Une organisation nationaliste corse, Resistenza Corsa, apparue au cours de l’été 2001, a revendiqué depuis trois semaines une série d’attentats racistes sur l’île.Fin décembre 2002 à Bastia, rue Droite, une bombe artisanle a explosé (sans faire de victimes) «en représailles des agressions qui ont visé de jeunes Corses«. Le 4 janvier dernier, l’entrée du logement d’une famille maghrébine était visée, avec deux inscriptions sur les murs : «A droga basta« (la drogue, ça suffit) et «Resistenza Corsa«. Dans la nuit du 12 au 13 janvier, c’est une charge de 10 kg (!) qui explose, dans le quartier du Vieux Port. Dernier attentat en date, lundi 20 janvier, une charge explosive (dont la mèche avait fait long feu) est retrouvée devant le local du collectif antiraciste Ava Basta.
Au-delà de ce qui est peut-être le fait de quelques racistes excités, on notera avec amertume le commentaire que ces actes racistes ont inspiré au journal nationaliste U Ribombu dans son édition du 9 janvier, qui sans les condamner explicitement, les justifie ainsi : «nous n’accepterons pas que des membres d’une communauté étrangère à la Corse insultent impunément notre culture, notre langue, notre peuple. Le problème d’une jeunesse dévoyée, désoeuvrée, appartenant à une communauté étrangère, et où sont recrutés des petits dealers qui tentent de pourrir ou de rendre dépendants certains jeunes Corses est malheureusement bien réel.« Un commentaire que ne renierait pas le Front national, qui pour sa part, tout en condamnant la violence en elle-même, trouve «une fois de plus, les indignations bien sélectives des gardiens du dogme antiraciste car ces derniers ne se sont jamais fendus de la moindre déclaration pour dénoncer les violences que les voyous des banlieues font subir à nos compatriotes«.
Même si de nombreux indépendantistes ont manifesté leur désapprobation face à ces actes racistes, on se doit malheureusement de constater que les nationalismes de tout acabit offrent trop souvent un boulevard aux idées xénophobes, et que le patriotisme étroit et borné n’est hélas pas l’apanage du parti de Jean-Marie Le Pen.
Source : Le Monde du 19.01.03 / AFP
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