Avertissement : certains auteurs chroniqués dans nos notes de lecture sont d’extrême droite. À ceux qui estiment que c’est leur faire trop d’honneur, rappelons que le parti pris de rendre compte de leurs ouvrages est le même que celui qui nous prenons lorsque nous détaillons leurs activités militantes et n’a qu’un objectif : aider à mieux les combattre, en connaissance de cause.
Samizdat.net
Gênes 19-20-21 juillet 2001
Multitudes en marche contre l’empire
Éd. REFLEX, 2001, 334 pages
François-Xavier Sidos
Les soldats libres
L’AEncre, 2002, 350 pages
Jean-Jacques Matringhem & Philippe Randa (sous la dir. de)
Vers la société multiraciste
Dualpha, 2002, 294 pages
Guillaume Faye
Avant-guerre.
Chronique d’un cataclysme annoncé
L’AEncre, 2002, 382 pages
Yves Daoudal
Le tour infernal 21 avril – 5 mai 2002
Analyse d’une fantasmagorie électorale
Godefroy de Bouillon, 2002, 224 pages
Samizdat.net
Gênes 19-20-21 juillet 2001
multitudes en marche contre l’Empire
Éd. REFLEX, 334 pages, 16 euros
Ce livre est un beau livre, ne serait-ce que par la polémique qu’il a relancé dans nos petits milieux anticapitalistes. On peut juste regretter que cette polémique ait plus pris la forme des injures et des coups que d’une vraie réflexion. En tout état de cause, même si certains textes sont sans doute critiquables, c’est le seul ouvrage à notre connaissance à présenter un panorama écrit et iconographique de ces trois journées de mobilisation qui continue de faire sentir leurs effets puisque l’État italien accentue sa pression contre la mouvance révolutionnaire italienne par le biais des arrestations et inculpations. C’est également le seul qui donne réellement la parole aux acteurs de ces journées et non à des journalistes ou politologues bavards qui se font une spécialité depuis quelques années de l’analyse des mobilisations anticapitalistes. Cela donne des points de vue, parfois divergents, sur les formes possibles de résistance et de contre-offensive sociale. Mais le sous-titre du livre est à cet égard un bon résumé de l’ensemble.
François-Xavier Sidos
Les soldats libres
La grande aventure des mercenaires
L’AEncre, 350 pages, 25 euros
Ce livre est une oeuvre humanitaire. Si, si ! Il vient en effet réparer une terrible injustice car, dixit l’auteur, «trop d’erreurs, d’approximations, souvent même de calomnies ont été écrites, recopiées et colportées sur le mercenariat […]». Or l’auteur sait de quoi il parle ! Fils de François Sidos, cofondateur et président de Jeune Nation avant sa dissolution, neveu de Pierre Sidos, toujours «présideur» de l’OEuvre Française, François-Xavier Sidos, dit «capitaine FX», a commencé son parcours public par un engagement, en 1986, en qualité d’officier de la garde présidentielle des Comores, dirigée jusqu’à la fin de l’année 1988, par Bob Denard. Il figure à ce titre sur le décret d’interdiction du territoire des Comores du 9 janvier 1990. Revenu avec Denard en septembre 1995 pour tenter un coup d’État, il est arrêté avec son chef début octobre 1995. Sidos, alors directeur adjoint du cabinet de Jean-Marie Le Pen et rédacteur en chef adjoint de La lettre de Jean-Marie Le Pen, appartenait en effet à l’équipe qui, sous les ordres de Bob Denard, tente de perpétrer un coup d’État aux Comores. Les 38 mercenaires sont délogés par l’armée française et rapatriés sur le territoire national. Le 16 octobre 1995 a été ouverte une information judiciaire des chefs d’arrestation et séquestration arbitraire en bande armée, à propos de la rétention du président Djohar, et d’association de malfaiteurs.
Son activité dans les milieux mercenaires s’est faite dès lors plus discrète. Mais comme au début des années 1990 qui le voyait recruter des gardes du corps pour la famille royale saoudienne et des mercenaires pour la guérilla Karen en Birmanie, il continue de jouer un rôle d’intermédiaire efficace dans diverses affaires qu’il évoque d’ailleurs dans son livre : en faveur du régime du président Mobutu au Zaïre ou au Congo au profit du président Denis Sassou N’Guesso.
Samizdat.net
Gênes 19-20-21 juillet 2001
multitudes en marche contre l’Empire
Éd. REFLEX, 334 pages, 16 euros
& Ce livre est un beau livre, ne serait-ce que par la polémique qu’il a relancé dans nos petits milieux anticapitalistes. On peut juste regretter que cette polémique ait plus pris la forme des injures et des coups que d’une vraie réflexion. En tout état de cause, même si certains textes sont sans doute critiquables, c’est le seul ouvrage à notre connaissance à présenter un panorama écrit et iconographique de ces trois journées de mobilisation qui continue de faire sentir leurs effets puisque l’État italien accentue sa pression contre la mouvance révolutionnaire italienne par le biais des arrestations et inculpations. C’est également le seul qui donne réellement la parole aux acteurs de ces journées et non à des journalistes ou politologues bavards qui se font une spécialité depuis quelques années de l’analyse des mobilisations anticapitalistes. Cela donne des points de vue, parfois divergents, sur les formes possibles de résistance et de contre-offensive sociale. Mais le sous-titre du livre est à cet égard un bon résumé de l’ensemble.
François-Xavier Sidos
Les soldats libres
La grande aventure des mercenaires
L’AEncre, 350 pages, 25 euros
Ce livre est une oeuvre humanitaire. Si, si ! Il vient en effet réparer une terrible injustice car, dixit l’auteur, «trop d’erreurs, d’approximations, souvent même de calomnies ont été écrites, recopiées et colportées sur le mercenariat […]». Or l’auteur sait de quoi il parle ! Fils de François Sidos, cofondateur et président de Jeune Nation avant sa dissolution, neveu de Pierre Sidos, toujours «présideur» de l’OEuvre Française, François-Xavier Sidos, dit «capitaine FX», a commencé son parcours public par un engagement, en 1986, en qualité d’officier de la garde présidentielle des Comores, dirigée jusqu’à la fin de l’année 1988, par Bob Denard. Il figure à ce titre sur le décret d’interdiction du territoire des Comores du 9 janvier 1990. Revenu avec Denard en septembre 1995 pour tenter un coup d’État, il est arrêté avec son chef début octobre 1995. Sidos, alors directeur adjoint du cabinet de Jean-Marie Le Pen et rédacteur en chef adjoint de La lettre de Jean-Marie Le Pen, appartenait en effet à l’équipe qui, sous les ordres de Bob Denard, tente de perpétrer un coup d’État aux Comores. Les 38 mercenaires sont délogés par l’armée française et rapatriés sur le territoire national. Le 16 octobre 1995 a été ouverte une information judiciaire des chefs d’arrestation et séquestration arbitraire en bande armée, à propos de la rétention du président Djohar, et d’association de malfaiteurs.
Son activité dans les milieux mercenaires s’est faite dès lors plus discrète. Mais comme au début des années 1990 qui le voyait recruter des gardes du corps pour la famille royale saoudienne et des mercenaires pour la guérilla Karen en Birmanie, il continue de jouer un rôle d’intermédiaire efficace dans diverses affaires qu’il évoque d’ailleurs dans son livre : en faveur du régime du président Mobutu au Zaïre ou au Congo au profit du président Denis Sassou N’Guesso.
Il semble également avoir été impliqué dans l’affaire tchétchène mettant en cause M. Bernard Courcelle.
Parallèlement, l’activité de Sidos au sein des rangs nationalistes ne s’est jamais démentie, que ce soit au sein du FN et du DPS avant décembre 1998 ou au sein du MNR et du DPA après la scission. En effet, rallié au camp mégretiste, dont il est devenu à l’occasion de la scission du Front National un actif propagandiste, Sidos a été élu au comité central du FN/MN à l’occasion du congrès de Marignane de janivier 1999. Il a ensuite été nommé directeur du Centre Technique Municipal de Vitrolles en 1998-1999. Depuis il a pris un peu de champ mais c’est sans surprise qu’on le retrouve édité par Gilles Soulas et présent à la Fête de l’Identité et des Libertés le 9 novembre dernier à Paris ou à une conférence à Paris le 5 décembre pour promouvoir son livre.
Ce dernier comporte trois parties inégales. La première, d’une vingtaine de pages, permet à l’auteur, selon ses dires, de rétablir une vérité impartiale face aux calomnies proférées contre sa profession. Soit. N’ayant jamais été nous-mêmes mercenaires, pardon «soldats libres», nous ne pouvons que rester dubitatifs devant les explications du «capitaine» Sidos mais par contre franchement rigoler devant son indignation face à ce qu’il qualifie d’«incitation au meurtre», à savoir l’alinea 1. de l’article 47 de la Convention sur l’élimination des mercenaires signée en 1977 par l’OUA. Ce texte préconise en effet de ne pas accorder le statut de prisonniers de guerre aux mercenaires, ce qui les place hors du cadre de la Convention de Genève. Mais n’est-ce pas les «risques du métier» ?
La deuxième et principale partie (les 2/3 du livre) consiste en une synthèse historique sur différentes figures ou moments de l’histoire des mercenaires. RAS sinon un ton lyrique assez convenu.
Enfin la troisième partie porte sur l’actualité mercenaire de ces 20 dernières années, en particulier dans sa version française et africaine, même si les Karens ne sont évidemment pas oubliés. Et là on est évidemment un peu déçu car à part quelques récits de guerre, il y a peu de révélations sur des faits qu’on ne sache déjà. Comme on pouvait s’y attendre, le «capitaine» Sidos est en particulier fort peu bavard sur l’implication de l’État français et des «services» (DGSE ou autres) dans le déroulement des différentes opérations. Reste le dernier chapitre qui est un véritable tract publicitaire : «Le «mercenariat à la française», mélange d’expertise technique, d’adaptabilité, de rusticité, d’expérience et d’humanisme profond, n’a pas forcément [on n'appréciera ce dernier terme qui est un aveu en soi ! NDLR] besoin du soutien officiel de l’État pour s’épanouir. Les mercenaires français, pour peu qu’on les laisse agir, ont tendance à tirer le métier vers le haut, en lui apprtant la French touch […]. En effet, l’aptitude à sécuriser, à organiser et à former «en souplesse» dans les zones à risques reste spécifiquement française, au sens où elle nécessite des capacités d’adaptation hors du commun, dont les anglo-saxons se trouvent souvent dépourvus». Mazette !
À signaler, pour finir, le cahier central de photos dont une figure ne nous est pas inconnue puisque c’est celle de… Gilles Soulas en 1975, alors qu’il combattait au Liban aux côtés des Phalanges libanaises ! Le monde est décidemment petit…
Jean-Jacques Matringhem & Philippe Randa
Vers la société multiraciste
Dualpha, 294 pages, 23 euros
Encore une production de l’écurie Randa ! Cette fois-ci l’ouvrage est collectif mais on y retrouve toujours en gros les mêmes personnes. J.-J. Matringhem d’abord, pseudonyme de Jimi Pirson, principal animateur de la revue «post-révisionniste» L’Autre Histoire et du site Internet L’Orphéon. Ce professeur d’histoire dans le privé creuse peu à peu son trou dans le petit milieu de l’édition nationaliste en se plaçant sous l’égide de Philippe Randa. Mais on retrouve également Christian Bouchet, Roland Gaucher, Nicolas Gauthier (collaborateur de Randa et de National-Hebdo), Philippe Gauthier. Ou encore la Fondation Brigitte Bardot, Bruno Gheerbrant (instigateur des rassemblements devant la basilique Saint-Denis en août dernier), Guillaume Faye, Catherine Mégret, Fabrice Robert ou Alain Dumait (ex-UDF, fondateur d’un petit parti ultra-libéral satellite du FN, le PPL), et quelques autres encore… Le livre, de fait, réunit tous les arguments développés habituellement par tous ces auteurs ou militants politiques sur le «véritable racisme» qui serait un «racisme inversé» et ne présente donc rien de bien neuf. Les auteurs n’ont évidemment aucun mal à exploiter les sottises écrites par certains journalistes ou écrivains comme Tahar Ben Jelloun qui leur offrent ainsi des démonstrations sur mesure. Ce triste constat n’est pas nouveau… n
Guillaume Faye
Avant-guerre
Chronique d’un catacysme annoncé
L’AEncre, 382 pages, 24 euros
Année après année, Guillaume Faye (cf. portrait succinct dans REFLEXes n°4 – printemps 2002) pond ses brûlots. Plus échevelé que jamais, celui-ci approfondit les thèmes (déjà abordés dans ses trois ouvrages précédents) de convergence des catastrophes et de guerre planétaire totale. Faye essaie ainsi d’endosser les habits râpés du prophète maudit. Mais cette radicalisation progressive pose forcément la question de la responsabilité de l’«intellectuel», fut-il alcoolique… Car ce livre, tout en restant dans les limites de la loi (Faye et son éditeur, Soulas, ont été condamnés en janvier dernier à 100 000 frs d’amende pour incitation à la haine raciale suite au livre La colonisation de l’Europe), constitue un véritable appel à la réaction violente et peut parfaitement motiver le passage à l’acte de toute personne déjà remontée sur la question de l’immigration. La figure de l’Ennemi, l’Africain (arabe ou noir) musulman, y est rabâchée jusqu’à la nausée et il n’est pas étonnant que les structures nationalistes les plus radicales, Unité radicale hier ou les Jeunesses identitaires aujourd’hui, reprennent les concepts créées par Faye. Celui-ci occupe d’ailleurs tout l’espace laissé vacant par la Nouvelle Droite, du FN à Terre & Peuple et il multiplie les apparitions publiques. Reste à savoir combien de temps il faudra attendre avant que ne se passe un gros «pépin»… La multiplication cet automne un peu partout en France des incidents racistes provoqués par des personnes pas forcément militantes mais au moins sympathisantes du mouvement nationaliste montre que cela ne saurait tarder… n
Yves Daoudal
Le tour infernal 21 avril – 5 mai 2002
Analyse d’une fantasmagorie électorale
Godefroy de Bouillon, 2002, 224 pages
Après les deux semaines d’hystérie que la France a connu entre les deux tours de l’élection présidentielle 2002, le FN se devait de produire une analyse et éventuellement tracer des perspectives pour les futures élections. Il n’en a rien été et le seul livre s’essayant à ce difficile exercice est donc celui de Hervé Iserbourc’h, mieux connu sous le nom de Yves Daoudal, actuel rédacteur en chef de National-Hebdo, catholique intégriste de la mouvance Chrétienté-Solidarité et Lepenolâtre de première. Il a tout naturellement trouver un éditeur en la personne de Richard Haddad, lui aussi membre de Chrétienté-Solidarité et propriétaire des éditions Godefroy de Bouillon. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le résultat est fort loin d’être à la hauteur. L’auteur a collecté tout ce qu’il pouvait en terme d’articles de presse, interventions télévisées, reportages, etc et en a fait un commentaire chronologique. Ceux qui souhaiteraient en savoir un peu plus sur la façon dont l’appareil frontiste a réagi aux événements en seront pour leurs frais ! Une fois de plus, la faiblesse de l’analyse est remplacée par un culte incroyable de la personnalité, Jean-Marie Le Pen se voyant attribuer toutes les qualités possible de tacticien politique. On se contentera donc, pour lire des choses intelligentes, d’aller voir ailleurs…
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