REFLEXes

Notes de lecture

26 février 2003 Ouvrages, revues et médias

À contre-courant Spécial Front national en Alsace
FASCISM de Roger Griffin
L’Église catholique face au fascisme et au nazisme de Henri Fabre
Les Guépards de Sergio Carrozzo

À CONTRE-COURANT
Numéro spécial sur le Front national en Alsace
Avec Alain Bihr, Bulletin n°64, mai-juin 1995

Alain Bihr et l’équipe de À contre Courant ont publié un numéro spécial de leur bulletin (n°64, mai-juin 1995) sur le Front national en Alsace. Ils rappellent que ce département est depuis des années un bastion du Front national, et que cette évidence a souvent été ignorée par les commentateurs politiques jusqu’aux dernières élections. Le Front national s’est imposé en dix ans comme la deuxième force politique du département, capable parfois même de dépasser la droite classique. Rejetant les «analyses» simplistes de vote protestataire, de la division de la droite alsacienne, ou partielles du «néo-autonomisme frontalier alsacien», des «valeurs traditionnelles de la culture alsacienne» ou celle du «retour du refoulé» de l’occupation allemande en Alsace, Alain Bihr préfère se tourner vers les crises actuelles de la société alsacienne pour tenter d’expliquer l’importance du vote en faveur du FN. Il reprend la grille de lecture qu’il avait développée dans son ouvrage Pour en finir avec le Front national (Syros, 1993) qu’il adapte à l’Alsace. En effet, «les quatre crises majeures» de la société française sont accentuées en Alsace et elles sont à l’origine du développement du Front national. Il s’agit de la crise du vieux bloc hégémonique (alliance entre bourgeoisie et classes moyennes traditionnelles), de la crise du mouvement ouvrier (effondrement des modèles, le soi-disant socialisme réel soviétique et le réformisme social-démocrate occidental), de la crise de l’État-nation (conséquence d’une part de la mondialisation de l’économie et transfert de compétences de l’État national à l’Union européenne), et de l’inévitable crise du sens («l’incapacité des sociétés [occidentales] à offrir à leurs membres un ordre symbolique, un système de repères suffisamment stable et cohérent pour leur permettre de se former une représentation claire du monde […] de se projeter dans l’avenir, de communiquer avec les autres […] de donner un sens à leur existence»). Cette brochure essentielle se termine sur le Que faire du militant antifasciste ou de tout citoyen.

FASCISM
de Roger Griffin, Oxford University Press, Oxford, 1995, 410 pages, 9£99

Roger Griffin, universitaire britannique enseignant à l’Université d’Oxford et spécialiste de l’histoire du fascisme, vient de publier un recueil de textes fondamentaux du fascisme ou de ses théoriciens. Chaque texte est précédé d’une introduction présentant l’auteur et l’intérêt historique et politique du texte. Si une centaine de pages de l’ouvrage est consacrée à l’Italie, et une soixantaine de pages à l’Allemagne, on trouve aussi des textes sur les «fascismes avortés» des années 1920 à 1940 en Grande-Bretagne, en Irlande, en Espagne, en France mais aussi en Afrique du Sud, au Brésil ou au Japon. L’ouvrage se termine sur des textes qui portent sur les différentes analyses du fascisme, et sur les fascismes de l’après-guerre.

L’ÉGLISE CATHOLIQUE FACE AU FASCISME ET AU NAZISME

de Henri Fabre, EPO-Espace de Libertés, Berckem, 1995, 480 pages, 195 francs
L’attitude de l’Église catholique pendant la montée des fascismes et du nazisme et pendant la Seconde Guerre mondiale commence à être de plus en plus connue, mais seulement depuis quelques années. On connaît surtout la protection dont ont bénéficié des criminels de guerre ou des criminels contre l’humanité après la défaite allemande (Ratlines ou affaire Touvier), on connaissait la collaboration entre l’épiscopat croate et le régime fasciste de Pavelic, ou entre la hiérarchie religieuse française et le maréchal Pétain, mais il n’existait pas à notre connaissance de synthèse sur l’ensemble de la période et sur une grande partie des pays d’Europe (Allemagne, Italie, France, Pologne, Roumanie, Croatie, Slovaquie, Hongrie). On doit à un médecin, Henri Fabre, de combler ce vide. Dans son livre extrêmement documenté, il démonte aussi les mensonges et les tentatives de réécriture de l’histoire du Vatican. Le livre se termine par un réquisitoire contre l’attitude du Vatican et du pape Pie XII.
L’auteur rappelle qu’encore aujourd’hui, le Vatican refuse de reconnaître son attitude collaboratrice.

LES GUEPARDS
de Sergio Carrozzo, Éditions Luc Pire, Bruxelles, 1995 (176 pages)

Les éditions bruxelloises Luc Pire ont publié au début de l’année un intéressant ouvrage sur l’Italie, Les Guépards, du journaliste Sergio Carrozzo. Le titre du livre vient du surnom qu’on donne en Italie aux politiciens qui depuis la fin de la guerre détiennent le pouvoir. L’ouvrage synthétise les problèmes politiques actuels du pays et présente le «nouvel acteur» de la droite italienne, La Ligue du Nord, et son leader Bossi, l’Alliance nationale de Fini et Forza Italia de Berlusconi. En annexe, l’auteur publie des entretiens avec des personnalités politiques italiennes et avec des observateurs sur différents thèmes dont le Gladio, le terrorisme, la corruption politique…

Paru dans REFLEXes N°47, oct./nov. 1995

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