REFLEXes

Pitt Bull & Bill le vigile

Travailler sur les boîtes de sécurité et sur leurs liens avec les milieux extrémistes de droite pourrait s’apparenter à étudier un animal sauvage dans son milieu naturel. Si les deux ne se confondent pas, l’un ne va malgré tout pas sans l’autre. Or il n’est jamais négatif de jeter un œil sur un milieu qui apprécie traditionnellement l’opacité. Pour autant, pas question de prétendre à l’exhaustivité ! Cet article ne vise qu’à jeter un aperçu que nous aurons l’occasion d’approfondir dans d’autres articles ultérieurement. Le milieu de la sécurité privée explose et ce constat est devenu une banalité depuis quelques années. Encore faut-il s’entendre sur la définition de cette notion de « sécurité privée ». On peut envelopper par ce terme toutes les activités de sécurisation assurées par des agents économiques ne dépendant pas de l’autorité publique mais pouvant travailler pour elle. C’est ainsi que de plus en plus de missions de surveillance et de protection de sites militaires sont confiées à des entreprises privées ayant obtenu une habilitation défense. Cette croissance peut sans doute s’expliquer de façon multiple. Il y a d’une part l’évidente montée du sentiment d’insécurité, que celui-ci soit justifié ou non, et le fait que le taux de non-élucidation des délits par la force publique demeure très élevé. Cela encourage les particuliers ou les entreprises à tenter de prévenir ou décourager le délit plutôt qu’à espérer le punir. Il y a d’autre part la complexification de la demande de sécurité à laquelle la force publique ne peut répondre au risque de voir exploser ses capacités budgétaires. Enfin il y a bien évidemment le rôle joué par certains milieux qui ont investi le rôle « d’experts » et qui soufflent sur les braises pour mieux en tirer parti, trouvant souvent une oreille complaisante auprès des autorités politiques. Cette explosion se traduit d’abord dans les effectifs qui en l’espace d’une quinzaine d’années ont connu une progression impressionnante. En 1989, on comptait 1640 entreprises déclarées en préfecture employant 57 649 personnes. En 1997, le nombre d’entreprises était passé à 4131 pour 78 475 employés. Cette progression s’est poursuivie jusqu’à présent avec un nombre d’entreprises dépassant vraisemblablement les 5000 et des effectifs qui, toutes activités confondues, dépassent les 300 000. Simplement les tâches se sont diversifiées à un point tel qu’il devient difficile d’associer dans un même secteur des entreprises se consacrant à des missions aussi diverses que le contrôle d’accès et la télésurveillance, la sécurité incendie, le gardiennage et la surveillance, la protection mécanique, l’audit, le conseil et les ingénieries… Tous ces secteurs ne connaissent d’ailleurs pas la même évolution, les services de surveillance classique (gardiennage, convoyage) étant globalement stagnants alors que les missions d’audit sont en pleine explosion. Cette transformation de la profession s’accompagne d’une restructuration au niveau des entreprises car les petites sociétés connaissent une situation économique de plus en plus précaire du fait de leur positionnement sur le créneau qui subit la concurrence la plus vive : celui du gardiennage et de la surveillance. Depuis le début des années 1990, on observe donc une nette tendance à la concentration, avec des faillites, des acquisitions et des fusions. C’est donc un secteur qui se porte bien mais dans lequel les différences de situation économique sont énormes. L’État n’a guère été pressé d’encadrer ce secteur économique qui est pourtant, pour des raisons évidentes, bien plus sensible que n’importe quel autre. Il a ainsi fallu attendre le texte de loi de 1983 complété par deux décrets d’application de 1986 pour que le cadre légal soit clairement posé, même s’il laisse des zones d’ombre. Par ailleurs les dernières initiatives de Nicolas Sarkosy sont allées dans le sens d’une extension des attributions et prérogatives des sociétés de sécurité. Pour faire court, disons que toutes les sociétés de sécurité doivent être immatriculées et recevoir un agrément préfectoral leur donnant le droit d’exercer les métiers relatifs à ce secteur. Par ailleurs les préfets doivent établir tous les trois ans un rapport sur les sociétés de leur département, rapports qui alimentent un état national de cette profession et les Renseignements Généraux sont chargés de s’intéresser à ce milieu.

TERREAU FERTILE

C’est d’ailleurs cet intérêt de nos goupils nationaux qui nous vaut parfois quelques fuites dans la presse sur le gan grenage de ce milieu professionnel par les mouvements nationalistes. Non pas que les RG ne s’intéressent qu’à ça : ils prennent en compte toutes les boîtes dont les dirigeants ont des activités ou des accointances politiques. Ainsi dans un rapport de décembre 1988, la DCRG recensait une centaine de sociétés ayant des liens avec les milieux politiques. Plus d’un quart était lié au RPR et un autre quart aux milieux libéraux. On trouvait parmi les dirigeants certains acteurs politiques de l’époque comme feu Yvon Briant, PDG de France Protection Services et ancien vice-président du groupe parlementaire FN en 1986-1987. Cependant le véritable intérêt de ce rapport provenait surtout des 41 sociétés ciblées comme entretenant des liens avec les milieux extrémistes. Pour les RG, leur dangerosité résultait de « la conjonction d’une force armée et d’un état d’esprit constituant un terreau fertile pour des actions violentes ». Sur ces 41 entreprises, 13 étaient proches du FN, 20 de mouvements violents : ex-SAC, ex-OAS, Troisième Voie (Sécurité Artois, dirigée par Philippe Robitaille, militant de TV et ancien du PFN, déjà condamné pour coups et blessures volontaires), PFN[1] , divers groupuscules. Les 8 autres se répartissaient entre autonomisme corse (6) et supposée extrême gauche (2) puisque dans ce dernier cas le militantisme de leurs dirigeants remontait aux années 1970 (Gauche Prolétarienne et Ligue Communiste !). Parmi ces 33 entreprises d’extrême droite, on retrouvait des noms ayant défrayé la chronique à la fin des années 1970 et début des années 1980, tel Century ou KO International. Ces sociétés étaient en général très proches de l’ex-SAC et s’étaient fait connaître pour des actions violentes contre des grèves ou occupation d’usines : le rapporteur reconnaissait cependant que le nombre des sociétés proches de l’extrême droite pouvait être sous-évalué car en dehors de manifestations extérieures des options politiques, « celles-ci restent inconnues. Ainsi, délicat au niveau des responsables, le dénombrement des employés professant des opinions extrémistes l’est encore plus en raison des déclarations incomplètes, voire fausses ou inexistantes lors de la demande d’agrément ». Dix ans plus tard, un nouveau rapport dont Marianne[2] se fit l’écho est venu souligner à quel point l’extrême droite avait poursuivi son implantation dans ce milieu professionnel, ce rapport ne portant par ailleurs que sur la région parisienne. Bien sûr, l’influence de l’ex-OAS ou de l’ex-SAC a notablement diminué, les anciens militants de ces mouvements étant peu à peu gagnés par la limite d’âge, même pour faire la barbouze. Mais cela s’est changé au profit du FN et de ses proches. On retrouvait sans surprise certains noms connus. En vrac : – Normandy Sécurité : fondée en 1979 par Fernand Loustau, la société a gagné sa réputation en février 1982 en dirigeant une opération commando contre la laiterie Claudel d’Isigny visant à récupérer 650 000 camemberts séquestrés par des grévistes. Fernand Loustau fut d’ailleurs condamné à trois mois de prison avec sursis pour cette affaire en 1985. Pour le rapporteur de la DCRG, « l’obtention de l’agrément par cette société douteuse bien connue illustre les difficultés rencontrées par les services préfectoraux face à un dossier bien “ficelé” ». Très proche du FN et ancien président de l’Union Nationale Parachutiste, Fernand Loustau a cédé son poste de dirigeant en 1993 à son fils Philippe, ancien du GUD, qui est toujours à la tête de l’entreprise. Normandy n’a cessé de recruter dans les milieux nationalistes les plus extrêmes et certains de ses employés ont connu une certaine notoriété : Alban Druet et Axel Loustau (le frère !), tous deux anciens du GUD, ont été inquiétés par la police dans le cadre de l’enquête sur la tentative d’attentat contre Yves Derai de Tribune Juive en 1996[3]. Axel a par ailleurs été candidat FN aux législatives 1997 dans la 10° circonscription des Hauts-de-Seine et il est actionnaire principal de Riwal avec Frédéric Chatillon[4] grâce à l’acquisition de parts en novembre 1998. Présent au meeting de lancement du Front de la Jeunesse le 04 février 1999, il est également actionnaire de la SARL IDeveloppement, créatrice du site iencheres.com en 2001[5]. Il a profité de sa situation dans l’entreprise pour permettre le recrutement d’autres anciens du GUD devenus mercenaires comme Pierre Oldoni[6], Yvain Pottiez ou François Robin, décédé mais poursuivi de son vivant pour actes de cannibalisme en Birmanie. Plus récemment, c’est sans surprise que l’on a appris que Maxime Brunerie travaillait la nuit pour le compte de Normandy. La mise en cause de la société par la presse a bien évidemment provoqué un commentaire indigné de Philippe Loustau sur la probité de son entreprise. Il faut dire que celle-ci a, heureusement pour elle, quelques contrats juteux avec de vrais entreprises et que compter un apprenti assassin de président de la République dans ses rangs n’est pas la meilleure publicité que puisse escompter une société de sécurité… – ACDS : a priori rien à en dire, l’ACDS étant l’une des plus grosses sociétés du secteur. Mais l’un de ses anciens directeurs délégués, en l’occurence d’une société de convoyage de fonds, n’a été autre que Régis de la Croix Vaubois. Or celui-ci avait déjà un passé politique chargé quand il fut embauché : ancien responsable du FNJ dans le XVI° arrdt en 1990, tête de liste du CNEP aux élections du CROUS en 1991, ex-président du Cercle national de Sciences-Po, candidat FN aux législatives de juin 1997 dans la 3° circonscription de Côte d’Or (4121 voix, 10,75 %), élu FN dans la Nièvre et au conseil régional de Bourgogne à partir de 1998… C’est d’ailleurs en la présence du fondateur et dirigeant d’ACDS qu’en février 1998 Jean-Marie Le Pen vint rendre visite à cet élément prometteur du FN qui est également un proche de sa fille Marine. Depuis, La Croix Vaubois s’est rabattu sur le cabinet de conseil et de recrutement fondé par sa femme avec l’aide de Nathalie Stirbois, fille de Marie-France du même nom et qui fait une partie de sa promotion dans la presse nationaliste. – Ambassy : cette société n’est plus à présenter puisque ses liens avec Gilles Soulas lui ont valu d’être maintes fois citée, que ce soit dans REFLEXes[7] ou dans d’autres documents (enquête parlementaire sur le DPS par exemple). Elle n’existe cependant plus puisqu’elle a subi une liquidation judiciaire et une partie des activités de son principal dirigeant, Gilles Sereau, s’est reportée sur la boutique parisienne Le seigneur des elfes qui diffuse les figurines de jeux de rôle Games Workshop et vise un public païen proche d’Europe-Jeunesse[8] dont la famille Sereau est d’ailleurs très proche. Ambassy était tout de même l’une des sociétés les plus clairement engagée dans la mouvance nationaliste puisque tous les actionnaires avaient un passé militant très marqué. – Torann-France : le personnel de cette société s’est maintes fois signalée par ses engagements nationalistes et son recours à la violence lors de certaines missions. Les noms de certains de ses employés ont d’ailleurs été cités au moment de l’enquête parlementaire sur le DPS. – ERIC SA : Là aussi le personnel de cette société a su se faire une triste réputation et une bonne partie de son personnel est passé par le mercenariat après avoir fait ses classes dans l’armée française. Des anciens de cette société sont d’ailleurs partis fonder une boîte dont le nom apparaît régulièrement dans certaines affaires africaines : GEOS. L’un des cadres de cette société est Jean Heinrich, ancien patron de la Direction du Renseignement Militaire, ce qui facilite bien évidemment les contacts avec les autorités françaises pour tout ce qui concerne l’ancien domaine colonial français. L’un des actionnaires d’ERIC, Jean-Louis Chanas, a été mis en cause par le passé pour son rôle d’administrateur de la FSCE, un établissement bancaire accusé de blanchiment. Un autre actionnaire, Vincent Gailhard, grenouille dans diverses sociétés de sécurité dont OST France. Cette société est tout aussi peu discrète que ERIC SA et a par exemple été mise en cause par la justice dans le cadre de la campagne électorale de 1995 d’Édouard Balladur. Les prestations d’OST auraient alors été payées en espèces pour échapper à la loi sur le financement publique des campagnes électorales. C’est d’ailleurs à la même occasion que des militants du GUD avaient été rémunérés pour faire des collages pour le challenger de droite de Jacques Chirac. On pourrait également ajouter à cette liste la galaxie des entreprises liées aux frères Courcelles et qui a été bien sûr évoquée au moment de l’enquête parlementaire sur le FN ou certaines sociétés comme Pretory ou Body Sécurité qui ont eu récemment pour leur part les honneurs de la presse ou enfin certaines figures de ce milieu, tel l’ineffable « capitaine » Paul Barril, grand amateur des ouvrages d’Emmanuel Ratier. En outre sont exclues de ce rapport les sociétés qui ne font que fournir du matériel de sécurité. C’est en particulier le cas d’USMC à Paris dont les responsables sont très proches du FN. Ce fut d’ailleurs l’une des principales sources d’approvisionnement du FN, en particulier en matériel de protection, pour la préparation du 1er mai 2002. L’imbrication entre milieux nationalistes et sociétés de sécurité s’explique aisément par le goût du risque et la possibilité offerte par cette profession de singer des comportements paramilitaires. Mais cela s’explique surtout par le fait que ce secteur a longtemps fonctionné sur l’absence de cadres professionnels bien définis. Bien sûr les vrais professionnels ont mis en place dans les années 1980 une charte supposée servir de cadre déontologique. Mais la réalité est toute autre et une faible qualification demeure la norme, en particulier dans le domaine du gardiennage. De fait, la « sécu » a toujours permis le recyclage de militants nationalistes n’ayant guère d’autres choix professionnels.

GATEAU !

Dans le même temps, l’extrême droite et le FN en premier lieu ont toujours été de bons clients de ce secteur. L’expérience montre en effet que le DPS n’était efficace que lorsqu’il était encadré par des professionnels de la sécurité, bien moins « frileux » que les militants de base du SO frontiste. Cette situation s’est bien sûr renforcée depuis l’éclatement du FN et cela a culminé lors du 1er mai 2002. Le cortège frontiste était en effet protégé par le DPS (qui avait d’ailleurs fait les fonds de tiroir militants), des supplétifs convoqués par William Bonnefoy et issus des milieux gudards et des boîtes de sécurité. Il en a été de même dans les villes gérées par l’extrême droite qui se sont avérées de véritables aubaines pour les sociétés de sécurité. Cela a bien évidemment été particulièrement le cas de Vitrolles. Non seulement le couple Mégret y avait salarié tous les militants travaillant habituellement dans ce secteur, les F.-X. Sidos, Patrick Bunel, Yvain Pottiez, Gérard Le Vert et autres que connaît tout bon militant antifasciste ou encore par exemple Yann-Yves Etienne, ancien militant FN, membre du DPS chargé de la garde permanente du Paquebot jusqu’à la scission et recruté début 1999 par Bernard Courcelle pour mener un faux putsch contre Sassou N’Guesso, président du Congo, et mouiller ainsi l’opposition menée par Pascal Lissouba. Mis en sûreté à Brazzaville à partir du 29 mars 1999 quand 3 mercenaires non DPS sont arrêtés pour justifier l’accusation de putsch, il est rapatrié en France et devient militant MNR et DPA, impliqué dans des violences commises contre des militants de Ras l’Front lors de la campagne municipale 2001 à Vitrolles. Mais la municipalité a aussi multiplié les contrats juteux. Ce fut le cas de Point Org Sécurité bénéficiaire d’un contrat de la mairie de Vitrolles en novembre 2001 commandant une « analyse prévisionnelle du risque terroriste sur la commune de Vitrolles en Provence », pour la somme de 61 192, 92 frs. Mais il est une autre société qui profita de son positionnement politique pour travailler, c’est Inter-space Sécurité. Cette société a été fondée et a pour gérante Evelyne Vaudin, conseillère municipale MNR de Salon-de-Provence. Mais lorsqu’elle ne milite pas ou ne dirige pas des gros bras, Mme Vaudin s’occupe d’œuvres caritatives… Le 19 décembre 2001, 13 mercenaires débarquent sur l’île de Mwali, la plus petite des îles des Comores, pour tenter un coup d’État, a priori au profit d’un ancien ministre comorien et avec l’habituelle complaisance des services français. L’opération tourne vite au fiasco : 6 mercenaires sont tués sur place et 7 capturés. On trouve de tout parmi ces 13 : des anciens soldats parachutistes, des baroudeurs amateurs proches du MNR ou même d’UR pour au moins l’un d’entre eux… Dès janvier 2002 se monte une association de défense des familles des victimes de Mwali qui tente venir en aide aux mercenaires incarcérés et à leurs familles. La présidente en est Evelyne Vaudin, l’association étant d’ailleurs domiciliée au siège d’Inter Space Sécurité, et le bureau est composé de proches ou de membres du MNR comme Jean-Philippe Rostagno, conseiller municipal MNR de Salon. Il faut dire que l’un des mercenaires tués était le frère de l’ancien gérant d’Inter Space Sécurité et que les liens sont importants avec certains autres. Les survivants sont rentrés en France en janvier dernier et immédiatement mis en examen. Mais il y a fort à parier que l’affaire n’aille pas très loin étant donné l’importance des zones d’ombres existant dans le dossier. Cela démontre juste une fois de plus les liens qui peuvent unir sécurité, mercenariat et extrémisme de droite. Avec souvent la bienveillante complaisance de l’État et de ses services de sécurité.

  1. Parti des Forces Nouvelles, parti ayant succédé à Ordre Nouveau en 1974 et concurrent du FN.[]
  2. Marianne du 26 octobre 1998. Article signé Bernard Morrot. Celui-ci ne donnait pas le nom des entreprises par peur de représailles judiciaires.[]
  3. Cf. REFLEXes n°51[]
  4. Qui a encore récemment fait parler de lui à l’occasion d’un anniversaire à son domicile puisque Marine Le Pen a daigné y agresser des policiers venus notifier un tapage nocturne.[]
  5. Cf. Méfaits & Documents janvier 2002[]
  6. Cf. REFLEXes n°48[]
  7. Cf. REFLEXes n°52[]
  8. Organisation scout longtemps très proche du GRECE et qui s’en éloigne peu à peu.[]
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