REFLEXes : Comment est né le projet ?
CLF : Nous avons stoppé la parution de Unity Rockers en janvier 2000 un peu brutalement, j’en endosse la responsabilité totale, mea culpa maxima ! Après une sévère phase de doute, une tentative de professionnalisation autour du journal ayant échoué, une nouvelle idée a fait son chemin.
D’un constat tout simple aussi, à propos des fortunes dépensées en merchandising, fanzines et autres trucs dès que je mets les pieds dans un concert. Comme dit Loïc, je suis gourmand, pas gourmet ! M’étant aussi retrouvé au chômage sans grande envie de continuer ma longue carrière de magasinier, permanent associatif même en CES, ça me va bien !
Gridalo Forte en Italie, Esan Ozenki au pays basque, c’est quoi pour vous, des grands frères ? Des exemples à suivre ? Le début d’une même Internationale ?
C’est vrai, nous sommes officieusement la section française de l’Internationale des Braillards dont je suis le porte-parole ! On me demande fréquemment de baisser les watts, spécialement quand je rigole, vous le savez bien ! Juste un nom qui sonne bien, un clin d’œil représentant bien l’esprit de l’asso, musiques et luttes sociales, la fête et la lutte. Esan Ozenki est en pleine mutation pour cause de mise en orbite du gars Firmin et Gridalo Forte ne répond à personne, nous ne faisons pas exception. C’est compliqué et laborieux les relations internationales ! Ce sont avant tout de grandes références pour nous !
Même si Gridalo forte est pour le moins réticent face à la scène française suite à des expériences désagréables, nous aimerions travailler ensemble plus étroitement.
Des tee-shirts du Scalp ou du SRA, des briquets Ras l’Front ou No Pasaran !, des casquettes No G8 du GSF, la revue REFLEXes, le fanzine du Rash ! On ne trouve pas que des tee-shirts de nos groupes favoris sur votre site ?
Que voulez-vous, Ska, Reggae, Soul et Luttes sociales, on en démord pas ! C’est vraiment une volonté de départ et un pilier du fonctionnement maison que de rassembler l’éparpillé et de le proposer en un lieu, même virtuel. Visiblement, le mélange des genres entre musiques et politique de notre VPC séduit pas mal de monde, tout spécialement les gens habitant loin des centres urbains et voyant donc peu de concerts ou de tables de presse. Il faut aussi reconnaître que l’Underground par définition a du mal à dépasser le cercle d’initié(e)s, alors dès qu’on popularise un peu, en règle générale l’accueil est favorable, on joue sur l’effet de surprise !
C’est vraiment chouette de voir des gens bloquer sur le motif d’un tee-shirt («Ah la vache, ils ont osé!») ou la couverture d’un zine !
Le public de l’actuelle scène ska-reggae internationale est aussi beaucoup plus conscient socialement parlant que le hard-rockeux de base, faut l’avouer quand même !
Au passage on remarque l’absence du rayon cassette et CDs ?
C’est tout à fait volontaire car c’est l’affaire de Ronan RHM, notre trésorier rennais ! Sur son site http://www.redheadman.org/ il y a déjà tout ou presque en vinyls et CDs, et à de forts raisonnables tarifs ! C’est vraiment un label et une distribution de qualité, le bougre a du flair ! On bosse ensemble et on développe nos assos en réseau avec plein d’autres, c’est la famille quoi !
Votre webzine mis à jour tous les 15 jours recense entre autres les concerts mais aussi beaucoup d’activités militantes. Comment fonctionnent votre service de presse et votre comité de censure?
Là aussi, avec Unity Rockers, le ménage s’est fait tout seul et on ne reçoit jamais de faferies ! Et entre Loïc, Ronan et ma pomme, on connaît un peu tous les protagonistes de la scène dont certains depuis belle lurette ! Pas facile de nous embrouiller, nous ne sommes plus jeunes, frais et naïfs (!?Arf !) et nous avons les moyens de faire parler les archives et les mémoires !
Quels sont vos liens avec le milieu militant et la scène alternative (d’ailleurs existe-t-elle encore cette fameuse scène dite alternative) ?
En ce qui me concerne, pas d’affiliation ou d’encartage particulier, mais pas mal de liens amicaux persistants et de fréquentes rencontres en concerts et manifs ! Et bien sûr que l’alternative existe encore, les concerts du CICP ou la revigorante émergence du RASH peuvent en attester de belle manière! En ce qui me concerne toujours, je pense en être totalement partie prenante. Qu’il s’agisse du milieu militant ou de la scène alternative. Je crois que nous en sommes un des nombreux éléments. C’est ce nombre et la diversité des modes et des lieux d’intervention qui font que la scène alternative est toujours si riche dans un monde qui favorise pourtant la norme et l’uniformité.
En dehors du site CLF, que pensez-vous du monde récent d’Internet ? Qu’a-t-il apporté de plus selon vous au milieu alternatif ou militant ? On y trouve tout et n’importe quoi, de belles crapuleries et saloperies aussi !
En tout cas, c’est un moyen de communication rapide et économique, plein d’infos qui tombent au quotidien et qui ne demandent qu’à être répercutées dans le webzine pour la plus grande édification des masses ! Et comme tout le monde, un peu de rigolade avec les nombreuses conneries en circulation sur le réseau !
Quelle est votre position par rapport à la «professionnalisation» de certaines structures ?
Je suis vraiment pour la professionnalisation de nos structures, mais uniquement sur un mode associatif, réellement sans but lucratif ou alors coopératif de type SCOP, où les salariés-associés sont seuls propriétaires de l’outil de travail.
Pensez-vous qu’il faille développer ce genre de structures, éventuellement au détriment des structures associatives ?
Difficile de combattre le capitalisme tout en l’entretenant, même à petite échelle ! À nous aussi d’avoir des structures efficaces, basées sur des modes d’échanges différents et proposant réellement quelque chose d’attrayant ! D’un autre côté, j’achète mes clopes, des disques et des bouquins dans des boutiques n’ayant rien d’associatif et je fais mes courses au supermarket du coin, donc j’y participe aussi au grand cirque capitaliste !
Tribune libre et mot de la fin…
Merci pour vos questions et félicitations pour le retour de REFLEXes ! Et contactez-nous pour nous faire part de vos productions, tee-shirts, fanzines, caleçons… sur les thèmes qui nous tiennent à cœur !
SKA, REGGAE, SOUL ET LUTTES SOCIALES!
Interview réalisée en novembre 2001
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