant à Guillaume Rousset, c’est le frère de Sylvain Rousset, du site internet Le Coq gaulois.

La revue essaie d’être ouverte à des références culturelles non spécifiquement nationalistes et c’est ainsi que des groupes de rock français tels Louise attaque ou Autour de Lucie peuvent côtoyer une interview d’Ile-de-France ou d’In Memoriam. Le magazine est relativement ambitieux de par l’usage de la quadrichromie et son nombre de pages, d’autant plus que la qualité de réalisation n’est pas au rendez-vous, en particulier en ce qui concerne les illustrations et autres BD qui émaillent le journal. Cela explique peut-être le succès plus que relatif de cette initiative, qui rencontre un écho limité, comme le reconnaît lui-même Thibaud Baladier dans diverses interviews[4].

L’équipe s’est toujours efforcée de rester neutre au sein de la mouvance nationaliste, en particulier dans le conflit FN / MNR. Cela lui a permis d’être en bons termes avec tout le monde et de pouvoir être présente à la Fête de l’Identité et des Libertés organisée par Gilles Soulas le 9 novembre 2002, à laquelle participaient énormément d’anciens militants du MNR, tout en fêtant son premier anniversaire le 12 octobre 2002 avec une cinquantaine de jeunes nationalistes d’étiquettes diverses au Forum Jeunesse, le local parisien du FNJ. Le dernier numéro de Quartier libre, consacré à la mouvance italienne, montre cependant qu’elle se rapproche de plus en plus des Identitaires.

Internet

Les possibilités offertes par la Toile mondiale ont bien évidemment été exploitées au maximum par les acteurs du RIF. Mais ce moyen d’expression prend du temps et n’échappe pas aux foudres de la justice. C’est ainsi que l’un des premiers sites assurant la promotion du rock nationaliste, Le Lion des Flandres, a assez rapidement disparu, dès 2000, pour avoir diffusé les Carnets de Turner, ce qui valut une garde-à-vue et des ennuis judiciaires à son animateur, Alexis W., et ce qui semble l’avoir définitivement découragé de recommencer. Malgré tout, les sites personnels se sont multipliés et la plupart des sites jeunes nationalistes ont une ouverture sur le RIF, soit sous forme de MP3 à télécharger, soit sous forme de liens avec des sites RIF. Il n’était donc pas question de tous les recenser ni d’en faire une chronique exhaustive. Nous n’évoquerons donc dans cet ouvrage que les sites qui nous semblent majeurs, par leur importance ou parce qu’ils ont été pionniers dans ce domaine.

- Memorial Rds

Le label éponyme s’est doté fin 2001 d’un site globalement bien fait et qui sert de vitrine commerciale à l’écurie Memorial et à ses proches. En sont ainsi clairement exclus les groupes de l’écurie BBRock comme Kaiserbund ou Fraction, ce dernier groupe ne bénéficiant même pas d’un lien internet vers son site. Le but du site est évidemment commercial et un effort particulier a été développé sur le paiement sécurisé.

- BBRock

Cette association s’est également dotée d’un site internet qui illustre à merveille la stratégie d’infiltration et de dissimulation de Bleu Blanc Rock. En effet, l’internaute ignorant n’y trouve pas d’éléments susceptibles de lui indiquer réellement la véritable orientation politique de BBR. D’autre part, la présentation de groupes extérieurs à la mouvance permet au site d’attirer des internautes fans de ces groupes et ayant simplement tapé leur nom dans un moteur de recherche. En revanche ne figurent pas sur ce site de pages spécifiques consacrées aux autres groupes de RIF ne faisant pas partie de l’écurie BBR.

- Le Coq gaulois

Lancé en mai 1999, c’est sans doute le plus vieux site internet existant et assurant la promotion du RIF sur la Toile. Enregistré sous l’identité « Le Coq gaulois, 88, rue de Vichy 75018 Paris », le site est en fait animé à Lyon par Sylvain Rousset, qui militait au MNJ lorsque cette structure existait encore. L’hébergeur du site a longtemps été le portail Liberty Web dont le propriétaire était l’Américain David Osborne qui accueillait une majeure partie des sites extrémistes sionistes comme SOS-Racaille. Alors que les sites de BBRock et de Memorial Records jouent la carte de l’ambiguïté en ne mettant pas en avant le caractère nationaliste et xénophobe des groupes de la mouvance RIF, le Coq gaulois joue au contraire la plus parfaite transparence et affiche clairement la couleur politique, que ce soit dans certaines rubriques ou durant un temps sur son forum. Cela correspond évidemment à une approche qui se veut plus clairement politique que ce qui peut être mis en œuvre par les labels de RIF. Cela a déjà conduit le Coq gaulois à être plusieurs fois en conflit avec BBRock malgré un indéniable succès quant aux connexions. C’est ainsi que les photographies et les MP3 de Vae Victis et Ile-de-France ont disparu du site dans le courant de l’année 2001. Cela tient sans doute en partie au contenu de son forum sur lequel les provocations étaient extrêmement fréquentes, en particulier contre BBRock. Le site du Coq gaulois entretient cependant de très bons rapports avec d’autres éléments de la mouvance identitaire comme Fier de l’Être.

- Liberté Diffusion

C’est une petite liste de diffusion électronique lancée en octobre 2001, qui assure la promotion de tout ce qui peut sortir au sein de la mouvance nationaliste au sens large, puisque Liberté Diffusion rend également compte de l’actualité internet du MPF. La liste compte plusieurs centaines d’abonnés, mais combien de militants antifascistes parmi eux ?

- Canal RIF

Lancé au printemps 2001, ce site veut être une radio en ligne consacrée strictement au RIF. Outre la diffusion de morceaux, Canal RIF organisait durant un temps une tribune libre hebdomadaire avec un invité de la mouvance RIF.

Bande dessinée

La plus emblématique et la pionnière en la matière est sans doute Aude Bertrand, alias « Aragorn », qu’on a déjà pu voir à l’œuvre dans le domaine musical avec Elendil et Brixia. Ses petits personnages, en l’occurrence des petits bonshommes à cagoule noire désignés sous le terme de lutins, sont apparus en 1994-1995 dans le journal du FNJ Paris, Première Ligne, sous la forme de petits comic-strips ou de « cabochons ». Intitulés alors parfois « Les militants maudits », ces lutins racontent les mésaventures que peuvent rencontrer les militants nationalistes, et cela n’est pas sans nous rappeler les rats noirs de Jack Marchal dans Alternative, les petits vikings de « la bande à Balder » qu’on pouvait trouver dans Balder, la revue animée par Emmanuel Ratier dans les années 1970 ou même le petit keupon dessiné par Tapage pour la mouvance libertaire et antifasciste à la fin des années 1980.
Mais « Aragorn » a suscité quelques vocations au talent relativement réduit qui ont débouché sur une revue, Per-Fax, parue en octobre 2002 dont le premier numéro a pour titre Les petits Mickeys en botte de saut et un site internet, Agitea. Le tout bénéficie évidemment du soutien logistique (boîte postale et compte courant bancaire) de Son Liberté puisque Aude Bertrand est partie prenante du projet et que l’équipe est sensiblement la même que celle de Quartier libre.

Cependant, sauf très grosse surprise, cela ne devrait pas connaître un développement significatif tant les dessins sont puérils et militants. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que la mouvance des jeunes nationalistes essaie de se doter d’un fanzine de BD. Ce fut le cas en 1989 avec Corsaire qui ne sortit que deux numéros, le premier sur l’image de l’extrême droite dans la BD et le deuxième sur Tintin. Si on veut remonter encore plus loin, on peut également signaler la célèbre revue Bédésup fondée en 1979 et dirigée par Jean-Claude Faur, alias Didier Lefort. Mais cet ancien militant FN, aujourd’hui disparu, ne se consacrait pas seulement aux dessinateurs nationalistes.

D’une façon générale, nombreux sont les journaux nationalistes à avoir utilisé ce type de support pour faire passer leurs idées, en particulier dans la mouvance nationaliste-révolutionnaire. Ce fut ainsi le cas du Choc du Mois mais aussi de Tribune nationaliste, la revue du PNFE, avec les planches dessinées par Sergueï pour l’album Douce France, ou encore de Napalm Rock, fanzine NR de rock qui consacra d’ailleurs un numéro complet à la BD. Mais l’ensemble demeure très loin de la qualité déployée en son temps par Jack Marchal et a fortiori de celle d’un artiste « professionnel » comme Dimitri, alias Guy Mouminoux, alias Guy Sajer. Cet ancien très jeune « Malgré nous », bien qu’il ne milite plus depuis la fin de la guerre, a toujours gardé contact avec le milieu nationaliste, ce qui explique ses illustrations de couverture pour les éditions Gergovie, aujourd’hui disparues, ou ses dédicaces à la librairie La Licorne bleue.

  1. L’Épervier n°5, printemps 2000.[]
  2. Fier de l’Être n°19, été 2002.[]
  3. Tribune musicale n°6, été 2001.[]
  4. Fier de l’Être n°21, janvier-avril 2003.[]
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